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08/05/2017

LE JOUR D’APRÈS

                                                     

Après le jour sans…

le jour d’après n’est pas forcément le jour suivant, on peut même sauter plusieurs jours d’un seul coup comme cela hop hop hope, ou bien ça redémarre fort ou bien ya du retard à l’allumage, de toute façon il reste des traces qu’on s’efforce d’ignorer, des fossés qu’on s’ingénie à combler, de la pente raffarienne à remonter (en rigolant car comme rigolo celui-là !)), quand c’est fini nini ça recommence ou c’est reparti titi mon kiki, le coup de barre a sauté, l’obstacle inconnu est levé, les vieux clichés ressortent, cette fois les feuilles des arbres tombent irrémédiablement et la cour de l’école est muette mais j’ai mémorisé les cris et les signaux alors tout est revenu comme avant, à la boulangerie ya une nouvelle qui fait la gueule enfarinée le pain n’en est que meilleur allez savoir pourquoi, j’ai des mains toutes neuves, les ongles coupés les doigts courent plus vite sur le clavier hop hop hope, avec le changement d’heure c’est aussi le renouvellement des heurts, la litanie des récriminations, les bouleversements renversants et les renversements bouleversants, farces et attrapes, soties des sots sortis du lot, sottises des mots sortis des plus sots, mon ficus benjamina a repris de la vigueur et me réconforte dans sa conformité en petit comité des plantes plus grasses les unes que les autres qui poussent sans rien demander qu’un peu d’eau comme une aumône, j’ai revu le film de Truffaut L’homme qui aimait les femmes avec l’inégalable Charles Denner, acteur que je vénère, je suis content de ne pas être le seul, ça me fait une belle jambe comme celles qui défilent dans le film mais qui ne sont pas aussi belles que celles de l’amour de ma vie, les livres de mes auteurs adulés me font de nouveaux signes, j’accours, me voilà enfin, je bois un verre avec Ernest, je danse le charleston avec Zelda sous le regard fiévreux de Scott, je déambule dans Buenos-Aires et dans Paris avec Julio, je discute de Reflets dans un œil d’or en compagnie de Carson et de Reeves, les photos des êtres aimés ont repris de belles couleurs, je vais consulter mes blogs favoris où je rencontre toujours les mêmes accros à des sujets futiles ou nécessaires, ça ergote et chipote, jugeote et parlote, on se prend tous pour quelqu’un (ou alors on essaie), d’autres pour ce qu’ils ne sont pas ou si peu ou plus du tout, c’est le jeu dans le domaine du je, avec parfois de la condescendance quand ce n’est pas de la descendance de cons, d’égos sans égaux, de fausse importance, d’importants faiseurs ou d’importuns faussaires, étalage de savoir, commérages de salon, gonflements de biceps, élucucubrations du cerveau, vitrines au vitriol ou épandage de mièvreries, je participe à tout cela sans état d’âme avec parfois mauvais esprit, j’en prends aussi plein la poire et fais le compte de mes amis hop hop hope… tiens le téléphone sonne allo oui qui ? c’est moi je ne suis pas là pour l’instant merci de rappeler plus tôt ou hier merci hihihi, j’ai envie de rire ça faisait longtemps trop, maintenant c’est Monk le grand Moine qui m’intime d’écouter Kubic’s Monk le nouveau CD du saxophoniste alto Pierrick Pédron, je jubile, le remets en boucle, un petit miracle de (re)création et de de récréation, aujourd’hui la saint Narcisse je vais aller me mirer dans la glace voir si je me reconnais depuis le temps, dehors les nuages font la course, l’un deux fait un gros pet et voilà une giboulée en goguette hop hop hope, je pense alors à Django le romanichel génial et aux soucis de sa communauté toujours persécutée quelle honte que faire ? merde, va falloir que j’achète un nouveau flacon d’Eau Sauvage, Iris s’est changée en tourterelle ça me plait autant, Bill Evans me refait le coup de Never let me go et cette fois je jubile, les fourmis sortent enfin de ma jambe gauche, toute une colonie galopante… bon c’est pas tout ça faut se remettre au boulot pasque comme dit l’autre ça commence à bien faire… mais putain que ça fait du bien de pouvoir sortir par la grande porte, enfin.

12:51 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

24/03/2017

TOUS A LA MANIF’

                              

- ya un de ces mondes, on est serrés comme dans un bocal de sardines

- un bocal qui prend l’eau avec ce qu’il flotte en plusse

- ceusse qui nous traitent de feignants voient pas tout le courage qu’on a à manifester sous les trombes

- pardi, sauf que les députés braillent au chaud et que les sénateurs somnolent et que nous une deux une deux

- yen a un qui me souffle dans les oreilles avec sa vuvucellelà, oh ! pas si fort, je peux pas crier moi, non mais oooh ! heureusement qu’on a nos nos pancartes, Maurice a passé toute sa nuit à cause des fautes d’ortografe, il arrivait pas à écrire Weurte comme ça s’prononce écclésiastique qu’il disait en ricanant

- le mien il a trouvé une espression sur sa pancarte que j’aime bien les jeunes au turbin, les vieux au jardin, sauf que notre gars il est jardinier et que son père travaille justement dans les turbines, alors

- écoutez le type en pantalon moul-burnes là, il gueule libérez nos camarades alors qu’y encore personne d’arrêter à c’qu’on dit mais ça va pas tarder vu la flicaille

-y paraît que Fillon est devant son poste et qu’y compte les manifestants un à un à cause des sondages du lendemain qui sont contradictoiriens

- ben oui, à TF1, 100.000, dans Le Figaro 200.000, à la police 500.000 donc total on est au moins 2.000.000

- vous croyez qu’elle est là ?

- qui ?

- ben, Ségo quoi

- y paraît qu’elle est avec Villepain en tête-à-tête devant

- noon ? il sont ensemble ? je voyais bien qu’yavait anguille sous cloche, keskil est beau et elle avec ses tullenippes toujours classe chic

- c’est vrai qu’ça pourrait faire un beau couple de président, il est plus maigre que l’ancien, celui qu’elle a largué qu’a un nom de frometon qui depuis s’est fait maigrir décidément… la retraite a soixante ans, la retraite- a- soixante- ans- quand- on- a- encore – toutes – nos - dents… il a un côté aristocritique pour un président tandis que l’autre petit qui piaffe toujours et elle avec ses yeux qui patillent de concupuissance

- ça al’air de bloquer maint’nant, je commence à avoir les arpions en compote, j’irais bien m’asseoir un peu… allons bon, v’la que ça redémarre… libérez nos… qu’est-ce que j’raconte moi…

- avec Maurice, on compte plus nos manifs depuis le temps, les plus belles c’est en 68 pasqu’on était jeune pour la première fois et en 95 surtout, la tronche au crâneur chauve euh comment qu’y s’appelle déjà, lui avec ses jupettes, allez hop !, éjecté, qu’est-ce qu’on attend, on va finir comme des couilles molles à la fin

- et vot’ copine la Jeanine des PTT, que Robert écrit pets tétés en se marrant, où qu’alle est ?

- au premier rang, esmet toujours avec les cadres, les huiles, BHL monsiegneur Gagaillot et tout le gratin pasque elle est déléguée de la cégété

- ça fait une belle tambouille tout ça mais heureusement qu’on les a, c’est pas par les gugusses du mouvement populaire à deux balles qu’on serait défendutes

- mouvement populaire mon cul, faut être gonflé comme le gros Bertrand pour appeler ça comme ça pour faire plaisir à Sarko et au Médaife de la petite Parigote

- oh !, celle-là je peux pas la blairer, tiens : Parigote – au - poteau, Parigote- au – poteau - les – ouvriers – auront - ta peau

-comme vous y allez, moi je regrette le temps d’Arlette, ça c’était de la contestation, du vrai, maintenant on dirait de la révolution-camomille

- à propos de camomille, si on stoppait devant ce bistro pour se reposer un peu et se taper une p’tite verveine

- d’accord, c’est qu’on a encore du chemin à faire jusqu’à la fin du cortège la retraite pour tous à soixante ans quand on a encore nos dents, la retraite…

                              

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07/03/2017

LE DERNIER SMS

 

Lorsque il reçut ce SMS, Jérôme, surpris, le relut plusieurs fois avant de l’effacer rageusement : « j’aime ça, toi aussi ; alors ? », il n’y avait que « anonyme » comme signal d’envoyeur. Tout de suite il pensa à une blague des copains du bureau qui aiment bien le chambrer comme petit nouveau, bon les mecs ça va on rigole ahahah et puis quoi. Quelques jours plus tard, le deuxième : « j’aime vraiment ça, toi aussi, je le sais ». Les copains jurent c’est pas nous, mon vieux, t’as un ticket d’appel quelque part hihihi. Jérôme pensait aussi que c’était à caractère sexuel, pas le genre de Muriel, à moins que… Il se rappela ensuite du sourire prometteur de la nouvelle stagiaire du service juridique qui, dans le local de la photocopieuse, lui avait généreusement montré son décolleté jusqu’à la pointe des seins et en se baissant qu’elle portait un string noir sous sa minijupe rose fluo, alors peut-être que… Des envois d’anciennes copines, des vengeances de flirts mal terminés, jeu d’inconnues déséquilibrées et/ou désœuvrées ???. Il avait vu dans un journal des petites annonces de femmes cherchant des aventures, même des couples en demandes d’échangisme, des propositions de backrooms, une nouvelle technique pour les prostituées depuis les récents décrets et la pénalisation des clients on n’arrête pas le progrès avec internet, les réseaux dits sociaux pour le meilleur et aussi pour le pire, il y avait aussi ce qu’on appelle pompeusement le bread crumbing ou la conversation virtuelle sporadique qui marche très bien chez les ados branchés ou les vieux cons vicelards en recherche de polissonneries diversement corsées…

 

Quelques jours après, après d’être cru définitivement à l’abri de suites intempestives, il reçut un nouveau message : « puisque tu aimes ça, c’est reparti ». Il commença alors à s’inquiéter de cet acharnement redoutant d’hypothétiques complications mais lesquelles ?. Il se confia alors à Antoine, son meilleur copain du moment, « ne te tracasse pas lui répondit celui-ci, j’en ai reçu aussi tout plein, on va voir cela avec un pote calé en informatique pour trouver la provenance », qui, désolé, n’apporta rien de concret, que des suppositions déjà émises… quand il reçut, enfin, le dernier SMS :

« Toi, qui a aimé L’homme Irrationnel et Cafe Society, réjouis-toi, le nouveau film de Woody Allen avec Kate Winslet et Justin Timberlake sortira sur les écrans français à l’automne prochain »

 

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20/02/2017

CHUCHOTIS & GLOUSSEMENTS

        

C’est vraiment pas d’chance ; je me faisais une telle joie de voir ce film, j’en avais eu tellement envie après tout ce que j’avais entendu beaucoup de bien par les amis par la critique et les critiques des amis… et paf !. On était pas beaucoup ce soir là, une petite vingtaine dans la petite salle du complexe, je m’installe au dernier rang dans le fond où on peut encore allonger ses jambes ce qui devient de plus en plus difficile, je suis tout seul quand arrivent deux dames d’un certain âge certain qui s’assoient à deux fauteuils du mien et qui papotent aimablement en attendant le film.

Quand celui-ci débute tiens ils mettent les titres au début aujourd’hui – gloussements - je préfère quand c’est à la fin on peut partir tout de suite plus vite – gloussements - oh vous avez vu l’actrice celle-là il paraît qu’elle va encore divorcer pour la quatrième fois on peut pas la retenir elle saute sur tout c’qui bouge - gloussements - bon ça commence enfin c’est long tout ces panygériques - gloussements - génériques pasqui faut tout mettre dedans même l’assistant de la cuisinière ça aime bien bouffer les acteurs tenez Depardieu il grossit il maigrit il fait le yoyo - gloussements - vous trouvez pas la sono un peu forte on n’est pas sourde quand même ou bien c’est moi qui - gloussements - tiens le v’la encore lui on le voit partout depuis qu’il est mort il avait pas un peu grossi et sa cravate est même pas droite et la scrite elle fait pas attention - gloussements - ça démarre pas terrible non ? pour un film d’action ça stagne un peu et puis sur la table on voit pas c’qu’il boit ah si on cache plus les marques maintenant on fait de la pub sans en avoir l’air et dans la cuisine quel bordel ils ont pas de femme de ménage ? – gloussements - faut qu’on parle moins fort car le monsieur à côté fait des signes si on peut plus dire ce qu’on pense bon ils s’embrassent déjà au bout de dix minutes avec sa nouvelle coiffure elle a oublié les bigoudis - gloussements - vous aimez mieux les films français vous moi j’aime bien les italiens avec Mastrozanini ce qu’il était beau et la Claudia Cardinal quelle classe ils étaient pas ensemble non ? elle on a dit qu’avec Chichi il lui fallait plus de trois minutes douche comprise - gloussements - oh il m’a fait peur en entrant comme ça sans frapper avec l’air mauvais il joue bien ces rôles comme dans j’me rappelle plus le titre avec vous voyez aaah zut le petit Tom machin qu’a un nom de porto là heu Crouze - gloussements - faut que je retire ma veste il fait trop chaud avec la clim’ bon la scène tire un peu en largeur ils ont dû encore faire plusieurs crises - gloussements - pas crises prises comme pour la Carlita avec Woudi Alienne il en a fallu trente-cinq que le Sarko il fulminait pasqu’elle embrassait tout le temps trop son partenaire avec les flachebols des photographes - gloussements - ben quoi on parle pas trop fort monsieur on peut dire c’qu’on veut on est pas à la messe ici on a payé nos places - gloussements - et puis ce gars devant qui bouge tout l’temps… elle est toujours aussi jolie et toujours aussi mal fagotée not’ vedette ou alors ils avaient pas de quoi honorer la costumière de toutes façons c’est pas des chaussures pour prendre l’avion - gloussements plus rire moins étouffé - j’aime bien les films en costumes de l’époque qu’on sait jamais laquelle avec leurs perruques ma fille dit que c’est pour les vieux mais j’aimais déjà quand j’étais plus jeune ça dépaysait plus – gloussements - allons voilà que ça vire au polar dans l’aréoplane c’est pas ce qu’était indiqué sur le prospectus yen a marre des coups de flingue je préfère quand ils s’embrassent mais sans qu’ils couchent pasque là aussi yen a tout le temps à tout bout de champ n’importe où il paraît qu’il mettent pas la langue que c’est des bisous de cinéma allez savoir si les types ils en profitent pas pour faire des dons d’orgasme… yen a un dans un film tout est parti dans son pantalon qu’il avait pas eu le temps d’enlever pendant l’acte stimulé – gloussements - p’tête que les bonnes femmes aiment ça Lino il voulait pas coucher ni embrasser il avait d’la morale lui tandis que maintenant - gloussements - allons bon l’hôtesse de l’air a le mal de mer et le commandant de bord cause dans l’poste je m’en doutais qu’ils nous feraient le coup de l’occident – gloussements - l’accident… nan ça s’arrange dans le scénario… qui qu’vous pensez de Georges Cloné moi j’trouve qu’il arrive pas à la cheville de Gary Grant…vous vous rappelez La Mort au Frousse d’Albert Hitechoque… ah ! le monsieur d’à côté redouble de chuuut s’il est pas content il a qu’a partir rien n’en l’empêche - gloussements - il dit qu’il va appeler l’ouvreuse mais ya pus d’ouvreuse cher monsieur c’est comme pour les caissières on les remplace pas ou alors par des scanairs hihihi - gloussements - l’action traîne en longueur avec ces scènes courtes j’me demande ce que les critiques ont trouvé de bien au masque et à la plume où ils s’engueulent que c’est bidonnant vous vous rappelez Jean-Louis Borisse comme il y allait quand ça lui plaisait pas souvent ya plus de gars comme lui maintenant ils s‘écoutent parler ou ils écrivent à la solde des grandes frimes – gloussements - firmes oh yen a core des intègres tenez comment qui s’appelle le gros là dans la revue catomachin là - gloussements - allons bon ! c’est déjà la fin c’était pourtant annoncé une heure et demie ya tromperie sur la marchandise au fait c’était quoi l’intrigue générale de ce film pas très fofolichon ? - gloussements de fin ; la salle s’éclaire ; les mémés me toisent de haut.

 

Il faudra bien que je retourne voir ce film, le vrai.

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02/02/2017

NICÉPHORE RUTABAGA, Grand Couturier

       

Lorsque Jérôme prit connaissance du nom du grand couturier par l’intermédiairedes copines de Muriel, il voulut en savoir un peu plus…

Né à Buenos-Aires, fils unique de Luis-Miguel Ortega de Castro y Rutabaga etIciar Martinez, il eut une enfance d’abord studieuse, puis se dispersa à sonadolescence lorsqu’il découvrit le cinéma, le tango, le jazz et surtout lalittérature grâce à son père diplomate et ami de Julio Cortazar, José-LuisBorges et d’Adolfo Bioy Casares. Il se mit à tout lire, tout écouter de Carlos Gardel au free jazz surtout Archie Shepp, tout voir de Buñuel et Welles àGodard et Bergman, ah ! Harriett Henderson. Quand sa famille s’exila à Paris, il continua sa « dissipation » comme disait Luis-Miguel sous le tendre regard d’Iciar qui se mit alors à fréquenter les défilés des collections des grandscouturiers de l’époque avec une préférence pour Balenciaga, le basque génial.

C’est à ce moment que Nicéphore (prénom attribué en hommage à Niepce dontson père admirateur avait honoré la mémoire à l’ambassade de France à B-A) fut surtout littéralement emballé quand il vit à la cinémathèque le film de Jacques Becker « Falbalas » avec Raymond Rouleau et la craquante Micheline Presle, choc absolu : décision irrémédiable, il allait être créateur de mode ; à cette annonce, sa mère s’évanouit et remercia le seigneur d’avoir exaucé un vœu secret, le papa haussant les épaules il ne manquait plus que cela coño de mierda, (l’équivalent en français de bordel de merde) d’ici qu’il nous tourne inverti.

 

Dans une chambre de bonne, Nicéphore commença à dessiner comme un fou puis se mit à assembler tous les morceaux de tissu qu’il pouvait trouver/glaner, et les disposant/assemblant sur d’imposants croquis, il devenait comme fou de travail cependant encouragé par Iciar littéralement bluffée ; elle se mit à enparler à des amies dont l’une lui trouva un stage chez le jeune Hubert de Givenchy, une autre chez Pierre Cardin où là il sut qu’il pourrait devenir quelqu’un dans le milieu jusqu’à sa rencontre avec le basque génial Cristobal Balenciaga deux ans avant que le Maître se retire, fatigué. Cristobal fut impressionné par les combinaisons de formes et couleurs proposées par ce Nico, il ne pouvait pas prononcer son prénom, Nico, c’est bien, Nico c’est mieux, Nico guapo Nico tonto, disait-il affectueusement tou vas être oune grande si tou continoues comme ça hombre !. Nico décide alors de créer sa propre maison, ce qui lui fut facilité par les « connaissances » influentes de ses parents ; il s’installe rue St-Honoré, recrute et au bout de deux ans le succès est foudroyant, créant des jalousies dans ce petit monde fermé. Il n’en a cure car, comme on dit, Paris est maintenant à ses pieds et il chausse du 47.

 

Jérôme, de plus en plus curieux, apprit que Nicéphore était un grand séducteur amateur de femmes contrairement à beaucoup de ses confrères, ses conquêtes parmi les petites mains du cousu main et clientes huppées pépées connues du grand monde furent innombrables alors que, sur le tard, Luis-Miguel, devenu coquin, découvrait de plus en plus de charmes aux assistants qu’il trouvait si mignons, provoquant quelques petits scandales vite étouffés mais n’échappant pas aux ragots qui faillirent nuire à la réputation désormais internationale de la maison. C’est en allant récupérer le papa Luis-Miguel en compagnie de travelos brésiliens dans une boite gay mal famée que Nicéphore rencontra deux ravissantes fliquettes, les fameuses Ava et Eva dont il tomba immédiatement raide dingue et qui devinrent par la suite ses modèles préférés, des mannequins vedettes connues mondialement, devenues des copines à Jérôme entre temps,comme quoi…

 

Si cette histoire vous semble un peu tirée par les cheveux sur la soupe, demandez donc à Muriel Branlon-Lagarde, rien que pour voir… ou bien allez auprochain défilé du Nico mon coco, on en parle déjà comme le grand événement de cette année, pensez à réserver vos places, il y aura du monde, rien que pour voir... ou être vu.

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17/01/2017

FABLE D’UN JOUR… ET DE TOUJOURS ?

              

Jusqu’à hier on les supportait dans le village malgré leurs airs arrogants et leur

prétention de tout savoir sur tout et sur tous. Les anciens, ceux qui n’avaient

pas leur langue dans la poche de leur pantalon en velours côtelé façon Woody

avaient trouvé, au cours d’une soirée arrosé à la maison du populo, des

surnoms qui leur allaient comme des gants de crins dans une main de

velouté au jasmin : Éclopé et Troufignon. Toute l’assistance avait applaudi et

avait fait des pronostics sur les appellations d’autres gars du même acabit de

cheval : un Basdufront, un Torpédo, un Lou Ravi, un Tire-Bouchon, une La

grosse Tata, un petit Kaka, une Usetancils dite aussi L’essuie-glaces, un

Grandadais, sans compter le plus rigolo d’entre tous le Microbe, leur chef

perché sur ses échasses de sept lieux et plus. Toute cette petite bande s’était

mise à vouloir tout régenter dans la commune au grand dam de Flamby qu’avait

réussi à devenir notre maire qui se débattait tant bien que mâle avec toutes les

problèmes du village et dieu sait si y’en avait. Et pis v’latypas que les gars

Éclopé et Troufignon ont voulu prendre le gouvernail et cela a abouti à la foire

d’empoigne avec manèges, tir aux pigeons, chenillettes et balançoires,

chamboule-tout et attrape-couillons. Le bras droit de l’extrême du gars Éclopé,

le Basdufront, un jacobin, avait mis de l’huile sur le feu qui n’attendant que ça

pour s’enflammer et hop c’était parti. Pendant ce temps Flamby devait faire face

à une troupe rameutée par notre curé l’abbé Cassetoi-Povcon qui voulait pas

que les gars se marient avec d’autres gars comme les filles avec d’autres filles,

ces gens-là coincé du bulbe et d’la quéquette ne trouvaient pas cela très gai

contre l’avis de la majorité pourtant bien-pensante et de notre chaisière qu’allait

pouvoir prendre son pied enfin avec la boulangère qu’on appelait Marcel à

cause de son sempiternel tricot de peau en pure laine de vierge. Au cours des

manifs les anciens se rinçaient les yeux avec les nénettes qui leur mettait les

nichons sous leurs nez et ils en redemandaient. Les choses allèrent de pire en

pis (tant pis) et les gugusses en arrivèrent presqu’aux mains qu’ils avaient

oublié de laver, alors vous pensez !. Les autres, ceussent de la communauté de

commune, commencèrent à ruer dans les brancards de nos charrettes et

menacèrent de couper les vivres autrement dit les subventions pour subvenir à

nos fins, nos faims et tout le toutim. Si bien qu’on renvoya dosàdos Éclopé et

Troufignon dont plus personne ne voulait entendre parler à Montorgueil sur

Burnes et partout ailleurs d’ailleurs Les anciens, à l’apéro cantonal et paroissial,

trouvèrent que les plaisanteries les plus courtes étaient de toute façon les moins

longues, alors ils levèrent leurs verres à leur propre santé qui était fort bonne et

leurs doigts d’honneur brandis bien raides. Oh, ya bien eu un p’tit râleur du

genre ratichon échevelé et biberonnant qui s’époumona cinq minutes mais avec

un bon coup de pied au derrière qu’il a gros, il fut vite remis à sa place, derrière

le cimetière pas loin du troupeau des dindes de droite extrême qui prolifèrent

outrageusement.

Moralité : à force de vouloir tout chambarder, on se retrouve cul par-dessus tête,

et le nez dans l’purin, enfin !

 

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06/01/2017

LE TRIPLE A

 

- alors comme ça, vot’ mari donne des bons points et donne des notes comme toutes ces agences de contagion qui prolifèrent et font la loi sur tout c’qui bouge

- ça l’a pris comme ça tout d’un coup, faut pas oublier qu’avant la retraite il était comptable compatible, que les copains rigolaient hé Momo qu’est-ce qui faut pour faire un bon comptable, hein ?, ben une table et un con, mon vieux Momo

- ah ah ah, quelle note il vous donne, ma chère Ginette, des chiffres ou des lettres comme sur Souffrance 2 ?

- il est encore dans les habitudes de l’école primaire avec des bons points notés sur 10, mais il va se mettre à la page avec l’ordinateur que les gamins lui ont offert pour son départ de l’usine

- ah ah ah, il se met à l’informatique maintenant, que moi j’y ai renoncé pasqu’on s’y perd avec tous ces boutons et les manettes

- pas du tout, Maurice s’est mis aux lettres comme Maudize et Standard et Scie ; j’ai écopé d’un triple A pour mes tripes à la mode de Caen : Agréable, Astucieux, Appétissant soit le maximum AAA, de même pour mes tenues vestimentaires que je porte : Affriolant pour les nuisettes, Accrochant pour les porte-jarretellles, Amusant pour les vondairbras transparents, encore AAA, et pour les soins que je lui prodige quand il est malade : Apaisant pour les ventouses, Avalisant pour les cachets, Ah nom de dieu pour les piquouses, tenez aussi le triple A pour Argent, Avoine et Artiche pasque je gère bien notre budget

- ah ah ah, il a la cotation généreuse vot’ mari, le mien il rechigne sur tout, il est jamais content même quand c’est bien surtout

- oh attention, il est sévère parfois, juste quand y faut c’qui faut, pour l’école de petits-enfants il va jusqu’au D il est sévère pour le calcul et les fautes d’ortografe comme j’en fais moi souvent alors là D moi direct quand c’est pas carrément E

- ah ah ah, va falloir que j’en parle à Léon de toutes formules pour pimenter notre existence qu’est bien fade avec toutes ces restrictions qu’on s’demande où qu’on va droit dans l’mur

- sans compter pour les injures qu’il en connaît un rayon aux galeries farfouille, Andouille, Apostat que je me demande où il va chercher ça, Ankylosé du bulbe que celle-là me fait rire, Maurice il a tellement de ressource à la rescousse

- ah ah ah Ginette, je pense que vous devez bien vous amuser les soirs à la veillée avec tout ça, et pour le batifolage indispensable pour la santé ?, dites-moi

 -il a plein de plans mais pas de plan B ou autre pour l’instant, rien que du A : Aléatoire ou Ailleurs, Amène tes Abattis, Attrape-là et tiens la bien, Arpente en douceur, Arrime-toi à la barre, Alternance et Alternatives, rien que du solide, pas d’Atermoiements ni d’Amortis mais plus si Affinités, mais il en a dans la musette comme dit le p’tit gars Baroin

- il faut vraiment qu’j’en parle à Léon

- faut vous dépêcher pasque ils vont bientôt tout dégrader comme chez les Grecs qui sont partis se faire voir chez eux, les Portugaises qu’ont pus de poils sous les bras et les Espagnols qui chantent plus aïe aïe aïe…alors on verra avec les autres lettres, B comme Baise, C comme Cul, D comme débauche, ça va pas tarder sur l’arrière-train de la bergère et là on va s’marrer, enfin j’sais pas si

- not’ président va encore baisser lui qu’est déjà pas très haut malgré ses rehausseurs, on va tâcher de remonter la pente à Raffarin qu’est forte… si on buvait un p’tit quèque chose, Ginette

- on a intérêt, ça vous change la vie un moment et ça fait pas d’mal par où ça passe…un p’tit coup d’jAjAjA avant la chute ?

  • A vot’ santé !            

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28/12/2016

ATTENTION A LA MARCHE

 

Jérôme aimait beaucoup se poser les questions que personne ne lui posait et qu’il aurait tellement aimé qu’on lui pose.

C’est toujours le cas aujourd’hui, cependant les matières à discussions ont évolué avec le temps ; le temps justement parlons-en, il ne s’agit pas du temps-météo (le temps qu’il fait, tiens ! ce matin ça caille) mais du temps-durée, l’espace-temps (je n’ai jamais le temps), la mesure du temps (celui qu’on perd toujours), la marche du temps… tiens la marche justement : « élément plat et horizontal d’un escalier, sur lequel on pose le pied pour monter ou pour descendre » lit-on dans un dico… donc, la marche est un module sur lequel on peut monter, faire un premier pas vers l’avenir ou re/descendre sur le passé, pensait Jérôme. Oui, mais alors quid de la première et de la dernière marche ?, méditait Muriel, d’où la notion du temps qu’on met à réfléchir, de l’interrogation, du choix, on y revient toujours. Et aussi, pourquoi se dirigeait-on vers le futur et retournons-nous vers le passé ? pourquoi pas se retourner sur le futur ? et aussi donner du temps au temps sans aucun espoir de le reprendre, marche inexorable malgré les efforts désespérés pour le suspendre, ah ! le temps suspendu, cette seconde du présent fugitif où l’on n’est pas encore dans le futur mais où on est si peu éloigné du passé inexorable mais que nos souvenirs peuvent rendre malléables, enrichis ou déformés, embellis ou massacrés volontairement ou inconsciemment tels qu’ils peuvent apparaître dans les songes, dans les rêves ou les cauchemars. Jérôme pensait à cette phrase de Gustave Flaubert : « l’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour cela que le présent nous échappe », ce à quoi Muriel répondait par une autre citation, celle de Raymond Aron: « Connaître le passé est une manière de s’en libérer » ou cette affirmation du grand-père Antoine : « il n’y a pas de vrais souvenirs, on n’arrête pas de les modifier ».

Et Jérôme se mit à raconter l’histoire de la voiture.

En allant un soir à un concert, ils tournaient en rond depuis dix minutes quand Muriel s’écrie : là, là, Jérôme, juste une place ; ils y garent la voiture faisant les quelques centaines de mètres à pied pour rejoindre la salle. Formidable concert de Marcus Miller, pots et discussions avec des amis tous emballés et retour à la voiture… tu es certain que c’était là ? car à la place de la Golf noire se trouve bien une Golf mais rouge… avec les bonnes plaques d’immatriculation et le bon warning, donc c’est bien notre voiture mais devenue rouge… dans laquelle nous sommes rentrés chez nous.

Jérôme avait toujours désiré une Golf et au moment de la choisir il y avait eu discussion sur la couleur car il s’était vu plusieurs fois dans une auto de cette couleur en pilote de rallye ; de son côté Muriel avait rêvé conduire souvent une Golf tout en roulant dans sa vieille Clio noire qu’elle trouvait poussive. Qui vous dit alors que les souvenirs réels ou supposés ne sont pas pures constructions de votre esprit, produits de votre imagination et quand on connaît celles de nos tourtereaux tout est possible.

Le lendemain matin, à la radio du réveil, Muriel et Jérôme entendirent cette information : cette nuit, accident dans une rue proche de l’Olympia, une Golf noire a été emboutie par un véhicule dont le conducteur avait perdu tout contrôle, le choc fut si violent que le jeune couple qui se trouvait dans la Golf a été tué sur le coup.

  • On s’en est pas trop mal sortis, dit Jérôme en déposant un baiser sur le front de sa compagne.

 

 

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07/12/2016

L’ATTIRANCE

 

Pendant qu’elle dormait paisiblement à côté de lui avec un léger ronflement qu’il trouvait plutôt amusant, Jérôme se demandait ce qu’il avait pu trouver à cette Muriel, sa compagne depuis maintenant si longtemps ou si peu. Il se posait la question de l’attirance, cette force qui l’avait conduit à jeter son dévolu sur cette fille qu’il trouvait jolie sans plus, pas très maligne sans plus, un peu maniérée sans plus mais avec tellement de, comment dire, charme, oui un charme fou à ses yeux, à ses oreilles (quelle voix !), à son cœur qui cognait comme un fou. Il avait donc ressenti un irrésistible attrait pour cette grande gigue un peu trop dégingandée, qui lui souriait gentiment pendant qu’il lui faisait des yeux qu’elle repéra si doux, ça commençait bien. Maintenant, elle se retournait brusquement en lui donnant un léger coup de pied dans ce lit étroit pour personne seule. Il eut subitement envie de lui embrasser ce peton dont il avait déjà fait plusieurs fois le tour avec jubilation (fétichisme du pied ?, tiens !). Pendant longtemps Jérôme avait fonctionné sur le physique uniquement et avait obtenu de bons résultats autant que de cinglants échecs lorsqu’il était passé à la vitesse supérieure : les goûts et le couleurs, les affinités exposées ou secrètes une fois la séduction évacuée. Il repensait à la liste assez impressionnante de ses aventures sans lendemains pas plus loin que la semaine en cours, sur tant de désirs assouvis ou refoulés. Et puis Muriel s’était pointée sans prévenir, par surprise, par effraction, avec le choc qui s’ensuivit, boum. Il croyait pourtant être blasé, aguerri et suffisant du genre on ne me le refera plus, j’ai déjà payé et basta. Tenez, prenons le cas de Claire que certains d‘entre vous ont bien connue, elle était bien plus jolie que Muriel, bien plus intelligente, bien plus drôle, bien plus que cela et pourtant… Jérôme avait tout entendu, tout lu sur l’art de la séduction et de la stratégie des grands séducteurs, sur la signification du baiser, le rituel érotique, l’embrasement et l’embrassement amoureux, sur les phéromones, la passion son labyrinthe ou ses méandres, tout, mais il ne comprenait toujours pas cette fascination subite qu’il avait eue pour la personne qui ronflait doucement à ses côtés, il avait ressenti comme un appel, un signe, un déclic, un flash immédiat, une attirance foudroyante et non contrôlable. Ses parents lui avaient raconté leur première rencontre semblable à la sienne, il admirait la durée de leur amour, cinquante ans de mariage, il s’étonnait de les voir s’embrasser souvent, c’était, disaient-ils, un des clés de leur bonheur perdurant, s’embrasser pour un oui pour un non pour rien pour tout, n’importe où n’importe quand n’importe. Il avait essayé avec Muriel, attention on nous regarde, oh ça va pas non, c’est pas le moment, arrêteueu, mais têtu il s’était entêté et maintenant elle en redemandait, alors il ne rechignait pas, il y allait de bon cœur, à cœur joie, la cœur à l’ouvrage, à vot’ bon cœur m’sieur dame, elle répondait la diablesse comme maintenant tandis qu’elle dormait ou somnolait, elle lui donna une petite tape de remerciement, elle se réfugia et se lova dans ses bras murmurant d’une voix ensommeillée encore encore Jérôme embrasse-moi encore, il est quelle heure déjà c’est pas vrai…

  • Chéri, j’ai rêvé ou tu étais en train de m’embrasser ?

Et que croyez- vous qu’il fît, que croyez-vous qu’ils firent, que croyez-vous qu’ils font,

là, tout de suite, maintenant…

 

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25/11/2016

LA COUGAR À CHAT

 

« Suzanne, qui se faisait appeler Susanna sur les sites de rencontres, portait allègrement sa quarantaine assumée (plus près de la moitié) et ne cachait pas son appétit pour les jeunes gens, beaux, virils et tout… depuis la disparition prématurée de son mari foudroyé par un cancer à cinquante ans. Elle n’avait aucune difficulté à se ravitailler en viande fraîche (pour employer une expression entendue chez les vieux grigous). Elle appréciait particulièrement (entre autres fantaisies avouables on non) se faire lutiner dans la luzerne les beaux soirs d’été ou shampouiner le gazon le reste du temps. Il y avait cependant un problème avec certaines de ses nombreuses relations : son chat, un chartreux jaloux au dernier degré de la gent masculine qui défilait sans arrêt dans la maison. Il manifestait alors sa désapprobation par des cris perçants qui faisaient fuir certains courtisés par notre cougar affamée. Hector le matou ou bien miaulait fort désagréablement ou bien griffait profondément ou bien pissait dru sur les pantalons des visiteurs au moment des préliminaires avant la bagatelle finale qui se terminait par les rugissements et vagissements de la donzelle comblée. Les voisins s’amusaient de ce cirque continuel hormis quelques vieilles (du même âge ou presque que Susanna) qui regrettaient amèrement que cela ne leur arrive point en se demandant pourquoi nous. Les bacchanales étaient effrénées et sans f(re)in, les hurlements du greffier de plus en plus assourdissants, les jeunes gens de plus en plus jeunots et notre cougar se gargarisait de leurs étreintes de plus en plus vaillantes avec variantes originales, positions extravagantes, avec mises en scène et décors ingénieux propres à satisfaire ses désirs croustilleux, son appétit lubrique, laissant ses cavaliers avachis sur le tapis une fois les orgies terminées au son des criailleries du mistigri en furie. Bref, la petite maison du plaisir était devenu un vrai bordel avec une seule présence féminine outre le plein de damoiseaux, notre Susanna qui cherchait sans arrêt à booster sa libido affamée jamais (ou très rarement) satisfaite intégralement. Plusieurs de ses nombreux partenaires durent renoncer à ce tohu-bohu permanent, certains y laissant leur santé, d’autres a contrario assumant avec empressement les exercices et figures imposé(e)s. Il arriva qu’un jour, l’un deux proposa de mettre de la musique et de danser avec ou sans costumes surtout sans et ce fut alors biguine, bourrée et branle (danses bien nommées et très prisées), boléro lascif, calypso, charleston endiablé, fox-trot (appelé aussi frotte-tox par la tôlière) gavotte, habanera, hip-hop par en dessus par en dessous sans sous-dessous, java coquine, lambada, paso doble voire triple, quadrille à plusieurs, rigaudon cochon, samba frénétique, tango langoureux, valse à mille temps, zouk, tout cela accompagné des vociférations d’Hector de plus en plus insupportables… sauf quand l’un des éphèbes d’origine espagnole alors dans une position fort délicate et inédite pour lui suggéra de mettre un disque de cucaracha (le cafard) lui rappelant son pays et là, ô surprise, étonnement, ébahissement, stupeur, le minet subjugué par la mélodie mit fin subitement à son tapage et alla se coucher dans son panier papattes en rond ronronnant de satisfaction.

Et tout ce petit monde de se demander ce qu’il pouvait y avoir de commun entre la cucaracha et la cougar à chat ; ben tiens, je vous le demande parce que moi… »

Voilà l’histoire que me raconta un vieillard rabougri de cinquante ans éparpillé dans son fauteuil ; c’était l’un des nombreux jeunes amants de Suzanne la cougar. Sur ses genoux, un gros chat gris me fixait curieusement de ses yeux jaunes ; Hector ?

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14/11/2016

N’IMPORTE QUOI QUAND TOUT S’EMMÊLE

        

        

Vous vous rendez contre, on aura vite fait le trou de cette histoire vignoble dans ses moindres bétails comment en haie-t-on arrivé là les mains dans les roches sans coup frémir ça vous tombe dessus comme à gavroche on n’atteint pas le temps de dire pouf que c’est déjà deux mains en deux cous de cuillers à rots sur le beau dais si seulement on aurait su me disait Eugène où ya pas de plaisir sans mais nan rien n’y font pas moyen de si bémol ou ré au mur retrouvé alors qu’on le croyait perduré mais n’allez pas accroire que les chausses peuvent s’engager sur l’incommode avec son cul dessus ce serait trop tactile on n’a pas encore les émulsions faut la tendre encore quelques émois septembre est tant ce qu’il faux dans ces cars-là vous noyez ce que je veux sexe primé les maux me manquent je n’ai pas angkor le vocable lunaire attendons la bavette spatiale pour aller dans la mule quand elle nous souris en foin de tant en temps ce qui devient de plus en plus phare à cause des règles qui mentent du climat asthmatique produit par les faits de serre- moi là pine dit rien merci c’est pas poli joli tout ça on est prés venus parfois ou on en s’en branle les mandibules et les maudites bulles et c’est la grande des brandades dans le marc aux cafards et autres torgnoles se décrocher aux branchies ou lasser pisser le mérinos à moelle regarder passe l’étain rendre son pied avec l’antre entre deux mortes un soir de grand lent si rocco est raccord bon on peut toujours mergoter quand la sœur vous brandit en longe et brandon en traverse c’est comme pour nos hommes prolifiques tous nourris leurs p’tites affaires à l’air de pas s’y doucher ni vu ni pondu t’en dérouille et nous on rote avec notre nulletin comme des cons qu’on sait qu’on est des menottes aux quenottes en rase-notes des étangs d’art levés enfants de la matrice la mer qu’on voit panser le long des grottes pas claires le temps qui se déride les rides qui se détirent les bornes au graphite les ragots mal fagotés les fagots bien rabotés les robots lobotomisés les lobes atomisés fastes ou néfastes en nez vastes is dass comme des espaces dans les spasmes la prébende qui ne bande plus et les bandes en débandade de morue dans les rues mortes des épines dans les épinettes pas très nettes et pis niet dérapages dans les parages parachevés ou inachevés se défouler à grandes foulées dans les foutoirs foutus n’importe comment comme on nous ment voir l’albatros rosse viré aux roses qui viennent d’éclore encore à l’oxymore des maures morts pour la France préférence rance en chansons charançons et charabia sous la charmille charnelle et charmante les choses ne semblent pas s’arranger des voitures qui vivra verrat comme cochon qui s’en pépie ça commence à devenir compliqué compassé passé composé concassé casser du con en verbe et contre tout en verve et compte mou on s’demande où et quand cela va s’arrêter pasque va bien falloir terminer je sens que ça vient et j’en arrive à me poser la question de savoir si c’est moi qui ou bien alors comment si ce n’est pourquoi et puisque je n’ai pas la réponse alors je vous laisse juge de savoir si oui ou non je me suis emmêlé les pinceaux volontairement ou pas bien que je ne peigne plus depuis longtemps… mesdames messieurs la Cour…

 

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05/11/2016

ET PUIS FANNY…

 

Elle avait choisi de faire une galette des rois ce six janvier bien que dans la famille personne n'était royaliste à part peut-être le grand-père avec Ségolène et encore parce que il aimait bien sa coiffure et… elle se foutait pas mal de toutes ces recettes anciennes ou modernes, conservatrices ou révolutionnaires, ce n'était pas maintenant qu'on allait lui dire comment il fallait la faire cette foutue galette, Maman Manman heu ils donnent des recettes à la télé on peut la faire au chocolat maintenant et pas à la frangipane qu'on aime pas on la veut au chocolat et Papy aussi je vais la faire comme d'habitude et ceux qui ne sont pas contents ils n'en mangeront pas voilà tout… elle alla jeter quand même un œil sur le poste dans lequel un grand et beau gars avec une toque d'un mètre de haut faisait le joli cœur en paradant devant une douzaine de bonnes femmes excitées qui le couvaient littéralement des yeux et se trémoussaient en cadence au moment de la mousse au chocolat que le gandin s'apprêtait à appliquer sur la pâte feuilletée c'est pas lui qui va m'apprendre aussi dit-elle en voulant couper le son qui l'énervait mais dû y renoncer face aux cris de protestation surtout de Papy Marcel qui reluquait les donzelles devant l'écran raplapla cadeau du père Noël et de René le mari qui voulait voir le foot en plus grand le René qui justement rentrait du boulot et dit qu'est-ce que c'est que tout ce bordel ho on se tait on se calme où qu'est Maman elle est dans la cuisine pour la galette des rois mages qui son revenues pour sa fête que Papy dit et puis Fanny c'est pas sa fête nan et pis d'abord on dit épiphanie qu'est du vieux français pour le retour des rois en visite au petit Jésus avec des cadeaux mais Papa tu dis que tout ça c'est rien que des conneries ouais mais pour la galette c'est une tradition qu'est-ce que ça veut dire tradition ben c'est comme ça depuis longtemps et que ça va pas changer… Fanny arriva de la cuisine et dit à René ya un problème avec la farine que j'en ai pas assez pasque t'as invité Lucien et Georgette sans prévenir que j'avais pas prévu plus faut que tu vas à l'épicerie du coin maintenant mais c'est bientôt l'heure du match que je veux pas louper avec Manchester Younaytide et ben tu files rapido sans ça pas de galette… René parti fissa et revint avec un paquet de farine Francine le seul paquet qu'était en rupture de stock parce que j'étais pas client régulier bon on fera avec et René s'effondra dans la canapé avec la zapette pour changer de chaîne que c'était l'heure du foot et que les gamins se mirent à hurler à cause de Mickey et de Donald qu'on veut voir la fin que Papy il aime aussi depuis qu'il est tout petit…

Revenue à ses fourneaux et à sa galette, Fanny s'assit un moment, se prit un p'tit verre de Porto blanc qu'elle aimait bien et planquait dans un coin pour elle toute seule et la machine à penser se mit à carburer dans le genre bientôt cinquante ans et puis quoi je me le demande, j'en ai marre marre de René et son foot des gamins et leur télé du Papy gaga gâteau de leur galette machin et tout le tremblement cela faisait déjà quelque temps des semaines qu'elle ruminait tous ces trucs qu'on se pose quelquefois sur l'existence la famille l'amour le fric la vie la mort le reste ce mari qu'elle n'aimait plus à cause du foot qu'avait tout abîmé gâché foutu de la télé bling bling ou con-con comme ils disent sans rien y changer surtout pas tous ces programmes pour la ménagère de son âge qu'elle avait jamais rien demandé ces Nikos Patrick Arthur Nagui Christophe merci-Jean-Pierre Cauet Sébastien Julien et autres tous pitres plus pitoyables les uns que les autres qui se démènent et se déhanchent sans compter les pétasses potiches qu'elle regardait machinalement les soirs où le foot était en grève parce que les joueurs gagnaient pas assez de millions ou que le manège ne tournait plus rond ou les coups de gueule médiatiques d'un type qui braillait sans arrêt c'est d'la merde tandis qu'un autre faisait sa chochotte devant les marmitons… et que je me reverse un p'tit verre puis un autre pendant que ça braille de plus en plus dans le salon et que ça commence à sentir le brûlé dans le four et le roussi aussi…

Elle se leva, retira son tablier, se recoiffa rapidement, sa décision était prise… et puis Fanny sortit par la porte de la cuisine, dans le petit bout de jardin on voyait les étoiles surtout celle du berger qui guidait les rois mages en ce jour de fête du six janvier de l'an… et puis Fanny se mit d'abord à rire et à pleurer sans pouvoir se retenir en ce jour de… et puis Fanny se reprit et se dit que enfin pourquoi pas puisque c'était aussi le premier jour des soldes… et puis Fanny…

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26/10/2016

UN DRÔLE DE LOUSTIC

 

Lorsque le type me regarda de loin, je vis qu’il m’avait reconnu de près, il m’appela Michel alors que je me nomme Jérôme, c’est dire. Il me prenait pour quelqu’un d’autre alors que j’ai personnellement du mal à me reconnaître tout seul, c’est dire. Quand il vint plus près de moi, je m’aperçus qu’il grinçait des dents alors que je me faisais soigner pour un bruxisme intolérable aux oreilles de Muriel, c’est dire. En plus, ce type avait un teint de brouillard, une mine de papier crépon, des yeux globalement globuleux et un menton en cul de fouine, c’est dire. Il se força à sourire béatement avec un je vous ai pris pour un autre alors que pourtant il m’avait reconnu, c’est dire. Quand je lui dis que mon nom n’était pas Michel mais Antoine, je lui ai menti sur le coup et il m’a répondu que ce n’était pas si grave, c’est dire. Son sourire s’était envolé en pinçant des lèvres moi c’est Michel ânonna-t-il bonjour Antoine dit-il ensuite, c’est dire. Je ne relevai pas tant j’aime les quiproquos et les situations insolites pareilles, c’est dire. Comment va Catherine demanda-t-il Nicole va très bien maintenant répondis-je aimablement, c’est dire. Les choses allaient-elles s’arranger quand il regarda derrière moi et que je me retournai pour voir Catherine arriver toute blême et toute blette, c’est dire. Me dépassant par la droite elle lui tendit les bras de l’autre côté tandis que sa mâchoire s’affaissait brutalement, c’est dire. Le type la remit en place avec précaution et étreignit Muriel qui semblait anormalement heureuse pour une fois, c’est dire. Les choses ne vont pas en rester là dit le type on va s’assoir et causer sur ce banc tout près, c’est dire. Ya un truc qui ne colle pas sur les prénoms mais ça ne me gêne pas du tout dit-il enfin, c’est dire. Moi si rétorque-je parce qu’on n’est pas sorti de l’auberge avec cet imbroglio intolérable et d’abord je ne vous connais pas, c’est dire. Si Michel vous m’avez appelé Antoine alors là hein on est d’accord non ?, c’est dire.

C’est alors que j’ai remarqué sa petite taille à côté de Nicole qui est vraiment immense pour son âge, c’est dire. Il est vrai que moi avec mes un mètre cinquante-sept comme Prince on me distingue aussi des autres petits, c’est dire. Il continuait à grincer des dents alors je m’y suis mis aussi ce qui fait que Muriel faisait ses gros yeux qu’elle a déjà gros elle aussi, c’est dire. Le gardien du square nous dit qu’il serait bientôt l’heure de la fermeture et Michel lui répondit en sortant son couteau, c’est dire. On va pas se fâcher pour si peu que ça n’en vaut pas la peine moi ce que j’en dis, c’est dire. Dites-lui vous Antoine que les horaires ont changé et qu’on est en été depuis toute l’année, c’est dire. Le gardien haussa les épaules et partit en maugréant bande de mécréants et mecs réacs, c’est dire. Michel souriait tout en grinçant des dents dont la plupart cariées à cause du bruit, c’est dire. Catherine remit de l’ordre dans sa jupe plissée déplissée par le banc vermoulu de couleur verte, c’est dire. Julien avait rangé son couteau dans la poche de son imperméable qu’il porte nuit et jour, c’est dire. Il se leva et partit son Gros-Jean comme devant sans se retourner plus d’une fois avec une pirouette indescriptible et risible semblable à un entrechat à la Noureïev tandis que Nicole éclatait en sanglots longs comme les violons de l’automne, c’est vraiment dire alors que moi Michel je ne comprenais plus rien à rien depuis longtemps comme d’habitude et que je m’en allais je ne sais où la queue et le reste entre les jambes, c’est dire. Il y a vraiment de drôles de types tels Julien que ça fait tout de même peur, c’est dire. En rentrant chez moi, je me suis bien regardé dans la glace en me demandant si c’est bien encore moi là, c’est tout dire.

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17/10/2016

POLAR NOIR

 

 

On était allé à la séance de 20 heures voir ce film policier dont on dit tant de bien, à juste titre, il nous a plu, surtout cette façon de filmer une poursuite en bagnoles avec virtuosité. Jérôme rentre la voiture sur notre place de parking en sous-sol et quand il claque la portière de la Golf on entend un coup de feu ou on entend comme un coup de feu on ne sait pas, dans l’ascenseur il me dit attends j’ai oublié mon ordi dans le coffre et, revenu, m’annonce que c’était vraiment un coup de feu, ya un type à terre à la place de 14, merde, il est mort ? demande Muriel, heu il agonise…

On sonne à la porte, on n’attend personne, c’est Barbara Stanwick tout de noir vêtue, je vous ai vu, vous avez tiré sur mon mari dit-elle en fourrageant dans son sac à main. Elle en sort un petit revolver. Elle vacille, va s’asseoir et demande un verre à Muriel, vous avez obéi aux ordres vous allez payer, dit-elle en grimaçant. Elle s’étrangle en buvant son ouisky. Il n’était pas en service commandé, c’était son jour de repos alors pourquoi lui dites.

On sonne de nouveau, je vais ouvrir. Se présente le mec du parking, couvert de sang avec des trous partout, Barbara s’évanouit, Muriel aussi mais presque. Il réclame un verre, ça tombe bien il reste du ouisky qu’il enfile mais qui ressort aussitôt par les trous, il tombe aussi, raide. On sonne (décidément !), c’est la voisine du dessous, Madame Lebowsky qui braille : ya un type qu’est venu répandre son sang sur notre tapis que mon mari a acheté aux Messieurs Coen, elle le voit alors et s’effondre en renversant la table aux liqueurs, Barbara et Muriel disent en ensemble c’est pas possib’ des trucs somme ça on dirait du mauvais cinoche que personne ira voir même dans le quartier au Majestic.

On sonne (ça commence à bien faire) : voilà le voisin du dessus, Monsieur Widmark yen a marre de vot’ barouf keskisspasse aboie-t-il, il a l’air très colère, la mâchoire plus crispée que d’habitude, on dirait qu’il se prend pour un gangster mais bon Muriel l’a toujours trouvé assez beau et si prévenant… surtout les yeux. 

On sonne (yen a vraiment marre) : maintenant la voisine de palier se pointe, Gene Tierney en compagnie d’Alan Ladd sans son légendaire chapeau et qui indique (indic) que la police est partout dans l’immeuble avec le commissaire Edward G Robinson et l’inspecteur Colombo, ça commence à faire beaucoup de flicaille pour un simple règlement de compte banal entre adultes consentants…

 

  • Cut, braille Otto, le metteur en scène, ya un truc qui va pas, on va refaire cette prise, Jérôme tu évites de regarder la caméra ou la scripte, ok ?, au fait, tu sais qu’elle est l’arrière-petite-fille de James Stewart, hein Gloria, elle a voulu faire ce métier en voyant son aïeul dans Fenêtre sur cour. François, osons reprendre la scène quand tu veux, Richard détends-toi bordel, arrête avec ton air furibard permanent on va finir par croire que t’es un méchant, bon Madame Lebowsky pour votre tapis faut voir avec l’attaché de prod’ des fois que ça marche mais c’est pas si sûr

  • Monsieur Preminger, chef, on en est où avec la bande-son, demande l’assistant, pasque le compositeur patauge un peu dans la scène du baiser, en majeur ou mineur et il manque de violons…

  • Foutez-moi la paix avec la musique, bordel… au fait, Muriel et Jérôme, que pensez-vous de tout cet imbroglio, c’est pas tout ça mais faut qu’on avance un peu quand même ?

 

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08/10/2016

LE NUAGE ROUGE

 

  • Sept heures vingt-neuf, le temps

Le radio-réveil vient de s’allumer sur France-Inter et c’est la voix du petit-fils de Patrick Cohen qui prononce ces mots en ce jour de premier mai 2033.i prononce ces mots Chouette, la météo annonce du beau temps sur tout l’hexagone et, en général, ce météorologue ne se trompe pas. Tant mieux parce qu’aujourd’hui une balade est prévue de bon matin pour se dégourdir un peu les gambettes. Vite, une douche, on se fringue rapido, le petit dèj’ à donf et hop c’est parti. Dans l’ascenseur le bonjour aux voisins qui font la gueule comme dab’, sourires crispés crispants et enfin libre. Le météorologue a raison, le ciel est d’un bleu… à part ce gros nuage rouge tout seul dans l’azur, tiens ce n’était pas prévu mais personne ne semble le remarquer, personne tête en l’air, personne le doigt levé vers le ciel, personne non plus pour regarder le doigt, tout le monde vaque ou va vaquer à ces occupations et moi courir bien que du coup je reste sur place, que se passe-t-il ?. Personne autour de moi n’a l’air affolé surtout pas ma petite voisine qui court tout le temps même quand elle n’est pas pressée et qui me dit un bonjour déjà essoufflé, je lui montre le nuage, elle hausse les épaules et s’enfuit en riant. Je mets une main devant mes yeux en alternance, es-ce une illusion d’optique, le début d’une maladie, un mirage, un reflet, un phénomène météorologique que le spécialiste n’aurait pas prévu et vu de moi seul, un signe, une prémonition, un avertissement, ce n’est pas Jacques Kessler parti depuis longtemps qui m’aurait fait ce coup-là. Hier soir, je suis allé sur la chaîne Météo par précaution, le petit bonhomme perpétuellement agité n’a rien envisagé de tel, il a fait tous ses gestes convenus, repoussé les vents, évacué les tempêtes, attiré le soleil, annoncé les températures qui seront clémentes pour la saison, alors j’ai foncé chez Louis Bodin avec son sourire chauve qui a fait des pronostics identiques, alors ? Je fonce au centre de soins le plus proche, demande à voir le médecin de garde qui me raccompagne rassurant et moi pas rassuré car en sortant le nuage est toujours là, seule la forme informe n’est pas changé et le rouge toujours aussi rouge flamboyant, je cours, je cours toujours de plus en plus vite à perdre haleine et la laine, je fonce dans le tas et le vide, j’essaie d’échapper à ce gros nuage qui me court après, je décide de changer de parcours et décide de rentrer chez moi à toute blinde en changeant d’allure, épuisé mais curieusement de moins en moins inquiet car je viens de prendre une décision, oui, nuage ou pas, rouge ou pas, je m’en fous royalement, il n’y a pas d’explication, bon, de toutes façons je me suis toujours foutu de toute explication et merde je hais les explications, j’ai toujours préféré les mystères et c’est pas demain la veille que… et s’il était encore là, demain ?

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