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02/09/2013

CHRONIQUE CD

 

PING MACHINE / ENCORE Live au Petit Faucheux

L’orchestre : Bastien Ballaz (tb), Stephan Caracci (vib, perc), Guillaume Christophel (bs & bcl), Andrew Crocker (tp), Jean-Michel Couchet (ss,as), Fabien Bellefontaine (as,cl, fl),Florent Dupuit (ts, fl afl, piccolo), Quentin Ghomari (tp, fgl), Didier Havet (btb, tu), Paul Lay (fender rhodes & minimoog), Rafael Koerner (dm), Frédéric Maurin (g, minimoog, comp, dir), Fabien Norbert (tp, piccolo tp, fgl), Raphael Schwab (b), Julien Soro (ts & cl)

Les titres : ENCORE (4 parties, 32’), GRRR (13’), TRONA (3 parties, 25’)

Enregistrement live les 22 & 23/03/2013 au Petit Faucheux à Tours

CD Neuklang NCD4072 (distr. Codaex)

. Avant-propos :

Je me souviens toujours de cette réplique de Robert Le Vigan, jouant Michel Krauss le peintre halluciné dans « Le Quai des Brumes » film de Marcel Carné : « je peins malgré moi les choses derrière les choses ». Cette phrase m’est revenue en écoutant la musique de PING MACHINE (Des Trucs Pareils et Encore) et je la transpose ainsi : « Cet orchestre traduit la musique derrière la musique… dedans et au-delà ».

Après la forte secousse émotionnelle ressentie à l’écoute du précédent enregistrement Des trucs pareils (saisissement/ravissement), nous attendions la suite avec quelque impatience et curiosité, comment le grand sorcier des sons, Fred Maurin, et sa joyeuse bande d’allumés allaient-ils se renouveler avec cette impudence, cette témérité, voire ce toupet qui nous avait comblé ? ; réponse : le changement dans la continuité, la persistance dans l’évolution. Il y a dans cette organisation des sons une magie qui opère différemment dans chaque morceau tout en demeurant dans un ensemble tout à fait cohérent, homogène. En plus des influences avouées et affichées ( patchwork de Stravinski à Zappa en passant par Messiaen et Gil Evans) on note une forme opératique proche du Richard Strauss de Salomé et de Elektra, comme, notamment, dans la suite ENCORE : cette impression que la musique se cherche, que les sons furètent en longs cheminements avant de s’organiser et avant que n’arrive le premier embrasement suivi d’un solo furioso de Julien Soro au saxophone-ténor dans la première partie, la seconde étant plus méditative ponctuée de quelques hachures et de la vibrante et passionnante intervention du trompettiste Quentin Ghomari sous les coups de cravache de ce batteur qui porte et transporte l’orchestre, Rafael Koerner ; troisième partie dans laquelle tourbillons et cataclysme  s’opposent  (contrastes) au calme aérien et gracile du vibraphone avant que, au final, l’apothéose se manifeste dans un maelstrom de sonorités et figures rythmiques et subtilités harmoniques d’une grande richesse et qui s’achève en chuintements et bruissements raffinés.

Le petit miracle se poursuit (miracle, oui, car il y a dans cette musique une sorte de « merveille » au sens de : qui suscite l’admiration) comme l’a bien ressentie l’auditoire présent avec une courte pièce GRRR, sorte de mini-concerto pour un saxophone baryton (soliste : Guillaume Christophel) parfois grondant, souvent vociférant, toujours virulent environné des volutes rythmiques décalées, désarticulées, zébrées de l’orchestre.

TRONA : la musique d’un « apocalypse now » par un Bernard Herrmann d’aujourd’hui avec un solo de guitare de Fred Maurin à la fois sidérale et sidérant provoquant sidération, la sarabande tourmentée se poursuivant avec l’intervention de Jean-Michel Couchet au saxophone soprano avant que ne s’achève cet épisode méphistophélique dans un climat apaisé, une sérénité retrouvée grâce au solo de flûte dû à Florent Dupuit.

Conclusion :

PING MACHINE est ce qu’il y a de plus novateur, d’intrigant, d’emballant, de bandant par son écriture subtilement agencée ainsi que son éclatante créativité/fécondité dans le domaine du grand orchestre aujourd’hui… et on ne peut que s’en réjouir, grandement, en attendant la suite.


©  Jacques Chesnel  

17:37 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Alors, là, oui : c'est du grand Jacques Chesnel ! Quelle belles écoute et façon de l'écrire. Chaque instrument est approché avec finesse. Merci. Dans ce domaine - du jazz- peu vous égalent.

Écrit par : christiane | 02/09/2013

Les commentaires sont fermés.