Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/03/2012

ALLER / RETOUR

 

Un quartier, un immeuble

Ce jour…

Là, sans sa sœur, seul, l’enfant se dirigea vers l’ascenseur ; il appuya sur le bouton d’appel à sa hauteur avec l’index de  sa main gauche, celui pour descendre alors qu’il voulait monter. L’engin descendit donc, mais plus bas, l’enfant attendit qu’il remonte et passa devant lui. Il réitéra son appel et l’ascenseur s’arrêta, il entra dans la boite et appuya sur le bouton 2 son doigt ne pouvant atteindre plus haut, il habitait au septième étage. Sa sœur, rentrant de l’école, appela l’ascenseur qui revint avec son frère qui n’avait pas voulu sortir de la cabine. Elle le gronda car il ne devait pas prendre l’ascenseur tout seul seulement avec sa sœur, ordre des parents et pourtant c’était tous les jours la même chose, cela s’instaurait comme un jeu, pour lui, seul. En remontant, il lui dit qu’il avait mal dans son bras, le gauche.

 

Le même immeuble

Soixante ans plus tard

Là, sans sa sœur morte il y a trois mois, le vieil homme se dirige vers l’ascenseur maintenant complètement délabré ; il appuya sur le bouton d’appel, celui pour monter. L’engin arrive à sa hauteur avec toujours le même bruit inquiétant. Il entre dans la boite et pousse sur le bouton 13 avec l’index de sa main gauche, ne pouvant à cause de son rhumatisme handicapant atteindre les autres boutons situés plus bas, il habite toujours au septième étage. Sa fille, rentrant de son travail appelle l’ascenseur qui revint avec son père qui n’avait pu sortir de la cabine. Elle le gronda car dans son état il ne devait pas prendre cet appareil tout seul, ordre des médecins et pourtant c’était tous les jours pareil, ce n’était pourtant pas un jeu. En remontant il lui dit qu’il fallait enfin faire quelque chose pour son bras une bonne fois pour toutes.

-     Papa, utilise ta main droite, s’il te plaît et arrête de pleurnicher depuis le temps.

 

  ©  Jacques Chesnel

 

11:21 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

23/03/2012

ANASTROPHES OU ANAMORPHOSES


. A dire vrai, il avait toujours menti

. Bien entendu, il était devenu sourd peu à peu

. Il n’avait pas le téléphone, il était aux désabonnés absents

. Dans sa prison, il se sentait libre comme l’air

. A force de n’avoir l’air de rien, il se donnait de grands airs

. Il détestait les fleurs depuis qu’il était dans la fleur de l’âge

. Il croyait en tout depuis qu’il avait perdu la foi

. Il avait mal au cœur depuis qu’il n’en avait plus

. Ayant perdu tous ces i, il ne pouvait plus mettre de points dessus

. A cause de sa cataracte, il n’alla pas voir celle du Niagara de peur de faire une chute

. Il avait tout perdu en gains de cause

. Il battit son chien parti battre la campagne, il en resta abattu

. A la messe en français, il en perdit son latin

. A voir tout rouge, il n’y voyait plus que du bleu

. Il avait perdu l’esprit à force de rendre l’âme

. Il arriva les mains vides en un tour de main et repartit avec un poil dedans

. Il trouvait l’escabeau plus esthétique que l’escalier à la montée

 et plus praticable à la descente

. Il préférait le jour d’avant à celui du lavement

. Il desserra la vis au lieu de l’étau contre son propre avis

. Quand il eut tout perdu, il s’était enfin retrouvé

. En revenant de la chasse, il avait repris sa place

. Quand il perdit sa place, il retourna à la chasse, non mais !

. Il préférait l’eau propre à l’opprobre

. Il trouva encore du fric dans le froc de son frac

. Il trouva dans ses cheveux un pou qui n’était pas très fier

. Il découvrit à retardement : à terre moi ment… trop tard !

. Il porta malheur au prophète qui n’était pas dans son pays

. Il trouva la charcutière trop boudin et un peu boudinée

. Hagard, il ne vit pas le train arriver

. Il baissa ses bras en bras de chemise par-dessus la jambe

. Il se demande encore ce que sa grande sœur dicta au petit dictateur

. A trop penser, il ne pansa pas ses plaies, alors…

. A trop applaudir, il en eut bientôt sa claque

. A trop aller de l’avant, il finit rapidement en marche arrière

. Il eut rapidement le dernier mot avant même la fin de l’histoire

 

©  Jacques Chesnel

12:21 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

09/03/2012

BILLEVESÉES



J’ai toujours aimé les histoires, pas l’histoire  avec un H grand ou un petit h mais raconter des histoires faire des histoires histoire de faire l’intéressant le plus beau de l’histoire étant d’en faire toute une histoire, Ainsi tenez, celle d’un pompier bourré qui mit le feu à sa maison croyant que c’était celle de son meilleur ennemi un dangereux pyromane ottoman, de la voyante qui devint aveugle à force de tout voir, de la charcutière qui adorait se faire charcuter pendant l’amour, du prêtre nudiste qui ne retrouva pas son vêtement sacerdotal après un bain en coquine compagnie, du cycliste homo qui en avait toujours sous la pédale dans la montée, du boxeur battu aux poings en cinq sets la balle au centre, du capitaine d’un pas que beau resté en rade dans un troquet, d’une allumette suédoise qui avait passé la frontière illégalement en compagnie d’un fin landais, d’un cul-de-jatte la queue battante entre les jambes, de la doctoresse ayant trousse perdue pendant qu’elle se faisait trousser la chemise par un malade en phase terminale qui avait du mal à finir en beauté, du marabout qui en avait assez de ses propres extrémités, de Copé en train d’écoper ce qu’il voulait nous emmener en bateau, de Fillon filant un mauvais fil de coton, de Brigitte Bardot interprétant Phèdre à la Cocomédie Franchouillarde en barbotteuse, de la course contre les montres molles de Salvador Dali, des galipettes de l’hôtesse de l’air pendant un vol plané, de Jean-Pierre Pernaut bourré au Ricard cul sec, de Lamartine se prenant pour Carol (Lewis), du pet de lapin faisant  la cour à un pet-de-nonne, de la rue ayant oublié son pignon, du pognon ayant oublié sa monnaie, la monnaie ayant oublié de se la rendre, du chiendent ayant oublié la difficulté, de la rampe ayant oublié de se lâcher et le bon bout de se tenir correctement, de l’épiderme ayant oublié de se chatouiller, de la pierre blanche ayant oublié de se marquer à la culotte ou bien ayant oublié le deuxième coup, la zizanie ayant oublié  de se semer, de Raffarin criant c’est pas d’la tarte avant de la recevoir sur la patate (bien fait), de la prétentaine qui se courait après, de la rupture de ban à la quinzaine du blanc, d’un jardinier (pas Dujardin) dans sa closerie avec un pote âgé nain, de la rapidité de l’arrière-train de la bergère en réponse au berger sans étoile à la belle, de Rantanplan raplapla, du chat de la voisine d’Yves Montand dans sa cuisine, des gaîtés de l’édredon sous l’escadron, des orfèvres poussant des cris d’orfraie parce que l’or dure trop longtemps, du Docteur House qui ne veut pas rentrer à la maison qui est trop grosse, l’histoire du gars qui est arrivé à pied par la Chine sans chaussure, celle du lapin qui loupe son coup à Jarnac, de la pilule qui oublie de se dorer, celle du caisson omettant de se faire sauter, la grippe de se faire prendre, le portillon de se bousculer, de la simple expression de se réduire, du papier à musique de se régler ou se dérégler tout seul, de la grappe qui hésite toujours à se lâcher, celle des Grecs ne voulant plus aller se faire voir ailleurs même par les temps qui refusent de courir… vous voyez bien que j’ai toujours aimé faire des histoires, pour rien… ou pour pas grand-chose. Je vais me gêner, tiens !.

 

©  Jacques Chesnel

 

 

11:01 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

05/03/2012

JUMELLES

 

A bien regarder, on ne trouve pas beaucoup de ressemblance physique. A bien les écouter, c’est là qu’on voit leur conformité.

L’une est d’apparence vulgaire, blonde mal teinte, yeux battus, lèvres pincées, l’air vache se voulant pourtant enjôleuse. L’autre fait bcbg droite dans sa posture classieuse, une chevelure sage chignon ou torsade légèrement ambrée, des yeux aux pupilles papillonnantes dont elle joue pour séduire croit-elle, perchée sur des escarpins qui n’assurent pas tellement sa démarche. Jusque-là, deux personnes distinctes aux charmes pouvant attirer la sympathie ou l’indifférence ou.... Seulement voilà, elles sont toutes les deux sous l’emprise d’un gourou sectaire et frénétique qu’elles défendent bec et ongles et c’est là que ça se gâte. La première fait dans l’invective permanente quand on n’est pas en accord avec les dires et principes de son mentor, l’autre louvoie dans la louange et la flagornerie avec un vocabulaire choisi qui veut impressionner et parfois ça marche sauf quand un contradicteur remet les choses à leurs places ce qui la lasse coite avec un air dépité ou scandalisé voire plus. On aime les inviter pour faire le buzz, pour relancer la conversation quand cela se présente, on les aiguillonne, les exploite et elles tombent parfois dans le panneau ou s’étalement lamentablement essayant désespérément de ne pas perdre la face et d’avoir toujours raison avec force arguments le plus souvent bidons ou spécieux. Elles aiment donc se donner en spectacle et pensent ainsi œuvrer pour le bien de leur héros en donnant dans le superlatif avec outrance et fausse passion ainsi que tentative de persuasion partant résolument du principe que plus c’est gros plus ça passe pour le commun des mortels qui gobent tout ce qu’on leur raconte, on en trouve encore quelques-uns. Certains dont votre serviteur se retiennent de leur claquer le beignet se contentant  d’un doigt d’horreur discret ou d’afficher un mépris dont elles ne semblent pas avoir conscience. Quant à vous, il vous reste deux solutions, ou bien vous les approuvez et grand bien vous fasse ou vous éclatez d’un bon vieux rire franc auquel je me joins avec l’amitié que vous savez.

Bien entendu, et par précaution, je précise que toute ressemblance avec des personnes existantes est tout simplement fortuite… bien que

 

©  Jacques Chesnel

 

17:47 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

29/02/2012

ON EN ARRIVE À SE DEMANDER…

 

Cela peut vous prendre n’importe quand, surtout à l’improviste, au moment où on s’y attend le moins, tenez, la petite vendeuse à la boulangerie celle qui a le plus beau sourire spécialement pour moi qui ne vous regarde pas comme d’habitude et avec ça monsieur dit-elle en passant trop rapidement au client suivant, le voisin dans l’ascenseur qui vous dit qu’il va faire beau alors que la putain météo annonce le contraire c’est pourtant plus musical avec Weather Report faut pas se priver, le téléphone qui sonne allo Madeleine c’est qui ? quoi ?  pour un sondage pour ou contre ce nouveau produit miracle dont on se bat les couilles allez vous faire foutre, le match de rugby de votre équipe favori reporté parce que le gel,   le facteur croisé dans le hall qui vous fait la gueule pourtant j’ai  donné aux étrennes, la coupure de courant juste avant le début du film qu’on n’a pas revu depuis si longtemps, la réflexion désobligeante d’un internaute qu’on croyait ami qu’est-ce qui lui prend à ce con, le thé trop chaud et le manque de glaçon pour le whisky, Bill Evans qui me fait pleurer plus que d’habitude avec ce My Foolish Heart du Village Vanguard en 1960 et le nombre de dimanches où nous avons été réveillés émerveillés par cette mélodie sublime qui faisait nous serrer dans nos bras encore plus fort, les mouettes qui se courent après pour une miette de croissant tombé du balcon d’en face, Enkulator qui se démène pour faire oublier son bilan catastrophique tandis que sa copine Défèkator beugle et crache dans l’invective populacière, le boucher syrien et le génocide des habitants d’une ville dont tout le monde se fout, l’équipe de rugby du Pays de Galles qui bat l’Angleterre à Twickenham et me donne le tracassin du cerveau pour la suite,  j’ai fait couper mes cheveux qui tombaient sur mes épaules pensez donc à mon âge, j’aime de moins en moins la poésie en général et celle de Cesare Pavese de plus en plus, je me demande si Ignacio Abel reverra ses enfants à la fin de la guerre  « dans la grande nuit des temps », je rêve d’un petit candidat à la présidence se faisant sucer par un veau devant des milliers de spectâteurs ébahis applaudissant à tout rompre au salon de l’aigre culture, je reste baba devant l’inculture de certains qui paradent à la télé et la couardise de certains journalistes devant les mensonges ou omissions volontaires de certains politiques, je commence à avoir une overdose de Jean Dujardin que par ailleurs j’aime bien, les commentaires sur certains blogs me font hurler de rire ou pleurer de rage quelles prétentions et certitudes, je pense tous les jours à Jeanne dont il faut que j’achève la fin de son histoire alors que je suis toujours en rade pour encore combien de temps, les enfants ne crient plus dans la cour de l’école j’ai l’impression qu’ils deviennent trop sage et moi trop trop en plusse, va falloir rectifier le tir et je vais m’y employer pour de bon mais je suis de plus en plus cossard et pourtant j’ai une de ces frites, tout ça pour dire que certains jours comme aujourd’hui on en arrive à se demander….

 

©  Jacques Chesnel

 

17:47 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

21/02/2012

OUI OUINE


Quand les parents nous annoncèrent qu’on allait avoir un professeur particulier pour améliorer notre anglais, ma sœur m’a dit c’est l’bouquet si c’est Monsieur Halgand pasqu’au collège personne peut pas le piffrer, déjà qu’il se prénomme François-René, donc F-R pour les intimes et donc F-R Halgand ou Efferalgan pour les ennemis comme nous ou comme Michel qu’a dit et alors pourquoi pas Paracétamol ou Aspirine pendant qu’on y est. Bref, ça commençait plutôt plus que bien et on allait pas en rester là, autrement dit la guerre était déclarée, on fourbissait nos armes et dure serait la bataille. Dès les premières leçons les filles pouffent, les garçons ricanent, le tout dans l’hilarité générale. D’abord la prononciation avec la bouche en cul de poule et les lèvres pincées comme le reste ce qui nous faisait de drôles de tronches eh tu t’as vu ma chère eh prout toi-même alors qu’Elisabeth et Marguerite se prenaient pour des princesses avec le petit doigt en l’air et les pupilles papillonnantes, Philippe pour le prince qu’on sort (chut ze do-or plize oh non pas chut mais cheute ducon pas ze mais zze) et Jacques pour le Major Thompson non pardon le Medjor Tom Sonne… parfois Efferalgan se mettait à râler (effet râlant) et alors plus il baragouinait en bafouillant plus on en remettait une couche, le bouquet ce fut la géographie avec les comtés notamment en douteriez-vous avec le Sussex, bafouillant douteriez-vous avec le Sussexhilarité générale surtout chez les filles qui gloussaient plus fort que jamais, plus fort que j’aimais, on voulait tous aller au Sussex à son université par pratiquer ce que le mot promettait avec tant de délices dans sa prononciation efferalganienne, articulez bien les deux syllabes bien sûr m’sieur suuuce-seeexe hein comme ça Elisabeth je vous en prie calmez-vous et vous Philippe arrêtez avec votre lippe gourmande et faussement significative je vous demande de vous arrêter, je vous demande d’arrêter ces simagrées et mimiques de sucer slurp slurp hurle Elisabeth déchaînée et quand on est arrivé à la money avec les pounds et les pennies c’était devenu la foire d’empoigne on veut des pénis pas des pennies Efferalgan menaça d’appeler le proviseur qui d’après quelques-uns matait dans les chiottes des garçons on veut voir les pennies du proviseur criait le chœur des filles non le pénis de Pinedalouette (surnom du prov’) rétorquait la manécanterie masculine, on était tous en liesse, toutes guillerettes, ça carburait dur dans la classe avec la classe habituelle que vous nous connaissez. Papa nous racontait parfois son voyage dans les années 60 avec à nous les p’tites anglaises avec le swinging London, Carnaby strite à London dans les années 60 avec à nous les p', les minijupes ras-le-bonbon, les bonnets à poil des gardes  de la Couine et ses chapeaux à la con, les quat’ bitelses alors on rêvait qu’on allait prendre la relève et foutre un bordel pas possible là-bas. Dans la classe, le chahut s’amplifiait chaque jour et Efferalgan semblait bien dépasser par les zévénements chambardement et chamboulements, tohu-bohu et hourvari, bazar et tremblements sans stupeur, charivari et bacchanale, bref la grosseu mastoque pagaille jusqu’à ce que Pinedalouette intervienne en personne et annule tout simplement le voyage de fin d’année prévu ; à l’annonce ce fut pire que ce qu’on pouvait imaginer, même Papa n’en croyait pas ses oreilles parce qu’à la maison on n’arrêtait pas de lui seriner OUI OUINE, c’est du ouine-ouine du gagnant-gagnant Papa on va gagner c’est dans la poche in ze poquette et patatras tout s’effondrait à cause du souk et du bataclan généralisé qu’on commençait à se demander si on avait pas trop mis le paquet dans la surenchère, Papa proposa une rencontre en terrain neutre avec Efferalgan qui refusa une entente cordiale tout meutche iz tout meutche pleurnichait-il, Papa suggéra le boille-cote, puis après une bonne claque dans la gueule, rien n’y fit et salsifis… alors après un conseil de guerre collectif toute la classe décida comme un seul homme de ne plus faire anglais, on allait tous se retrouver à la rentrée dans la classe de mademoiselle Prentout la prof d’allemand, voilà.

Va falloir qu’on apprenne comment on dit oui ouine en teuton pour le prochain voyage scolaire… vous avez une idée ?

 

 © Jacques Chesnel

 

18:08 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

16/02/2012

A TOMBEAU COUVERT (Ginette & Marcel)

 

-     Et alors, Ginette, c’était comment ?

-     D’abord y avait beaucoup de monde, au moins il est pas parti tout seul comme tant de petits vieux

-     Même ses meilleurs ennemis ?

-     Dans ces cas-là, le principal c’est de se montrer qu’on soit copain ou pas copain ou plus copain, c’est clopain-st clopain clopantas copain ou plus copain, c't pas parti tout seul

-clopant et tout le reste du pipeau, nan, le plus terrible à se farcir vous le connaissez bien, dans des moments pareils faut que la Germaine Eloire nous fasse le coup de lavez Maria que c’est pas tenable

-     Ah, cette-là depuis qu’elle s’est fait enlever les paulipes sur ses cordes vocales, elle arrête plus de brailler et trouve toujours une occasion avec la liturgie qu’en est pas avare

-     Plein de gens se sont plaint auprès du curé mais il peut rien faire, il dit aussi que ça fait un peu attraction dans tout le canton

-     Tout de suite ya du boulot avec ce qui descend, au moins un mort par semaine, deux les bonnes semaines et la Germaine en profite un maximum

-     Moi j’i dit à Maurice si ça m’arrive bien que je pète la forme mais on sait jamais par les temps qui courent, silence total dans l’église la Germaine peut aller se rhabiller

-     Oh elle chante pas toute nue quand même, hihihi, la tête de notre pasteur explose déjà que c’est tout prêt vu ce qu’il avale en dehors des zosties

-     A c’qui parait, ils l’ont même ramassé le soir de Noël, il gueulait je veux mettre le p’tit Jésus dans la crèche et dans la sacristie, ils l’ont dessoulé à l’eau bénite pasqu’il était déboussolé de partout

-     Il est si jeune, il fait encore gamin mais en plus vieux

-     Vu la crise des vacations ils les prennent au berceau et les lâchent plus la main sur le grappin mais y en a quand même qui prennent la tangente à cause du célibat qu’est pas tenable non plus avec leur tempérament plutôt bouillant

-     A propos de ça, celui de la semaine dernière il parait que c’était un chaud lapin et de la pince, Maurice dit qu’heureusement ils ont mis le couvercle bien vissé sur le cercueil si vous voyez ce que je veux dire hop

-     Comme le père Dupanloup ?

-     Tout était bon pour lui, les femmes, les hommes, les autres tous sauf les enfants

-     Encore heureux car maintenant avec les prêtres faut mieux se méfier, le remplaçant de Popol là le…

-     Benoit ?

-     Oui, il se démène comme un beau diable, pour un papa faut l’faire avec tout l’pain sur la planche dans la pédrophilie dans les rangs même au plus haut des niveaux

-     Heureusement que le gars d’aujourd’hui n’avait encore rien à voir avec ces curtons mitaines et tontaine, il était encore séminarisse, il venait tout juste de sortir de leur communauté avant de prendre une cure, pour s’amuser  il a emprunté la bagnole à un pote pour faire un peu de vitesse qu’était son dada ou son péché mignon, et hop à fond les burettes il loupe le sacré putain de virage de la Houdinière, tombe en contrebas dans le ravin et s’empale sur la grille du cimetière qu’est en dessous, c’était pas beau à voir y en avait partout à ramasser à la p’tite cuiller

-     Moralité, mieux vaut pas rouler à tombeau couvert avant d’avoir bien vissé le dessus du cercueil

-     D’autant qu’il avait pas mis sa ceinture de sécurité, seulement le chapelet et c’est pas ça qui protège le mieux avec les prières, les litanies, les escapulaires et le saint-frusquin qui va avec

-     Tiens, on dirait qu’ça sonne maintenant le glas à l’église, ya encore du nouveau, ça n’arrête pas

-     Y parait la Germaine allait pas très fort ces temps-ci, des fois que…

-     Manquerait plus qu’ça… y aurait plus personne pour lavez Maria

 

© Jacques Chesnel

00:46 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

26/01/2012

IL Y A DES MOMENTS

 

Où on se demande si, d’autres où on se demande quand ou pourquoi, d’autres où on ne demande rien sans se demander à soi, des moments d’euphorie, de doute, d’angoisse, de poisse, qu’un mot, un regard, une attitude, un geste balaient d’un revers qu’on dit de main, il y a des moments où on a envie d’envoyer tout promener et qu’une promenade balaie d’un revers de tennis, des moments où tout est bleu avant de tourner au vert de rage, au rouge de colère au rire jaune, d’envoyer un coup de pied dans la fourmilière d’où aucune fourmi ne sort, de jeter un pavé dans la mare sans prendre de flotte dans la figure, de rigoler sans savoir pourquoi ou de pleurer en sachant pourquoi sans qu’on en ait envie (en vie), sans se poser de questions sur un regard, celui de l’être aimé qui vous manque intolérablement, une attitude, celle d’un ami qui vous trahit, un geste maladroit ridicule, celui de quelqu’un qui loupe une marche et tombe ce qui vous fait rire aux larmes comme un con, il y a des moments où on pense sans raison ou on raisonne sans penser, on lâche la proie pour l’ombre sans avoir peur des deux, de vouloir prendre le large sans en avoir les idées, se sentir mâle aux entournures plutôt que bien dans sa peau de chagrin, ne rien sentir hors des sentiers battus, en vouloir à la terre entière sans sortir de chez soi, partir sans espoir de retour avec son billet AR recommandé, de péter de travers plus haut que son cul sur une toile de fond non cirée, de fonder son espoir sur un malentendu avec un sourd, de regarder en aveugle les choses invisibles, de perdre son temps avec l’espoir de le gagner, de se savoir averti bien qu’étant tout seul, de tailler un short à quelqu’un sans lui enlever son pantalon long, de tailler une bavette à un boucher sans lui causer, de repartir du bon pied comme un cul-de-jatte à bras ouverts, se mirer dans une glace sans tain sans la sucer, s’engueuler avec personne sans prise de bec avec les ongles, décrocher la lune avec le doigt qui la montre sans regarder l’heure, s’apercevoir que ça ne tient pas debout (deux bouts) sans en voir les deux fins pas trop aigres ( escroc est-ce trop ?) qui justifient les moyens…

… c’est pourquoi il y a des moments où il vaut (faut aussi) mieux rester sa faim qui est mauvaise conseillère, en attendant la fin (provisoire) que voici.

 

©  Jacques Chesnel

 

22:31 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

19/01/2012

VUE À LA TÉLÉ


 Depuis qu’elle était partie faire les courses et n’était pas revenue, Jim la voyait partout sauf chez lui où elle lui manquait ;

dans la rue commerçante, devant lui avec sa chevelure noire aux reflets aile de corbeau, derrière lui quand il se retournait rapidement croyant avoir reconnu son pas légèrement claudicant, dans le métro justement dans ce wagon qui démarrait sur l’autre ligne, au rayon bio du magasin où elle avait ses habitudes alimentaires qui confinaient à l’obsession on voit plus vot’ petite dame si gentille elle est pas malade au moins, au cinéma au quatrième rang devant lui en train bouffer du pop-corn, dans le reflet de la vitre d’un magasin de sous- vêtements, au travers de la porte-fenêtre du playboy de l’immeuble d’en face quand elle se relève d’entre les jambes de ce crétin repu et satisfait… mais depuis quelque temps il sort moins et regarde de plus en plus souvent la télé, il la voit partout dans le monde alors qu’il sait qu’elle est nulle part et partout, il en est sûr, enfin presque. Le début, avec le sport et la retransmission de matchs de foot, toujours au troisième rang des tribunes VIP, le top 14 de rugby avec ce grand con de Chabal qui lui tient la main dans les vestiaires du Racing, à l’arrivée des étapes du Tour de France devant la cabine à pipi pour le dopage à croire que c’est elle qui tient la bite de tous ces pédaleurs chargés à mort, au tennis derrière la chaise de l’arbitre sur sa tour de contrôle et s’extasiant sur Gaël Monfils qu’elle prenait pour le nôtre, aux Jeux Olympiques faisant des grands signes à Usain Bolt qui lui  brandit un doigt d’honneur en souriant, sur un ring de boxe étreignant sauvagement le vainqueur du combat huilé de sueur, sur un tatamis se faisant faire une clé de sol puis de ré, de mi, toute la gamme, pendant une compète de hand-ball la main dans le filet à défaut de panier, sur les hippodromes en train de se faire monter dans toutes les courses par un crack-jockey, sur le circuit du Grand prix de Monte-Carlo où à l’arrivée au milieu de bimbos surexcitées elle débite des obscénités à l’oreille de Fernando Alonso qui effaré lui répondait no puedo no puedo en roulant ses gros yeux, courant comme une folle après Wayne Rooney sur la pelouse de Wembley en plein match du Manchester United contre Arsenal, dans les arènes de Séville aux côtés du torero El Juli avec la queue du toro dans la main… puis plus tard au théâtre dans les loges, à l’orchestre ou à la poulaille, dans les coulisses roucoulant avec la vedette d’une pièce de boulevard nulle à chier grave avec Bernard Menez, Henri Guibet ou Thierry Lhermitte (avec son air bite), rien que de pointures mâââles, au music-hall pour les récitals de Frédérique François ou de Serge Lama, de Gérard Lenorman ou Didier Barbelivien, rien que de pauvres merdes sur le retour d’un jour, les émissions dites de variétés de plus en plus nulles avec les agités du bocal Nagui-danse-de-saint-guy et Dechavanne la vanne ou Sabatier-Colgate, certains films ou séries plus que débiles… et puis pendant un certain temps qu’il ne calcule pas, la voilà disparue, totalement, bien qu’il changeât compulsivement de chaînes françaises et étrangères à en faire péter la zapette.

 

 Jim n’en pouvait plus, il ne pouvait se satisfaire des images, il lui fallait agir ; il demanda et obtint de sa boîte un mois de congés ; décida de partir enfin à sa recherche autrement que devant le poste de télé. Il commença par l’Espagne puis l’Italie, remonta vers l’Allemagne, les Pays-Bas puis le Royaume-Uni, il enquêtait, questionnait, sortait des photos récentes comme un vrai détective de cinéma en quête de l’héroïne du film. Au bout de tous ses jours de pérégrinations, il rentra fourbu et fauché, le soir il alluma la télé, elle était toujours là bien présente et souriante, nulle part et partout à la fois et même un peu plus. Le lendemain matin il alla faire ses courses au magasin bio ah vous revoilà c’est pas trop tôt  ya vot’ dame qui vous cherche partout elle se demande bien où vous êtes passé, elle est si inquiète que ça fait pitié, elle se d’mande même si vous étiez pas mort depuis tout ce temps où vous étiez à courir comme un lapin qu’a des ratés, elle en a fait de ces pays pour vous r’trouver… quand on a une jolie dame comme la vôtre faut pas cavaler tout l’temps comme ça pendant qui yen a tant qui restent chez eux plantés comme des cons à regarder la télé pas comme vous. Il se dépêcha de rentrer chez lui en courant ; elle n’était toujours pas là. Jim se mit à démolir son écran plat avec un marteau, lentement, en hurlant très fort, si fort...

…qu’il ne l’entendit pas lorsqu’elle entra dans la maison en tenant amoureusement par la main Jules, son meilleur copain.

 

©  Jacques Chesnel

18:01 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

07/01/2012

DES PIEDS ET DES MAINS

 

 Il pensait avoir bon pied bon œil mais il avait souvent besoin de sérieux coup de mains. Cette fois, je pris donc l’affaire en mains de ma blanche main et le mit au pied du mur : ou bien faire un pied de nez ou bien reprendre la main, surtout ne pas y aller de main morte ; il applaudit des deux mains à la deuxième solution qu’il prit vraiment au pied de la lettre. Ouf, me dit-il, c’est quasiment le pied, j’ai l’affaire en bonnes mains et propres en plus maintenant, il n’y aura donc pas de main courante, j’y vais de pied ferme. Pour faire pause, nous sommes allés à pied au cinéma voir Goupil-Mains-Rouges de Jacques Becker, il m’a dit préférer quand même les Pieds-Nickelés ; en sortant, nous sommes allés au restaurant manger des pieds-paquets cuisinés de main de maître. Comme il n’a pas les mains crochues, il paya l’addition au pied levé. Sans nous forcer la main, nous avions les doigts de pied en éventail le temps des liqueurs, par contre, il s’est fait rabrouer par la serveuse à cause de sa main baladeuse mais comme j’avais un pied dans la place, nous eûmes la main heureuse et l’incident  fut clos. Au retour, moi le pied au plancher, lui les mains dans les poches, on va marcher main dans la main lui dis-je car je n’ai pas envie de faire le pied de grue ni de me salir les pognes. Arrivés chez lui, on a travaillé d’arrache-pied pour éviter de se les prendre dans le tapis car j’ai le cœur sur la main et ainsi ne pas le fouler au pied ce qui doit faire mal.

 Et puis d’un seul coup d’un seul, j’ai lâché pied, je n’avais plus envie de tendre la main, j’ai eu l’envie soudaine de mettre le pied dehors, je me retrouvais les mains aussi vides que mon esprit qui n’avait plus rien sous le pied qui allait traînant, je ne désirais plus du tout lui manger dans sa main que je savais de fer…Je considérais n’avoir  plus pieds et mains liés alors j’ai mis les pieds dans le plat et en un tour de main je suis parti cette fois du bon pied, enfin presque. Il va, paraît-il, m’envoyer un homme de main que j’attends de pied ferme. Ah mais !.

 

©  Jacques Chesnel

 

16:14 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

03/01/2012

QUELQUES PRÉFÉRENCES

 

 Je préfère :

. Michel Simon à Michel Ciment

. Danièle Darrieux mouillée à Marie Darrieussecq  

. Pierre Noyon à Pierre Laval, Eve à Bob et Ava à Otto

. mon concierge à un cierge con

.  mon chien couché dans sa niche à un chien-assis sur mon toit

. Rigoletto à un rigolo au rire tardif

. Nino Rota à un rototo de Nina

. la Vénus de Milo à Abraracourcix

. Christian Estroso zozo à Christian Estrosi zizi

. George Clooney à un Georges cloné

. Michel Lonsdale à Michael Lonsdale et Michael Lonsdale à Michel Lonsdale, ça dépend des films

. le vrai Astérix à l’autre :  Astérix et périls

. Pierre le Grand à Nicolas le Petit

. Le boléro de Ravel à son vélo que je trouve moche

. Laurel à qui s’enhardit

. (la nuit, je n’aime pas le mort-vivant ; ni le mort-mort, le jour) je préfère le murmure entre les deux

. à corps perdu à corps défendant et le corps à corps au diable au corps (quoique)

. la casaque au cosaque

. le signe à la croix et Christian Lacroix à la bannière

. le serment d’Hippocrate aux sermons d’hypocrites

. le pas à pas au pas de l’oie à pas comptés

. un bon filon à un mauvais Fillon

. un nain compétent à un nain compris

. franchir les portes du paradis parce que l’enfer me ment

. un consensus à un considéré

. Villiers-le-Bel à Philippe de Villiers-le-Moche

. le téton à la tétine

. niquer à paniquer

. un lapin mâle à un mal à lapine

. l’Ardèche à la dèche de l’Art

. le javelot plutôt que l’eau de javel

. la route de Memphis à la déroute de mon fils

. un chaud de la pince à un coup de froid

. la mimolette à un vieux camarade

. monter le ton et le son plutôt que baisser la garde

. Bouvard et Pécuchet à Philippe Bouvard tout seul

. le pompon sur le bâchi des marins aux gars de la Marine

. le bibi de ma chérie à Chéri-Bibi

. une Sarde qui dîne à l’huile plutôt qu’un Sarde qui déjeune au beurre

. Sarah seule à toute sa sarabande

. un gourmand qui se met à table plutôt qu’un gourmet qui nous ment dans la cuisine

. le chat de la voisine à la chatte du voisin, le jour ; la nuit, la chatte de la voisine, c’est mieux

. une existence de cabot à une vie de chien

. le son du cor le soir au fond des bois à la douleur du cor qui me taraude le pied le matin

. ma panne d’essence à la panne de mes sens

. le cinéma d’Almodovar aux films d’Aldo Movar

 

à suivre

 

© Jacques Chesnel

 

18:45 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

20/12/2011

LA PROF DE PHILO

 

 Elle a vraiment de drôles d’idées Madame Boursin, notre professeur de philo. D’abord son nom, a-t-on idée de s’appeler comme ça, on va pas en faire un fromage mais bon Boursin faut le faire d’autant que du côté poitrine elle avait du répondant et puis au diable sa marotte sa fixette sur quelques vieux tocards comme Spinoza ou Platon alors qu’on voit tous les jours à la télé les nouveaux philosophes de maintenant qui ont l’ait plus marrants, comme les Luc Ferry-boat et Alain Finequellecroûte (quoi queue)

On l’aimait bien quand même, on aimait ses corsages savamment échancrés, ses mini-jupes et ses cuissardes, ses regards en coulisses sous ses lunettes branchées genre optic 3000 en mieux, son parlé clair avec un léger zézézézaiement, quel charme flou.

 Le jour où on s’est moins marré et même pas du tout c’est quand elle nous a proposé le sujet que voici :

Que comptez-vous faire après votre mort ?...

                 vous avez trois heures.

 Heu il y a eu un silence glacial qui jeta un froid, puis Rémi a ri, Julie a ricané, moi j’ai pas bronché, les autre ont cru à une plaisanterie, vous voulez que je vous répète le sujet demanda-t-elle avec son beau sourire en forme de fleur carnivore. Je me suis d’abord demandé si c’était un sujet philosophique puis je ne sais pas pourquoi mais ça m’a interpellé ohé ohé,  je n’avais pas encore songé à la mort sauf le jour de mon anniversaire quand on a appris soudain la maladie de Mémé qu’en avait plus pour très longtemps d’après le toubib ; aujourd’hui, à 17 ans, j’ai pensé que ce n’était pas si bête et que j’allais en pondre quelques lignes bien senties. Tout de même, ça a jeté un pavé dans la mare de la classe, on s’est regardé pour savoir si y avait quelqu’un de souffrant, puis ensuite en chiens de faïence parce qu’il y avait comme un malaise évident avec la question pourquoi ce sujet- là précisément et pourquoi avait-elle regardé plus particulièrement Rémi qu’avait ri bêtement comme d’habitude quand il ne comprenait pas ce qui lui arrivait plus que souvent que souvent que comptez-vous faire après

 Faut bien avouer que ma libido me tracassant ave un tracassin permanent depuis que Julie m’a tripoté les couilles avec assurance et un regard qui en disait plus que long dans les vestiaires du gymnase, depuis qu’elle m’a flanqué ses deux gros nibards sous le nez, depuis que Jérôme m’a dit qu’il voulait me sucer à mort jusqu’à plus soif dans les chiottes du dortoir, j’ai tout de suite flashé et j’ai attaqué de front le sujet, j’allais donc faire ce que je n’ai pas eu l’occasion de réaliser de mon vivant, à savoir un bordel monstre. J’ai donc écrit : d’abord, me taper Rémi vite fait, Julie puis Jérôme, tous les trois séparément à la queue leu leu puis ensemble par devant par derrière tristement comme toujours devant toute la classe, aller caguer sur le bureau du proviseur, me déculotter devant Madame Prentout la prof d’allemand yawohl mit eine grosse bitte schön vieille salope qui honore bien son nom, saccager la classe de sciences nat’ et le matériel pour ces putains d’expériences de merde, ravager les cuisines et le réfectoire, foutre le feu aux dortoirs, sodomiser le pion qui me fait toujours de l’œil en douce, forcer l’infirmière à bouffer tous les médicaments de la réserve pharma, et, mais ça vous devez vous en douter et l’attendre avec impatience, me farcir la Madame Boursin par tous les orifices qu’elle possède, la faire hurler de plaisir ou de douleur, debout, couchée, à quat’ pattes en levrette et la laisser haletante, pantelante, encore mon chéri, puis assouvie et anéantie comme une sacrée vieille pute, autant en profiter maintenant que je suis complètement mort et je ne m’en prive pas tout en me tripotant la nouille pendant que je rédige mon épreuve.

-     C’est l’heure de rendre vos copies, s’il vous plait

 Le lundi suivant, notre prof de philo bien aimée nous donna le compte-rendu de cette épreuve : Antoine, pas mal, un peu court ; Béatrice, bien quoique un peu morbide, mort bide, toute la classe s’est esclaffée  ; Julie, toujours un peu superficiel, arguments pas assez développés, la classe pouffe ;  Rémi, un certain côté poétique intéressant ; Jérôme, épargnez-nous vos digressions oiseuses ; Martial, point de vue très insolite, attention à la concentration ; Rose, un peu trop coloré ; quant à Jacques (moi), complètement hors sujet, et j’ajoute comme d’habitude ; au fait,  vous viendrez me voir dans mon bureau.

Je vous épargne la suite que vous choisirez selon vos goûts  affinités, fantasmes, désirs inassouvis (et degrés de perversité) ; par contre j’aimerais savoir : et vous, que comptez-vous encore faire de votre vivant ?... avec ou sans Madame Boursin ?.

 

©  Jacques Chesnel

 

14:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

15/12/2011

QUAND ON… (3)

 

. Quand on m’a dit va voir le film de Carné « Le jour se lève », c’était à la tombée de la nuit

. Quand on m’a dit n’avoir rien compris à « Mulholland Drive », j’étais furieux parce que moi non plus aussi

. Quand on m’a dit on va faire une échographie j’ai entendu une certaine résonance

. Quand on m’a dit c’est votre dernière ligne droite, je n’ai pas osé courir entre les lignes

. Quand on m’a dit tu as le cœur au bord des lèvres, je suis resté bouche cousue

. Quand on m’a dit on va labourer, j’ai répondu que j’étais contre les tournantes

. Quand on m’a dit cette fille te sourit j’ai voulu sortir de mon trou

. Quand on m’a annoncé la nouvelle j’ai cru que c’était la dernière

. Quand on m’a dit c’est la curée, j’ai pensé aux pauvres bonnes sœurs

. Quand on m’a dit de lire entre les lignes j’ai tout de suite compris que c’était plus simple

. Quand on m’a dit tu sais, ce type a un charme fou, j’ai aussitôt pensé aux serpents

. Quand on m’a dit attention aux serpents, je n’ai pas vu ceux qui sifflent sur nos têtes ou qui se réchauffent en nos seins

. Quand on m’a demandé si je connaissais bien  Andromaque, j’ai dit que c’était dans mes racines

. Quand on m’a dit que tout cela est vain, j’ai repris un autre verre de Bordeaux en pensant à Gilberto

 

.Quand on m’a demandé si c’est bientôt fini, j’ai répondu qu’il fallait bien terminer.

 

©  Jacques Chesnel

 

11:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (5)

07/12/2011

LE TRIPLE A (GINETTE & MAURICE)

 

-     alors comme ça, vot’ mari donne des bons points et donne des notes comme toutes ces agences de contagion qui prolifèrent et font la loi sur tout c’qui bouge

-     ça l’a pris comme ça tout d’un coup, faut pas oublier qu’avant la retraite il était comptable compatible, que les copains rigolaient hé Momo qu’est-ce qui faut pour faire un bon comptable, hein ?, ben une table et un con, mon vieux Momo

-     ah ah ah, quelle note il vous donne, ma chère Ginette, des chiffres ou des lettres comme sur Souffrance 2 ?

-     il est encore dans les habitudes de l’école primaire avec des bons points notés sur 10, mais il va se mettre à la page avec l’ordinateur que les gamins lui ont offert pour son départ de l’usine

-     ah ah ah, il se met à l’informatique maintenant, que moi j’y ai renoncé pasqu’on s’y perd avec tous ces boutons et  les manettes

-     pas du tout, Maurice s’est mis aux lettres comme Maudize et Standard et Scie ; j’ai écopé d’un triple A pour mes tripes à la mode de Caen : Agréable, Astucieux, Appétissant soit le maximum AAA, de même pour mes tenues vestimentaires que je porte : Affriolant pour les nuisettes, Accrochant pour les porte-jarretellles, Amusant pour les vondairbras transparents, encore AAA, et pour les soins que je lui prodige quand il est malade : Apaisant pour les ventouses, Avalisant pour les cachets, Ah nom de dieu pour les piquouses, tenez aussi le triple A pour Argent, Avoine et Artiche pasque je gère bien notre budget

-     ah ah ah, il a la cotation généreuse vot’ mari, le mien il rechigne sur tout, il est jamais content même quand c’est bien surtout

-     oh attention, il est sévère parfois, juste quand y faut c’qui faut, pour l’école de petits-enfants il va jusqu’au D il est sévère pour le calcul et les fautes d’ortografe comme j’en fais moi souvent alors là D moi direct quand c’est pas carrément E

-     ah ah ah, va falloir que j’en parle à Léon de toutes formules pour pimenter notre existence qu’est bien fade avec toutes ces restrictions qu’on s’demande où qu’on va droit dans l’mur

-     sans compter pour les injures qu’il en connaît un rayon aux galeries farfouille, Andouille, Apostat que je me demande où il va chercher ça, Ankylosé du bulbe que celle-là me fait rire, Maurice il a tellement de ressource à la rescousse

-     ah ah ah Ginette, je pense que vous devez bien vous amuser les soirs à la veillée avec tout ça, et pour le batifolage indispensable pour la santé ?, dites-moi

-     il a plein de plans mais pas de plan B ou autre pour l’instant, rien que du A : Aléatoire ou Ailleurs, Amène tes Abattis, Attrape-là et tiens la bien, Arpente en douceur, Arrime-toi à la barre, Alternance et Alternatives, rien que du solide, pas d’Atermoiements ni d’Amortis mais plus si Affinités, mais il en a dans la musette comme dit le p’tit gars Baroin

-     il faut vraiment qu’j’en parle à Léon

-     faut vous dépêcher pasque ils vont bientôt tout dégrader comme chez les Grecs qui sont partis se faire voir chez eux, les Portugaises qu’ont pus de poils sous les bras et les Espagnols qui chantent plus aïe aïe aïe…alors on verra avec les autres lettres, B comme Baise, C comme Cul, D comme débauche, ça va pas tarder sur l’arrière-train de la bergère et là on va s’marrer, enfin j’sais pas si

-     not’ président va encore baisser lui qu’est déjà pas très haut malgré ses rehausseurs, on va tâcher de remonter la pente à Raffarin qu’est forte… si on buvait un p’tit quèque chose, Ginette

-     on a intérêt, ça vous change la vie un moment et ça fait pas d’mal par où ça passe…un p’tit coup d’jAjAjA avant la chute ?

-       A vot’ santé !

              

©  Jacques Chesnel

 

20:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/12/2011

ANNIVERSAIRE

 

On savait bien que cela devait arriver, un jour ou l’autre, mais pas aujourd’hui, pas ce jour-là.

 Il a ouvert la porte lentement puis est entré rapidement comme par effraction ; cela commençait mal et on n’avait encore rien vu. Il se dirigea vers Lilas qu’il gifla soudainement et sortit de la pièce suivi par Florent rouge de colère. On s’attendait à des cris, ce fut un court silence suivi d’un coup bref et sourd, celui de la chute d’un corps, Florent rentra et pris Lilas en larmes dans ses bras et dit ça va aller ça va aller en nous regardant. Personne ne bougea, la conversation reprit et soudain il a ouvert la porte rapidement puis est entré en vacillant, il se tenait le ventre avec ses mains couvertes de sang sur le manche d’un couteau entré dans un bide qu’il avait pansu, s’affalant aux pieds du couple Lilas-Florent et murmurant ça ne va pas très bien avant d’expirer à leurs pieds pouououffff. Lilas poussa un hurlement, Florent hagard ne savait quoi faire quoi dire… ah ! on dirait un film de François Plumeau dit quelqu’un de la bande en moins drôle répondit un autre, la soirée venait de débuter on n’avait pas eu le temps d’ouvrir toutes les bouteilles de champagne. Bon c’est pas tout ça dit Ambre la maîtresse de maison mais que fait-on ? on ouvre encore et on boit répondîmes-nous en chœur tandis que quelqu’un Jérôme je crois mettait le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel dans la version de Pierre Boulez et Philippe Entremont sa version de référence à laquelle nous applaudîmes. Lilas poussa de nouveau un grand cri en le désignant avec un doigt, il avait bougé, il se retournait maintenant le visage éclairé d’un grand sourire, se relevait lestement et dit qu’il préférerait plutôt un whisky car votre champ’ très peu pour moi et si quelqu’un pouvait me passer une serviette pour mes mains parce que le sirop de framboise ça colle vraiment trop. Lilas pleurait toujours soutenue par Florent qui dit arrête de faire le con tu ne nous fait pas rire alors qu’on était tous gondolés. Il avait l’air réjoui oui oui ré-jou-i de la blague qu’il nous avait faite, il buvait maintenant son pur malt quand Florent sortit précipitamment suivi comme son ombre par une Lilas toute chiffonnée  tandis que les roteuses circulaient dans le groupe avec moult appréciations.

Puis

 Florent a ouvert la porte lentement puis est entré rapidement comme par effraction, toujours suivie de Lilas qui s’était requinquée, il se dirigea vers le mort ressuscité qu’il gifla brutalement pendant qu’éclataient les rires alors qu’on s’attendait à des cris, des protestations, le whisky coulait sur les mains du mort qui était devenu tout rouge suite au coup porté sur son visage, Florent tendit la main vers Lilas qui lui remit le révolver qu’elle tenait dans sa main cachée derrière son dos jusque-là, Florent appuya deux fois sur la gâchette dans un atmosphère pétrifiée et tous les verres à la main, le mort s’écroula dans un ahhhh bon dieu d’merde mais c’était pour rigoler bordel quel con et s’affala mort une nouvelle fois aux pieds de Lilas et de Florent qui s’étreignaient éperdument. On dirait un film de François Plumeau dit quelqu’un de la bande en plus drôle répondit un autre tandis que la soirée s’écoulait maintenant normalement mais qu’on allait bientôt manquer de champagne, ce qui ne faisait l’affaire de personne.

 David, le maître de céans, trouvait que pour son anniversaire, on avait toujours droit à un beau spectacle, sa femme et les copains avaient à chaque fois bon goût pour le divertir mais cette fois ils avaient mis le paquet et pas qu’un peu. Il fit signe à Ambre qu’il allait retourner à la cave parce que là vraiment fallait pas ergoter sur la bibine.

 

 ©  Jacques Chesnel

 

12:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)