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24/03/2017

TOUS A LA MANIF’

                              

- ya un de ces mondes, on est serrés comme dans un bocal de sardines

- un bocal qui prend l’eau avec ce qu’il flotte en plusse

- ceusse qui nous traitent de feignants voient pas tout le courage qu’on a à manifester sous les trombes

- pardi, sauf que les députés braillent au chaud et que les sénateurs somnolent et que nous une deux une deux

- yen a un qui me souffle dans les oreilles avec sa vuvucellelà, oh ! pas si fort, je peux pas crier moi, non mais oooh ! heureusement qu’on a nos nos pancartes, Maurice a passé toute sa nuit à cause des fautes d’ortografe, il arrivait pas à écrire Weurte comme ça s’prononce écclésiastique qu’il disait en ricanant

- le mien il a trouvé une espression sur sa pancarte que j’aime bien les jeunes au turbin, les vieux au jardin, sauf que notre gars il est jardinier et que son père travaille justement dans les turbines, alors

- écoutez le type en pantalon moul-burnes là, il gueule libérez nos camarades alors qu’y encore personne d’arrêter à c’qu’on dit mais ça va pas tarder vu la flicaille

-y paraît que Fillon est devant son poste et qu’y compte les manifestants un à un à cause des sondages du lendemain qui sont contradictoiriens

- ben oui, à TF1, 100.000, dans Le Figaro 200.000, à la police 500.000 donc total on est au moins 2.000.000

- vous croyez qu’elle est là ?

- qui ?

- ben, Ségo quoi

- y paraît qu’elle est avec Villepain en tête-à-tête devant

- noon ? il sont ensemble ? je voyais bien qu’yavait anguille sous cloche, keskil est beau et elle avec ses tullenippes toujours classe chic

- c’est vrai qu’ça pourrait faire un beau couple de président, il est plus maigre que l’ancien, celui qu’elle a largué qu’a un nom de frometon qui depuis s’est fait maigrir décidément… la retraite a soixante ans, la retraite- a- soixante- ans- quand- on- a- encore – toutes – nos - dents… il a un côté aristocritique pour un président tandis que l’autre petit qui piaffe toujours et elle avec ses yeux qui patillent de concupuissance

- ça al’air de bloquer maint’nant, je commence à avoir les arpions en compote, j’irais bien m’asseoir un peu… allons bon, v’la que ça redémarre… libérez nos… qu’est-ce que j’raconte moi…

- avec Maurice, on compte plus nos manifs depuis le temps, les plus belles c’est en 68 pasqu’on était jeune pour la première fois et en 95 surtout, la tronche au crâneur chauve euh comment qu’y s’appelle déjà, lui avec ses jupettes, allez hop !, éjecté, qu’est-ce qu’on attend, on va finir comme des couilles molles à la fin

- et vot’ copine la Jeanine des PTT, que Robert écrit pets tétés en se marrant, où qu’alle est ?

- au premier rang, esmet toujours avec les cadres, les huiles, BHL monsiegneur Gagaillot et tout le gratin pasque elle est déléguée de la cégété

- ça fait une belle tambouille tout ça mais heureusement qu’on les a, c’est pas par les gugusses du mouvement populaire à deux balles qu’on serait défendutes

- mouvement populaire mon cul, faut être gonflé comme le gros Bertrand pour appeler ça comme ça pour faire plaisir à Sarko et au Médaife de la petite Parigote

- oh !, celle-là je peux pas la blairer, tiens : Parigote – au - poteau, Parigote- au – poteau - les – ouvriers – auront - ta peau

-comme vous y allez, moi je regrette le temps d’Arlette, ça c’était de la contestation, du vrai, maintenant on dirait de la révolution-camomille

- à propos de camomille, si on stoppait devant ce bistro pour se reposer un peu et se taper une p’tite verveine

- d’accord, c’est qu’on a encore du chemin à faire jusqu’à la fin du cortège la retraite pour tous à soixante ans quand on a encore nos dents, la retraite…

                              

01:08 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

07/03/2017

LE DERNIER SMS

 

Lorsque il reçut ce SMS, Jérôme, surpris, le relut plusieurs fois avant de l’effacer rageusement : « j’aime ça, toi aussi ; alors ? », il n’y avait que « anonyme » comme signal d’envoyeur. Tout de suite il pensa à une blague des copains du bureau qui aiment bien le chambrer comme petit nouveau, bon les mecs ça va on rigole ahahah et puis quoi. Quelques jours plus tard, le deuxième : « j’aime vraiment ça, toi aussi, je le sais ». Les copains jurent c’est pas nous, mon vieux, t’as un ticket d’appel quelque part hihihi. Jérôme pensait aussi que c’était à caractère sexuel, pas le genre de Muriel, à moins que… Il se rappela ensuite du sourire prometteur de la nouvelle stagiaire du service juridique qui, dans le local de la photocopieuse, lui avait généreusement montré son décolleté jusqu’à la pointe des seins et en se baissant qu’elle portait un string noir sous sa minijupe rose fluo, alors peut-être que… Des envois d’anciennes copines, des vengeances de flirts mal terminés, jeu d’inconnues déséquilibrées et/ou désœuvrées ???. Il avait vu dans un journal des petites annonces de femmes cherchant des aventures, même des couples en demandes d’échangisme, des propositions de backrooms, une nouvelle technique pour les prostituées depuis les récents décrets et la pénalisation des clients on n’arrête pas le progrès avec internet, les réseaux dits sociaux pour le meilleur et aussi pour le pire, il y avait aussi ce qu’on appelle pompeusement le bread crumbing ou la conversation virtuelle sporadique qui marche très bien chez les ados branchés ou les vieux cons vicelards en recherche de polissonneries diversement corsées…

 

Quelques jours après, après d’être cru définitivement à l’abri de suites intempestives, il reçut un nouveau message : « puisque tu aimes ça, c’est reparti ». Il commença alors à s’inquiéter de cet acharnement redoutant d’hypothétiques complications mais lesquelles ?. Il se confia alors à Antoine, son meilleur copain du moment, « ne te tracasse pas lui répondit celui-ci, j’en ai reçu aussi tout plein, on va voir cela avec un pote calé en informatique pour trouver la provenance », qui, désolé, n’apporta rien de concret, que des suppositions déjà émises… quand il reçut, enfin, le dernier SMS :

« Toi, qui a aimé L’homme Irrationnel et Cafe Society, réjouis-toi, le nouveau film de Woody Allen avec Kate Winslet et Justin Timberlake sortira sur les écrans français à l’automne prochain »

 

21:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)