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15/12/2013

CD : MES PRÉFÉRENCES POUR 2013


. WHITOUT A NET / WAYNE SHORTER

et

SATURDAY MORNING / AHMAD JAMAL.

. ENCORE / PING MACHINE

. THE SIRENS / CHRIS POTTER

. ÜBERJAM DEUX / JOHN SCOFIELD

. TRIOS / CARLA BLEY

et

. FLYIN' WITH / AEROPHONE



rééditions:

. COMPLETE SUNSHIP SESSIONS / JOHN COLTRANE

. The complete remastered recordings on Black Saint &
Soul Note / PAUL BLEY



Avertissement : pour plusieurs raisons, je suspends
(provisoirement ?) les chroniques de disques 

Jacques Chesnel

12:56 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2)

20/09/2013

CHRONIQUE CD

 

GREGORY PRIVAT / TALES OF CYPARIS

GREGORY PRIVAT (comp, arr, p, Fender Rhodes, Wurlitzer), MANU CODJIA (g), JIRI SLAVIK (b), ARNAUD DOLMEN (ka), SONNY TROUPÉ (dm, ka), ADRIANO TENORIO (DD perc)… invités GUSTAV KARLSTRÖM (voc), JOBY BERNABÉ (voc), QUATUOR A CORDES.

1/ Four Chords  2/ Ritournelle  3/ Phinéas  4/ Barnum Circus  5/ Cyparis intro  6/  Cyparis  7/ Lari-A  8/ Precious Song  9/ Wake Up  10/ Ti Sonson 11/ Carbetian Rhapsody  12/ Far From SD  13/ An Bel Lanmen  14 /Four Chords

Enregistré en juin 2013   Plus Loin Music PL4561 (abeille musique)

Ii était une fois une légende , une belle histoire, celle de Cyparis « un nègre de la plus pure espèce, le grand brûlé miraculé Cyparis transfuge de l’enfer rescapé de laves et de cendres unique survivant d’un déluge volcanique dans une île coloniale appelée Martinique » (paroles de (et exprimées) par le poète Joby Bernabé dans 3/ Phinéas). Il était une fois un pianiste et compositeur originaire de la même île, Gregory Privat, pour proposer une illustration musicale et poétique de cette histoire. 

Nous avions déjà salué le talent de ce pianiste pour son premier album Ki Koté dans lequel il perpétuait tout en la renouvelant la biguine jazz mêlée à d’autres influences dont la musique cubaine et le jazz post-bop. Nous avions apprécié, et goûtons encore plus ici, un toucher pianistique d’une grand sensibilité, un phrasé aérien, une aisance et une générosité qui sans avoir recours à la démonstration sont les caractéristiques d’un pianiste d’un incontestable talent. Le déroulement de l’histoire se fait en plusieurs moments de grâce (violence et tendresse alternées) allant du trio au quartet avec guitare (et quel guitariste, Manu Codjia) en passant par l’adjonction d’un quatuor à cordes de conception classique et les voix graves et éloquentes de Gustav Karltröm et Joby Bernabé. Il réussit, à partir d’une histoire d’une poignante tristesse à faire une homélie d’un rare pouvoir émotionnel.

Incontestablement, l’une des plus belles surprises de cette rentrée discographique.

Jacques Chesnel

 

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02/09/2013

CHRONIQUE CD

 

PING MACHINE / ENCORE Live au Petit Faucheux

L’orchestre : Bastien Ballaz (tb), Stephan Caracci (vib, perc), Guillaume Christophel (bs & bcl), Andrew Crocker (tp), Jean-Michel Couchet (ss,as), Fabien Bellefontaine (as,cl, fl),Florent Dupuit (ts, fl afl, piccolo), Quentin Ghomari (tp, fgl), Didier Havet (btb, tu), Paul Lay (fender rhodes & minimoog), Rafael Koerner (dm), Frédéric Maurin (g, minimoog, comp, dir), Fabien Norbert (tp, piccolo tp, fgl), Raphael Schwab (b), Julien Soro (ts & cl)

Les titres : ENCORE (4 parties, 32’), GRRR (13’), TRONA (3 parties, 25’)

Enregistrement live les 22 & 23/03/2013 au Petit Faucheux à Tours

CD Neuklang NCD4072 (distr. Codaex)

. Avant-propos :

Je me souviens toujours de cette réplique de Robert Le Vigan, jouant Michel Krauss le peintre halluciné dans « Le Quai des Brumes » film de Marcel Carné : « je peins malgré moi les choses derrière les choses ». Cette phrase m’est revenue en écoutant la musique de PING MACHINE (Des Trucs Pareils et Encore) et je la transpose ainsi : « Cet orchestre traduit la musique derrière la musique… dedans et au-delà ».

Après la forte secousse émotionnelle ressentie à l’écoute du précédent enregistrement Des trucs pareils (saisissement/ravissement), nous attendions la suite avec quelque impatience et curiosité, comment le grand sorcier des sons, Fred Maurin, et sa joyeuse bande d’allumés allaient-ils se renouveler avec cette impudence, cette témérité, voire ce toupet qui nous avait comblé ? ; réponse : le changement dans la continuité, la persistance dans l’évolution. Il y a dans cette organisation des sons une magie qui opère différemment dans chaque morceau tout en demeurant dans un ensemble tout à fait cohérent, homogène. En plus des influences avouées et affichées ( patchwork de Stravinski à Zappa en passant par Messiaen et Gil Evans) on note une forme opératique proche du Richard Strauss de Salomé et de Elektra, comme, notamment, dans la suite ENCORE : cette impression que la musique se cherche, que les sons furètent en longs cheminements avant de s’organiser et avant que n’arrive le premier embrasement suivi d’un solo furioso de Julien Soro au saxophone-ténor dans la première partie, la seconde étant plus méditative ponctuée de quelques hachures et de la vibrante et passionnante intervention du trompettiste Quentin Ghomari sous les coups de cravache de ce batteur qui porte et transporte l’orchestre, Rafael Koerner ; troisième partie dans laquelle tourbillons et cataclysme  s’opposent  (contrastes) au calme aérien et gracile du vibraphone avant que, au final, l’apothéose se manifeste dans un maelstrom de sonorités et figures rythmiques et subtilités harmoniques d’une grande richesse et qui s’achève en chuintements et bruissements raffinés.

Le petit miracle se poursuit (miracle, oui, car il y a dans cette musique une sorte de « merveille » au sens de : qui suscite l’admiration) comme l’a bien ressentie l’auditoire présent avec une courte pièce GRRR, sorte de mini-concerto pour un saxophone baryton (soliste : Guillaume Christophel) parfois grondant, souvent vociférant, toujours virulent environné des volutes rythmiques décalées, désarticulées, zébrées de l’orchestre.

TRONA : la musique d’un « apocalypse now » par un Bernard Herrmann d’aujourd’hui avec un solo de guitare de Fred Maurin à la fois sidérale et sidérant provoquant sidération, la sarabande tourmentée se poursuivant avec l’intervention de Jean-Michel Couchet au saxophone soprano avant que ne s’achève cet épisode méphistophélique dans un climat apaisé, une sérénité retrouvée grâce au solo de flûte dû à Florent Dupuit.

Conclusion :

PING MACHINE est ce qu’il y a de plus novateur, d’intrigant, d’emballant, de bandant par son écriture subtilement agencée ainsi que son éclatante créativité/fécondité dans le domaine du grand orchestre aujourd’hui… et on ne peut que s’en réjouir, grandement, en attendant la suite.


©  Jacques Chesnel  

17:37 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)

26/11/2012

MES EMBALLEMENTS JAZZ 2012

                                   

Cette année, il me semble que ce sont les musiciens français qui ont présenté les comportements les plus audacieux, les démarches le plus novatrices, les expressions les plus régénératrices en explorant de nouveaux territoires… comme un vent de folie salutaire et enthousiasmant ; parmi eux :

Par ordre alphabétique :

. JEAN-PAUL CÉLÉA / YES ORNETTE

. MÉDÉRIC COLLIGNON / A LA RECHERCHE DU ROI FRIPPÉ

. LAURENT COQ – MIGUEL ZENÓN / RAYUELA

. DANIEL HUMAIR / SWEET AND SOUR

. ÉMILE PARISIEN / CHIEN GUÊPE

. PIERRICK PEDRON / KUBIC’S MONK

. JEAN-PHILIPPE VIRET / SUPPLÉMENT D’ÂME

… et

. COREA / GOMEZ/ MOTIAN / FURTHER EXPLORATIONS

. YARON HERMAN / ALTER EGO

. JARRETT – GARBAREK – DANIELSSON – CHRISTIENSEN / SLEEPER

 

Musicien de l’année : ÉMILE PARISIEN

 

25/11/2012   Jacques Chesnel       

20:54 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

26/10/2012

CHRONIQUE CD

 

MAXIME FOUGÈRES TRIO / GUITAR REFLECTIONS (Gaya Music Production / Abeille)

Jeune guitariste ayant de sérieuses références musicales (Conservatoires, diverses participations significatives), Maxime Fougères, pour son premier disque, aborde sans complexe une partie de l’œuvre de Duke Ellington, à savoir les thèmes joués au piano par le maître sous le titre « Piano Reflections » et ce, en trio. On pourrait saluer la hardiesse (pour ne pas écrire le culot) mais le résultat dépasse la simple curiosité. Il a su imprimer une sorte de grâce touchante, respectant l’esprit autant que la lettre par la sensibilité et l’intelligence, apportant une touche personnelle à ces compositions que nous avons plaisir à redécouvrir de la sorte. Le talent de ses sidemen (Yoni Zelnik, contrebasse et le batteur Antoine Paganotti) n’est pas étranger au résultat.

Une très belle aventure qui présage d’une suite qu’on espère prochaine dans la même veine




FLORIAN WEBER / BIOSPHÈRE (Enja / Harmonia Mundi)

Récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux, Florian Weber, claviériste allemand, vivant une partie de l’année à New York doit la célébrité grâce à sa participation au disque Deep Lee en 200è (avec le trio Minsarah) et à la prestation de Lee Konitz au Village Vanguard en 2009.

Avec de nouveaux partenaires, autres directions : jouer autant du piano acoustique que du Fender Rhodes (sonorités nouvelles), ajout d’un guitariste d’exception en la personne de Lionel Loueke se distinguant particulièrement sur sa composition Mivakpola, diversité harmonique et rythmique des 10 thèmes, une composition originale Piecemeal, dédié à la physique quantique, un standard All the things you are transfiguré en Evolution, des chansons venues de la pop music (Coldplay, Eric Clapton), bref un bel assemblage de couleurs, en compagnie d’une rythmique irréprochable additionnée de tablas… avec pour clore une très délicate œuvre de son cru : Tears in heaven en piano seul, sublime.

Florian Weber signe là un album étonnant dont la réécoute procure encore plus d’émotion(s).


Jacques Chesnel

16:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

01/10/2012

CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE / 3


       DEUX SAXOPHONISTES

 

 SYLVAIN BEUF / Electric Excentric (such prod –harmonia mundi)

Sylvain Beuf (ss,ts), Manu Codjia (g), Philippe Bussonnet (b), Julien Charlet (dm) plus sur certains titres Nicolas Folmer (tp), Alex tassel (bu), Thomas Guei (perc), Thomas Beuf (acc)  2012

 

Au risque de me répéter, de vous battre, rebattre et rabattre vos yeux puis vos oreilles, je trouve qu’il y a des musiciens dont on parle beaucoup, parfois de trop, et d’autres pas du tout ou pas assez, qu’on entend peu dans les clubs, festivals ou sur les radios, qui ne font pas souvent la une des magazines spécialisés, bref, des musiciens tels que Sylvain Beuf et ce, malgré ses talents de musicien et de compositeur/arrangeur qui ont forgé sa notoriété depuis plus de 25 ans, prix Django Reinhardt en 1995, nouveau talent Jazz aux Victoires de la Musique en 2000.

Pour son neuvième opus, il a fait appel à des musiciens susceptibles d’élargir son univers, de le faire fructifier, notamment avec la présence de Manu Codjia, l’un des guitaristes les plus inventifs de la nouvelle génération (son solo dans Something Sweet), du bassiste Philippe Buissonnet, transfuge de Magma (son intervention dans Bamor), de Julien Charlet, formidable pourvoyeur/propulseur de rythmes. La présence additive des souffles cuivrés (Nicolas Folmer et Alex Tassel) apportent une résonnance proche d’un hard-bop revisité au groove continu.

Compositeur/arrangeur des 11 nouveaux titres de l’album, le saxophoniste, tantôt au ténor ou au soprano (Etoiles), donne la preuve d’un sens esthétique affirmé et raffiné (son Night Walk reste longtemps dans nos oreilles et on se surprend à la chantonner encore longtemps, le développement « free » du titre éponyme nous tétanise) aux multiples couleurs, aux ambiances infiniment contrastées. Une belle réussite, totale.

Penser à Sylvain Beuf plus souvent, le Jazz nous le rendra, au centuple.

 

 

 SÉBASTIEN JARROUSSE Quartet / Wait & see (autoprod –coadex france)

Sébastien Jarrousse (ss, ts), Pierre Alain Goualch (p), Mauro Gargano (b), Matthieu Charazenc (dm)  2010

 

Né en 1974, le saxophoniste Sébastien Jarrousse a déjà fait parler de lui, multi-primé pour son sextet au Fetival de la défense en 2004, puis, soliste, lors de la pièce de théâtre musical A Love Supreme, tirée d’une nouvelle de Edouard Dougala contenue dans son livre Jazz et vin de palme, créée en 2006, maintes fois jouées depuis.

Pour ce disque dont il signe les 9 compositions fortement charpentées (Cartoons), délicatement fluides (Ballade à Hauteville) judicieusement/humblement référencée (For Wayne), il s’est adjoint la collaboration de musiciens confirmés, aux talents reconnus et qui cimentent son discours fortement marqué par les univers de grand anciens (notamment John Coltrane, Wayne Shorter, Dave Liebman) sans pour autant leur être assujetti. C’est sa sonorité au soprano qu’on distingue et admire d’abord, d’une grande ampleur, extrêmement diaphane, éthérée, opalescente, ainsi que sa façon de déambuler avec grâce dans les méandres harmoniques de son phrasé.

Un talent déjà affirmé et affiné, un musicien dont on suivra l’évolution avec sympathie et intérêt.

 

A suivre : Anne Pacéo « Yôkaï », Maxime Fougères « Guitar Reflections »

 

Jacques Chesnel

23:34 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)

14/09/2012

CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE /2

 

2. EMILE PARISIEN Quartet / Chien Guêpe (laborie jazz /abeille)

Emile Parisien (ss, ts), Julien Touéry (p, piano préparé, objets), Ivan Gélune (b), Sylvain Darrifourcq (dm, objets, zither)

Les deux albums précédents, surtout Original pimpant, étaient remarquables et remarqués, l’annonce de la parution de celui-ci avait excité notre attente, le résultat est là , nous sommes littéralement scotchés, abasourdis, ébaubis, emballés, foudroyés par cette furia et ce vertigo qui nous emmènent aux confins d’une évidente folie. Difficile de décrire par de simples mots un tel tourbillon, tornade emballante où se mêlent, s’encastrent, se dévident, s’entrechoquent, joyeuse bousculade et continuelle déferlante, embrassades et embrasements, tourmente et hourvari, bacchanale et sarabande, bourrasques et déflagrations… on pourrait aligner d’autre termes équivalents pour dire combien ces musiciens jeunes et au savoir jouer impressionnant, ont su trouver cette fougue, cette énergie pour une musique au-delà des frontières du jazz et de la musique improvisée…

Indubitablement, un des disques incontournables de cette année 2012.

Ah, si vous ne savez où ranger l’album : sa place est à côté de Wayne Shorter, tout près.

 

3. MIGUEL ZENÓN – LAURENT COQ / Rayuela (sunnisyde-naïve)

Miguel Zenón (as), Laurent Coq (p), Dana Leong (cello, tb), Dan Weiss (dm, tablas, perc)

Rayuela (Marelle en français) est un roman majeur dans l’œuvre de Julio Cortázar pour qui la musique (et principalement le jazz) furent des éléments essentiels. Ce récit labyrinthique construit comme le jeu des enfants (saut des chapitres) est ici prétexte à un hommage à l’auteur autant qu’à ce tour de force littéraire unique.

Les deux musiciens signent chacun cinq compositions centrées soit sur un des personnages, soit sur une action ou situation particulière. Atmosphère musicale très dense relatant parfaitement l’univers cortazarien dans l’esprit et dans la forme par des alliages sonores originaux.

Un disque d’excellence, sorte d’invitation sonore à lire ou relire  sous l’angle musical ce roman exceptionnel.

 

à suivre

16:01 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

05/09/2012

CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE

 

                       1. Edouard Ferlet / Think Bach (mélisse mel666011, only music)

Avec Bach c’est comme avec Proust : on adhère ou pas, on aime ou on n’aime pas. Je suis allé à la recherche des deux et j’ai perdu mon temps, rien à faire, je reste sur ma faim. Oh, bien sûr, comme certains, j’ai ressenti un petit frisson à l’audition des retransmissions des émissions (ses portraits filmés) de Bruno Monsaingeon consacrées à Glenn Gould dans les années 80, j’ai tendu une oreille curieuse aux disques de Jacques Loussier sans vraiment souscrire à sa démarche (jazzifier Bach ?)…

Et voilà qu’Edouard Ferlet, pianiste que j’aime et dont je suis avec attention et admiration la carrière et ses productions, propose sa version de certaines œuvres (notamment parmi les préludes les plus connus) du grand compositeur en se posant la question : comment déconstruire la musique de Bach lorsque celle-ci vous a structuré ? et s’engage dans une opération poétique : jouer avec Bach plutôt que de jouer du Bach, interpréter quelques préludes en les rebaptisant parfois avec humour et, avant même d’écouter ceux-ci, le concept a de quoi réjouir. Il apporte ainsi une transfiguration toute personnelle de cette musique qui l’accompagne depuis toujours avec différents procédés, la technique dite du miroir inventé par Schoenberg, ajouter ou supprimer une note toutes les deux mesures, utiliser la main gauche comme support d’improvisation à la main droite (comme les pianistes de stride), découpage haché de l’intro (Lapsus), un rythme évoquant le boogie-woogie (Verso), un développement d’une phrase évoquant Jarrett (Que ma tristesse demeure)… 50 minutes où l’intelligence fait jeu égal (jouer le jeu autant que le je) avec la sensibilité pour créer un univers personnel, une sorte de passage subtil et raffiné entre rigueur et liberté, entre hier et aujourd’hui. 

 

à suivre :

Emile Parisien / Chien Guêpe, Miguel Zenon et Laurent Coq / Rayuela, Sylvain Beuf / Electric Exentric, Maxime Fougères / Guitar Reflections, Sébastien Jarousse / Wait and See, Florian Weber / Biosphère

 

13:44 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

15/05/2012

Chronique CD MISCELLANÉES JAZZISTIQUES / 3

 

Les quatre premiers mois de cette nouvelle année ont été remplis de bonnes surprises, la meilleure étant à mes oreilles, l’inattendu (quoique) trio CHICK COREA / EDDIE GOMEZ / PAUL MOTIAN : FURTHER EXPLORATIONS (ConcordJazz CIA-33364-02) majestueux hommage à BILL EVANS avec un répertoire digne de la circonstance en la présence de deux anciens compagnons (Paul Motian de 1959 à 1963 ; Eddie Gomez de 1966 à 77) de cette figure de légende qu’est et sera toujours le créateur d’une esthétique dont on re/découvre sans cesse à chaque audition les beautés incomparables.

 

Autre découverte après les révélations de Ping Machine et de Jean-Philippe Scali : le travail remarquable du saxophoniste STÉPHANESPIRA et son ROUND ABOUT JOBIM sur des arrangements de Lionel Belmondo et son groupe (octette) « Hymne au Soleil ». Le projet ne manquait pas de culot : mettre en évidence les qualités mélodiques du génial brésilien en se débarrassant de tout contexte rythmique, d’où l’absence de batterie et de percussion et en y intégrant deux pièces d’un autre créateur brésilien, le compositeur Heitor Villa Lobos, auteur, notamment, des fameuses 9 Bachianas braseileras. Le résultat est à la hauteur de l’ambition pour qui veut écouter la lascivité/suavité des mélodies, la souplesse et l’élégance des solos du saxophoniste au soprano comme au ténor qui confinent à une sorte d’introspection charnelle. Il est coutume dire qu’une écouté répétée permet de mieux s’envelopper dans la musique, c’est le cas ici et on reste étonné, ravi et comblé, le travail de Lionel Belmondo faisant jeu égal à celui du concepteur inspiré, Stéphane Spira.

(Enregistré en décembre 2010 ; Jazzmax production)

spira 001.jpg

 

PIANISTES

Deux révélations :


. GABRIEL ZUFFEREY CONTEMPLATION piano solo

Voyage introspectif, méditation élégiaque enregistrée dans les montagnes suisses, un répertoire dans lequel s’insèrent des compositions personnelles et de musiciens tels que McCoy Tyner, Erik Satie, Monk, la Funny Valentine de Richard Rodgers, Monk, Ornette et Coltrane. Un bel intermède de sérénité et de paix.

(Bee Jazz)


. BENJAMIN FAUGLOIRE PROJECT THE DIVING

Benjamin Faugloire (p, comp), Denis Frangulian (b), Jérôme Mouliez (dm)

Deuxième opus de ce trio créé en 2005. Musiciens qui s’écoutent autant qu’ils s’entendent pour une musique où la part de la mélodie est prépondérante, une évidente simplicité sans maniérisme dans laquelle surgissent parfois quelques conjonctures plus affirmées. Pianiste au style singulier sans références définies ou avec références confondues, donc à suivre, de très près.

 

Dernière (bonne) surprise : la récente production du Label Durance : OTHER THING, premier disque du saxophoniste Jean-Claude Bersegol où on retrouve avec plaisir le saxophoniste et clarinettiste André Jaume et l’infatigable Alain Soler cette fois à la guitare. Un bon bol d’airs frais et de combinaisons sonores nouvelles. On en a souvent besoin.

 

Jacques Chesnel

 

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16/03/2012

Chronique CD ETSAUT /Jazz et Cornemuse

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Voici un disque curieux qui n’est pourtant pas qu’une simple curiosité ; par le titre d’abord, ETSAUT (prononciation : ètsaôt) étant le nom d’un village de montagne enfoui en vallée d’Aspe entre Béarn et Espagne ; par la cornemuse associée au Jazz ensuite (la référence des amateurs étant Rufus Harley (1936-2006), sonneur qui s’illustra aux côtés de Sonny Rollins notamment à Montreux en 1974).

Le Jazz a toujours su assimiler le meilleur de toutes les musiques avec lesquelles il s’est trouvé en contact et ce dès ses débuts, que ce soit avec les musiques des Caraïbes, de l’Afrique, du Brésil, de l’Inde et plus récemment avec celles des Balkans et du Moyen-Orient, les exemples sont nombreux.

 Ici, le but, celui de l’initiateur de projet le compositeur et  contrebassiste Laurent Cabané, est d’associer les différentes identités de ses compositions aux univers du jazz (un quartet avec en vedette la pianiste Perrine Mansuy) et des musiques traditionnelles par l’intermédiaire d’un instrument : la cornemuse dont il existe plus d’une centaine de types dans presque tous les pays du monde.

C’est bien le son d’ensemble, cet alliage sonore inédit qui interpelle et emballe d’emblée avec le premier titre Guêpier (qui est tout le contraire d’un piège ou d’une mauvaise affaire) le plus empreint de jazz avec également Polar  grâce au talent affirmé de Perrine Mansuy qu’on retrouve nostalgique dans Duoduo d’une grande délicatesse. Le plus souvent la cornemuse est présente comme le serait un orgue, intervenant en solo dans Dessus Dessous  et Sievoz dans lequel le sonneur Eric Montbel intervient également au whistle. Avec un Ibogafatobé (titre énigmatique) c’est une belle histoire poétique, un conte oriental propice à la rêverie, au dépaysement. La fontaine de l’ours permet à Laurent Cabané de s’exprimer avec sensibilité sur sa contrebasse en solo.

Ces paysages sonores donnent à entendre une musique d’une grande fraîcheur qui fait un bien fou, qui respire, fait respirer et purifie ; c’est aussi la preuve de la vitalité et du talent de certains musiciens dits « régionaux » souvent raillés ou entendus avec parfois quelque condescendance dans certains milieux. Ce disque en apporte la preuve et mérite notre attention ainsi que notre considération. Et la vôtre.

 

©  Jacques Chesnel

 m.jpg

Perrine Mansuy (p), Eric Montbel (cornemuses, whistles, clarinette en roseau), Laurent Cabané (cb, saz, comp), Djamel Taouacht (dm, g), François Cordas (sax, pandero)

Enregistrement : septembre 2011

 



(Opus news Et3 / distr. Phonocapa  etsaut@free.fr  www.myspace.com/etsaut)

 

 

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09/02/2012

Chronique CD : MISCELLANÉES JAZZISTIQUES ( 2 )

              

                                                                                                                            

AHMAD JAMAL / BLUE MOON

 

Lorsque j’écoute (souvent) les disques d’Ahmad Jamal, surtout ceux avec la rythmique idéale que constituait Israel Crosby et Vernell Fournier à la fin des années 50 et en 1961 (en live at the Pershing, au Spotlite Club, at The Alhambra de Chicago) je ne peux m’empêcher de penser à ce que qu’écrivait Laurent Goddet dans un numéro de Jazz-Hot des années 70 : Ahamad Jamal ou La Musique du Désir, cette façon unique de faire durer une sorte de suspense entre les notes et entre les phrases, la maîtrise des silences, syncopes et autres soupirs,  de nous faire languir avec délices sur la façon de finir un morceau avec une conclusion qui n’en finissait pas de finir, cette sorte de rêverie sensuelle et poétique qui enchanta Miles Davis. La magie disparut en partie lorsque ses partenaires le quittèrent ; elle n’était plus présente dans les disques qui suivirent… jusqu’à ce que Jean-François Deiber le sorte, à la fin des années 90, d’un relatif désenchantement de la part du public de jazz (le disque The Essence, sur Birdology).

Depuis quelques années, il a retrouvé l’esprit de cette époque mythique, avec de nouveaux partenaires bien choisis et c’est ainsi qu’à 81 ans, il enregistre 9 titres (standards et 2 compositions originales) qui font de ce CD un véritable joyau de musique dans laquelle on retrouve l’opposition permanente entre résolution/indécision, déferlement/retenue, la réitération lancinante et savamment ordonnée d’une phrase (l’énoncé du thème de Gypsy) avec brisures, hachures, ruptures, diversions/digressions… et la perpétuation/réinvention d’un swing infaillible.

 Ahmad Jamal, la jeunesse retrouvée ou le temps suspendu.


Ahmad Jamal (p)  AhmadJamal BlueMoon.jpg                           

Reginald Veal (b)

Herlin Riley dm)

Manolo Badrena (perc)

                                                   

(CD Jazz Village / Harmonia Mundi)

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MARIA LAURA BACCARINI

A Cole Porter Tribute

                                     

  Désolé mais je ne m’associe pas du tout au concert de  louanges dont ce disque fait l’objet, non que je critique la volonté de « faire du neuf avec du vieux » (ce, depuis la nuit des temps avec parfois d’incontestables réussites ou des bides comme ces metteurs en scène qui font jouer Molière par des comédiens en short dans des cuisines en formica !) mais parce que je considère le résultat résolument antinomique avec la délicatesse (peut-être surannée mais pas du tout clinquante) des mélodies de Cole Porter ; ou bien il fallait aller plus loin comme le fit John Coltrane avec la destruction massive d’une beauté à couper le souffle de My Favorite Things de Richard Rodgers  au Village Vanguard en 1966, fallait-il aller jusqu’à l’ironie sarcastique d’un Thelonious Monk interprétant, sans dénaturer le thème, Smoke gets in your Eyes à Paris en 1954 ou regarder du côté de Barney Kessel transformant la Carmen de Bizet en franc divertissement ?… ici (j’insiste, le talent indéniable des interprètes n’est pas remis en cause), seulement des arrangements dérangeants qui se veulent dans l’air du temps, la fameuse tendance, ah !, le flirt plus ou moins poussé avec le rock, la pop et la musique dite contemporaine, ah ! la distanciation ; si encore, il y avait eu une once d’humour et de fraîcheur ; a contrario : cette pompeuse ultra sophistication/ dramatisation de What is this thing called love…  

Un tribut ? non, un pavé dans la mare ou un coup d’épée dans l’eau, une disgrâce ou une dissipation… ou bien… je suis passé complètement à côté comme le diront certainement quelques exégètes indignés par mes propos iconoclastes… allez savoir.

 

 Maria Laura Baccarini (voc), Régis Huby (vln, arr),                           

 Roland Pinsard (cl, bcl) Olivier Benoit (elg),

 Guillaume Séguron (b, elb), Eric Echampard (dm)

  (CD Abalone Production / Musea)

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                         LAURA LITTARDI / INNER DANCE

 

Connue et appréciée comme chanteuse DE jazz, Laura Littardi (italienne installée à Paris depuis 25 ans) propose ici un autre répertoire que celui qu’elle interprète le plus souvent : celui de chansons de la mouvance pop des années 70 allant de Neil Young à Stevie Wonder, plus quatre compositions personnelles, auxquelles elle offre une saveur particulière, une sensualité flottante  sans esprit de fronde ou de dénaturation, accompagnée par (émerveillement) quatre musiciens dont on parle avec considération, Carine Bonnefoy (p), Mauro Gargano (b), Guillaume Dommartin ou Fabrice Moreau (dm) avec Francesco Bearzatti (sax & cl)  sur trois titres. Ses versions, celle scattée de Isn’t she Lovely et celle divagante du Proud Mary de John Fogerty sont tout simplement délicieuses.

(CD Great Winds / Musea)

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      TRIO LALISSE – SOLER – CHABASSE / « à René Char »

 

Le Label Durance, dont le catalogue se développe sous l’égide de l’association  Action Pour le Développement Des Médias basée à Château-Arnoux dans les Alpes de Haute-Provence, propose le premier disque de ce trio formé en 2010 et qui se produit surtout dans le sud-est de la France. Plusieurs musiciens dits locaux ont été révélés grâce au travail de pédagogue de l’animateur et poly-instrumentiste de talent qu’est Alain Soler (l’équivalent d’un Alan Dawson pour la batterie) ; ici, le jeune pianiste Sébastien Lalisse qui présente ce trio né en 2010 avec le contrebassiste Olivier Chabasse et Alain Soler cette fois à la batterie.

Dans son texte de présentation, Jean Buzelin (qu’on ne lit pas assez souvent) nous renseigne : « se mettre à l’ombre de René Char pourrait sembler paradoxal lorrsqu’on sait que le poète… étatit un homme de feu… et s’ils se sont mis à l’ombre, les musiciens, ce fut simplement pour se retrouver à l’intérieur d’une salle qio porte son nom ». Nul doute que le caractère solaire du poète a dû se répercuter sur les musiciens tant cette musique, plus particulièrement dans la première partie plus lyrique à forte dominance evansisenne (esthétique, phrasé, harmonie, respiration) en est imprégnée. Dans la deuxième partie sous le sceau de l’improvisation libre, les références monkiennes sont plus évidentes, le ton plus libre sans être free, musiciens à l’écoute pour un jeu collectif.

Arrive alors le toujours attendu Raphaël Imbert qui apporte sa flamme et son crépitement dans le morceau éponyme au soprano puis joyeusement rétro avec un Brother Can You Spare a Dime ? et son intro « vieux style modernisé » (dixit Buzelin) évoquant Omer Simeon et Roland Kirk pour une sarabande finale un peu folle.

Espérons qu’avec le distributeur orkestra ce disque connaîtra une audience élargie sur tout le territoire ; il le mérite, amplement.

 

Sébastien Lalisse (p), Olivier Chabasse (b), Alain Soler (dm)

+ Raphaël Imbert (sax, cb)

 (CD LabDur – SL 192011 / orkhestra)

 

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                     JEAN-PHILIPPE SCALI / EVIDENCE

 

Voilà un petit ensemble qui sonne un grand grâce aux talents multiples de son leader (composition, arrangements innovants, musculature harmonique étrange et ossature rythmique insolite) également soliste inspiré aux saxophones, surtout le baryton. Joyeux et ludique amalgame de réminiscences (les versions de Fables of Faubus à la fois respectueuse et débordée/bousculée, de Evidence revisitée façon arrangée/dérangée, la mise en relief de la beauté de Come Sunday jouée d’émouvante façon) et de thèmes originaux fantasques comme cet Autoportrait d’un chat sauvage. Tous ces jeunes musicien font preuve à la fois de maturité et de désir de défricher vers plus de musiques.

Un disque emballant dont l’écoute répétée procure à chaque fois encore plus de plaisir ; c’est possible et préconisé.

 

Jean-Philippe Scali (ss, as, bs, comp, arr), Julien Alour (tp, flg), Jerry Edwards (tb),

Adrien Chicot (p, elp), Simon Tailleu (b), Manu Franchi (dm) + François Théberge (ts),

Thomas Savy (tb),   Bastien Ballaz (tb),  Stephan Carracci (vib)

Eric Legnini (direction artistique)

(CD Gaya / abeille musique)

 

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              DVD : ANTOINE HERVÉ / LA LEÇON DE JAZZ

                 WAYNE SHORTER, JAZZMAN EXTRATERRESTRE

                   ANTONIO CARLOS JOBIM ET LA BOSSA NOVA

 

Dans l’esprit des leçons de musique avec Jean-François Zygel, voici le pianiste Antoine Hervé accompagné par l’excellent saxophoniste, ici au soprano, Jean-Charles Richard pour nous éclairer sur l’univers poétique du plus grand saxophoniste vivant Wayne Shorter et, en compagnie du chanteur brésilien Rolando Faria, sur tous les aspects de la bossa nova ; passionnantes démonstrations pédagogiques sur un ton clair et précis à la limite parfois d’une ironique affèterie. On pourra préférer (comme moi) la lecture du CD pour s’immerger plus profondément dans la musique sans son spectacle.

(RV Productions / Harmonia Mundi


 

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10/01/2012

Chronique CD : AUTOUR DE BRUNO TOCANNE, batteur de Jazz

 

Parmi la vaillante troupe des batteurs –percussionnistes qui (se) comptent dans le petit monde du jazz français, Bruno Tocanne y figure en bonne place depuis la fin des années 70 ;

il suffit pour s’en convaincre d’aller sur sa page wikipédia et/ou sur son site officiel ; son parcours édifiant est le reflet d’une personnalité avide de rencontres et d’expériences diverses. Du Big Band Lumière de son ami Laurent Cugny aux aventureuses recherches récentes entremêlant jazz et musique baroque avec notamment le tromboniste suisse Samuel Blaser en passant par sa collaboration avec de multiples projets en compagnie de quelques musiciens emblématiques du renouveau du jazz français, il débute une nouvelle carrière au début de 1998 en quittant la région parisienne pour s’installer dans un village de Rhône-Alpes. Il aura l’occasion de multiplier les rencontres et réalisations de haut niveau comme certaines activités trans-disciplinaires (vidéo, textes, danse, musique et cinéma, la création du réseau imuzzic)… sans oublier les nombreuses tournées en France et internationales ainsi que l’accompagnement de certaines pointures et pas de moindres.

De plein pied dans la cinquantaine épanouie, il donne à sa carrière une nouvelle dimension en se lançant dans une série intitulée New Dreams en 2007, dont les disques qui s’y rattachent expriment la tonalité fortement onirique augmentée d’un grand élan de liberté du projet ; pour cela, le batteur aime s’entourer de partenaires accomplis s’intégrant parfaitement à son univers tels les trompettistes et buglistes Rémi Gaudillat et Fred Roulet, les contrebassistes Michael Bates et Benoît Keller ainsi que l’étonnant et détonnant tromboniste Samuel Blaser, la plupart de ces musiciens que l’on retrouvera également dans les disques Madkluster vol.1 et le Libre(s)ensemble, formation de neuf musiciens.

Arrêtons-nous instant sur deux disques enregistrés en 2010 pour le compte de IMR (Instant Music Records) 

 . 4 News Dreams ! , enregistré en  intervient après New Dreams One (2007) et Five New Dreams (2008) ; il y a dans les 12 morceaux (énumérés comme une suite) de ce quartet une ambiance  emphatique parfois proche de la grandiloquence (Waiting for…) et de l’emportement, voire de la fureur contenue ou le tumulte (Shape), que contredit souvent une atmosphère jubilatoire animée particulièrement par Samuel Blaster et les ponctuations toujours justes et sensibles de Bruno (qui n’est pas sans évoquer par ses couleurs le monde sensuel et dansant de feu Paul Motian).

 

 . Libre(s)ensemble. Cette formation au langage très contemporain fort éclectique revendique, assume et assure une totale liberté exprimée avec caractère aussi bien le chant révolutionnaire (La révolte des Canuts) que l’expression du jazz le plus free (Free for Ornette) au cours des 10 compositions dont une Suite for Libre Ensemble, musiques très élaborée dans les structures et débridées dans les interventions solistes. Sans concessions ni opportunisme.


Puisqu’on reparle d’Albert Camus à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, me revient cette phrase de lui : L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire ; il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes… ce qui caractérise la musique incarnée de/par Bruno Tocanne, batteur (et compositeur) de Jazz.

 

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4 New Dreams.jpg 4 New Dreams :

Bruno Tocanne (dm), Michael Bates (b), Rémi Gaudillat (tp), Samuel Blaser (tb)         

 

                                

    






Libre(s) Ensemble.jpgLibre(s)ensemble :

Rémi Gaudillat (tp, bu), Philippe Gordiani (g), Benoît keller (b), Arnaud laprêt (perc), Elodie Pasquier (cl sur 1 & 2), Fred Meyer (g), Fred Roulet (tp, bu), Damien Sabatier (sopranino, as, bs), Bruno Tocanne (dm). IMR 004

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02/12/2011

CD : MES PRÉDILECTIONS POUR 2011

 

1/ KONITZ-MEHLDAU-HADEN-MOTIAN

    LIVE AT BIRDLAND  (ECM)

 

2/ JOHN SCOFIELD

    A MOMENT’S PEACE (Emarcy)

 

3/ PING MACHINE

    DES TRUCS PAREILS  (Neu Klang)

 

4/ KURT ELLING

   THE GATE  (Concord jazz)

 

5/ DIEGO IMBERT QUARTET

    NEXT MOVE  (Such)

 

DÉCOUVERTE : TROIS CHANTEUSES

RAPHAËLLE ATLAN

MÉLANIE DAHAN

CLOTILDE RULLAUD

(à égalité, ordre alphabétique)

 

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28/10/2011

MISCELLANÉES JAZZISTIQUES (1 )

 

D’abord signaler (et applaudir à)  la parution d’un petit livre (format, nb de pages) paru aux Editions de l’éclat : JOHN COLTRANE « Je pars d’un point et je vais le plus loin possible ». Entretiens avec MICHEL DELORME suivis d’une lettre à Don DeMichael. Cet ouvrage rassemble les trois entretiens que le journaliste eut avec le génial saxophoniste, en 1962, 1963 et 1965, le dernier à Antibes lors du festival Jazz à Juan au cours duquel le quartet interpréta A Love Supreme, l’unique version en public. A la pertinence des questions la conviction des réponses du grand créateur de musique que fut ce maître spirituel : je cherche de nouveaux terrains à explorer ; physiquement, je ne peux aller au-delà de ce que je fais actuellement dans la forme que je pratique.

Indispensable pour tous les coltraniens ; ça fait du monde !.

www.lyber-eclat.net

 

 

Dans l’école caraïbe des claviers, après Marius Cultier, Michel Sardaby, Alain Jean-Marie, de nouveaux talents se sont manifestés ces dernières années, notamment Claude Césaire du formidable groupe Bwakoré (sorte de Weather Report antillais), Gregory Privat et GILLES ROSINE. Ce dernier, martiniquais né en 1970, propose dans son troisième album madin’ extension un voyage au cœur de la nouvelle musique Afro-Carïbéenne en compagnie de huit autres musiciens. Son talent, croisement d’harmonies jazzy et des différents rythmes de la musique antillaise, a été remarqué et adoubé par Gonzalo Rubalcaba, ce qui n’est pas la moindre des références.

CD madin’ extension (distribution : Poker Production ; réf : POK 1009)

 

 

MALCOLM BRAFF, pianiste helvète né à Rio de Janeiro, vient de former un nouveau trio dans lequel jouent Reggie Washington à la basse électrique et le jeune batteur autrichien  Lukas Koenig pour une musique privilégiant de forts accents rythmiques proches d’un Horace Siver et d’un Abdullah Ibrahim combinés à une simplicité mélodique un peu trop répétitive (éviter la plage 1 à cause de la chanteuse !).

On reste quand même un peu sur sa faim avant la fin.

CD Inside (enja ENJ-9573 2)

 

 

Dans la génération plutôt fournie en nouvelles vocalistes, remarquons la présence de RAPHAËLE ATLAN, élégante pianiste et compositrice, voix agréable, diction parfaite, accompagnement et production irréprochables de la paire Charlier/Sourisse. A distinguer une version personnelle et très émouvante du thème de Wayne Shorter,  When You Dream.

CD Raphaëlle Atlan (Gemini Records GR 1107)

 

©  Jacques Chesnel

 

 

 

 

 

 

 

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22/10/2011

CHRONIQUE CD / DIEGO IMBERT

 

                                                      Next Move

                                       (Such Prod / Harmonia Mundy)

 

A l’instar d’illustres prédécesseurs, Diego Imbert est un contrebassiste très sollicité, apprécié qu’il est pour les qualités multiples qu’on lui connait notamment sa polyvalence et son aisance dans tous les styles. C’est également un compositeur singulier à l’univers au charme poétique remarqué dans son précédent disque A l’ombre du saule pleureur.

Pour ce nouvel opus, il réunit les mêmes musiciens, quartette sans piano, dans la ligne de prestigieux prédécesseurs tels Chet Baker/Gerry Mulligan et, plus particulièrement cette fois, Don Cherry/Gato Barbieri (le quartette de Complete Communion) au cours de ces treize plages retraçant et retranscrivant les impressions, sensations, fragrances  et saveurs recueillies lors de ses voyages réels ou fantasmés.

Ce que l’on retient en premier : cette discrète et délicate respiration intérieure que la parfaite complétude des souffleurs et de la rythmique rend parfaitement au cours de la totalité du contenu mélodique introduit dans chaque composition par quelques notes ajustées du contrebassiste ; ensuite cette détermination à favoriser les unissons bugle/saxophone ténor par rapports aux solos (la sonorité aérienne d’Alex Tassel en opposition à celle charnue de David El-Malek), ce qui confère un climat où le feu couve en permanence comme dans cette sorte de poursuite (de « chase » aussi) de la plage 4 ainsi que dans l’agitation propre à la Fitth Avenue… ou bien encore cette rêverie brumeuse dans November’s Rain où les sonorités des cuivres semblent s’évanouir en un frémissant halo. La complicité Imbert/Agulhon fait (une fois de plus) merveille : alias la sonorité et le drive d’un Pierre Michelot,  la tempête permanente d’un Elvin Jones.

Employons, pour résumer ce disque, un mot d’hier pour une musique d’aujourd’hui : ÉPATANT !

 

©  Jacques Chesnel

 

Alexandre Tassel (bu), David El-Malek (ts), Diego Imbert (cb, comp), Franck Agulhon (dm). Enregistrement : février 2011

NextMove.jpg                

              

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