Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/03/2015

DÉAMBULATION NOCTURNE

 

Oh, déambuler dans Paris à cette époque, c’était pour moi le même trajet ou presque, en fonction des musiciens qui se produisaient dans les clubs de jazz des rues Saint-André-des-Arts et de la Huchette où on n’avait que l’embarras du choix. Lorsque resurgissent les souvenirs, immanquablement trois lieux désormais mythiques se détachent : le Riverbop, le Caméléon et Le Chat qui pêche ; trois noms les accompagnent : Jacqueline Ferrari, Pascal (on ne connaissait que son prénom) et Madame Ricard (connaissait-on son prénom ?). 

Seul ou avec Michel mon copain d’avant de maintenant de toujours, il y avait parfois de ces nuits on ne savait pas où tourner nos oreilles heureusement avec le bouche-à-oreille et quelques fois le bouche-à-bouche quand on rencontrait des bonnes copines mais attention on ne se laissait pas trop distraire on était renseigné sur les évènements les rencontres imprévues les bœufs en cours ou à venir les surprises de dernière minute surtout quand il y avait des orchestres américains et que les musiciens venaient faire la fête et jouer jusqu’à l’aube en des jam-sessions quelques unes mémorables…

C’est ainsi que pendant une pause, j’ai eu l’occasion de connaître et de parler avec ce merveilleux guitariste belge qu’était René Thomas, ses yeux cachés par ses lunettes aux verres en tessons de bouteilles et moi qui ne suis pas du tout bande dessinée il m’a parlé beaucoup de BD et peu de musique, beaucoup de son fils qu’il voyait peu à cause de ses engagements, ce qu’il regrettait, je suis allé saluer Michel Graillier et Aldo Romano à qui Jacqueline disait allez messieurs on reprend… tandis que j’apercevais, sages, les gamins Jacques Thollot et Simon Goubert qui espéraient qu’on les inviterait à faire le « bœuf »…

 Une autre fois, je suis allé écouter le trio HLP, autrement dit Humair  - Louiss - Ponty au Caméléon plein comme un œuf ce soir-là comme les autres d’ailleurs. En plein milieu du premier set arrive bruyamment un américain blanc avec une femme qui a tout l’air heu d’une pute. Sitôt installé le type continue à brailler malgré les nombreux chut et regards signifiants qu’il faut se taire et écouter d’autant que la musique est quasiment géniale ; qu’importe le type continue de hurler alors que les musiciens jouent de plus en plus fort sans résultat ; alors Daniel Humair fait signe à ses partenaires qui décident de jouer de moins en moins fort si bien qu’on entend de plus plus les braiements du connard et qu’alors ensuite la musique s’arrête dans un parfait silence… sauf le fort en gueule, on n’entend plus que lui qui étonné s’arrête lui aussi… alors Humair compte un deux trois quatre et la musique reprend et le mec déguerpit sans demander son reste… soirée mémorable… comme quelques autres, au Chat qui pêche, George Braith et Alan Shorter, le premier jouant de son « braith-horn » au double son simultané, le deuxième, frère aîné de Wayne, soufflant inépuisablement la même note sur la peau de la caisse claire de la batterie, ou encore le grand (dans tous les sens du terme) Dexter Gordon occupant pendant près de vingt minutes le seul w.c. qui après la sortie du musicien ressemble à une usine dont la cheminée est bouchée et que la fumée stagne à l’intérieur et où flotte une odeur si particulière si vous voyez ce que je veux dire… Je me souviens aussi d’Aldo Romano avec une grosse moustache dans le groupe de Bernard Vitet, de la gentillesse des contrebassistes Beb Guérin et de Jean-François Jenny-Clark (aujourd’hui disparus et auxquels je pense souvent avec toujours la même émotion). 

Une autre fois avec un autre ami dont j’ai perdu la trace nous allons  au Blue Note qui se trouvait rue d’Artois et dont le patron s’appelait Ben Benjamin, pour écouter le Martial Solal trio, avec Guy Pedersen et Daniel Humair. Je me souviens que ce devait être en février, 62 ou 63 (là j’avoue un trou), qu’il faisait un froid de loup et que des radiateurs électriques étaient disposés entre les tables. Vers la fin du premier set, arrive un groupe de femmes parmi lesquelles je vous le donne en mille et même moins que cela : Marlène Dietrich, oui, elle-même, revêtue d’un superbe manteau de fourrure, ces dames s’installent à une table à côté de la nôtre et au bout de quelques minutes Marlène se lève, vient vers le radiateur et le ferme sans dire un mot, sans un regard vers nous… je dis au copain qu’elle aurait pu nous demander notre avis et malgré ses recommandations prudentes je me lève et je remets le radiateur en marche ; ça n’a pas trop tardé la star toujours dans son superbe manteau plein de poils se lève de nouveau et sans un regard vers nous un peu inquiets clac referme le radiateur et retourne à sa table ; ah non, si madame a trop chaud elle n’a qu’a ôter sa houppelande ; je me relève et crac rallume en attendant la suite des événements qui ne tardent point car la belle Marlène se rapproche de nouveau et là armé de mon plus beau sourire bien que mon cœur bâtit bien fort je lui dit sur un ton empreint de la plus extrême gentillesse : « si vous avez trop chaud, Madame, vous n’avez qu’a enlever votre manteau »… ce qu’elle fait immédiatement avec un sourire un peu crispé dont bien sûr je garde un souvenir ému les jambes encore un peu flageolantes à cette évocation tant j’avais craint une gifle humiliante en regard d’un tel crime de lèse-majesté… comme quoi les légendes !.

 

  Jacques Chesnel  (Jazz divagations)

16:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

25/02/2015

LES TRIBULTIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. (6)

 

6

 

Sarah quête

 

Avertissement : ce chapitre n’est pas à mettre dans ou entre toutes les mains… Sarah avait pensé l’intituler « Sarah quéquette » mais le transcripteur y renonça sans pour autant modifier le contenu du texte…

 

La nuit était tombée si bas qu’on pouvait la ramasser avec la main. Il faisait noir comme dans le trou du cul d’un maigre. Une petite lueur brillait, elle était tellement petite qu’elle paraissait loin.

Dans la maison nette de ladite lueur Sarah filait le parfait tamour avec son nouvel et jeune amant (Brute était passé outre aux zoubliettes), Edmond. Rejeton d’une famille noble, Edmond Cucéty du Poulay (de Loué par son père, de Bresse par sa mère, élevé en plaine air et levé en plein Gers par des tantines un peu lesbiennes, très intégristes et néanmoins amoureuses d’un curé pédo-facho-bobo-dodo) portait beau  ses presque vingt ans (ça rajeunit et ça rafraîchit un peu pensa V.) et de son arbre eugénéalogique, sportif, cultivé et si néphile qu’il était un nain collable sur le septième art surtout nippon et fripon… 

Pour l’instant, Edmond et Sarah regardaient le porno mensuel du sam’di soir sur canal, Pas Nique A Bord (en version française donc avec les poils), le canal du port no pensa Sarah où passait justement un film si jeune et des japonais. Ils étaient tout excités (ça ravive la libido pensa Sarah qui avait toujours peur de tomber en panne des sens) les acteurs (surtout Imatoumi et Jétoupri grosses pointures du sexe business) et aussi les amants quand le téléphone sonna en plein dans l’action (rien de tel pour que ça ratatine pensa la Vigotte sur le point d’accueillir le membre démesuré (enfin bon !) de l’Edmond qui justement pffffffuitttt…. s’inscrit aux abonnés absents vu que ça rapetisse à vue d’œil et que le commis ne tarde pas à roupiller sur les pruneaux, va falloir remonter la pente sous la soupante et réactiver la soupape et tout le tremblement, va yavoir du boulot)…

Ali allo allo Edmond c’est nous allo on sait qu’t’es la (Sarah pensa il est las aussi le flappi hi hi hi) allo Edmond répond-nous merde les tantes qui mit la main devant ce qui restait de son zizi pour se protéger (Sarah pensa on n’est pas filmé quand même maintenant qu’ya des caméras toupartout) Edmond que fais-tu chez cette gourgandine (Sarah pensa et vous alors ya pas que les gourdes qui s’dandinent) Edmond tu rentres tout de suite à la maison ou alors on vient te chercher avec l’exorciste et tout l’tremblement oh non dit Edmond qui tourne au vert pas ça pas ça tantines pas l’abbé Résina pas lui pas lui… ALORS TU RENTRES ET FISSA… (Sarah pensa fils à qui ?, hein !)                                                                                               

Edmond maintenant tremblait comme un paquet de feuilles qu’auraient perdu leur branche lui qu’avait plus rienderien du tout EDMOND aboyèrent les furies oui oui oui bafouilla-t-il TU quittes cette débauchée elle fait partie d’une secte une vraie satanique la Labaisamort.com on l’a vu à la télé sur TF2 ça fornique et nique fort avec le diable, avec Satan et ses suppôts, les francs-maçons, les faux-maçons, les maçons-tout-court, les défroqués, les possédées… (à ce moment Sarah pensa ça rameute à donf) Edmond tu es en perdition honte sur toi ressaisis-toi (Sarah pensa je vais t’le ressaisir moi vous allez voir) TU REVIENS OU ON VIENT C’EST UN ORDRE NOM DE DIEU elles en bavaient dans le bigorno que ça passait par le fil et dégoulinait dans l’oreille de l’amant… pouah !… Sarah pensa que faire si elles se ramènent avec leur ex-orciste qui c’est-y ce gars-là faut qu’on s’tire pleura Edmond pas question dit Sarah on va pas s‘arrêter en si bon chemin mon amour j’en veux encore et toujours… maintenant c’est  Edmond qui se posait des questions elle est vraiment insatiable et si les tantines avaient raison d’autant que Sarah reprenait les choses par le bon bout dans l’espoir d’un redressement définitif (elle pensa je vais t’le ravigoter par tous les moyens l’Edmond que j’vais pas rechigner…) 

Il avait raccroché le bigorno et se remettait en question et en début de forme olympo-priapique asticoté par les mains expertes et la bouche de la Vigotte qui manifessetement se prenait pour la créature à Félix qu’était mort Pompée (air connu)… et la p’tite bête reprenait fière allure quand le téléphone resonna et résonna merde ça y était presque ali allo on rentre du boulot c’est moi Monmond ton confesseur çui qui t’as fait ta première communion et ta première pipe en même temps allo Monmond réponds-moi ou j’arrive te chercher te sortir des griffes de cette catin (Sarah pensa si c’est moi j’lui f’rai dire que ça va barder me faire louper une affaire à ce salopard) et l’autre que j’te pardonne et j’te bénis oui oui je te bénis mon fils (hé son gamin qu’il appelle) reviens dans le droit chemin (Sarah pensa mon chemin à moi il l’avait presque trouvé eh oh) tu rentres au bercail et on en parle plus mon Monmond j’t’en conjure (mais il jure ce con pensa Sarah) et l’Edmond re-pfffttt et re-çaratatine plus rien à se mettre sous la dent… et v’là que ça tambourine à la porte ouvrez et le film qu’arrive à sa fin dans une partouze gigantesque ouvrez (Sarah pensa pour être ouvert c’est ouvert de partout) et mon Monmond qui enfile son slip et se prend les pieds dedans quand la porte s’ouvre et que les copains entrent en farandole Bonne Année Bonne Santé du sexe, de la baise toute l’année ohé ohé et le téléphone Monmond et les acteurs… tous… dans l’extase (si) finale et générale…

 

                                                                                                 (à suivre)

 

18:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

19/02/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. (5)

 

5 

Sarah commode 

Sarah ravie rit… non non non non non hurle Henri Deux (de  Troyes) je te l’ai dit mille fois on ne rit pas comme ça on dirait un hennissement (elle pensa ah bon et Nice ment ?) on recommence, Sarah rerit non non non non non on dirait un barissement (elle pensa j’arrête la répète je pète et je me casse, tiens Sarah s’casse connard)…

Cela avait commencé au début de l’année : cherchons comédienne débutante pour petit rôle dans l’Antigone de Lanouille et deux mois plus tard elle était bombardée dans le rôle-titre en costume Louis 15, une drôle d’idée  de Deux (et de Troyes) le metteur en scène allez savoir pourquoi. Créon ne faisait pas son âge, il ne faisait d’ailleurs rien du tout que mater un p’tit jeune accessoiriste qu’avait pas de boulot vu qu’on jouait devant un drap noir et rien d’autre… faut c’qui faux… On reprend brailla l’Henri, Sarah rit et paf Créon rit aussi en miaulant…  puis s’effondre dans ses bras en pleurant toutes les larmes de son corps qu’il avait gros hi hi hi hi on arrête tout crénon de nom (non c’est pas crénon c’est Créon pensa Sarah qui ne riait plus). Dégarni du haut, poilu du bas, rougeaud de la tête, pâle des genoux, gras du bide, Créon-Ferme (il s’appelait Léon Ferme dans le si vil facteur de son état, Sarah pensa je préfère une factrice à l’heure à un facteur à risque) sanglotait sur l’épaule accueillante de Mademoiselle Vigotte, il me regarde jamais hi hihi hi on dirait qu’il m’ignore hi hihi et pourtant je l’aiaiaiaimeuuuu à en mourir… ah j’étouffe touffe touf …

Dès le début des répètes, il avait souvent l’air triste ou maussade (Sarah pensa triste comme le mot sad) et la Vigotte se disait qu’il y avait aiguille sous cloche ou quèque chose pareil… Cela lui laissait comme un goût doux amer (tiens un oxymore pensa-t-elle pourquoi pas un occis maure ou un oxyde mort) de voir ce mec enfin si ce mec se lâcher ainsi lui qu’habitait au Raincy, elle avait pas prévu ça (Sarah pensa ça Rabanne hein Paco !) maintenant faut que ça rafistole…

Et on reprend rebrailla l’Henri bon où est-ce que tu te terres Oreste susurra Miss V. non non non non et non ar – ti – cu – leu gnin gnin gnin on dirait où est-ce que tu te terroriste et… maintenant c’est Sarah qui pleure et le Léon de la consoler tandis que le stagiaire (en stage hier) prenait un air idiot qu’il avait déjà au naturel…                                                                                           

 On recommence caqueta l’Henri on y va mes cocos à toi Léon-Créon et lui d’ânonner comme du papier nous partîmes cinq cents et par un prompt qu’est-ce que c’est que ce bordel v’là que tu te goures maintenant non mais quel mauve miette il bafouille (Sarah pensa pourquoi pas môme viet pendant qu’y est) alors tu pleures tu pignes et maintenant le Cid bordel et de merde… J’emmerde Corneille, j’emmerde Racine, j’emmerde Lanouille, Anouilh connard pas Lanouille, j’l’emmerde quand même et oups le Léon Créon-Ferme  la ferme avant de se mettre au garde-à-vous Manman crie-t-il (Sarah pensa il va pas dire qu’il emmerde Manman quand même) devant une grosse dame les poings sur les hanches vous allez laisser mon gamin tranquille oui bande de vo-yous harponne-t-elle avant d’aplatir son pébroque sur la tronche à l’Henri qui s’répand presto sur le plancher et son pipi qu’il en a eu une vraie trouille (comme Clovis pensa Sarah lettrée en peinture)…

A ce moment crucial Sarah pensa ça rabiboche pas et faudra bien que ça raccroche un jour… pas prévu pour l’instant !…

Alerté par tant de boucan, le stagiaire qui n’avait rien à faire et vaquait donc à ses occupations se pointe, mate la scène et devant la harpie en furie s’écrie Manman lui aussi et elle reçoit dans ses gros gras bras blancs le minot en extase en criant TOI TOI TOI trois fois enfin…

Alors là, une énorme perplexité s’abat sur l’assistance mais surtout sur le Léon qui en reste tétanisé comme deux ronds de flan (ça rabroue ou ça rapproche pensa Sarah médusée) qui se remet lentement et s’égosille LUI LUI LUI trois fois enfin aussi… pour se raviser et grommelle PAS LUI PAS LUI  deux fois seulement et s’écroule et s’écoule et se coule à son tour… dans les petits bras bronzés de la Vigotte (ça rattrape vite pensa-t-elle) stupéfaite (stup’ et fête) comme le reste de l’assemblée…

-       mais alors PAPAAAAAAA qui c’est ?, dirent ensemble les deux concernés (Sarah pensa ça pour être cernés)

 -       ben voilà, sortit Manman : yenna DEUX

 -       comme Papa, ricana l’Henri

 -       QUOI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 -       ben oui, toi ton père et… toi ton père, un pour l’un l’autre pour l’autre

 -       en même temps ?, osèrent-ils

 -       ah non ! à la suite… le premier en 60, l’autre en 70, c’est l’amour…mes enfants… mes chers petits…                                                                                                

-       ALORS ON EST FRÈRES, enfin presque… 

Sarah pensa c’est la famille tuyau d’poil recomposée à la mode mord-moi, ça rassure quand même, on a lévité un drame… 

Et l’Henri Deux (toujours de Troyes) on va arroser ça mes enfants champagne pour tout l’monde et  mousseux pour les autres, hop !

Pendant que les bouchons sautaient, qu’on liquidait les liquides et les lipides, les deux frères se rapprochaient timidement sans reproche sous la houlette et la houppette d’une Manman qui tétait le goulot avec avidité sans passivité qu’elle en devenait violette sous sa voilette… (Sarah pensa ça ragaillardit drôlement et ça ravive les couleurs, elle va pas nous faire une attaque de la peau plexique quand même)

La Manman déchaînée se mit au garde-à-vous et entonna un rap mitonné reggae de La vie en Rose d’une voix de stentor à la Régine en plus vulgaire (Sarah pensa si c’est possible !) puis  entama La Marseillaise version Etienne Daho version virago en plus viril (Sarah repensa si c’est possible et bien non !)

A trois du mat’ l’Henri Deux (encore de Troyes) mit un terme à ce barouf alerté par les voisins et Manman sortit furibarde avec les fistons bras dessus bras dessous la main dans la main les yeux dans les yeux et le reste que Sarah pensa ça rabat-joie quel dommage de fermer quand commence à s’marrer c’est toujours pareil et l’Henri ô rage ô désespoir ô gonzesse ennemie que…

 

                                                                                                  (à suivre)

 

 

                                                                                                    

 

 

                                           

 

 

10:02 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

13/02/2015

QUELQUES INTERROGATIONS LINGUISTIQUES

 

. mollusque gastéropode qui prend le bateau : est-ce cargo ?

. danse ancienne pour aviateurs aguerris : est-ce quadrille ?

. suite de degrés à monter ou descendre : est-ce cas liés ?

. mouchard devenu surveillant : est-ce pion ?

. ibère parlant avec l'accent marseilais : est-ce Pagnol ?

. venu du grand froid s'exprimant délicatement : est-ce qui mots ?

. en rapport au beau piqué par un acarien : est-ce tes tiques ?

. chaussure de toile portée par un bon vivant : est-ce pas drille ?

. forte croyance pour un fruit : est-ce poire ?

. poisson téléostéen dans un jacuzzy : est-ce spa donc ?

. ibère habillé d'un vêtement très court ; est-ce pagne ?

. mort par maniement du fleuret : est-ce crime ?

. organe auditif d'une personne un peu idiote : est-ce gourde ?

. petit tapis pour personne servile : est-ce carpette ?

. personnage biblique ayant pied au sol : est-ce terre ?

. coup porté avec engouement : est-ce tocade ?

. opinion favorable d'un moment en anglais : est-ce time ?

. armoise et personnage attendant Godot : est-ce tragon ?

. perdre l'usage d'un membre de marche : est-ce trop pied ?

. personnage de grande beauté qui suce au sein : est-ce tête ?

. montée mécanique sans raison : est-ce cale à tort ?

. petites marches pour comédien prétentieux : est-ce cabot ?

. tube digestif et souteneur : est-ce trop mac ?

. petit café populaire et mammifère domestique : est-ce tas miné ?

 

Jacques Chesnel

17:25 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

09/02/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. (4)

  

4

 

Sarah dîne

 

 Elle avait un frère car son père s’était remarié avec une couturière antillaise après la guerre et c’était donc un demi-frère bien que vu sa corpulence elle le considérait comme un double-frère (elle pensa à la seconde épousée et se dit je préfère le métissage à ses tissages) ; le frangin mesurait un mètre quatre-vingt-huit et pesait cent dix-huit kilos : un colis encombrant en quelque sorte. Il y avait entre eux deux une complicité autour de la bouffe car bien que Sarah soit maigre elle pesait presque la moitié et aimait les petits plats dans les gros. Le p’tit s’appelait  Brouillard Amédée par sa mère car elle l’avait mis au monde en écoutant la Flûte enchantée de son mari qui lui avait offert le disque, une compilation vinyle par les concerts à Pasdeloup. Ils se retrouvaient régulièrement pour des agapes dépendantes de leurs finances. Amédée était mannequin grosse taille et ne devait absolument pas perdre de poids sous peine de perdre son emploi. Tous les derniers jeudis du mois allez hop au resto jamais au MacDo, souvent à l’Hippotalamus ça m'amuse, quelques fois plutôt rares chez les toqués et toilés des guides où c’était bombance pour la baffre et les prix…

 Amédée, né prématuré, avait depuis l’âge de six ans des problèmes d’électroélocution : il doublait les dernières syllabes ou parfois dans la confusion les derniers mots d’une phrase.

 -       salut Amédée, comment va ?

 -       heu, ça vava

 -       et le boulot ?

 -       heu, on est débordédé

 -       oh 

 -       oui, ya plein de défilélés

 -       oh !

 -       ben oui, ya plein de gens de plus en plus grogros

 -       oh !, dis… ben ça alors !…où qu’on va-t-y aujourd’hui ?

 -       je suis fauché, on va au quiquick

 -       alors, pas question de gastronomie

 -       non, ce sera stekfrifrites

 -       pour toutl’monde… mais avec l’apéro quand même, hein ?        

(Sarah pensa je préfère un amer Picon à ta mère p’tit con mais j’t’aime bien quand même Brouillard).                                                                                                                                                                                        

Des fois on se régalait d’abord, puis on rigolait, se gondolait, à se tenir la panse farcie à deux mains, j’en peux pluplus, ah qu’c’est bonbon, où vont-ils chercher tout çaça…

Une autre fois (anecdote racontée par Amédée), on décide d’aller manger landaidais (Sarah pensa je préfère un fin landais à un gros finnois) enfin presque, à côté, Au Trou Gasconcon, là où ya pas de maître d’hôtel en queue de piepie et de serveuses à la jupe ras-le-bonbonbon, surtout pour les chipironrons sautés façon pibalbale… ou encore dans un troquet de la rue de Bucici pour la marérée du jour…

et c’est là que le p’tit frère, les paluches dans des huîtres récalcitrantes (Sarah pensa trente six raies calent, faudrait savoir) et des palourdes pas trop lourdes d’ailleurs, entend un voisin de table s’écrier :

-       ah !, mais débrouillard !

-       onze connaînaît ?

-       Pardon

-       onze connaît ? vous m’appelez, alorlors

-       heu, je ne comprends pas

-       ben si, je m’appelle Amédée Brouillarllard

-       je ne vous connais pas

-       alors pourquoi vous prononcez mon nomnom ?

 -  quoi ? j’ai simplement remarqué que vous vous débrouillez bien pour ouvrir les coquillages alors j’ai dit ah ! mais débrouillard, c’est tout…

-       ah ! alors vous l’avez didit, gueula A. D. qui commençait à s’agiter. 

Sarah, à ce stade olympien voulut intervenir d’autant que le gus semblait s’énerver lui aussi. Elle pensa il a l’air d’un dur et je préfère la farce à la force.

-       du calme, du calme

-       mais vous aussi je vous connais, vous êtes caissière chez Félix Potin, dit le quidam qu’était un monsieur

-       Félix Potintin, brama Amédée puis, mais c’est Sararah 

Sarah pensa Potin c’est mieux que popotin et de toute façon je préfère un petit derrière à un gros devant.

Le type se leva et dit :

 -       Chère Madame, permettez-moi de me présenter : Théodore Debout mais on m’appelle Théo ou dors debout au choix.D. ricana :

-       Deboubout, ah aha ahahah                                                                                                

Sarah dit restez assis et vous faites erreur, j’suis pas caissière ou bien c’est un sosie comme y en a à Strasbourg ; elle pensa moi je préfère les sosies du Franck fort.

L’autre reste interdéloqué et se rassoit pantois, pantin pansu.

-       bon, dit Sarah, on va pas tourner autour du popotin, quèque vous voulez à embêter comme ça mon p’tit frère, hein ?, et pis arrêtez de me zyeuter, on dirait que vous me draguez, vieux dégoûtant…

Debout prit son air offensé et une décision qui allait être un tournant : permettez-moi de vous offrir le champagne et du meilleur.

-       oh oh doucement, reprit Sarah, on n’est pas à vendre

-       mais je ne veux pas vous acheter chère Madame, juste m’excuser… garçon

-       je vous préviens j’vais l’dire à mon jules qu’est pas un tendre, tiens, c’est express, le v’là déjà, hé Brute hé, on est là hou hou, il vient me chercher

-       ohé Brubrute 

Le patron arriva aussi, fit rrr comme d’Artagnan, avec les veuves cliquot dans les mains qu’il présenta, en chanté, à l’assistance :

-       du roteux pour tout l’monde, c’est monsieur Théo qui régale        

Debout, assis, souriait aux anges et à l’assemblée qui se précipita sur les veuves avec voracité.

Brute, lui, avait l’air décontenancé… (Sarah pensa des cons tenancés, ça ne veut rien dire)… des cris crépitèrent (elle pensa mais ne trouva rien) des bravos éclatèrent (pareil), le restau bruita et bruissa d’olés et de tollés (peu) de ceux qui buvaient et bavaient dans la liesse ou de ceux qui protestaient, choqués, de ce qu’ils voyaient, de ce qu’ils considéraient comme une orgie semblable à celle du film dans lequel Piteur Selleherse fout un bordel monstre (Sarah pensa la party ou la partouze ?).

On se bombardait claudallègrement de morceaux de volaille de chalosse ou de petits pâtés chauds de cèpes ou de simples bouts de pain, Brute maintenant riait bêtemenment, Brouillard ricanainait bruyamment, Sarah tétanisaisait, une jeune meuf dansait le french-cancan en mini-jupe montée sur une table et un olibrius dégarni du ciboulot (Sarah pensa je préfère un fier chevelu à un chauve crâneur) bramait vive la fin du monde dans le sucre et la constipation…                                                                                               

De son côté p’tit frère lutinait la cancanière qui frétillait du croupion en plus (et peluche pensa S.) de ses gambettes ; il essayait vainement de lui retirer son soutien-gorge, mais j’en ai pas j’te dis, alors il s’escrimait à enlever le t-shirt, allez hop en l’air le p’tit short (Sarah pensa ya encore du boulot dans le linge, frérot)… le monde affluait de partout, on s’était passé le mot et d’à moitié vide le rade devint vite à moitié plein, juste retour des choses… la bamboulala virait ouragangan et le patron pensant (lui) aussi y mettre un therme cria au feu et ce fut vraiment la panique et la ruée vers dehors…

Profitant de la situation, Amédée, dans un coin encore isolé près de la sortie de secours, avait entrepris la donzelle complètement partie et forniquait debout devant un Debout médusé accompagnant les assauts du frangin et les cris de la mini-jupe de ses yeux exorbités et incrédules. Sarah elle aussi avait vu la scène mais lucide comme beau songe décida de prendre la poudre d’escampette oups et pensa on va encore dire que je suis pingre (ah !, Sarah radine) c’est toujours ça d’pris et d’écho no misé, on va pas se gêner par l’étang qui court…

A.D., haletant (S. pensa j’ai toujours préféré les allaitements de maman aux halètements de papa) accourait aussi remontant sa braguéguette suivi d’Elsa (elle s’appelait Elsa la dernière des filles Versaire ses sœurs étant Rose Laure Annie), la mini-jupe rajustant ce qui lui restait de culolotte hé Sarah attends-nous et l’addition t’as payé heinhein ?…

Sarah cherchait la sortie et son Brute qui semblait avoir filé à l’anglaise avec l’addition et la diction…

Le patron courait dans tous les sens sauf l’unique, la note du 12, la note du 13, la note du 16, hep, alpagant Brute en alpaga qui avait rejoint Sarah en caca strophe, le 16 c’est vous non j’ai déjà payé et la sirène des pompiers qu’on entendait plus rien que la note du…

Nos quatre héros se disséminèrent dans la foule des bas-dos et  des haut-dos (Sarah pensa et des pas de dos du tout) puis se retrouvèrent comme un seul homme au métro Odéon pour la rame qui les emmena vers de nouvelles encore aventures…Sarah mit fin à l’épisode en pensant qu’elle préférait les nouvelles aventures aux vieilles devantures…  

 

                                                                                                  (à suivre)                                                                                    

 

30/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. 3

                                                    

              

                                                     3 

                                           Sarah - Molly

                              (Une amitié deux particules hier) 

 Sarah Vigotte avait connu Molly chez les sœurs qu’on dit bonnes, à tout faire même surtout des vacheries ; tout de suite elles étaient devenues copines comme l’évêque cochon que la sœur Marthe supérieure adulait (sans gin). Dis pourquoi Molly avait pensé Sarah et pas mollo car Molly n’y allait pas de main morte pour les sonneries et les conneries… ben avait-elle rétorqué je m’appelle Blum et mon pater il a du lait aussi un drôle de pas roissien, un certain  Djèms Jouasse, écrivain du blinois et balèse avec ça… alors tu penses… ben non dit Sarah pour une fois… chut intimait intimement la sœur Martha l’apôtre du martinet qui valsait sur nos derrières pour oui ou non plus facilement qu’imprévu… et l’Albertine qu’on appelait Madeleine à cause du Proust ma chère… elles nous rabattaient les oreilles que c’était pas à lire, en enfer en enfer les livres du p’tit Marcel qu’on se précipitait comme des malades sur les jeunes filles en fleur que dalle…(Sarah V. pensait ça ne casse vraiment pas les carpates à un canard) ah ces sœurs, assesseurs, toutes à mettre dans l’même panier avec en plus la main au… (Sarah pensait et vite fait)… et celle qui furetait  l’air affairé de la reine, la sœur Huguette avec ses besicles de chat-moine (Sarah pensait l’Hue guette) en chasse de petites souris apeurées que c’était nos zigues… la Béatrice encore qu’on appelait trop tinette ou (Sarah pensait) la Béa trisse., ce qu’elle a pu (pue) nous en faire voir… yavait que la petite novice (no vice) Constance qui nous bottait avec ses jolis seins en pleine poire (on apprit plus tard qu’elle décéda de mort suce-bite en compagnie d’un pompier venu éteindre son incendie)… et le père confesseur qui assumait bien son boulot, pas le dernier pour l’exécution des punitions… on pouvait pas l’appeler le Père Manganate parce que déjà pris… alors on l’appelait pas… si, des fois, le Père Igor noir désir droit dans sa soutane piteuse, pisseuse et mitée…                                                                                                 

Sarah et Molly avait sympathisé dès le premier regard, elles s’étaient reconnues, re-connues… Sarah la vraie fausse blonde pas tinée pour un sou et Molly brunette nette sur et sous elle… un vraie frangine, la franche copine, rien d’équivioque dans nos relations pensait Sarah… bon, un soir que la surveillante et vaillante sœur Clémentine ronflait comme un forge rond, elles s’étaient retrouvées dans le même petit lit oh ! un p’tit baiser, les mains effleurant l’intérieur des culottes petits bateaux… quelques secondes à peine et basta… rien de plus, pour voir, pour faire plus amples connaissances… et c’est tout…

On est des vraies potes pensait Sarah et Molly aussi… et alors que je te bacouète, pouffe, rebacouète et repouffe, des fous rires que les filles d’à côté hé oh vous arrêtez ou on va l’dire aux vieilles, les cafteuses de service, la Laure Alorapa, la Nicole Estérole… et la Lola Chatalair qui dormait cul nu (si les sœurs avaient su), se touchait sans arrêt la raie alors que nous si peu… et encore pas si souvent… que pendant nos songes (Sarah pensa je préfère les parties de rêves au raves parties)

-       dis, Sarah

 -       oui

 -       dis

 -       dis

 -       répète pas dis, dis-moi

 -       re-oui

 -       t’as déjà vu A Bout de Souffle au cinéma ?

 -       ben oui, une fois avec mon frère l’aîn

 -       et alors

 -       ben rien…

 Plus tard, bien plus tard quand elles se retrouvèrent par hasard, se souvenant de cette première nuit questionneuse comment qu’tu t’appelles, t’es d’où, i fait quoi ton père et ta mère elle travaille et Molly dit, de Neuilly, p.d.g. (Sarah avait pensé pédé quoi ?)… tu aimes le ciné oui mais pas les ouest ternes, que les histoires d’amour qui finissent mâle… et Godard, ah la vraie question qui fâche…heu…(Sarah avait pensé God-art, God-ant, God-as(se), God-iche, God-illot, God-lureau, God-miché et tous les God ah mon dieu…je préfère En attendant Godot à en attente de Godard et le cinéma louche à celui de Lelouch… allez on n’en parle plus, changement de conversation… fermez le bang…                                                                                       

Elles avaient rendez-vous à la Bastille dans un bar à confiture à la mode et fait mère ce jour-là vers les six heures… tu n’a pas changé toi non plus oh quelques kilos lourds à portée de main tu rigoles et aussi quelques rides oh si peu… tu es mariée non et toi non plus enfin plus quoi plus mariée comme moi mon mari était très beau ah le mien buvait (Sarah pensa je préfère un mec beau que j’l’ai déjà pensé … Molly, elle, ne pensait rien)…

Le patron arrivait en se tortillant vous reprenez-ty bien un p’tit quèque chose ? confiotte ou compote ? Sarah et Molly éclatèrent de rire comme chez les sœurs tu te  souviens… et celle qui boitait sœurs Pataressort clic clac clic clac…(Sarah pensa pas tard sort, sort pas tard…)

 Elles reprirent quelques louches de compote. (Sarah pensa que ce mec devrait faire fortune avec la rhubarbe autrement que dans la rue  Barbe).

-       vise le mec, dit Sarah

 -       qui ? qui ? lequel y en a tant et tante

 -       le blondinet, là ; qui traverse

 -       oui, et alors

-       c’est un pote, mais pas clair, un peu louche (elle pensa je m’en referais bien une couche de cette com-pote)

 -       on l’évite ou on lévite ?

 Il avait vu Sarah et fonçait sur elle, tout droit. 

Philippe dit Phil Armony, employé muni si pâle qui ressemblait à Rocky Sous-Fredo (celui du sexe à pile à poil porno), avait quelques problèmes depuis qu’il avait volé l’or à Torio, compositeur de rap pas trié sur le mollet à part ça. Y en a que l’homo gène (Sarah pensa avec les nouveaux gênes en provenance de Gênes, cela devait s’arranger) mais Sarah ne voyait pas de dit fait rance. En attendant son procès (les pros savent), Phil complotait dans sa mairie pour avoir de l’avancement mais ses combines dans l’héros-ine et la fauche rapeuse tournaient mal, et surtout très mal. (Sarah pensait le patron lui compotait à tour de bras et rhubarbait sans barbituriques tandis que Barbie tu ris que le fumier il en prend plus et pour cause, le Klaus).                                                                                                  

-       salut, Sarah

 -       çavaty, Phil… ma copine Molly

 -       salut, Molly… Sarah-Molly, elle est bien bonne

 -       quel mufle, pensa Molly qui pensait aussi de temps en temps

 -       et toi, l’andouille, Phil Armony, tu crois qu’c’est mieux…

 Il en resta bouche bée, Sarah lui avait claqué le beignet et fort.                                               

-       vise le mec, dit Sarah

 -       encore, dit Molly

 -       oui, mais çui-là, c’est…

.-       qui, qui… elle se démanchait la tête et finit avec un p’tit colis à tort dit torticolis…

 -       ouais, marre toi, l’andouille l’a pas vu, c’est Torio et le v’la qui fonce sur nous

 -       putain de merde, dit Molly alors qu’elle ne jurait jamais, putain de merde, Torio ? le volé de Phil ? il a l’air bizarre, ce taré… 

Sarah pensa je préfère un air drôle à un drôle d’air ; elle pensait pas juste car le Torio (fou à lier, folle alliée) qui voulait reprendre son flouze arrivait sur le Phil blémissant et bramant non-non-non… il avait tout compris

Le Torio prit une coupe pleine de rhubarbe et la balança sur le non-non-non en pleine poire (Sarah pensa tiens j’y avais pas pensé poire et rhubarbe)…) faudra le dire au patron qui se pointait et gueulait kia kia kia messieurs enfin… et splash c’est lui qui pris la confiotte car le Phil s’était baissé et le patron pas du tout, il hurlait ah le salaud ah le salaud… et les filles rigolaient pas qu’un peu et s’ensuivit une bagarre générale à la confiture dans le genre des films de Lorelei hardie ou un truc comme ça qu’elle se souvenait plus…

 … sauf que le Torio furieux, furioso  comme Orlando avait sorti sa lame, du même cas libre que celle de Brute Ouilisse, et en lardait le Phil pétrifié et abasourdi, abattu et assourdi… il tomba le pif dans la confiotte… Sarah pensa au beau mélange de couleur que cela faisait, le brun de la marmelade et le rouge de la mare de sang, wouah… elle pensait vite et avant que la flicaille radine elle et Molly avaient pris leur distance en se jurant que pour la prochaine rencontre ce  serait plutôt cinoche ou resto sans confiture ou marmelade au menu…                                                                                                    

Le lendemain au téléphone, les deux copines de cœur  s’esclaffèrent en chœur… elles avaient lu dans la presse que le Phil allait s’en tirer malgré tout le raisiné perdu, que le Torio allait récupérer son magot,  que le compotier avait pris une bonne prune, puis une sacrée pêche et avait le nez… en compote… Sarah pensa comme il avait le pif en pied de marmite, ça n’allait pas le dépareiller… et comme d’habitude Molly, cerise sur le râteau, ne pensa rien…

 

                                                                                                 (à suivre)                                  

11:56 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

22/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. (2)

 

2

 

Sarah bat sec

    Quelle sérieuse patate qu’est-ce, repensait Sarah… le manège de son ménage avec Brute ne tournait pas vraiment rond…alors elle passait son temps libre à écouter de la musique entre les multiples assauts de son zob cédé de con pagnon… Elle rêvassa (ça c’est sûr, un vrai monument de grasse) et se souvint  (sous vin ?) avec des lectations avoir entendu sur une route de Toscane Mozart-Ella (di buffala) coup sur coude (le Wolfgang  à mes deux housses et la Fitz  à Gérald étaient ses chouchous)… plus tard la Môme Piaf chanta cinq chansons et Gloria Lasso six. Sarah se rappela avoir lu dans un sacré numéro de Téléramachin certaines croc-niques de records (elle prononçait riz-cordes) : la Cavalerie classique en avait chargé trois, la Paquotille quatre, le Barboteux cinq et le Contat aussi sot six… comme tout le monde, elle avait bien riz gaulé… décidément le riz, faudrait voir avoir s’il en reste en risée… dans le même canard (cas rare, curare, cul rare) elle avait aussi entendu parler de sa pine osa, pierre bourde dieu (oh) ou bourde yeux (ah), gilles deux leuze ainsi que de michel assis au rang et michel au frais… tous ces file au zob qui se prennent pas pour kant entités non négligeables… Sarah pensa j’préfère tout de même les bananas Sartre…

Sarah, dès abusée, avait rencontré son voisin qu’était batteur ; il lui avait fait connaître les plus grands caresseurs, frappeurs et dreummeurs de la planète djazz ; depuis elle arrêtait pas de parler des enfants de la batterie, les Dchic Oueb le premier génial, un nain nincomparable, File Ojojone, Max Roche sans Bobois, Toni Ouilliams, Jack Deuxjeunettes et son préféré Elevine Djones. Ce dernier qu’était pour elle le premier, l’impressionnait, son jeu of course, les photos de sa tête qui fumait et des histoires sur la dimension de son zizi entrevu par certains (dont les amis deux Lorme) à Antibes en 65 alors qu’il sortait de la baignade nu comme un ver (il en avait pété les coutures de l’eslip d’emprunt). La vision lui faisait des chatouilles ouille car question quéquette, celle de son Brute, c’était comme qui aurait dit pas la joie malgré les efforts des espérés pour se la rallonger avec l’aide de longs gants gris (ce qui ne l’empêchait pas d’élimer à tous bouts de champ que la pauv’ Sarah n’en pouvait mais, elle avait le feu au minou, ça alors quel Siné cure)                                                                                             

-       que sais-tu faire, dis, Nan, demanda-t-elle au musico

-       d’abord, répondit Nan, je m’appelle René et pas Ferdi

… et c’est ainsi que Sarah se mit à marcher aux baguettes et aux balais sur les peaux et les cinq balles y compris la charles et stone.

Au bout de quelques leçons, Sarah ramant dur accompagnait les Jazz Messeinegeurs sur les longs jeux qu’on  appelle LP et qui font 33 p’tits tours et pis s’en vont… elle aimait beaucoup l’art du Blaqui et celui de Veine Chorteur, un saxologue de première ; au bout de plus encore, Sarah monta un groupe, le Sarabatteuse Big Band (15 caïds comacs) avec un répertoire  comme mac, des tubes de Douc et Lineguetone comme le Taxi Etrennes ou Toute ta queue traîne ( ?),  le Car A Vanne de celui qui perd Dido ou encore la solitude du Moune glauque… bref, rien que du succès comme garantie… et avec de ses solos pim pam poum… alors le René dis qu’c’est du naNan pour une nana  pareille… le Black qui n’a qu’a bien se ternir dit va yavoir de la concourse rance…

Le Brute encaisse mal ; alors lui aussi cogne… sur Sarah ; elle pense j’y filerais bien un coup de djinolait seulement pas question de revoir Lesgros Robert et sa bande ; alors elle accumule et se dit en riant et en allemand artung bitte schön (en français attention belle bite, quoique là-dessus, pour Brute faut une tête chercheuse) ; faudrait trouver un con-sein-suce mais avec cette bande de nœud allez savoir… la lune de miel aura fait long feu, les couteaux, marteaux, ciseaux et rideaux sont tirés sur le veau de lait, va falloir que j’m’tire…

-       Et maintenant enlaidies et gens du mans, voici la reine de la    batterie, la belle et talent tueuse moissonneuse-batteuse, la diva de la grosse caisse et passez la monnaie, j’ai nommé Sarah Vigotte et son Sarabatteuse Big Band très fort… aboya le spiqueur habitué aux manies de la chaude bise.

Sarah fait son entrée sous un paratonnerre d’applauglissements progressifs… et aperçoit le Brute au premier rang une main dans sa poche-révolver ; Sarah pensa ce con va me plomber sur scène, comme l’ex copine du trompettiste Limorgane, bordel de merde, y va me dézinguer en plein solo des monstres hâtifs… et le v’la qui sort la main, qui sort de la poche la main et de la main une barre choc au latté qui m’fait un signe et me balance… un sourire à se décrocher comme Waldeck (bis) la machoire qu’il a trop d’natte… Sarah pique sa suée et pensa rien sauf qu’elle avait eu une de ces frousses…. un, deux, trois, l’orchestre démarre sur les chapeaux de roues, pète, vrombite de Chaval et de Chabal….                                                                                    

caracole, déménage, Sarah ahane, reine du tempo, impératrice du beat (elle pensa : et non de la bite comme certaines salopes),   virtuose du binaire, déesse aussi du ouane-voumane-chaud, Ouilisse bat la mesure en décadanse, sans contredanse, Guile et Vance vont en prendre de la graine… stop-chorus, et j’te frotte un coup, bing deux coups, chtac chtac, chtac, vrrrrrrrr, clinc, clonc, hop, mop, bop sans flop ni flip, flap, tonk… avec un truc bien à elle : le flap-flap, entre clic et clac, clap et clip… les confrères, enfin les frères pas cons, jubilent, exultent, s’extasient sans pilule, tout le monde sur le pont, et le reste debout le cul entre deux chaises… 

Sarah s’effondre et puisée, larmes à l’œil et non l’arme aux yeux, le sourire de la sainte devant l’apparition, transpirant de bonheur  sous les vivats, hourras et hip hip hip hop, hourvari (encore !) de cris et de clameurs… un vrai triomphe, quoi… amateurs et mateurs tous debout… A France-Sphincter, Julien Déflore glapissait ouais ouais mouais… Sarah, comblée, pensa je préfère un amateur éclairé à un mateur mal voyant… à la pause, elle avait la connaissance de grandes vedettes, bonsoir je suis Keith Jarrett (elle pensa déjà quitte, j’arrête, à son âge ?), hello je suis Gary Peacock (elle pensa gare il picole ?) et v’la maintenant le Jack sans ses deux jeunettes… que la tête lui tournait…

et Brute dans tout ça… youpi youpi c’est ma gonzesse, ma meufàmoi, qu’il hurlait… il grimpe sur scène et te roule une telle pelle que Sarah s’étrangle ; elle pensa il va pas me faire le coup de la Maumone quand même… Ce soir là, ils n’eurent pas le temps d’arriver au lit, le Brute se déchaîna et Sarah pensa faudra que j’pense à lui refiler du trop mûre dans son breuvage que c’est plus possib…

La Kritik était dit-il rambique et dans les bacs ça sillonnait fort ; même que le gars Francisque Barre - Bande, le nain tégriste de la mafia frifriteuse, bandochait à mort (Sarah pensait merde si il encense il va tout foutre par terre et j’vais prendre une gaufre)  comme le Lucien qu’a l’son mais qu’on comprend rien, comme Axel Linuthile qui porte si bien … Seul l’Alain Gerber la faisait pas gerber, alors…

Trop de succès tuant le succès (le suc sait aussi)… le public maso chiite et vers sa tuile se lassa vite ainsi d’ailleurs du show chaud que Sarah… qui jeta l’éponge et les baguettes en même temps au bout de quelques mois bien que maintenant vedette. Nan dit non et Sarah si ; elle pensait : mieux vaut finir en beauté de son plein gré que lâché par les meutes ; elle mit donc un coin final à son entrée dans la carrière après quelques enregistrements sur CD et DVD de collecte si on les achète (Sarah avait toujours pensé qu’elle préférait le DVD au décédé)…

c’est que pour du nouveau y allait en avoir encore et toujours…

 

                                                                                                (à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

11:47 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

15/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V.

 

             1

 

            Sarah - Mone 

 

  Le verre était sur la table. Sarah pensa c’est mieux que le ver dans le fruit ou le verre dans l’nez…  j’ai envie, non, j’ai besoin d’un p’tit remontant ; elle se versa un verre de gin, avec un soupçon de lait, ça radoucit. Elle pensa, il faudra que je desserre la ceinture de mon jean ; mon pote Jean va encore ricaner. Elle pensa, faut que je pense à acheter du riz caennais. Elle se reversa une goulée. Elle pensa cette liqueur a vraiment un goût laid et fit la moue, l’âme où ?, et se dirigeable en mongole fière vers le réfrigérateur. Elle pensa le rêve figé rateur, le rai frit gère à l’heure, le … zut. En ouvrant la porte, elle sentit le froid avec effroi. Elle pensa trop de lait froid, ce doit être cela, baisser le manomètre. Elle pensa baiser la manne au mètre. Elle se rassit avec un morceau de pain frais. Elle ne pensa à rien. Sarah sentit les bienfaits du breuvage. Elle pensa au veuvage aussi, dur à avaler, ça ravaler itou. Elle avait maintenant une envie de se faire remonter et de se faire mettre les pendules à l’heure. Elle pensa aux pendus râleurs et à leur bandaison finale, à leur déjà culation. Cela lui fit un p’tit quèque chose. Elle eut envie d’un gros cake chaud servi par un mec chauve… et maigre…

On aura compris que Sarah Vigotte, la quarantaine bien tassée, une tasse à la main, aux dix vagations de sous Brett aux seins clairs, pense beaucoup et souvent, sous vent et sans arrêt obligatoire, circulez ya rien à voir à part le laid cul d’une voisine sympa mais bon…

Elle hoqueta et dit ok, on va pas ressasser et passer l’hiver. Elle pensa à repasser le linge d’été et rota dans son faux treuil en rotin. Elle pensa à un vrai treuil en faux teint. Elle rit et nota riz puis rotary à cause de la prochaine raie union du club où elle allait jamais, ah les cons !. Elle repensa à Jean, agent gentil mais bon, bon, con mais bon, au rendez-vous les mains en l’air et bas les pattes de deux mains ça me dit. Elle pensa non, ventre dit ou dit manche. Elle dit manche et Sarah sourit. Elle entendit toc toc et répondit du tacautac qui c’est qui sait à cette heure, six heures                                                                 

tapantes épatantes… car, méfiance, y avait un nez tringleur dans le coince tôt. Elle jeta un œil (elle pensa faudra à le récupérer) sur le verrou. Elle pensa le verre où, elle lavait dans la main, moitié gin, moitié rien… Une petite voix fêlée (elle fait bèèèè aussi) qui répondit c’est moi, moi qui, ben moi la voisine du pas lié côté cour toujours (on avait rasé le jardin, un pro moteur, un faux mateur, un nain compétent mais quand même) qui se précis piteux sur le lino de chez ventura avec un double sot périlleux et hop la boum. Vous prendrez bien une tite gougoutte, mâme Simone, s’pas ?.

 Elle pensa je tourne poivrot, et même poivrot d’armor, ah et pis au diable, c’est pas de rufus, ça fait de mal à personne par où ça passe, hein… mâme Simone s’en envoie un p’tit gorgeau et… rousse, gousse, glousse, tousse, mousse, (nousse ? non) pousse, s’étrangle, et tombe  deux rechef paf le pif dans le potage… Sarah Vigotte pensa merde ; elle pensait bien.

Mâme Simone, née Maune dite Momone ou Mone, était passée de vie à trépas pas très proprement car elle avait tout délégué sur le tapis pas volant du salon… Sarah pensa quelle vieille salope me faire ça que je la connais même pas à peine… ou si peu… 

Le commissaire Robert Lesgros (on l’appelait Lesgros Robert à cause de ses seins volumineux) arriva sur les lieux en bottes de sept vers dix-neuf heures. Sarah pensa il est ponctuel bien qu’il n’ait pas précisé le moment de sa visite entre dix-neuf et vingt, en plein milieu quoi

-       nom ?

-       Vigotte avec deux t

-       zoui, avec ou sans sucre ?

-       Vigotte, comme vizigoth, presque mais sans vizi et sans goth

-       de la famille ?

Sarah pensa et répondit : aucune trace sauf en Thrace en 736…

Lesgros pensa aussi et demanda : avant ou après machin J.C. ?

-       lequel, Jésus-Christ, John Coltrane ou Jacques Chesnel ?

-       Jésus qui ?

-       ah ! bon encaissa-t-il… bon, c’est pas tout ça… prénom ?

-       le mien ?

-       ben zoui (bis)

-       Sarah, Sarah, Sarah

-       trois fois                                                                                           

- oui, mes parents étaient bègues et mon père avait un hoquet bandeur… Tête de Lesgros, il pensa : « solliciter humblement et avec insistance » : dictionnaire Hachette encyclopédique, édition 2000, page 1557, il l’avait appris par cœur la semaine dernière en cours préparatoire au grade de dix visionnaire tu parles…

Sarah pensa quel gros con et la vieille qui refroidit en rigolant de sa bouche et dentée avec ça, elle pourrait au moins fermer sa gueule, non

-       vous connaissiez là, des feintes ?

-       des fois à peine

-       combien ?

-       peu, j’ai à pas comptés, de toutes façons, elle n’en avait pas ou si, peu (elle pensa il commence à me gonfler, Lesgros)

-       alibi ?

-       une fois en 50 avec mon marri pendant les congés, chouette ville, s’pas ?

Lesgros, surpris, elle est dure de la feuille, j’ai pas dit Albi

-       ah ah alibi

Lesgros, et en plus elle bégaie, c’est con et génital

-       vous êtes mariée

-       non, mon marri c’était mon mec à les poques, mon marri René, René de Mèrinconu, (sa moman a couché sous ixe alors), un vrai noble avec un nom à rat longe d’une grande des deux cents familles et gentil avec ça…

Sarah pensa et dit ensuite :

-    je prendrais bien un verre de gin au lait, çavoudity ?

-       qui, dit Lesgros

-       personne, dit-elle ; Sarah pensa il est sourd, c’est un branleur, moi, je préfère une bonne branlette à une mauvaise branlée…

-       VOUS PRENDREZ BIEN UN PEU DE GIN AU LAIT, beugla-t-elle, ah la vache (olé)

Lesgros pensa (lui aussi) et maintenant la drogue, je suis bien tombé, je te vais te la fourrer au trou cette là ; il rougit d’avoir de mauvaises pensées, la fourrer oui mais pas là, tiens…

Sarah pensa il va me violer, elle vira au violet ou presque mais pas là au trou que Sarah pensa cas chaud au commissairiat, va savoir avec les cognes aux grosses pognes…

Toc toc toc, on frappe (un tic ?), un nain specteur Ferrer (Thuri pour les intimes), remplaçant sa collègue Edith Lamesse enceinte jusqu’ aux, entra et dit :

-       patron, que fais-t-on du cas d’Avre, siouplait                                                                                                   

-       heu                                                                                              

-       on attend le lait giste

-       mais on peut pas, sa gardavue se termine dans une heure

Sarah pensa ya des timbrés quand même, le lait giste, alors que j’y offre du lait au gin Mâme Simone eut un rictus de morte, elle aussi pensa non seulement il est sourd, y s’branle et y confond

En effet tous confondait car d’Avre ou plutôt son cas attendait dans le car qu’on en finisse avec l’air heure jus du cierge, on avait arrêté un innocent présumé tringleur du quartier qu’avait un alibi, lui, il se trouvait à Albi le jour du dernier crime, le crime du dernier jour…

Sarah pensa quelle patte à caisse, les flics mélangent tout avec rien, on va commencer si ça continue et on reprend tout à Zorro.

Ouf ! En effet

-       nom ?

-       Vigotte

-       avec un…

-       ânon, vous allez

-       patron, et d’Avre

Le légiste se pointe alors et à l’heure.

Pouah que le légiste est laid, pensa-t-elle, il va pas trafic ôter la mâme sous mon nez et Lesgros qui me mate toujours avec l’échec dans les yeux, sûr qu’y voudrait me sauter mais pas là bon de toutes façons c’est pas mon gendre…

-       bon on relâche d’Avre, on prend de risques à cause de son    

baveux, une baveuse en plusse

-       qui c’est, qui sait ?

-       Martine Carol

-       ah dieu de dieu, la teigne de baveuse, avec un nom pareil, elle se fait des couilles en or en plusse

Sarah pensa aux couilles de Martine et mâme Simone qu’avait eu de la religion de son vivant (de nom) grimaça, rictusa d’heureux chefs.

-       dites monsieur Lesgros Robert, c’est pas la vedette quand même, elle est morte en aux environs de, non ?

-       si, en 1967…non, pas un pseudo anonyme non plus c’est son vrai nom, enfin presque, Marie-Louise Mourer qué s’appelait, comme Vigotte Sarah, au fait le nom de jeune fille de mâme votre mère, siouplait.

 (Sarah pensa lui au moins il est pas icône au claque).                                                                                             

                        Plique, répondit-elle, jeune fille on s’moquette, pensez, Sarah

                     Plique, encore heureux que ça soye pas Bande, vous voyez d’ici

                     Sarah Bande ou Sarah Tatouille, hein ?

L’inspecteur réprima un rire, heureusement que le Vigotte s’est pointé, hihihi

-       reprener avec moi tous en cœur, dit Robert qui se prenait pour

Eddy quelque fois en regardant l’autre inspecteur désemparé

Ah ! Sarah, elle pensa qu’elle ne savait plus quoi penser, vivait-elle la raie alitée, un rêve, un cauchemar, une mauvaise blague à part, pince-me-je, tâte-me-je, dors-je ou quoi…

L’aboiement de Lesgros la fit sur sauter, elle entendit le mot suspect, elle pensa bêtement mieux vaut un lèche-cul qu’un suce pet mais c’est pas le moment de rigoler pasque le suce machin s’appelle Sarah, moi la Vigotte, en plein quartier du tringleur du 18ième, alors qu’il court toujours et que mézigue… au fait suspect de quoi, hein Robert, dis

-       on va analyser votre gin au lait

-       mais j’en ai bu devant vous et j’ai rien

La petite vieille pensa et moi alors de quoi j’suis morte, hein, j’ai toujours préféré tomber raide plutôt que crever allongée… et Sarah pensa aussi hein de quoi qu’elle est clamsée et se dit j’aurais préféré les premiers secours au dernier recours, ahahah

Le laid giste : on va l’emmener pour une auto psy, je verrais bien un empoisonnement à l’œil nu. Elle pensa je savais pas qu’on pouvait empoisonner avec son œil et nu encore, on arrête pas le progrès, elle eut encore un frit son et pensa j’vais encore faire de la température, dans ce cas-là je préfère une fièvre de cheval à un froid de canard. Elle pensa je me ferai bien un tit remontant, Lesgros la regarda, elle pensa il lit dans mes pensées, ce con

-       ce verre est une pièce à conviction

-       et la bouteille alors, dit-elle

-       pas question ou on va se fâcher

Sarah pensa faut mieux pas insister, je préfère un tour de vis à un vice de procès dur…

Les branques-cardiers arrivèrent à cinq avec la civière, il était vingt heures, ces cons allaient me faire louper Questions pour des millons et Qui veut gagner des champions.

Lesgros se mit à ressembler à une vedette de la télé, le genre Foucaud, en mieux, l’injuste prix en plus mal. Elle pensa je préfère un mec beau comme une bite à un mac laid comme un sous-dard… Lesgros Robert, c’est lui, l’éléphante manne dans le gendarme de seins trop pèsent, elle bonne celle-là…                                                                                              

Toc, toc, toc, quand c’est fini n i n i, ça recommen ence.

-       qui c’est bis

-       ben moi tiens

L’apollon entra, merde, Brute Ouilisse en personne, heu, en moins match chaud... Sarah pensa il a tout pour pas déplaire. Elle se sentait comme l’Isabelle à Djani, dans un état proche de l’eau-ail-eau (slurp).

-       kicétykatuémamémé, hurla le type en sortant une double larme et une double lame (il en voyait deux, forcément)

-       attendez, attendez, dit Lesgros, vamos a ver (de gin)

A ce moment très actif de l’histoire, Sarah eut repeur. Le gus vient pour me dézinguer. Elle pensa, je préfère mourir à temps en bonne santé plutôt que pourrir malade à contretemps.

-       c’est ben vrai ça, pensa la vieille qu’on emmenait à l’auto- psy ;

elle pensa aussi, j’aurais préféré qu’on m’emmène en auto

chez un psy de mon vivant, elle pensait juste bien que tête anisée et jaunie à l’idée d’un séjour à la morve et pas très fière d’être putréfiée ou pute très fière comme tu veux tu choises…

On voyait bien que le type commençait à s’énerver quand tout à coup, il fonça sur la bouteille de gin et avala gloup le reste environ la moitié pleine de la boutanche.

Et alors et alors et alors… RIEN… bon et le lait maintenant, regloup… et alors et alors… toujours rien. Elle pensa faut que ça passe et que ça fasse de les faits…

Lesgros, Ferrer et Sarah restent pets trifiés quoique l’anusse tu pourrais pas y entrer un doigt même le gros

Drinnnnggg, drinnnnggg, Sarah pensa pour une fois que c’est pas toc toc, drinnnnggg encore, le télé pas aphone cette fois

Elle voulut décrocher comme Waldeck, mais Lesgros pas touche, pas touche à Lesgros et le con prit le combiné et ructa :

-       Lesgros à l’appareil, quoi, non, ben ça alors

Il en restait comme deux ronds de flan qu’aurait perdu père et mère et même les deux en même temps

-       c’est grave, docteur ?

-       elle a rien

-       QUOI ?

Sarah pensa à une nouvelle vedette de la malle chance aux saucissons du type passe cale sevrée…

-       enfin si quand mêmeu, j’veux dire elle est pas morte, enfin si,

mais pas empoisonnée, enfin si mais à l’étouffée…

Lesgros transpirait à grosses gougouttes flac flac sur la moquette en solde et en lit crade… flac flac… tout plein…                                                                                                  

-       alors, alors, pressa Ouilisse et Sarah d’heureux chefs bis

-       ben voilà, tortilla Robert réprimandant un rot toto, la mémé avait mal au cœur, enfin si, elle avait des pertes au profit du cœur, enfin si, le corasonne gros comme une passe tchèque, enfin non, reprit-il, comme une pastèque

-       alors, alors, représsèrent Sarah et Brute en chœur sans perte

au profit

-       elle s’est étouffée avec la bourre , voilà, voui

-       quoi ? qu’est-ce ? répliquèrent les autres y compris le Ferrer

-       la bourre, quoi, le tampon déshumidificateur qui ya avant les cachets dans un tube de comprimés, enfin si, qui ya avant les comprimés dans un tube de cachets et puis merde, elle l’a avalé vite fait, çacé coinceté, et paf enfin j’veux dire, enfin bon

Le Ferrer toujours Thuri ne comprenait rien aryen, pour lui bourre c’était masculin et voulait dire flic ; il pensa (cela lui arrivait) : la vieille a avalé un collègue en lui faisant une petite gâterie, toutes des salopes… pendant que Sarah et Brute échangeait des regards de plus en plus, enfin si, de plus en plus. Sarah pensait ce type me semble de première bourre et Brute se dit qu’il lui en mettrait bien une bonne bourrée bourre et ratatam, ah une histoire d’amour avec plein de voiles autour était-elle en train de naître ?… 

Trois mois plus tard, lorsque Sarah et Brute s’unirent (le jour où l’étrangleur de boxon fut pris au piège et la main dans le sax de passe quoi), le commissaire Lesgros fit la danse du ventre avec les seins, Ferrer imita José du même nom en Toulouse-Lautrec dans Moulin Rouge de Djoniou Stone et Maumone qu’avait choisi l’enfer plutôt que le pas radis pasqu’il y fait plus chaud et que tout le monde il est nu, se reversa un p’tit verre de diablotin en souhaitant plein de bonnes doses aux énamoureux tandis que l’orchestre jouait le tango du désir partagé jusqu’au p’tit boute de la nuit et toilée.

Sarah maintenant Ouilisse (jusqu’à quand) mais toujours Vigotte vivait enfin le grand tamour… pour combien de temps… avant de nouvelles zaventures que voilà bientôt…

 

                                                                                         (à suivre)     

   

20:55 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

09/01/2015

AU RESTAU

  

Au cours de ces réunions entre copains qui se retrouvent une fois par mois pour rigoler, Jérôme entendit Alain son meilleur pote raconter cette conversation entendue dans un restaurant 

       :bonjour monsieur, vous avez réservé ?

        oui, au nom de Chesnel

        heu… pardon… Chanel ?, comme le parfum ?

        non, Chesnel, comme Bordeaux

        bien sûr, les rillettes, monsieur !, par ici monsieur Bordeaux, si vous voulez bien me suivre, voilà

- ah !, mes amis sont déjà arrivés, salut Maurice, ça biche ?, et vous Ginette, ça rouspète toujours ? excusez-moi pour le retard

- vous êtes tout excusé, on a pris l’apéro, enfin deux en plus, en vous attendant mais on est content que vous êtes là maintenant pour traduire le menu car on comprend rien ou alors yen a qui s’la pète avec les phrases que c’est trop aride pour nous, on a tout lu en long en large et en travers et on voit pas de pot-au-feu que c’est plutôt ça qu’on aime en général

 - je ne vous ai pas invité dans ce restaurant gastronomique réputé pour manger un pot-au-feu aussi succulent serait-il, mes amis, mais pour vous faire découvrir la nouvelle cuisine que recommande tous les guides y compris le Gault et Millau

 - alors là si le Millau c’est le gars du viaduc ça change tout, j’ai connu un gars au régiment en 40 qu’était un copain à lui et qui disait qu’il avait un sacré coup de fourchette et qu’il connaissait des chefs avec des trucs inventés originaux qu’il en restait tout baba, ils mettaient des noms pour épater la galerie que ça marchait bien alors pourquoi ne s’en priver, nous on fait plus simple

- je vous comprends mes amis, mais il faut sortir du quotidien, de l’ordinaire, du courant, du tout-venant, de l’habituel, du commun au lieu de rester chez soi à mitonner ses petits plats préférés, pourquoi ne pas découvrir de nouvelles saveurs, des mets inconnus, des recettes originales, dites-moi

- ben nous, on est habitué aux nôtres, on est pas des aventureux à nos âges, on croyait que dans une maison comme celle-là avec des étoiles partout on aurait droit à c’qu’on aime chez nous mais encore en mieux si c’est possible parce que là la Ginette, c’est un vrai maître-queux, une fine cordon bleu de gâte-sauces de toutes les couleurs et nos gars en ont la bave aux lèvres rien que d’penser à son pot-au-feu tout ça pasqu’elle y met une pincée d’herbes aromatiques pour les zygomatiques afin que ça relève et question relève j’peux vous dire qu’après ça y va faut les retenir les garçons ils sautent sur tout c’qui bouge et même sur c’qui bouge pas alors si vous voyez c’que j’veux dire… et pis avec tout ce charabia dont on a pas les codes on connait pas les combines en un mot tous ces chefaillons ils nous noient le poisson même quand yen a pas, vous avez vu une quelconque fricassée vous ?, une soupe à la graisse avec des lardons vous ?, une simple omelette aux champignons vous ?, un sauté de veau hop vous ?, ce qu’on veut c’est qu’ça nous chatouille les papouilles qu’on a délicates à not’ façon sans chichis, du lourd, du substantif

- vous voulez dire les papilles ? et du substantiel ?

- papilles et papouilles égalité pareil identique équivalent, on se dépatouille même avec les papillotes, on est des gens simples comme un job, et pis des papouilles sur nos papilles c’est le mieux qu’on ait trouvé, spas Ginette ?

- j’suis toujours partante par tous les temps pour ces trucs là… bon, on va vous faire confiance pour la commande, hein Maurice ?, mais en attendant je r’prendrais bien un p’tit apéro pasque souvent c’est long avec tout leur tintouin à la con… et vous, Roger ?

- garçon !... s’il vous plaît !.

 

Jacques Chesnel

11:23 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

04/01/2015

RENÉ

 

 - Allô, oui, Jérôme à l'appareil, bonjour… ah ! Elvire, comment allez-vous… un temps… je vais demander à Muriel… il appelle Muriel… c'est Elvire, elle nous invite demain à déjeuner c'est possible ?… allô, c'est d'accord pour demain, midi, pas de problème, on vous embrasse, oui, oui, à demain. Elle avait l'air mystérieusement excitée, dit Jérôme en raccrochant pensivement. 

- Aujourd'hui, je vous raconte toute ma vie, avec plein de photos, nous dit Elvire en servant l'apéritif, et je vous parle de René, surtout de lui, de lui avec moi.Nous nous sommes connus au début des années 60 au cours d'une réception chez des amis communs. J'avais remarquée ce beau jeune homme très entouré de femmes de tous âges alors que lui semblait plutôt intéressé par les garçons. Les commentaires allaient bon train mais je fus vite rassurée quand il m'invita à danser en me serrant et même se collant à moi d'une façon évidente, la tête me tournait, j'étais heureuse pour la première fois mais pas encore amoureuse. Amélie, ma meilleure amie-ennemie de l'époque, certainement jalouse, me dit un soir : tu sais, ton René, c'est un pédé. Ce qui restait de ciel me tombait sur la tête et prit plutôt le parti d'en rire : eh bien, ma vieille, on va voir ce qu'il en est manu militari… et il fallut me rendre à l'évidence, s'il me déclarait verbalement une flamme incandescente, s'il manifestait des transports intimes plutôt vigoureux, ce fut un désastre lors de notre première étreinte charnelle, comme il me le dit tendrement : mon corps ne suit pas totalement, bref, comme on dit maintenant : il ne pouvait pas bander, pas assez pour… était-ce cela qu'on appelle pédé ? 

Elvire se lève et revient s'asseoir avec un album de photo. C'est vrai qu'il était beau le René en pleine jeunesse, Muriel me dit plus tard, tu te souviens de l'acteur français Louis Jourdan dans Premier rendez-vous avec Danielle Darrieux, il était aussi beau.

Notre hôtesse reprend : - Nous eûmes de nombreux entretiens et d'explications avant notre mariage car malgré cet aveu d'impuissance sexuelle, j'avais accepté sa demande tellement j'étais folle de lui, il m'avoua qu'effectivement qu'il se sentait homosexuel mais m'assura qu'il n'avait jamais couché avec un homme, cela le rebutait, mon corps ne suit pas répétait-il. Il avait beaucoup consulté dans diverses spécialités, sans succès, mais il ne désespérait pas, je t'aime tellement, m'assurait-il.

Attendez, il faut que je déplace René qui s'énerve sur son perchoir, il sait qu'on parle de René, je l'entends à son bruissement de plumes.

- Elllvirrrre, jeute aiaiaiaiaimeueueu

Revenue, elle continue : - Nous nous sommes mariés une fois nos études terminées à Polytechnique, nous allâmes au Sénégal pour notre voyage de noces, René fut nommé à un poste important aux Ministère de la Culture en ce qui concerne les Musées de France, il était le plus jeune, et moi, je devins tout simplement aide-bibliothécaire par amour des livres. René était un bon mari et un mauvais amant qui n'arrivait pas à me combler sexuellement autrement que par des caresses dont il devint expert mais sans pénétration, je connus tout de même parfois des jouissances extrêmes et inédites pour moi. Je ne voulais pas prendre d'amant bien que très courtisée, j'avais pris la décision de rester vierge comme le fut Élisabeth Première d'Angleterre, celle qu'on appelait la Reine Vierge. Nous voyageâmes beaucoup à l'étranger, il me rendait heureuse aussi par les autres découvertes qu'il me procurait dans tous les domaines et nous commençâmes à acheter des œuvres d'art, à aller au concert fréquemment, à l'opéra et nous aimions principalement le jazz , quant à la lecture, nous devînmes spécialistes de James Joyce… quant à 51 ans, on lui découvrit un cancer des testicules, cette annonce nous parut pour le moins anachronique... cela fut très rapide, il mourut dans mes bras le jour de la saint René, autre parachronisme...mais comme disait Alice Coltrane après la mort de son époux, le grand John : « il est toujours là »… vous reprendrez bien une tasse de café et assez parlé de moi… 

Une fois rentrés, avant de s'endormir après cette merveilleuse journée , Muriel dit à Jérôme en le câlinant : et si on emmenait Elvire écouter René Urtreger après l'expo René Magritte ? Bon, elle doit avoir les disques de René Thomas et connaître Barjavel, Fallet et de Obaldia, la littérature c'est bien dans ses cordes...

 

Jacques Chesnel

 

14:03 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

26/12/2014

DE PART ET D’AUTRE

 

                          

D’une part, 

 j’ai toujours eu envie de partir quelque part pour la plupart du temps arriver nulle part, j’en ai donc pris mon parti en regrettant de ne pas avoir la part trop belle, blague à part. Toujours dans les parages de lignes parallèles, je parvenais tant bien que mal à éviter les parachutages, à me mettre entre parenthèses parentales ou bien à parcourir par-ci par-là les paramètres du paranormal avec parcimonie tout en faisant la part du feu quelque part à défaut d’obtenir celle du lion ou du gâteau… mais comme je ne suis pas partageur, alors !

 Ceci n’est pas une parade encore moins une parabole, juste un petit paragraphe, une parcelle peu parcellisée au parfum étrange pour certains, un simple pari d’une singulière parodie de particule élémentaire pour d’autres, cela dépend des partisans, et ce en attendant quelque partouze sans parure pour parvenus le temps d’une partition de partita ou d’écouter les parulines sur un parking désert, ce qui est parfait, sans particularisme.

 

D’autre part, 

 j’ai toujours envie de rester là où j’étais, éternel rescapé en respectabilité sans ressentiment et aussi sans ressource avec l’esprit de résistance pour resserrer les boulons. En résumé, résolument réservé quant à la résilience, j’ai vu resurgir les restaurations et autres restructurations comme de vaines résurrections quand ce ne fut pas la résonance avec quelques répudiations indispensables.

Je pensais à tout cela au restaurant face à la curieuse résorption de mon plat après résection ce qui conduisit au résidu sans rétention possible. Pas de rétropédalage dans le rétroviseur, simple représentativité conduisant à la répression avant la répugnance ou réciproquement. Je n’ai pu me réprimer et perdis ainsi ma réputation et ne put la retrouver rétroactivement. C’est donc pourquoi maintenant  je tire ma révérence.

 

  Jacques Chesnel

 

 

 

 

21:42 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

10/12/2014

CHEZ ELLE

 

Au début, on aimait bien aller chez elle de temps en temps. 

Comme toutes les rencontres qui découlent non pas du hasard mais sont bien des rendez-vous (merci Paul Eluard), nous n'avions rien programmé de particulier ce jour-là et nous décidâmes tiens pourquoi pas cette exposition dont tout le monde parle mais dont l'artiste nous était inconnu. Vernissage, pas trop sage, beaucoup de monde, de bruit, de champagne, d'exclamations, de manières... sauf dans un coin une dame d'un certain âge, disons plutôt d'un âge certain était assise devant une toile sans bouger depuis un certain temps.Elle se retourna soudain et nous regarda avec un sourire que Muriel mit un certain temps à trouver éclatant faute d'autre mot, alors que moi je choisis plus rapidement rayonnant ce qui est presque pareil.

- C'est fantastique, plus je m'efforce de comprendre, moins j'aime, dit-elle, alors je me suis laissée aller et je trouve cela merveilleux, je n'en reviens toujours pas, vous aimez Antoni Tàpies ? 

Voilà comment nous avons fait la connaissance d'Elvire et le début de notre amitié. Nous la reconduisîmes chez elle accrochée au bras de Jérôme jusqu'à cette petite allée toute proche dans ce quartier aux rues portant des noms de fruits, c'était allée des Myrtilles, une maison basse à la porte et aux volets de couleur bleu-violacé, le fruit préféré de René, dit-elle en ouvrant la porte, nous l 'avons achetée car le jardin en état rempli alors vous pensez. Dès l'entrée, nous fûmes surpris par la disposition des pièces, on avait l'impression qu'elles avaient été rajoutées en bout-à bout, leurs dimensions inhabituelles, bien éclairées surtout la plus spacieuse donnant sur un jardin qui nous parut immense. Ce qui nous étonna également à l'intérieur : l'ordre, tout semblait à sa place quand on découvrit la bibliothèque, la discothèque, les étagères aux bibelots et masques divers, les tableaux aux murs, je ne sais pas pourquoi, me dira plus tard Muriel, mais je m'attendais à un joyeux capharnaüm.

Elvire nous fit asseoir et dit je vais nous faire du thé quand nous entendîmes un claironnant « bonjour » venant du coin le plus sombre de la pièce, c'était un perroquet. Ah, j'ai entendu que René vous a salué, dit Elvire revenant avec un plateau. Vous savez c'est un perroquet jaco dit aussi Gris du Gabon, un beau parleur que nous avions acheté deux ans avant la mort de mon mari qui lui faisait la conversation tous les jours et je lui ai donné le même prénom que l'homme avec qui j'ai vécu pendant quarante ans de bonheur.

Au cours de l'entretien amical qui dura plus de deux heures, Muriel et Jérôme firent un portrait différent de cette élégante dame dont ils ne purent s'accorder sur l'âge, entre soixante et soixante-dix pour Jérôme, un peu plus pour Muriel qui attarda son regard sur les vêtements d'Elvire, bon chic bon genre mais pas du tout ce qu'on a l'habitude voir sur une femme incontestablement âgée, sans maquillage outrancier, elle remarqua l'abondante chevelure d'un blond-gris légèrement désordonnée, un tailleur-pantalon bien coupé, quelques bagues sur ses mains sans taches brunes, des pieds petits dans des chaussures à talons mi-hauts ; ce qui frappa le plus Jérôme était sa prestance, son maintien mais surtout la douceur d'un sourire permanent, de grands yeux comme étonnés de ce qu'elle voyait et pour couronner l'ensemble une discrète fossette à la Frances McDormand, une actrice fétiche des cinéastes et frères Coen que Muriel et Jérôme apprécient.

- Qui c'est ceux-là, dit René en remuant son plumage bruyamment pour se donner un air intéressant.

Elvire se lança alors dans l'évocation de sa vie en compagnie de ses deux René, l'époux et le perroquet. Je dois tout à mon mari que j'ai connu quand j'étais aide-bibliothécaire, il m'a fait découvrir la littérature, la peinture, le théâtre, le cinéma, nous étions devenus boulimiques, nous voulions tout connaître, tout savoir, nous laisser emporter par toutes les émotions que procurent l'art sous toutes ces formes et puis, l'âge venu, nous avons pris ce volatile immobile et bavard alors que nous ne pouvions pas avoir d'enfant, ce volatile drôle, malin, qui avait écouté avec attention tout ce que mon mari lui racontait, du plus grand sérieux aux plus mauvaises blagues qu'il répète avec délectation, ce qui me fait bien rire, il est devenu un complice indispensable, ajouta-t-elle en souriant.

- Ellllviiiire, jeute aiaiaiaiaimeueueueu, hurla René. 

Au moment de partir, elle nous demanda comme un service de revenir la voir souvent pour parler de tout et de rien., mais surtout de jazz, de John Coltrane, de peinture, de Tàpies et de l'Arte Povera, et de cinéma, de Buñuel et de David Lynch.

Sur le pas de la porte, au moment de l'embrassade, on entendit un bruissement de plume et une voix éraillée dire :

- Qui c'est ces deux-là, Elvire ?. 

Maintenant, on aime bien aller chez Elvire, dès qu'on peut, dès qu'on veut.

Chez elle et chez René.

 

Jacques Chesnel

23:46 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

L'ÉCHAPPÉE BEAU

Alan ne s'était jamais échappé jusque-là, c'était donc la première fois.

Désorientés, Muriel et Jérôme évitaient de se renvoyer la balle des putain c'est pas vrai c'est pas moi moi non plus mais qu'est-ce qui s'est passé je t'avais pourtant dit de faire attention crie pas si fort il ne doit pas être loin mais depuis quand est-ce que je sais… et à six heures il n'était toujours pas revenu at home nom de Zeus de…

Ce chat, un sémillant et splendide British Shortair de trois ans, avait un pedigree long comme le bras : Alan Beau de la Tirardière de la Tour Dupin, très affectueux, amoureux éperdu de Muriel, joueur filou rusé avec Jérôme et surtout très bavard, il avait toujours des tas d'histoires à raconter ou, par exemple, à commenter les films à la télé dont il était friand plus que nous, il avait ses préférences, principalement les actrices, surtout Scarlett Johansson, intarissable. Il avait piqué une colère mémorable lorsque Jonathan Rhys Meyers la tue dans Match Point, il avait même failli griffer Jérôme méchamment dans la foulée. Par contre, bien que mâle et bien pourvu, il détestait l'acteur favori de Muriel, Matthew McConaughey et le faisait savoir quand il apparaissait sur l'écran. Son fil culte était « Le chat » avec Jean Gabin et Simone Signoret, ah si on nous avait dit un jour qu'un chat pouvait pleurer !. Il montrait parfois aussi son sens du comique en prenant des poses, poils hérissés, dos rond, pattes roides tendues, crachotements, yeux exorbités, devant la grande glace de la chambre ce qui faisait dire à Muriel qu'on avait droit au chat pitre, hihihi.

Ils partirent donc vaillamment à sa recherche chacun de leur côté, faisant des appels désespérés devant des curieux éberlués des Alan Alan... qui c'est ?, vous avez perdu votre petit garçon ?, questionner les voisins, héler les petites vieilles aux fenêtres, regarder sous les voitures dans le parking, lorgner dans les arbres, taper dans les buissons, à la fin dépasser un peu le quartier au cas où, Muriel sanglotant se souvenait de chats étant revenus après quantités de semaines et nombre de kilomètres, Jérôme rongeant son frein (?), bref, c'était la panique car on y tient à notre Alan. Peut-être que maintenant avec la pluie qui tombe en rafales comme il déteste l'eau sauf les bains que lui donne amoureusement Muriel, alors... 

Au bout de deux heures on est rentrés bredouilles, dépités, anxieux.

Pour se détendre, Jérôme raconta cette histoire quand il était gamin : cette vieille voisine qui avait un chat appelé Bijou : - elle l'appelait  de sa petit voix tremblotante Biiiijououou et au bout de quelques minutes le Bijou rappliquait à toute allure et nous les gosses on continuait à brailler Biiiiijououou.

- Au fait, dit Muriel, t'as pensé à regarder dans le garage cette boite où on met les vieux vêtements à donner, il aime bien se fourrer là-dedans de temps en temps. Muriel avait raison, on le trouva affalé sur les habits froissés, sur le flanc, comme endormi, pantelant, le souffle court et rauque, inconscient, avec près de son museau plein de petits brins d'herbe vomis… la cata totale, quoi !, hop vite chez le véto...

Le vétérinaire fut rassurant : Alan faisait une indigestion/intoxication à l'herbe à chat ; échappé il avait dû aller directement à un endroit afin d'ingurgiter cette herbette pour se purger mais il avait forcé sur la quantité avalée trop rapidement goulûment, un petit lavage d'estomac et je vais vous le rendre tout neuf, tout vaillant comme avant, nous assura le praticien, mais surveillez-le quand il y retournera car c'est un drôle de rapide votre Alan Beau de....

Nous avons vraiment eu peur...avec l'échappé Beau on peut dire que nous l'avons échappée belle !.

 

Jacques Chesnel

20:47 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

03/12/2014

CASA BLANCA

 On s'est longtemps demandé pour quelles raisons les proprios de cette belle  bâtisse (si intensément blanche) l'avait baptisée « Casa Blanca » plutôt que « Maison Blanche » tant la copie sur la vraie  et célèbre était parfaite à part, distinction et élégance suprêmes, la porte d'entrée principale peinte d'un joli bleu nuit. Elle se trouvait à l'entrée du village (ou à sa sortie vue dans l'autre sens), un bel emplacement. Curieux Muriel et Jérôme s'étaient renseignés sur ces proprios et quelle ne fut pas leur surprise en apprenant que c'était à la famille Clinton, pas celle des fameux Bill et Hilary qui se prononce Clinetonne alors qu'ici il s'agissait ici des Clinton comme ça s'écrit, un français de souche ayant travaillé en Espagne et au Maroc d'où, peut-être, le choix naturel de Casa Blanca.

Dans ce petit village endormi que nous avions découvert en allant rendre visite à notre ami Alain le solitaire, les quelques langues vivantes se déliaient quand on évoquait la « clinnetonnerie » et la superbe demeure qui allait avec, quelques doigts sur la tempe s'ajoutait au mot fada pour ne pas dire cinglé, d'autres voyaient un dangereux mégalo espion du genre soviétique, certains un trafiquant de choses pas très correctes armes ou drogues ou médocs ou putes ou tout cela, bref, comme on dit dans les chemins de fer, les commentaires allaient bon train. 

Une fois ce village traversé après un dernier regard sur cette maison si blanche, Muriel et Jérôme retrouvent leur pote Alain qui les attendait devant la porte de son gîte superbe puisque conçu par lui, architecte-conseil de renom ayant participé à de grandes et renommées réalisations dans le monde entier. Il avait décidé après avoir quitté Paris de poser ses pénates dans ce coin merveilleux si paisible. Il nous reçut en regardant ostensiblement sa montre et nous fit la gueule comme d'habitude mais c'est ce qui fait son charme disait toujours Muriel qui savait que c'était une attitude provisoire du meilleur effet, Alain était un homme absolument charmant, un véritable ami. Cette fois, il avait prévu le champagne sans attendre, ce qui signifiait qu'il avait une grande nouvelle à nous annoncer, on ne s'attendait pas du tout à ce qu'il allait nous déclarer, lui le célibataire qu'on disait toujours endurci : « je me marie », bing !. Jérôme reçut Muriel dans ses bras au début de son évanouissement  non feint.

Alain était toujours d'une beauté stupéfiante, une sort de Rock Hudson hétéro, il avait fait fondre un nombre incalculable de cœurs à partir de 16 ans jusqu'à l'infini mais avait toujours refusé de conclure par le mariage qu'il trouvait d'un autre temps révolu. Une fois la bouteille de champ' vidée, nos deux tourtereaux s'enhardirent à demander qui était l'heureuse élue : - qui ?… Léonora Clinton... la fille de ?… du proprio de la Casa Blanca ?… oui, répondit Alain avec son sourire narquois mais toujours charmeur : Elle !. En le torturant un peu, Muriel remise de son malaise, réussit à connaître le fin mot de l'idylle.

 L'histoire d'amour : Alain fit connaissance de Léonora lors d'une réception à l'ambassade de France à Casablanca, ville où il était venu pour superviser/coordonner les finitions des travaux de construction d'une salle de spectacle créée par lui et où fut projeté, lors de l'inauguration, le film chef-d'œuvre de Michael Curtiz, « Casablanca ». D'après lui, d'après elle, ce fut le coup de foudre réciproque, un des ces moments dont Alphonse Allais avait dit : « c'est comme un coup qu'on reçoit là, pan ! dans le creux de l'estomac ». Ce qui aussi fut un déclic  étonnant: la ressemblance étrange de Léonora avec Ingrid Bergman, l'héroïne du film. Alain, cependant peu féru de cinéma, se prit immédiatement pour Bogart et bien qu'il fut loin de lui ressembler physiquement usa de son charme  personnel autant que naturel, si bien que Léonora-Ingrid tomba dans le piège et dans ses bras en même temps. Ils décidèrent de se marier sur le champ ou presque, c'est-à-dire dès leur retour en France.

 

Épisode : A la fin de la visite à leur ami après un dîner au cours duquel Alain invita ses amis à la noce prochaine, Muriel un peu éméchée  lui demanda sur un ton goguenard : « tu ne vas nous dire que c'est toi aussi qui a fait les plans de cette horreur de  baraque baptisée Casa Blanca, non ? ».

 

Jacques Chesnel

21:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

23/11/2014

L'ÉPREUVE

On n'avait pas vraiment besoin de ça.

Dehors, c'était épouvantable, il faisait un temps de chien que même les chiens n'aimaient pas, surtout les chiens. A  l'intérieur, ce n'était pas mieux, Muriel avait des yeux qui lançaient des éclairs que Jérôme essayait vainement d'attraper au vol, surtout les éclairs. Tous les deux se demandaient ce qui avait pu provoquer hier une telle dispute, une telle violence, surtout la dispute, une nouvelle épreuve ; la cause ?, pendant cette soirée le regard coquinement allumé que Aurélie avait envoyé à Jérôme comme un signe, un signal, le geste provocateur quoique pas trop anodin de Muriel envers l'enchanteur Daniel, le verre de porto en trop, le petit four en moins, une parole perdue dix de trop retrouvées, l'histoire de cul incohérente et déplacée selon, le récit de voyage fantasmé/détourné, sans remonter jusqu'au mauvais réveil suite à une nuit agitée sans raison ou alors avec de multiples, surtout multiples.

Dehors, cela ne s'arrangeait pas, maintenant, la grêle qui frappe aux carreaux surtout sur tout, dedans une coupure d'électricité et merde ya pas de bougies, surtout de bougies qu'on oublie toujours d'acheter au cas où, c'était sur la liste des courses bordel comme le papier cul disparu comme par enchantement tu parles on n'est pas dans la merde, surtout dans la merde et voilà le bigophone qui se prend pour Nino Ferrer c'est bien le moment, surtout le moment.

Allô, Alain ?, ici Jérôme, allô Alain, c'est Jérôme, ya pas d'Alain ici merde et ce con qui insiste, il raccroche précipitamment et en se retournant fait tomber une chaise sur laquelle dormait Alan le chat, surtout le chat qui se carapate en miaulant furieux tandis que la lumière revient, il voit les larmes de Muriel ah non bon dieu pas ça, pas encore pas maintenant ce n'est pas le moment surtout pas maintenant, elle ravale ses larmes, renifle, éternue, et balance à Jérôme le sourire qui le fait fondre, surtout fondre, ce qu'il s'empresse de faire, elle vient vers lui en chaloupant un peu, ne prends pas ton air aguichant, trop tard, il craque, elle trébuche et tombe dans ses bras accueillants, surtout accueillants comme à l'accoutumée, elle marmonne, elle cherche ses mots et lui dit enfin : - tu ne trouves pas qu'on est un peu cons, regarde-moi, dis, c'était quoi au juste la question parce que je n'ai pas la réponse et toi, Jérôme ?

On avait vraiment besoin de ça.

Dehors, c'était simplement génial, on se serait cru en Californie avec un soleil pareil, aucun nuage, pas de vent, même que les oiseaux aimaient ça autant que nous, surtout nous. Tout baignait pour Jérôme et Muriel, leurs yeux s'adressaient des messages d'amour qu'il auraient voulu attraper au vol, surtout au vol, plus de trace de la dispute d'hier soir et des autres jours, surtout des autres jours, pas d'épreuve, rien à prouver. Alan avait retrouvé sa chaise préférée et ronronnait plus fort que d'habitude, un vrai moteur de gros avion. On avait l'impression que le jour n'allait jamais tomber, qu'il n'y aurait plus de nuit ni de clair de lune, seul petit regret, surtout la lune… Et c'est alors que Muriel prit délicatement le téléphone, composa un numéro et dit : allô, Alain, c'est moi... merde il a mis le répondeur, il doit être encore sorti fâché, quel drôle de type. Le chat est maintenant réveillé et se dirige lentement vers la cuisine en faisant la gueule la queue raide parce que personne ne l'appelle, Alan miaule désespérément, surtout désespérément, en se dirigeant vers la cuisine. Alors Muriel le prend dans ses bras, le caresse, le cajole, l'embrasse, le rassure et lui dit dans l'oreille en regardant amoureusement Jérôme : tu as raison, on a été un peu cons ces jours-ci, c'était quoi au juste ta question parce que je n'ai pas encore la réponse, et toi, Alan ?.

 

Jacques Chesnel

22:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)