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07/12/2016

L’ATTIRANCE

 

Pendant qu’elle dormait paisiblement à côté de lui avec un léger ronflement qu’il trouvait plutôt amusant, Jérôme se demandait ce qu’il avait pu trouver à cette Muriel, sa compagne depuis maintenant si longtemps ou si peu. Il se posait la question de l’attirance, cette force qui l’avait conduit à jeter son dévolu sur cette fille qu’il trouvait jolie sans plus, pas très maligne sans plus, un peu maniérée sans plus mais avec tellement de, comment dire, charme, oui un charme fou à ses yeux, à ses oreilles (quelle voix !), à son cœur qui cognait comme un fou. Il avait donc ressenti un irrésistible attrait pour cette grande gigue un peu trop dégingandée, qui lui souriait gentiment pendant qu’il lui faisait des yeux qu’elle repéra si doux, ça commençait bien. Maintenant, elle se retournait brusquement en lui donnant un léger coup de pied dans ce lit étroit pour personne seule. Il eut subitement envie de lui embrasser ce peton dont il avait déjà fait plusieurs fois le tour avec jubilation (fétichisme du pied ?, tiens !). Pendant longtemps Jérôme avait fonctionné sur le physique uniquement et avait obtenu de bons résultats autant que de cinglants échecs lorsqu’il était passé à la vitesse supérieure : les goûts et le couleurs, les affinités exposées ou secrètes une fois la séduction évacuée. Il repensait à la liste assez impressionnante de ses aventures sans lendemains pas plus loin que la semaine en cours, sur tant de désirs assouvis ou refoulés. Et puis Muriel s’était pointée sans prévenir, par surprise, par effraction, avec le choc qui s’ensuivit, boum. Il croyait pourtant être blasé, aguerri et suffisant du genre on ne me le refera plus, j’ai déjà payé et basta. Tenez, prenons le cas de Claire que certains d‘entre vous ont bien connue, elle était bien plus jolie que Muriel, bien plus intelligente, bien plus drôle, bien plus que cela et pourtant… Jérôme avait tout entendu, tout lu sur l’art de la séduction et de la stratégie des grands séducteurs, sur la signification du baiser, le rituel érotique, l’embrasement et l’embrassement amoureux, sur les phéromones, la passion son labyrinthe ou ses méandres, tout, mais il ne comprenait toujours pas cette fascination subite qu’il avait eue pour la personne qui ronflait doucement à ses côtés, il avait ressenti comme un appel, un signe, un déclic, un flash immédiat, une attirance foudroyante et non contrôlable. Ses parents lui avaient raconté leur première rencontre semblable à la sienne, il admirait la durée de leur amour, cinquante ans de mariage, il s’étonnait de les voir s’embrasser souvent, c’était, disaient-ils, un des clés de leur bonheur perdurant, s’embrasser pour un oui pour un non pour rien pour tout, n’importe où n’importe quand n’importe. Il avait essayé avec Muriel, attention on nous regarde, oh ça va pas non, c’est pas le moment, arrêteueu, mais têtu il s’était entêté et maintenant elle en redemandait, alors il ne rechignait pas, il y allait de bon cœur, à cœur joie, la cœur à l’ouvrage, à vot’ bon cœur m’sieur dame, elle répondait la diablesse comme maintenant tandis qu’elle dormait ou somnolait, elle lui donna une petite tape de remerciement, elle se réfugia et se lova dans ses bras murmurant d’une voix ensommeillée encore encore Jérôme embrasse-moi encore, il est quelle heure déjà c’est pas vrai…

  • Chéri, j’ai rêvé ou tu étais en train de m’embrasser ?

Et que croyez- vous qu’il fît, que croyez-vous qu’ils firent, que croyez-vous qu’ils font,

là, tout de suite, maintenant…

 

23:55 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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