16/11/2012
L’OISEAU SUPÉRIEUR
Longtemps je me suis levé de très bonne heure, dès le lever du jour pour répondre à ma passion apparue dès mon enfance pas si tendre, le chant des oiseaux. Pas si tendre parce que mes parents ne comprenaient pas cet engouement, c’était pour eux inexplicable, personne dans la famille n’ayant affiché un tel enthousiaste pour quelque chose d’aussi inutile, ils considéraient cela comme une lubie enfantine alors que cela perdurait depuis maintenant plusieurs années, Jérôme quand vas-tu te décider à grandir et devenir sérieux. Les voisins ne se privaient pas pour critiquer, Madame Ricard on a encore vu et entendu vot’ gamin dans le cerisier en train de siffler avec les merles ce matin à six heures, il est intenable, même le curé en remettait une couche, il ferait mieux d’apprendre son catéchisme. Bien sûr, j’avais des lacunes, comment tout savoir sur près de dix mille espèces mais j’étais incollable sur un grand nombre, sur leurs caractéristiques principales, leurs plumages, alimentation, maladies, longévité et comportements mais ce que je préférais et continue d’admirer ce sont leurs chants, tenez par exemple celui de l’oiseau-lyre d’Australie, du roitelet à triple bandeau, de l’avocette élégante, du troglodyte mignon mais encore et surtout celui des merles de mon village dont certains à qui j’avais appris quelques trilles, ce qui provoquait l’hilarité de nos voisins qui faisaient toc-toc en se frappant le front à mon égard et pourtant…
Je continuais de m’esbaudir sur ces petits volatiles et leurs gentils gazouillis quand par le plus grand des hasards, j’entendis un soir à la radio un morceau intitulé Ornithology joué par un certain CHARLIE PARKER et là je suis littéralement tombé sur le cul, je n’en revenais pas en n’en suis toujours pas revenu. Pour la première fois j’entendais un oiseau qui n’en était pas un mais un saxophoniste alto ; j’étais sidéré par son discours vertigineux autant que par sa sonorité si éloquente, par ses aventures à la limite de l’inouï, ses cascades virevoltantes, ses syncopes et accentuations ; je retrouvais dans son chant toutes les beautés entendues dans les discours de mes si chers bestioles, cela allait changer complètement mon existence surtout quand j’appris que le surnom qu’on lui donnait était BIRD, le plus grand inventeur de la musique instantanée, maîtrisant toutes les tonalités, tous les doigtés même les plus acrobatiques, traduisant en temps réel un exposé complexe et cohérent.
Alors je sus communiquer ma passion à tous les habitants du village et en qualité de maire et en accord avec le conseil municipal nous décidâmes de rebaptiser notre territoire « Birdland », de commémorer les dates de sa naissance et de sa mort (fête et deuil municipal), de créer un festival entièrement parkérien qui connut et connait toujours un succès dépassant nos espérances, les rues portèrent les titres de ses compositions, Confirmation Street, Donna Lee Road, Now’s the Time Boulevard, l’école de musique fut dévouée exclusivement à l’enseignement de son art, Clint Eastwood et Julio Cortázar furent nommer citoyens d’honneur, Clint pour son film Bird avec Forest Whitaker qui reçut le prix d’interprétation au Festival de Cannes en 1988 et Julio pour sa nouvelle L’homme à l’affût.
Mais il y a une chose dont je suis le plus fier : avoir réussi à faire siffler à tous les merles du pays, un vrai chœur que nous protégeons, les compositions les plus connues du génial saxophoniste. Ainsi quand vous viendrez un jour prochain à Birdland, vous serez accueilli par Leap Frog, Scrapple from the Apple ou Billie’s Bounce, il vous suffira pour cela de siffler les premières notes, celle que vous connaissez toutes et tous, et vous serez étonnés et emballés par la suite. A bientôt.
© Jacques Chesnel
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09/11/2012
EMBROUILLAMINI MAXI
Il ne pensait pas trouver Muriel dans un tel état.
« Viens tout de suite » lui avait-elle demandé, il était trois heures du matin. Affalée sur le canapé avec une bouteille de champagne aux trois-quarts vide dans la main ; une montagne de mégots dans le cendrier ; en pleurs, hoquets et grimaces « Il ne m’a pas reconnue » hurla-t-elle en balançant la bouteille qui atterrit aux pieds de Jérôme « Il ne m’a pas reconnue ce petit salaud de merde ». Il allait éteindre le lecteur de CD d’où s’échappait la voix de Billie Holiday It’s easy to remember, « laisse ce truc bordel je t’en prie ». Elle se leva et arpenta sa chambre en désordre « bon je sais j’ai changé de couleur de cheveux et ce con de coiffeur m’a loupé mais bon, toi tu me reconnais ou pas dis-moi franchement est-ce qu’on peut se tromper à ce point ? ». Jérôme décontenancé ne savait quoi répondre oui la nouvelle coiffure était loupée coupe et couleur mais à ce point il… « ou bien c’est un prétexte, un truc, une magouille pour me quitter » elle se prit les pieds dans le tapis tomba et s’égosilla de plus belle « j’ai tout fait, j’étouffais aussi, j’ai cédé à tous ses caprices, accompli toutes ses volontés même les plus dégradantes, Jérôme, je me suis avilie pour lui et il ne me reconnait pas maintenant, j’enrage, je fulmine, je tonitrue, je vocifère, je m’égosille, tiens, je vais aller buter cette ordure et là il me reconnaitra enfin avant de clamser » clama-t-elle se relevant et prenant des airs de tragédienne d’un autre temps « de toute façon, tu me connais, je fais foncer dans ce tas de merde, j’y vais de ce pas, tu m’emmènes ».
Dans l’auto, sa colère ne s’arrêta pas, bien au contraire elle faisait des gestes désordonnés, incontrôlés, Jérôme avait du mal à conduire normalement et dut plusieurs fois éviter des accidents « je n’ai pas grossi ni maigri, ni grandi ni rapetissé, je suis toujours la même, dis-le moi Jérôme, arrête c’est là, tu restes ici tu m’attends, si je ne suis pas revenue dans dix minutes tu montes c’est au troisième gauche, tu cognes et tu le frappes ok ? ». Elle revint presque immédiatement « il n’est pas chez lui », vlan la portière en entrant… « je te tiens au courant, la suite au prochain numéro », re-vlan la portière en sortant, ouf pensa Jérôme.
Sitôt rentré dans son appartement, le téléphone sonna, il était maintenant cinq heures, Jérôme tombait de sommeil, c’était Muriel, merde encore toujours elle. Le ton avait changé dans les glapissements et vagissements « tu sais je crois qu’il m’a confondu avec une autre, c’est pire que ne pas me reconnaitre, je me souviens, il a bafouillé, bégayé, marmonné, il délirait pendant qu’on baisait comme des fous, débitant des quantités de prénoms, ceux de ses ex et de ses actrices préférées, celles de maintenant comme celles d’hier, mélangeant les Catherine, François, Ludivine, Marion, Greta, Michèle, Laure et Laura, Ava et Julia, Christine et Cristelle, Sharon, Danièle et Dany, Scarlett, Delphine, Jeanne, aucune Muriel, il se faisait son cinéma, se prenait pour le jeune premier, le beau gosse qui a du succès, il les veut toutes alors qu’il m’a moi, ce don Juan de cinéma pour leur rouler des patins de cinoche, Jérôme, quel supplice de me confondre avec ces pétasses qui changent de couleur de cheveux plus souvent que moi, et voilà maintenant qu’il se défile, se cache, se terre, il a le trouillomètre à zéro, il débande dans la tête, c’est un couard, un poltron, une couille molle mais je l’aime, Jérôme, éperdument, je suis prête à retourner chez ce vieux merlan pédé avec ses teintures de chiotte, me faire rallonger ou raccourcir les tifs, me tondre ras, tout ce qu’il voudra, je veux être reconnue, je ne veux plus être confondue, même s’il veut que je devienne un mec ou autre chose, je ne m’appelle pas Muriel Branlon-Lagarde pour rien… alors dis- moi, qu’est-ce que tu en penses toi qui a fait psycho ? ».
© Jacques Chesnel
11:26 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)
02/11/2012
LE JOUR D’APRÈS
Après le jour sans…
… le jour d’après n’est pas forcément le jour suivant, on peut même sauter plusieurs jours d’un seul coup comme cela hop hop hope, ou bien ça redémarre fort ou bien ya du retard à l’allumage, de toute façon il reste des traces qu’on s’efforce d’ignorer, des fossés qu’on s’ingénie à combler, de la pente raffarienne à remonter (en rigolant car comme rigolo celui-là !)), quand c’est fini nini ça recommence ou c’est reparti titi mon kiki, le coup de barre a sauté, l’obstacle inconnu est levé, les vieux clichés ressortent, cette fois les feuilles des arbres tombent irrémédiablement et la cour de l’école est muette mais j’ai mémorisé les cris et les signaux alors tout est revenu comme avant, à la boulangerie ya une nouvelle qui fait la gueule enfarinée le pain n’en est que meilleur allez savoir pourquoi, j’ai des mains toutes neuves, les ongles coupés les doigts courent plus vite sur le clavier hop hop hope, avec le changement d’heure c’est aussi le renouvellement des heurts, la litanie des récriminations, les bouleversements renversants et les renversements bouleversants, farces et attrapes, soties des sots sortis du lot, sottises des mots sortis des plus sots, mon ficus benjamina a repris de la vigueur et me réconforte dans sa conformité en petit comité des plantes plus grasses les unes que les autres qui poussent sans rien demander qu’un peu d’eau comme une aumône, j’ai revu le film de Truffaut L’homme qui aimait les femmes avec l’inégalable Charles Denner, acteur que je vénère, je suis content de ne pas être le seul, ça me fait une belle jambe comme celles qui défilent dans le film mais qui ne sont pas aussi belles que celles de l’amour de ma vie, les livres de mes auteurs adulés me font de nouveaux signes, j’accours, me voilà enfin, je bois un verre avec Ernest, je danse le charleston avec Zelda sous le regard fiévreux de Scott, je déambule dans Buenos-Aires et dans Paris avec Julio, je discute de Reflets dans un œil d’or en compagnie de Carson et de Reeves, les photos des êtres aimés ont repris de belles couleurs, je vais consulter mes blogs favoris où je rencontre toujours les mêmes accros à des sujets futiles ou nécessaires, ça ergote et chipote, jugeote et parlote, on se prend tous pour quelqu’un (ou alors on essaie), d’autres pour ce qu’ils ne sont pas ou si peu ou plus du tout, c’est le jeu dans le domaine du je, avec parfois de la condescendance quand ce n’est pas de la descendance de cons, d’égos sans égaux, de fausse importance, d’importants faiseurs ou d’importuns faussaires, étalage de savoir, commérages de salon, gonflements de biceps, élucucubrations du cerveau, vitrines au vitriol ou épandage de mièvreries, je participe à tout cela sans état d’âme avec parfois mauvais esprit, j’en prends aussi plein la poire et fais le compte de mes amis hop hop hope… tiens le téléphone sonne allo oui qui ? c’est moi je ne suis pas là pour l’instant merci de rappeler plus tôt ou hier merci hihihi, j’ai envie de rire ça faisait longtemps trop, maintenant c’est Monk le grand Moine qui m’intime d’écouter Kubic’s Monk le nouveau CD du saxophoniste alto Pierrick Pédron, je jubile, le remets en boucle, un petit miracle de (re)création et de de récréation, aujourd’hui la saint Narcisse je vais aller me mirer dans la glace voir si je me reconnais depuis le temps, dehors les nuages font la course, l’un deux fait un gros pet et voilà une giboulée en goguette hop hop hope, je pense alors à Django le romanichel génial et aux soucis de sa communauté toujours persécutée quelle honte que faire ? merde, va falloir que j’achète un nouveau flacon d’Eau Sauvage, Iris s’est changée en tourterelle ça me plait autant, Bill Evans me refait le coup de Never let me go et cette fois je pavoise, les fourmis sortent enfin de ma jambe gauche, toute une colonie galopante… bon c’est pas tout ça faut se remettre au boulot pasque comme dit l’autre ça commence à bien faire… mais putain que ça fait du bien de pouvoir sortir par la grande porte, enfin.
© Jacques Chesnel
15:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/10/2012
CHRONIQUE CD
MAXIME FOUGÈRES TRIO / GUITAR REFLECTIONS (Gaya Music Production / Abeille)
Jeune guitariste ayant de sérieuses références musicales (Conservatoires, diverses participations significatives), Maxime Fougères, pour son premier disque, aborde sans complexe une partie de l’œuvre de Duke Ellington, à savoir les thèmes joués au piano par le maître sous le titre « Piano Reflections » et ce, en trio. On pourrait saluer la hardiesse (pour ne pas écrire le culot) mais le résultat dépasse la simple curiosité. Il a su imprimer une sorte de grâce touchante, respectant l’esprit autant que la lettre par la sensibilité et l’intelligence, apportant une touche personnelle à ces compositions que nous avons plaisir à redécouvrir de la sorte. Le talent de ses sidemen (Yoni Zelnik, contrebasse et le batteur Antoine Paganotti) n’est pas étranger au résultat.
Une très belle aventure qui présage d’une suite qu’on espère prochaine dans la même veine
FLORIAN WEBER / BIOSPHÈRE (Enja / Harmonia Mundi)
Récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux, Florian Weber, claviériste allemand, vivant une partie de l’année à New York doit la célébrité grâce à sa participation au disque Deep Lee en 200è (avec le trio Minsarah) et à la prestation de Lee Konitz au Village Vanguard en 2009.
Avec de nouveaux partenaires, autres directions : jouer autant du piano acoustique que du Fender Rhodes (sonorités nouvelles), ajout d’un guitariste d’exception en la personne de Lionel Loueke se distinguant particulièrement sur sa composition Mivakpola, diversité harmonique et rythmique des 10 thèmes, une composition originale Piecemeal, dédié à la physique quantique, un standard All the things you are transfiguré en Evolution, des chansons venues de la pop music (Coldplay, Eric Clapton), bref un bel assemblage de couleurs, en compagnie d’une rythmique irréprochable additionnée de tablas… avec pour clore une très délicate œuvre de son cru : Tears in heaven en piano seul, sublime.
Florian Weber signe là un album étonnant dont la réécoute procure encore plus d’émotion(s).
Jacques Chesnel
16:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2012
UN JOUR SANS
Moi qui n’aime pas particulièrement la littérature d’apitoiement, celle où l’auteur se répand avec souvent quelque délectation, s’épuisant dans des souvenirs récurrents, voilà qu’aujourd’hui j’ai le besoin d’écrire que je ne trouve rien à écrire, j’essaie par tous les moyens connus ou inconnus, tous les trucs qui pourraient provoquer le déclic, et pourtant maintenant il fait un temps à passer sa vie dehors alors que je reste comme un con devant le clavier de l’ordi qui joue sunday closed, les enfants me font des signes depuis la cour de l’école vue de ma fenêtre et j’ai envie de leur répondre merde, ma petite-fille me susurre un tendre bonjour Papou lointain dans le téléphone, la colombe que j’ai baptisée Iris vient de toquer sur la vitre et m’invite à m’échapper avec elle, quoi ? que je saute dans le vide ? même pas peur et pourtant j’ai la trouille, noire, Bill Evans me répète sur la platine Never let me go et cela ne me touche pas comme d’habitude, bon voilà que j’ai un renvoi acide ça ne va pas arranger les choses, se retourner vers la bouteille de bourbon, je sais trop ce que cela donne, le téléphone peut sonner pour entendre une voix mielleuse me parvenir de Casablanca ou d’ailleurs pour me proposer ce dont je n’ai pas besoin ou envie en me retenant de lui dire aimablement d’aller se faire foutre je ne décroche pas, je regarde les rayons pleins de livres aimés, les autres je les ai balancés sans regret, aucun signe ne vient ni de William, de Scott, de Carson ni même de Julio, gone with the wind, sans aucun souffle d’air, les feuilles dorées des arbres ne tombent pas encore j’ai l’impression qu’elles remontent sur leurs branches, revoilà Iris qui cette fois se fâche, je ne veux plus la voir, rideau, quand une idée se précise c’est pour me rappeler que je l’ai déjà eu avec ou sans résultat, faudrait que je me coup les ongles des mains trop durs mais c’est une corvée alors tant pis, les photos des êtres adorés semblent me faire la grimace à laquelle je réponds en leur tirant la langue, foutez-moi la paix, aujourd’hui c’est un jour sans comme hier et comme demain, j’éclate de rire en me souvenant d’un tour de chenille dans une fête foraine avec l’amour de ma vie, j’appréhende déjà de lire les éventuels commentaires apitoyés qui ne manqueront pas de venir, moi aussi Jacques j’ai connu cela, tenez bon, sortez, allez au cinéma, respirez un bon coup, attendez le déclic pas des claques, souriez aux filles, tenez pensez à Fernande la boulangère à qui vous mourrez d’envie de lui chanter la chanson de Brassens, je me souviens maintenant du dernier film que j’ai vu et qui m’a ému aux larmes, Like someone in love de l’Iranien Abbas Kiarosmati et qui se passe au Japon, j’étais le seul à être resté jusqu’à la fin avec la chanson murmurée pas Ella Fitzgerald, j’ai des fourmillements dans la jambe gauche, il va falloir que je me lève de cette putain de chaise qui me fait mal au cul, c’est peut-être pour cela que rien ne vient, pas encore, voilà je suis debout, tiens ! je crois que je vais aller me mettre deux gouttes d’eau de toilette Eau sauvage de chez Dior, ça devrait me faire de l’effet, oui mais lequel ?, il faut que j’arrose mon figus benjamina qui me semble avoir soif, il ne va pas se mettre à m’engueuler, tout de même ; manquerait plus que ça.
© Jacques Chesnel (24/10/2012, 16 :04)
11:45 | Lien permanent | Commentaires (4)
19/10/2012
UNE CONFÉRENCE
Le conférencier arrive sous les applaudissements nourris de toute l’assistance et tapote vigoureusement le micro toc toc
Merci merci Mesdames et aussi les Monsieurs mes si chers amis
D’abord j’voulais vous esprimer toute ma r’connaissance d’ête venus si nombreux pour m’écouter tout d’même vous parler sur un sujet aussi délicat dans la délicatesse et j’vais essayer d’ête le plus circoncis dans les thermes abordés ce soir. J’remercie à l’avance tous les traducteurs qui vont vous traduire les mots que j’peux pas prononcer en anglais vu mon déficit provisoire mais j’vais m’efforcer d’ête le plus clairement possib car je potasse la langue du chakespire. La situation internationale étant ce caleçon, vous comprendez que j’vais m’obliger à m’en tenir à des considérations considérantes et considérables qui sont le fruit de mes réflexions les plus pointues et profondes et même les deux pour le prix d’une.
Ceci dit, belle abbesse, là scusez-moi, j’fais un clin d’yeux et un private joker à une amie algérienne très chère qu’est dans la salle, bref, entrons dans le vif-argent de la monnaie du sujet que j’vous cause ce soir : les radications de la prostitution après avoir étudié toutes les sources et ressources de documentation haddock, témoignages et expertises en tous genres sur tout et surtout le milieu si vous voyez c’que j’veux dire pasque là ya vraiment à dire (quelques ricanements et gloussements dans la salle que le conférencier ignore). J’vous fais grasse mâtinée de l’historique de la chose, c’est dans tous les esprits depuis qu’le monde est monde ça a toujours existé et c’est pas d’main la veille que ça va s’arrêter d’un seul coup d’un seul comme ça (quelques rires réprimés), non, faut r’garder les contingences économicoco-sociales de la chose et la lutte contre le procénétisme qui en découle de source (le conférencier boit une gorgée d’eau et reprend son souffle). Il faut ête ferme sur nos positions et je sais quien a beaucoup d’après le cas Masoutra alors faut é-ra-di-quer carrément et passez-moi l’espression faut foncer dans l’tas à la hache quitte à faire des vagues à lames où qu’ça fait mâle en plein dans les souteneurs, c’est par là qu’faut commencer au début. Donc attaquons, comme la diligence mais avec vigilance hein ?, tous ces réseaux de zéros qui s’prennent pour des héros, comme nous avons supprimés les paradis fiscaux pas radins et tous les avantages dans les niches pour les riches où elles s’étaient fourrées et (le conférencier regarde sa montre) luttons contre tous ces privilèges légers que nous avons-nous-mêmes créés et mis en place pour satisfaire notre électorat si généreux par ses dons dont nous sommes reconnaissants mais comme dit l’aut’ faut pas pousser les mémés dans les tortensias vu qu’à la fin ça vous pète au nez avant qu’on y mette la hola les bras levés.
Pour terminer et clore ce discours auquel vous avez prêté votre attention attentionnée contre menue monnaie pasque faut bien vivre vu les augmentations de la vie chère, je compte, ça j’sais faire, hihihi (rires aussi dans la salle, ahaha) j’compte donc sur vous et votre générosité sans gêne, les chèques contre l’échec sont acceptés à condition qu’ils soaillent solvables et je vous donne rendez-vous dans un an pour faire le constat d’not’ action qu’aura porté ses fruits mûrs sur le sujet j’en suis sûr.
J’vous r’mercie bien sincèrement et comme on dit dans les milieux financiers bien motorisés à la r’voyure et à un d’ces quat’.
(tonnerre d’applaudissements malgré un « remboursez » vite étouffé)
© Jacques Chesnel (en direct d’un grand hôtel parisien)
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09/10/2012
L’INVASION DES HUNS
Cela a commencé dans la nuit des temps avec le camarade Attila qui se tailla une sacrée réputation et subit une belle répudiation. Mais les choses étant susceptibles d’un éternel recommencement, certains faux prophètes aux soit-disantes bonnes paroles le plus souvent porteuses de haine, voient des Huns venus de partout, surtout de l’étranger ( ! ), par avions, bateaux, à pied, à cheval et même en voiture, envahir nos territoires par milliers, voire par millions, on le constate tous les jours avec leurs sanctuaires installés dans toutes le villes, dans le moindre petit village, bourg ou hameau, dans votre jardin ou votre salon, mais oui.
La preuve : les Hunsdiens (trop rouges), Hunspatiants (fébriles), Hunsatisfaits (râleurs), Hunscompris (avec persuasion), Hunscontrôlés (malgré la police), Hunvisibles (les plus nuisibles), Hunsdissolubles (même noyés), Hunsdulgents (les moins nuisibles), Hunsfusions (filtrés), Hunsdécrottables (puants), Hunstrépides (audacieux), Hunstrinsèques (pas mouillés), Hunsformes (parfois Hunsvisibles, leurs cousins), Hunsfidèles (ça pullule contre la pilule), Hunsvertébrés (mollassons), Hunspécunieux (radins), Hunspolis (grossiers), Hunstables (voyageurs), Hunsconditionnels (les plus dangereux), Hunsparfaits (peuvent mieux faire), Hunsfluençables (on ne demande pas leur avis), Hunsventeurs (disciples de Lépine, gagnent tous les concours), Hunsdestructibles (le couteau entre les dents), Hunspétrants (copains d’Arnaud Montebourg), Hunspavides (danseurs), Hunspirés (poètes), Huns-Huns (bègues), Huns-deux-trois (starters), Hunsfiltrés (partout), Hunstentionnés (mâles), Hunsflexibles (têtus) , Hunsconnus (au bataillon), Hunsalubres (dégoûtants), Hunsonores (les plus bruyants)… tous venus manger les p’tits pains au chocolat de nos chère têtes blondes…
« Hun pour tous, tous pour Huns ».
Comme quoi l’invasion de tous ces Huns ne fait pas toujours le bonheur ou le malheur des autres, alimente aussi les conversations, conventions, conversions et conneries… en espérant que cela ne sera pas l’occasion de faire monter les Huns sur les autres, risque majeur.
Toute personne connaissant de nouvelles tribus de Huns ou autres hordes si barbares est (Hunstamment) priée de prendre contact avec l’auteur de ce remembrement ; provisoire ?
© Jacques Chesnel
09:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)
06/10/2012
L’EMPLOI DE PAULE A PÔLE EMPLOI
Cette fois, je mets la gomme, ça c’est sûr se disait Paule en se pomponnant car sa maman lui avait dit que l’apparence était primordiale dans ce cas-là ; elle vérifia tout sur son visage, le rouge à lèvres, les faux-cils, le mascara, puis la coiffure et la petite boucle sur le front, et maintenant tirer un peu sur la jupe, remettre en place le string et le nouveau soutif qui valorise la pointe des seins ce qui rendait fou Julien avant qu’il mette les mains dans les moches selon son expression, heureusement que plus personne ne porte de combinaison pour pas que ça dépasse elle connaissait la vieille blague pour draguer hep mademoiselle vous avez vot’ combinaison qui… tu veux une tarte andouille, maman lui racontait ces aventures en rigolant c’était le bon temps pas comme maintenant où les mecs vous mette les mains directement tout partout et paf !. Bon c’est pas tout ça mais faut que j’me dépêche pasque y aura encore la queue dehors compris, ça n’arrête pas. Elle avala vite fait son café froid, prit son grand sac qui ne la quittait jamais, vérifia que tout était à sa place, courut vers l’arrêt de bus où y avait personne car merde le dernier tacot venait juste de passer et le prochain c’était dans une demi-heure, elle héla un taxi tout en courant, enfin un qui stoppa vous allez où ? oui quelle chance il se rendait dans la même direction qu’elle.
La queue lui sembla plus longue que d’habitude, il n’était pourtant que dix heures un peu plus, elle reconnut Josette qui lui fit un signe, elle gagna une dizaine de places malgré les protestations et voilà maintenant qu’il pleut. En entrant dans le hall, elle entendit quelqu’un dire que le taux de chômage avait encore augmenté surtout pour les jeunes et les seniors, elle prit son ticket d’attente en espérant voir bientôt son numéro affiché sur les écrans, souhaitant que cette fois elle ne sera pas reçue par le gros qui pue la sueur et la mate effrontément. Une sonnerie et le 77 apparait sur l’écran, c’est à moi dit Paule en se dirigeant vers le coin d’accueil avec une belle blonde qui lui sourit derrière son bureau et lui fait signe de s’assoir, comment allez-vous depuis la dernière fois.
- Désolée de vous dire que nous n’avons rien de nouveau à vous proposer, c’est toujours vos qualifs qui coincent, des bacs plus 5 on en a à la pelle et personne ne peut ni ne veut s’engager et vous engager
- Mais vous savez que je suis prête à accepter n’importe quel job, je veux bosser, j’en ai besoin, c’est une ques…
Le téléphone sonne, oui Monsieur le Directeur, oui, elle est là, je, il vous attend dans son bureau, c’est au premier étage, je vous y conduis.
Le Directeur ressemble comme deux gouttes de whisky à Jean Lefèbvre dans Les tontons flingueurs en moins drôle, ça promet pensa-t-elle, il prend une profonde inspiration puis son air le plus mielleux et lui dit :
- Ne soyez pas trop étonnée, Mademoiselle, par ma proposition qui vaut ce qu’elle vaut, nous avons examiné toutes les possibilités en raison de vos références et n’avons rien trouvé, mais en raison de votre physique, de votre sourire, de votre côté avenant, je vous prie de me dire euh si vous aimez la musique ?
Paule, interloquée, se demande et lui demande où veut-il en venir et alors le dirlo du pôle emploi lui déclare tout de go :
- Dame pipi ou plutôt responsable du vestiaire dans un club de jazz, oh pas n’importe lequel, le plus coté sur la place de Paris et avec un bon salaire sans compter pourliches et autres avantages éventuels si vous voyez ce que je veux dire, hein ?... les plus grands musiciens se bousculent pour y jouer, la semaine prochaine on annonce Walter Scottville en personne et en trio… alors ?
- Walter Scottville, celui qui joua au Carnegie Hall avec Wynton Marsalis en juin dernier ?, c’était dans tous les journaux
- Euh, moi vous savez j’y connais queue dalle mais faut vous décider rapido pasque va y a avoir de la concurrence pour la place, moi j’vous l’dis
L’affaire fut conclue et Paule quitta le pôle emploi avec une recommandation du directeur, soulagée de ne pas avoir sorti le révolver qu’elle avait dans son sac, bien décidée cette fois à tout faire péter si on ne lui proposait rien.
Elle fut engagée sur le champ bien qu’elle ne connut pas grand-chose au jazz, aux musiciens et leurs coutumes. Walter Scottville fit le plein tous les soirs, beaucoup de musiciens se pressèrent pour faire le bœuf, le patron de la boite ne fut pas avare de compliments sur la nouvelle du vestiaire qui fit autant de sensations sur les musiciens eux-mêmes qu’auprès des mateurs et amateurs de jazz. Et Paule n’en resta pas là. Scottville lui demanda un soir si elle voulait bien chanter car il avait remarqué sa voix de brune et de brume alors qu’elle chantonnait dans son coin. Il l’accompagna dans I’m a fool to want you, toute l’assistance fut subjuguée, sa carrière de chanteuse fut ainsi lancée et elle fait évènement tous les soirs depuis.
Irez-vous l’écouter ? Si oui, n’oubliez pas de me dire ce que vous en pensez et si vous avez été épatés et émus, autant que moi.
Ah ! retenez bien son nom de scène, de vedette du jazz :
PAULA EMPLOY !
© Jacques Chesnel
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01/10/2012
CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE / 3
DEUX SAXOPHONISTES
SYLVAIN BEUF / Electric Excentric (such prod –harmonia mundi)
Sylvain Beuf (ss,ts), Manu Codjia (g), Philippe Bussonnet (b), Julien Charlet (dm) plus sur certains titres Nicolas Folmer (tp), Alex tassel (bu), Thomas Guei (perc), Thomas Beuf (acc) 2012
Au risque de me répéter, de vous battre, rebattre et rabattre vos yeux puis vos oreilles, je trouve qu’il y a des musiciens dont on parle beaucoup, parfois de trop, et d’autres pas du tout ou pas assez, qu’on entend peu dans les clubs, festivals ou sur les radios, qui ne font pas souvent la une des magazines spécialisés, bref, des musiciens tels que Sylvain Beuf et ce, malgré ses talents de musicien et de compositeur/arrangeur qui ont forgé sa notoriété depuis plus de 25 ans, prix Django Reinhardt en 1995, nouveau talent Jazz aux Victoires de la Musique en 2000.
Pour son neuvième opus, il a fait appel à des musiciens susceptibles d’élargir son univers, de le faire fructifier, notamment avec la présence de Manu Codjia, l’un des guitaristes les plus inventifs de la nouvelle génération (son solo dans Something Sweet), du bassiste Philippe Buissonnet, transfuge de Magma (son intervention dans Bamor), de Julien Charlet, formidable pourvoyeur/propulseur de rythmes. La présence additive des souffles cuivrés (Nicolas Folmer et Alex Tassel) apportent une résonnance proche d’un hard-bop revisité au groove continu.
Compositeur/arrangeur des 11 nouveaux titres de l’album, le saxophoniste, tantôt au ténor ou au soprano (Etoiles), donne la preuve d’un sens esthétique affirmé et raffiné (son Night Walk reste longtemps dans nos oreilles et on se surprend à la chantonner encore longtemps, le développement « free » du titre éponyme nous tétanise) aux multiples couleurs, aux ambiances infiniment contrastées. Une belle réussite, totale.
Penser à Sylvain Beuf plus souvent, le Jazz nous le rendra, au centuple.
SÉBASTIEN JARROUSSE Quartet / Wait & see (autoprod –coadex france)
Sébastien Jarrousse (ss, ts), Pierre Alain Goualch (p), Mauro Gargano (b), Matthieu Charazenc (dm) 2010
Né en 1974, le saxophoniste Sébastien Jarrousse a déjà fait parler de lui, multi-primé pour son sextet au Fetival de la défense en 2004, puis, soliste, lors de la pièce de théâtre musical A Love Supreme, tirée d’une nouvelle de Edouard Dougala contenue dans son livre Jazz et vin de palme, créée en 2006, maintes fois jouées depuis.
Pour ce disque dont il signe les 9 compositions fortement charpentées (Cartoons), délicatement fluides (Ballade à Hauteville) judicieusement/humblement référencée (For Wayne), il s’est adjoint la collaboration de musiciens confirmés, aux talents reconnus et qui cimentent son discours fortement marqué par les univers de grand anciens (notamment John Coltrane, Wayne Shorter, Dave Liebman) sans pour autant leur être assujetti. C’est sa sonorité au soprano qu’on distingue et admire d’abord, d’une grande ampleur, extrêmement diaphane, éthérée, opalescente, ainsi que sa façon de déambuler avec grâce dans les méandres harmoniques de son phrasé.
Un talent déjà affirmé et affiné, un musicien dont on suivra l’évolution avec sympathie et intérêt.
A suivre : Anne Pacéo « Yôkaï », Maxime Fougères « Guitar Reflections »
Jacques Chesnel
23:34 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)
26/09/2012
UN DES TROIS DE GIBRALTAR
Ils étaient inséparables depuis leur première rencontre lors d’une escalade sur la montagne de Tariq qui surplombe la ville de Gibraltar. Et pourtant auparavant ils ne se connaissaient pas, venaient de milieux, de cultures et d’horizons différents, le seul lien qui les réunissait était la grimpette comme ils disaient. Le premier, Alain, le plus âgé, était architecte de renom, le second, Michel, un restaurateur côté dans les guides, le troisième, Loïc, celui qui animait le trio par sa jovialité, boute-en-train infatigable, commercial en farces et attrapes, ça ne s’invente pas et ça existe encore.
C’est donc le soir, au retour des expéditions qu’ils avaient décidé de faire régulièrement une semaine par an sans femme, maîtresse et enfant que le farceur, ainsi que l’appelait ses comparses, se lançait dans des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres en rapport avec les produits qu’il proposait, étonnant et détonnant gagne-pain. Grâce à lui, ils ne tardèrent pas à savoir tout sur les allumettes explosives, les arroseurs différents (appareil photo, attention le petit zosio va sortir et hop une giclée dans l’œil ahahah), les boules puantes, briquet pétaradant, boîte à meuh (les enfants en redemandent toujours), le couteau à lame rentrante (le restaurateur en commanda une caisse entière), les fausses bestioles (l’architecte fit le plein d’araignées les plus lein d'ares, rotes et morvesen commanda une caisse entière), le petit zosio va sortir et hop une giclée dans affreuses pour son épouse préférée) fausses crottes et morves, soulève-plat, verre baveur (le restaurateur en fit une razzia ainsi que de savon salissant pour ses meilleurs clients), pétards et poudre à éternuer sans oublier l’inévitable et très demandé coussin péteur, son atout favori, prouttt oh pardon… et de narrer des anecdotes qu’on lui avait rapportées à l‘occasion de fêtes du baptême à l’enterrement en passant par le mariage et agapes diverses. N’allez pas croire, leur disait-il, que tout cela était réservé à des bandes de fêtards plus ou moins avinés, les commandes arrivaient de partout, même de la part de gens un peu guindés en apparence. Il s’était fait connaître par des relations et s’était fait une certaine réputation et prodiguait ses conseils en fonction des cérémonies.
Plus tard, Loïc fut invité personnellement à des festivités pour raconter des histoires contenues dans un livre qu’il avait trouvé dans une brocante « Les histoire du père Lemaître » écrites en patois bas- normand par Charles Lemaître (1854 – 1928), dit « le chansonnier du Bocage ». Le soir, avant leur dernière ascension de la montagne de Tariq, l’un des trois de Gibraltar, l’homme des farces et attrapes, leur conta l’histoire suivante intitulée « le jour de l’ascension » dont voici un résumé :
Dans cette petite commune, le curé avait décidé de mettre en représentation les grands mystères de l’église lors des vêpres. Pour la montée de Jésus au ciel, il réunissait les enfants de chœur personnifiant les douze apôtres, le bedeau à qui on avait mis des ailes dans le dos était relié à un anneau et une corde que le gars le plus fort de la commune devait tirer pour faire monter Jésus au-dessus des apôtres. Cette fois-là, le bedeau avait bien arrosé le mystère avec du cidre nouveau si bien que, lorsque monsieur le curé déclara doctement « et Jésus monta au ciel » et fit signe au gars de tirer sur la corde, ce dernier s’y prit par à-coup étant donné le poids de Jésus qui se balançait en se tortillant, cria, désespéré « ne secoue pas trop fort là-bas ou j’vas chier ou dégobiller sur les apôtres, nom de dieu ».
Inutile de vous dire le succès que connut cette histoire auprès de ses deux amis qui avaient apprécié le ton, l’accent, les grimaces, simagrées et mimiques de Loïc qui une fois le récit terminé se laissa tomber sur une chaise en lâchant un énorme pet retentissant et dit :
- Vous voyez les amis, pas la peine de s’envoyer en l’air comme Jésus, je suis un coussin péteur à moi tout seul !
Les trois de Gibraltar firent leur dernière ascension le lendemain ; ils trouvèrent la montagne de Tariq vraiment moins escarpée ; l’effet du hasard ?
© Jacques Chesnel
11:40 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)
18/09/2012
APAGOGIE
- Action
Le metteur en scène étant un gueulard, ce cri fit sursauter Jérôme qui se demanda si c’était déjà à lui
- Mais qu’est-ce que fout ce con, Denis, va voir dans sa putain de caravane
L’assistant partit en trombe, Jérôme essaya de repérer les marques au sol, prêt quand ce serait à lui, il connaissait bien la scène, appréhendait le nombre de prises car avec ce mec là il en fallait toujours plusieurs, il ne donnait pas trop d’indications psychologiques comme certains qu’il trouvait insupportables, il indiquait l’action, tournait et c’est après la première prise que le calvaire commençait. Le con, enfin l’acteur principal, un type gentil et vraiment pro, comme les idoles de Jérôme les Arditi ou Dussollier pour les anciens, Amalric et Duris pour les jeunes, arriva en rajustant ses vêtements froissés et reboutonnant fébrilement sa braguette
- Qu’est-ce que tu fous, bordel de merde, comme si on avait du temps à perdre, Henri, allez fissa… moteur… action…
Jérôme fut sidéré de voir ce con attaquer la scène avec une telle désinvolture alors qu’il devait avoir interrompu une séance de baise, preuve d’un grand professionnalisme. Derrière son écran de contrôle, le patron appréciait et dit c’est parfait les gars allez on en refait une pour le plaisir mais en plus intériorisé Henri en plus enfin tu vois ? moteur ACTION et c’est là, devant Jérôme ébahi, que l’incident se produisit
- Tu nous fais chier avec tes prises à répétition, tu te prends pour Clouzot alors que tu lui arrives même pas à la cheville connard, à peine à la semelle de ses godasses, trouduc, tu nous emmerdes, tous, acteurs et techniciens, tu comprends on arrête tout voilà c’est comme ça et puis c’est tout
S’ensuivit un silence qu’on dit de cathédrale dans la stupeur générale et après quelques secondes le gueulard explosa
- Ecoute Marlon Brandon de mes deux, t’es viré tu es viré VI RÉÉÉ, t’as compris la vedette, t’es qu’une belle merde dans un gros tas de merde et
Le con fonça sur le gueulard, les deux s’empoignèrent vigoureusement, l’actrice principale se mit à hurler avant de s’évanouir et les machinistes se fendaient la poire comme d’habitude car oui c’était comme ça tous les jours depuis le début du tournage au grand dam du producteur qui perdait à chaque fois une tonne de cheveux mais cette fois cela semblait sérieux, très sérieux ; après l’échange de quelques coups ponctués d’injures, les deux combattants se relevèrent et le gueulard brailla que c’était tout pour aujourd’hui avant de se raviser et de regarder avec insistance Jérôme qui avait assisté à la bagarre complètement médusé
- Hé toi, oui toi quoi, viens me voir dans mon bureau, tout de suite
Jérôme suit le gueulard dans son antre où règne un bordel indescriptible et pense qu’il va être viré lui aussi alors qu’il n’a encore rien fait en qualité de figurant repêché sur le tard grâce à une copine
- T’as vu comment j’ai expédié l’aut’ con, cet acteur bankable de mes deux qui pète plus haut que son cul avec ses cachets mirobolants, faut que le film continue, ya trop d’argent déjà dépensé, alors je t’ai bien regardé, tu lui ressembles, physiquement j’veux dire, on va te maquiller pour te vieillir un peu, t’auras qu’à bien m’écouter ensuite, on va rameuter la presse spécialisée pour faire parler de toi, je m’occupe de tout, j’ai vu sur ta fiche que tu avais joué des p’tits rôles en amateur, hein dans la Guerre de Troie, hein ? dans un Feydeau aussi, hein ?, quelques panouilles aussi, bon, on te donnera les indications au fur et à mesure des scènes, tu commences demain, viens avec moi on va voir la prod
- Mais je, bafouilla Jérôme
- Quoi ?, t’es pas content, si ? alors tu la boucles et c’est parti, mon gars, allez hop
Un mois après, lu dans la presse spécialisée :
« Un jeune acteur jusque-là inconnu vient d’être engagé par le grand metteur en scène Alain Carberry pour son prochain film en compagnie de la star internationale Mimi Lacouture. Le maître ne tarit pas d’éloges sur son protégé appelé d’après lui à une grande carrière »
Un an après, lu dans la même presse spécialisée :
« Le dernier film d’Alain Carberry « Les portes de l’envers » est nominé aux César 2013 dans la catégorie « révélation masculine de l’année » pour le jeune Jérôme Ricard
p-s : toute ressemblance avec des personnes existantes serait de pure coïncidence… quoique
© Jacques Chesnel
18:45 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)
14/09/2012
CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE /2
2. EMILE PARISIEN Quartet / Chien Guêpe (laborie jazz /abeille)
Emile Parisien (ss, ts), Julien Touéry (p, piano préparé, objets), Ivan Gélune (b), Sylvain Darrifourcq (dm, objets, zither)
Les deux albums précédents, surtout Original pimpant, étaient remarquables et remarqués, l’annonce de la parution de celui-ci avait excité notre attente, le résultat est là , nous sommes littéralement scotchés, abasourdis, ébaubis, emballés, foudroyés par cette furia et ce vertigo qui nous emmènent aux confins d’une évidente folie. Difficile de décrire par de simples mots un tel tourbillon, tornade emballante où se mêlent, s’encastrent, se dévident, s’entrechoquent, joyeuse bousculade et continuelle déferlante, embrassades et embrasements, tourmente et hourvari, bacchanale et sarabande, bourrasques et déflagrations… on pourrait aligner d’autre termes équivalents pour dire combien ces musiciens jeunes et au savoir jouer impressionnant, ont su trouver cette fougue, cette énergie pour une musique au-delà des frontières du jazz et de la musique improvisée…
Indubitablement, un des disques incontournables de cette année 2012.
Ah, si vous ne savez où ranger l’album : sa place est à côté de Wayne Shorter, tout près.
3. MIGUEL ZENÓN – LAURENT COQ / Rayuela (sunnisyde-naïve)
Miguel Zenón (as), Laurent Coq (p), Dana Leong (cello, tb), Dan Weiss (dm, tablas, perc)
Rayuela (Marelle en français) est un roman majeur dans l’œuvre de Julio Cortázar pour qui la musique (et principalement le jazz) furent des éléments essentiels. Ce récit labyrinthique construit comme le jeu des enfants (saut des chapitres) est ici prétexte à un hommage à l’auteur autant qu’à ce tour de force littéraire unique.
Les deux musiciens signent chacun cinq compositions centrées soit sur un des personnages, soit sur une action ou situation particulière. Atmosphère musicale très dense relatant parfaitement l’univers cortazarien dans l’esprit et dans la forme par des alliages sonores originaux.
Un disque d’excellence, sorte d’invitation sonore à lire ou relire sous l’angle musical ce roman exceptionnel.
à suivre
16:01 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
11/09/2012
RENCONTRE FATALE
Il était vraiment content de son nouvel appartement.
Il avait longtemps hésité étant donné le prix qu’il avait trouvé exorbitant mais maintenant il n’avait plus de regrets.
Le nombre de pièces lui convenait parfaitement mais c’est surtout l’emplacement, l’étage, ce treizième et la vue splendide sur la plaine qui avaient motivé sa décision.
Aujourd’hui, sur le balcon, il regarde le panorama à 180 degrés alors que le soleil semble mettre du temps à vouloir se coucher, que le ciel est engorgé de petits moutons blancs à la Boudin et que le silence en impose. Au loin, derrière une rangée de petits arbres, il voit l’aéroport récemment construit, sa tour de contrôle et les balises clignotantes de la piste de décollage / atterrissage sur laquelle est posé un avion, gros insecte prêt pour le voyage. Il envisage depuis quelque temps déjà de se payer quelques jours de vacances et d’aller consulter les destinations et les horaires. Pour l’heure, avant le dîner, il flâne un peu et se contente d’admirer ce paysage et de vivre cet instant de paix intérieur qu’il lui offre. Oui, paix intérieur, le mot est juste, se dit-il, ce dont il avait besoin depuis cette séparation orageuse avec Muriel et qui avait laissé des traces, des blessures.
Maintenant, au loin, sur cette piste, le gros insecte semble vouloir se dégourdir les ailes et se met à rouler de plus en plus vite avant de s’envoler et de prendre de l’altitude. Il admire la façon qu’a l’appareil de changer de direction afin de trouver la bonne trajectoire et il commence à entendre ce qui est d’abord un doux ronronnement devenant un vrombissement de plus en plus fort lorsque l’avion se dirige inexorablement vers l’immeuble en perdant peu à peu de sa vitesse initiale et que non il ne va tout de même pas, le bruit devient de plus en plus assourdissant, sur son balcon il commence à paniquer, fait de grands gestes comme pour repousser l’engin qui fonce sur lui, il se demande si ce n’est pas un cauchemar, peut-être une simple illusion d’optique, l’insecte va se redresse avant que… il ne va tout de même pas…
Depuis le temps qu’il voulait prendre ces quelques jours de vacances au plus loin possible afin de voir d’autres paysages, il s’est enfin décidé, il est maintenant dans le hall de cet aéroport qu’il peut voir de son balcon. Il a fait la réservation par internet et n’a plus qu’à prendre son billet au guichet. Il baguenaude un peu, déambulant dans ce grand entonnoir en attendant l’embarquement prévu pour vingt heures vingt-cinq. Il repense quelques instants à son premier voyage en avion avec Muriel à l’occasion de leur mariage et son effroi sincère ou simulé lorsque l’appareil avait quitté le sol. L’heure de l’embarquement est arrivée, l’hôtesse l’accueille avec un sourire qu’on dit de circonstance sans qu’il sache ce que cela peut vraiment dire et lui indique sa place, côté hublot, pardon madame à la passagère côté couloir. Attachez vos ceintures, le commandant vous souhaite un agréable voyage, le gros insecte secoue ses ailes et démarre. Il prend une grande inspiration au moment du décollage et aperçoit un groupe d’immeubles vers lequel il semble se diriger. L’avion continue de prendre de la hauteur mais il remarque un va et vient inquietant de la part des deux stewards, leur mine subitement effarée ; l’appareil amorce un virage pour prendre sa trajectoire mais un bruit inquiétant résonne soudain dans la carlingue et le groupe d’immeubles donne l’impression de se rapprocher, il distingue maintenant un homme sur un balcon au treizième étage de la plus haute tour, un homme dont il reconnait la silhouette familière et qui agite follement les bras, comme autant de signaux de détresse, une étrange sensation s’empare de lui, il essaie de décrocher sa ceinture pendant que sa voisine hurle mais qu’est-ce qui se passe, la distance avec l’immeuble se réduit de plus en plus vite, il n’a pas le temps de se lever quand il comprend enfin les gesticulations de l’homme sur le balcon, l’affolement de l’équipage, ce bruit intolérable, cette sensation de catastrophe imminente et que…
© Jacques Chesnel
01:41 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)
05/09/2012
CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE
1. Edouard Ferlet / Think Bach (mélisse mel666011, only music)
Avec Bach c’est comme avec Proust : on adhère ou pas, on aime ou on n’aime pas. Je suis allé à la recherche des deux et j’ai perdu mon temps, rien à faire, je reste sur ma faim. Oh, bien sûr, comme certains, j’ai ressenti un petit frisson à l’audition des retransmissions des émissions (ses portraits filmés) de Bruno Monsaingeon consacrées à Glenn Gould dans les années 80, j’ai tendu une oreille curieuse aux disques de Jacques Loussier sans vraiment souscrire à sa démarche (jazzifier Bach ?)…
Et voilà qu’Edouard Ferlet, pianiste que j’aime et dont je suis avec attention et admiration la carrière et ses productions, propose sa version de certaines œuvres (notamment parmi les préludes les plus connus) du grand compositeur en se posant la question : comment déconstruire la musique de Bach lorsque celle-ci vous a structuré ? et s’engage dans une opération poétique : jouer avec Bach plutôt que de jouer du Bach, interpréter quelques préludes en les rebaptisant parfois avec humour et, avant même d’écouter ceux-ci, le concept a de quoi réjouir. Il apporte ainsi une transfiguration toute personnelle de cette musique qui l’accompagne depuis toujours avec différents procédés, la technique dite du miroir inventé par Schoenberg, ajouter ou supprimer une note toutes les deux mesures, utiliser la main gauche comme support d’improvisation à la main droite (comme les pianistes de stride), découpage haché de l’intro (Lapsus), un rythme évoquant le boogie-woogie (Verso), un développement d’une phrase évoquant Jarrett (Que ma tristesse demeure)… 50 minutes où l’intelligence fait jeu égal (jouer le jeu autant que le je) avec la sensibilité pour créer un univers personnel, une sorte de passage subtil et raffiné entre rigueur et liberté, entre hier et aujourd’hui.
à suivre :
Emile Parisien / Chien Guêpe, Miguel Zenon et Laurent Coq / Rayuela, Sylvain Beuf / Electric Exentric, Maxime Fougères / Guitar Reflections, Sébastien Jarousse / Wait and See, Florian Weber / Biosphère
13:44 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
01/09/2012
LA MAISON AUX SCORPIONS
Sitôt arrivé sur la place du village, on ne voit qu’elle, ou plus exactement je ne vois qu’elle, depuis le temps que je viens voir les amis qui l’habitent. C’est une grande maison de trois niveaux sur rue avec d’un côté sa porte cochère et de l’autre la courette qui la sépare de l’autre maison. Ce n’est pas une maison, bien plus que cela, je dirais une bâtisse, sans grand caractère certes mais qui en impose, qui en impose à moi, tous les ans cela me fait le même effet, comme une sorte d’exaltation ; j’allais me ressourcer auprès de l’amitié durable pendant quelques jours.
Cette année, il y avait du nouveau : j’étais attendu par une princesse.
En supplément à l’amitié s’ajoutait certains petits plaisirs comme l’égrenage des haricots ou des petits pois des deux jardins, ma cure annuelle de courgettes (j’appris à mon grand étonnement qu’il y avait des courgettes jaunes, quel vieux ballot), le caviar d’aubergine maison (une pure merveille), les pieds paquets, les pavés aux herbes ou au poivre et les tropéziennes du dimanche ainsi que les apéros avec le pastis qu’il soit Bardouin ou Janot pris sur la terrasse avec vue splendide sur la vallée verdoyante ; c’était comme un rituel auquel je prenais agrément et délectation.
Sitôt arrivé, je sonnais et faisais résonner le heurtoir sur la porte, j’entendis une cavalcade dans l’escalier et une petite voix hurler « c’est lui le voilà » ; lui, c’était moi, elle, c’était la princesse. Timide, cachée derrière sa maman dont elle tiraillait la jupe, elle se découvrit peu à peu et me regarda de ses grands yeux étonnés du haut de ses presque quatre ans. Ingrid portait une robe blanche avec des ronds de toutes les couleurs ce qui m’a fait penser à une boîte de smarties. La glace ne mit pas longtemps à fondre entre nous et après les embrassades elle m’emmena voir ma chambre ; et c’est alors que le déluge verbal inattendu commença, un flot continuel, une avalanche ininterrompue, un vrai moulin à paroles à la vitesse d’un moulin à prières tibétains emballés, un torrent de phrases entrecoupées d’éclats de rire ou de mimiques sérieuses, des sentences assénées le plus sérieusement, un ton docte ou rigolard qui me laissèrent littéralement abasourdi et pantois, ouf.
Tu connais la maison ça fait longtemps que tu viens plus longtemps que moi tu as du faire toutes les chambres mais maintenant c’est la tienne faut faire attention pasque cette année avec les travaux on a découvert un nid de scorpions et y en a partout ils sont pas dangereux c’est pas mortel mais ça pique avec des rougeurs tiens on va regarder sous la carpette pasqu’ils aiment bien se cacher là comme dans les couvertures des lits en fait ils faut regarder partout comment t’as connu grand-père et mes parents j’ai souvent entendu parler de toi et j’avais envie de te voir tes moustaches sont plus petites que celles de grand-père mais j’aime bien quand même on va aller au jardin après la sieste je te ferais voir ma cabane on s’amuse bien avec mes cousines quand elles viennent en fait on se chamaille un peu à cause des poupées après on ira voir un peu la télé mais j’aime pas trop chez nous on a pas la télé t’as la télé toi ? j’ai envie d’apprendre vite à lire tiens tiens oh regarde là un scorpion faut l’écraser vite ouais tu l’a eu la chatte joue avec quelquefois tu faisais quoi toi avant ? je sais pas encore ce que je voudrais faire tu connais Poucette mon arrière-grand-mère celle qui parle tout le temps elle passe son temps devant la télévision à tout critiquer surtout les chaussures des femmes et les cravates de hommes ça m’fait rire pasque souvent elle a raison des fois en fait parfois elle a tort c’est vrai que tu viens toujours avec ton thé ? les grands-parents disent que t’es un peu maniaque moi je prends du lait de soja comme mon père qui veut pas grossir des fois j’aime pas tu sais les parents disent que je suis bavarde et tes enfants ils causent beaucoup aussi ? tu regarderas bien avant de te coucher y avait un scorpion dans mon lit hier soir j’ai un peu crié mais j’ai même pas eu un peu trop peur la maison est toujours en travaux peut-être que les scorpions aiment se cacher dans les pierres ououiiiii voilàààà j’arrive c’est ma mère qui m’appelle tu l’as connue tout petite comme moi ma maman ? on va prendre l’apéritif sur la terrasse mes parents ils boivent du pastis rien qu’ici pasqu’à la maison on boit que de l’eau des fois ici papa est un peu pompette il nous fait rire tu bois du pastis aussi toi ? allez tu viens sinon on se faire gronder hihihi…
Ce soir-là, comme d’habitude, le repas fut excellent ; la maîtresse de maison avait mis les petits plats dans les grands et mieux encore les grands dans les petits. A ma grande surprise, au moment de se coucher, Ingrid me demanda sous quel signe j’étais né ? ; quand je lui répondis « Scorpion », elle eut le plus beau et long fou-rire jamais entendu ; la preuve, aujourd’hui, je l’entends encore.
On se retrouvera l’an prochain dans la maison aux scorpions avec ou sans ces satanées bestioles.
© Jacques Chesnel
11:39 | Lien permanent | Commentaires (2)