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16/07/2012

MARESCA (Souvenir de l’été 84)

 

Ah la Toscane ! d’un commun accord avec l’amour de ma vie il fut décidé que ce serait notre prochaine destination de voyage au cours de cet été 84. Et on se promettait de visiter Firenze, Sienna, Pisa et San Giminiano sans compter sur d’autres découvertes, ce qui fut le cas. Mais où établir notre port d’attache afin de se reposer entre chaque ville ? Comme pour Aracena et l’exposition universelle de Séville plus tard, retour au compas, la pointe sur Florence distance moins de soixante kilomètres soit une heure de trajet et hop on tombe sur MARESCA (on dirait le joli prénom de una bella ragazza) village tranquille à huit cents mètres d’altitude sur la route d’Abetone à partir de Pistoia et lieu de résidence pour florentins l’été sa tranquilité sa douceur sa gastronomie, on allait en profiter suivant un plan bien précis, une journée une ville le lendemain repos et ainsi de suite… sitôt installés et nos marques prises à l’auberge accueillis comme les seuls français parmi une quarantaine d’estivants de tous âges seuls ou en couples sans enfant.

 

Nous partions le matin tôt et rentrions pour le dîner vers sept heures ; nous avons donc visité les villes choisies plus Lucca, Assisi, Orvieto, Gubbio, jusqu’à Viterbo… les jours de repos, l’amour de ma vie  approfondissait l’étude de l’italien, moi je lisais Le bel été de Cesare Pavese et après la sieste crapuleuse (toutes nos siestes l’étaient) j’allais regarder le Tour de France à la télé.

 

La première fois je m’assois à côté d’un vieux monsieur qui ressemble comme deux gouttes d’eau à cet acteur Charpin vu aux côtés de Raimu dans les films de Pagnol, buon giorno buon giorno mon voisin s’agitant dans son fauteuil au passage de Chiappucci le champion italien moi m’agitant de même au passage de Fignon avec son maillot jaune on se regarde sourit regard encore et tchao, on se rencontre après le dîner sur la terrasse fleurie où tout le monde déambule sous les tilleuls et se salue buona sera ou buona notte et le lendemain rebelote devant la télé et le vélo Fignon Chiappucci vous êtes français je suis sarde Stefano Lupo enchanté enchanté vous parlez bien français oui moi pas italien je vous ai vu hier soir avec votre heu femme oui c’est mon épouse vous aimez les femmes jeunes moi je suis veuf depuis longtemps je viens ici depuis ma retraite d’avocat car en Sardaigne il fait trop chaud pour moi en juillet-août Chiappucci va gagner le Tour de France non Fignon est le plus fort…

 

Le soir venu je lui présente l’amour de ma vie qui lui parle en italien et lui qui répond en français et moi qui ne dis rien, ce fut le début d’une longue et fervente amitié qui dure toujours (nous sommes allés chez lui à Cagliari, il est venu en Normandie, a été étonné de tant de verts pâturages et des vaches disait-il émerveillé encore des vaches et le Mont Saint-Michel ah !) c’est lui qui nous a fait découvrir Lucca (traduction Lucques en français ?) le Duomo San Martini, la piazza Napoleone, l’église San Michele in Foro et son fronton si décoré, la tour Guinigi et son bouquet de chênes en haut de la tour, ses fortifications et ses nombreuses portes, puis nous sommes allés à Monte Catini admirable petite ville d’eau, à Castelfiorentino manger des gnocchis si délicieux, tout ce qu’on n’aurait pas vu sans cette rencontre miraculeuse… le soir après de nouveaux conciliabules sur la tintarella (lieu où l’après-midi quelques alanguis s’exposaient au soleil) avec Stefano nous avouant sa passion pour la littérature et la poésie françaises nous récitant des fables de La Fontaine ou des tirades du Cid un poème de Baudelaire une citation de Camus, dispersion soit vers le chambres, la télé ou les salons dont celui ou se réunissaient les joueurs de cartes… invités par Stefano, nous regardons les joueurs et le jeu auquel je ne comprends rien mais absolument rien l’amour de ma vie si et elle se trouve invitée à participer à la prochaine partie… qu’elle gagne haut la main vous avez de la chance lui dit-on aimablement encore une oui qu’elle gagne de nouveau vous jouez bien lui assure-t-on avec un sourire crispé encore une si vous voulez qu’elle gagne de nouveau et encore une autre… bon dit l’assistance unanime et grimaçante il doit être l’heure d’aller se coucher non ? buona notte a tutti…

Le lendemain on se retrouvait Stefano et moi devant la télé Chiappucci et Fignon qui allait gagner la grande boucle, plus tard dans la soirée personne n’invita l’amour de ma vie à jouer à une nouvelle partie de cartes… nous partions le lendemain, nous avons beaucoup aimé notre séjour dans cette auberge à Maresca cette année-là.

 

©  Jacques Chesnel  (l’amour de ma vie)

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07/07/2012

DÉTOURNEMENTS (2)

 

. mieux vaut manger son chapeau que la peau du chat

. arrêter sur les casquettes de roue

. retirer la queue du diable

. avaler sa façade

. l’hymen à la joie

. la poudre des crampettes

. les pets âgés des autoroutes

. avoir peur du Loir si Cher

. une camisole de faiblesse

. la force de démarrer les marées

. ça dépote chez les empotés

. les sévices du rangement sont en dérangement

. Bernard envie les ris en Libye

. Claude chat drôle

. Mimi ratisse

. Charlotte première de cordée

. Guillaume Roquet quête

. Monsieur Léo Tôt épouse Madame Léa Tard

. laisser monter Verdi et descendre Monteverdi

. Lothar rit quand l’otarie ne rit pas

. les pépées de dames aux caisses

. aux grands maux les petits intermèdes

. la trombe ose, la thrombose aussi

. l’arme mature des armateurs

. les bites niquent toujours (oh), les beatniks aussi (ah)

. Dracula : pire que le bal des vents

. sot donne et go maure

. les raison des tas

. l’état de ferraille

. l’effet railleur

. applaudir dès demain

. radieux mieux irradié

. corruption des corps rompus

. apparatchik en habit d’apparat chic

. vocable irrévocable

. j’essuie comme je suis

. les roux manient mais la Roumanie nie

. l’apologie du logis

. le siège s’est refermé sur le Saint-Piège

. la licorne d’abondance

. fruit de bond

. université de Coimbra : bac A là-haut

. une fin de loup

 

© Jacques Chesnel

 

 

11:54 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

28/06/2012

VISITE À DALI (Souvenirs de l’été 1961)

 

Cette année-là, l’amour de ma vie et moi avions choisi l’Espagne, la Costa Brava et Cadaquès pour quelques jours de vacances que l’on dit bien méritées ; le livre de Henri-François Rey Les pianos mécaniques n’y était pour rien parce que « le St-Tropez espagnol » bien avant Ibiza, très peu pour nous. Non, j’avais une autre idée : celle de rencontrer Salvador Dali que j’admirais et admire toujours malgré certaines positions politiques du personnage ; et puis, lors de ma première expo parisienne à la galerie Le soleil dans la tête, un copain m’avait dit que si je l’abordais bien, il n’y aurait pas de problème, alors !; bien aborder ?, comment ?.

Nous avions installé notre petite tente orange dans la baie de Port-Lligat, installation sauvage, quelques campeurs qui dès le premier jour nous alertèrent sur le cinglé d’en face qui donnait à manger à ses cygnes le matin et l’après-midi tirait des coups de feu, d’où notre étonnement sur ces derniers. Le lendemain matin, je guette et aperçois Dali qui alimente ses bestioles et m’approche un peu intimidé et après un bonjour lui déclare que des cygnes dans l’eau de mer c’est plutôt contraire à la légende qui voudrait que… et notre relation s’établit avec sa réponse sur les imbéciles qui prétendent que… nous nous quittons, les campeurs qui avaient tout vu me demandent et alors le fada ? vous avez de la chance nous on s’est fait jeter... et je reviens le lendemain à la même heure et là tout de go je lui exprime mon admiration et avoue que j’étais venu pour le rencontrer et… il m’invite à entrer dans sa maison ou plutôt ses trois maisons de pêcheur aménagées, nous bavardons sur la peinture, surtout sur l’abstraction lyrique qu’il détestait, sur Georges Mathieu que j’admirais également et que Dali taquinait en lui affirmant qu’il peignait des grues sans arrêt, sur son travail en cours, son idée et projet de musée, sur…ces crrrétins de campeurs de l’autre côté de la baie dont les tentes bleues ou oranges (dont la nôtre !, je n’allais tout de même pas lui dire que je fais partie de ces…) mutilent le paysage, tout cela sans colère, très calmement, chaleureusement, à l’opposé de toutes ses attitudes savament orchestrées par les médias gourmands de ses frasques.. . et je lui pose alors la question sur les coups de feu, ah ! revenez demain après-midi et voilà Gala sa femme qui entre dans la pièce en faisant la gueule (on m’avait prévenu)  sans un regard pour moi signifant par là que l’entretien est terminé… de retour chez les crrrétins je reste muet devant leurs interrogations vous y retournez demain ? pour les coups de feu ? et confie mes impressions à l’amour de ma vie, pantoise…

 

Ce fameux lendemain, Dali m’attendait et m’emmène dans le jardin derrière le batiment où se trouve Arturo son valet très digne tenant un fusil appuyé sur une fourche en bois en guise de béquille et visant un arbre sur lequel est accroché une plaque de cuivre, Arturo remplit l’engin d’une cartouche remplie de clous, Dali assis dans un fauteuil crie « fuego » Arturo impassible tire et la cartouche explose sur la plaque de cuivre… Dali m’explique alors qu’il travaille sur un livre qui sera le plus cherrrr du monde L’Apocalypse selon Saint-Jean en collaboration avec notamment Jean Cocteau et Bernard Buffet, il réalise une série de gravures, utilisant les empreintes des clous dans la plaque de cuivre sur laquelle il travaille ensuite… je lui demande également pourquoi l’ongle du majeur de sa main droite est exagérément long ? ah ! c’est pour réaliser un portrait du pape Jean 23 et prenant une feuille de papier et un petit flacon d’encre de Chine, il pose une tache et avec son ongle donne des sortes de pichenettes dans tous les sens en tournant la feuille et me montre une ébauche… j’allais lui dire au revoir quand il me demande si je voulais visiter son atelier quelle question ! Il me montre alors un de ses derniers grands tableaux intitulé La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb sur lequel figure Gala en sainte auréolée sur un grand étendard, œuvre qui attendait de partir pour un musée… au moment de partir il m’annonça que le lendemain il assisterait à une grande fête à Cadaquès donnée en son honneur… nous nous mîmes sur notre 31 l’amour de ma vie et moi c’est-à-dire un pantalon long et un coup de peigne pour moi une robe et peu de maquillage pour elle en lieu et place des sempiternels shorts ; que de monde sur la plage de Cadaquès où l’on avait construit une estrade sur laquelle jouait un orchestre et où évoluaient les danseurs de sardane en attendant le Maître… qui à minuit presque pile arriva dans un petit bateau doug doug doug piloté par le fidèle Arturo, derrière Dali un paravent rouge et devant lui une sorte de projecteur qui éclairait son visage marmoréen ; applaudissements, hourras, Dali descend majestueux traverse la foule et m’aperçois il vient vers moi me prend dans ses bras pour une accolade démonstrative, l’amour de ma vie mitraillant la scène avec notre appareil photo… dans lequel j’avais oublié de mettre une bobine !!!... j’entends encore et toujours les déclics, merde.

 

©  Jacques Chesnel  (L’amour de ma vie)

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21/06/2012

DÉFORMATIONS / DÉSINFORMATIONS

                          

C’est quand il m’a mis son pétard sous le nez en braillant labour sous l’avis que j’ai compris qu’il avait de la fuite dans les idées oh en toute méconnaissance de Causses et reconnaissance d’Odette, ce qui me mit en pétard avec l’envie furieuse d’en fumer un ; il ne me restait plus qu’à me tirer une traite sur le futur ou au mieux faire des pleins des sens sur la comète de râler un bon coût : je m’étais fourrer dans de sales bras et ne voyait pas comment m’en sortir autrement qu’en serrant les points et marquer des poings, pas si évidant. Là-dessus j’émets un pet de traverse avant de démordre la poussière, il en profiterole pour me talquer à ride abattue avant de défaire dans la dentelle, nous y voilà. Avec sa soif du mâle, il me mit l’épée dans les riens, il me fallait donc dépendre mon pied avant de prendre le large dans la langueur, ce qui je fis sans trader et avec prêt si pétition, ça roucoule de source ; il devait y avoir du détartrage à l’amulette suédoise. Des gages, classe-toi, lui intime-je sans beaucoup d’illusions car il n’obtempéra pas. J’essaie alors de détricoter des gambettes afin de prendre la foudre d’escampépette mais queue d’ail je fais du surplace dans la déroute c’est pire que la bataille des waters à l’eau en je sais plus combien damnés, par compte je ne sais pas comment me dépatouiller de ce qui à propos, envoyer un message subit minable ? oui mais à qui dame ?. Il me faudrait troquer le trac contre un truc du tac au tac sans tics trop de tocs mais quid ?, j’ai peur de me faire mouler dans la narine avant de me faire têter le nez et que ça me pende au bout dudit, j’ai peur aussi d’en mater une comme un rat ou d’en rater une comme un mât qu’on se farcit dans la moire entre le ramage, je suis un peu comme mon copain Jeff Roy qui se plaint d’être sempiternellement tant pire un candescent remontant malgré son cas rance de nippes à des coites ou comme Michel Aufray avec son traité d’athées au logis sans abris ni brique à braque pour branque. Maintenant (comme disait Madame de) j’irais bien faire un détour au bord de l’amer, dévider de boire la tasse à mariée haute pasque j’aime pas ça l’eau et que j’ai les chococottes de mourir noyer comme une vieille chochotte emperlousée en rade de Brest et en reste aussi pour un voyage au bout de l’envers façon Marlo Brandon.

 

(Ecrit vite fait en ce jour de la pelle du 18 juin 2012)

 

©  Jacques Chesnel

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16/06/2012

PRÉSOMPTION

 

(in memoriam F.Scott & Zelda Fitzgerald)

 

Pourquoi une héroïne de roman ou de toute autre forme littéraire vous touche-t-elle plus qu’une autre, beaucoup plus ?. C’est la question que je me suis posée à la lecture et relecture d’une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald intitulée Présomption écrite en 1925 dans laquelle le personnage principal, une jeune fille, se nomme Noelle Garneau.

Jusqu’ici j’avais été amoureux, littérairement s’entend, de l’œuvre complète d’auteurs (je ne participe pas à la féminisation des appelations) décédés, de Virginia Woolf, Carson McCullers et Flannery O’Connor ou bien, musicalement, de la cantatrice Kathleen Ferrier découverte dans les Kindertotenlieder de Gustav Mahler grâce au Concert égoïste de Julio Cortázar à la radio. Bien entendu, cela ne posait pas de problème à l’amour de ma vie quoique son si beau sourire n’était pas aussi rayonnant que d’habitude lorsque j’évoquais ces dames.

Que dire alors lorsque je revins trente ans après ma première lecture vers ce cher Scott et ses nouvelles, plus de deux cent cinquante, toutes aussi merveilleuses à mes yeux (ce qui n’est pas l’avis de tout le monde) et que je relus avec émotion, cette histoire qui ressemble à toutes les autres ou presque avec ce charme si particulier qui les caractérise : une jeune fille riche tombe amoureuse d’un jeune garçon fauché et/ou réciproquement. Banal, non ?, transcendé par la magie de la prose fitzgeraldienne oui. Je me souviens d’une courte phrase qui m’avait poursuivi longtemps et que je trouve toujours admirable de simplicité dans l’évocation : il démarra, dans un nuage de poussière parfaitement excessif. Qui d’autre que Scott pouvait et peut encore écrire cela ?.

Grand lecteur-admirateur de ces nouvelles remarquablement traduites par Jacques Tournier par ailleurs auteur d’un Zelda bouleversant, j’aurais pu tomber amoureux d’une autre des ces jeunes filles en fleur écervelées un peu pétasses ne pensant qu’aux bals et aux jeunes gens à séduire, à embrasser sans aller plus loin bien sûr… et bien non, non, Noelle, Noelle Garneau, c’est pour elle que je me pâme, et voilà que je jalouse ce petit connard de San Juan Chandler et l’autre benêt pour ne pas dire l’andouille de Brooks Fish Templeton le fiancé imposé, que mon cœur bat si fort quand je prononce son nom, que je m’écrie moi aussi quand je la vois comme ce grand couillon : tu es ce que je connais de plus ravissant, de plus ravissant dans le monde entier, mon cœur prend feu lorsque j’aperçois ton beau visage, ton si beau visage, dès que je sens ce frais et doux parfum qui t’environne… tous ces mots, cette phrase délicieusement démodée et même un peu indigente… que je n’aurais jamais voulu déclarer à l’amour de ma vie de cette façon, j’ai trouvé d’autres mots d’autres regards d’autres promesses d’autres certitudes mais quand même Noelle… et puis s’entendre dire à la fin de la nouvelle de Scott  de la bouche de sa tante, Madame Pointdexter chez qui elle s'est réfugiée et refuse toute visite : « Noelle, descend ! Noelle, descend tout de suite ! descend vite ! c’est Monsieur Chesnel qui est  ! C’est Chesnel ! ».

Chéri, arrête de rêvasser, tu viens, c’est prêt.

Voilà voilà, j’arrive.

L’amour de ma vie avait préparé un dîner en amoureux, un de plus…

p-s : la nouvelle « Présomption », publiée en 1926, se trouve dans le recueil intitulé

« LOVE BOAT et autres nouvelles » (éditions Belfond)

 

©  Jacques Chesnel 

 

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15/06/2012

DANS LA CABINE

 

 Quiconque prenant l’ascenseur a connu au moins une fois l’angoisse de la panne par coupure de courant ou incident mécanique, surtout ceux qui habitent dans ces tours qui peuvent devenir infernales à tout moment.

 Ce matin-là, Jérôme Ricard est tout guilleret en sachant bien pourquoi, il s’est levé de son bon pied après l’avoir pris deux fois de suite dans la nuit avec Corinne et Caroline ses meilleures copines (vive le tri le trio le tri au lit le triolisme le tribalisme et tout le toutim et tout le tintouin et tout, jubilait JR). Il est dans les temps pour arriver à l’heure au bureau après une demi-heure de trajet. L’ascenseur arrive à son dix-septième étage, le sien, pensant fort et constamment à la blonde oxygénée quelques étages en dessous, celle sur qui il croit n’avoir aucune chance mais avec quand même un petit espoir on ne sait jamais

et la descente commence…

dans la petite glace je repère un poil de nez qui dépasse un peu, je tire dessus et j’éternue jusqu’au 11ième où entre alors la belle de cet étage que je reluque (la belle pas l’étage) depuis un incertain temps et tant, je lui balance mon plus beau sourire auquel elle répond hardiment de même et c’est reparti quand entre les niveaux 7 et 6, plouf arrêt subit instantané brutal qui nous projette l’un moi contre l’autre elle, qu’est-ce que c’est murmure-t-elle dans mes bras ce n’est rien juste une panne oh mon dieu LA PANNE pas de panique il faut être patient tenez j’appuie sur tous les boutons celui de l’alarme putain qui ne sonne pas encore heureux que la loupiote de sécurité soit allumée et rien ne bouge à part la belle qui commence à gigoter dans tous les sens ce qui affole les miens et que j’essaie de calmer tant bien que mâle elle halète gémit geint suffoque tremble grelotte et tremblote paniquàbord paniquàmort je tente de la calmer elle s’agrippe comme Aggripine me laboure le dos de ses ongles vernis elle commence à ôter son chemisier puis son soutif maintenant c’est moi qui me défait de mon pantalon je défaille sans faille ni faillir la situation est unique inespérée elle retire sa culotte me prend le zizi furieusement tout en me bouffant les lèvres je bande comme un âne et même un peu plus si c’est possible si je vais enfin la baiser ma blonde voisine du 9ième sur laquelle je fantasme depuis si longtemps lui en faire voir de toutes les couleurs des vertes et des pas mûres tien ma cocotte accroche-toi aux branches et surtout à la mienne que voilà ma poulette aaaaah je la pénètre en douceur et profondeur me voilà enfin elle hurle de plaisir

… l’ascenseur s’arrête doucement rez-de-chaussée susurre la voix d’hôtesse enregistrée et Jérôme sort seul en refermant sa braguette et se traitant de con parce que enfin ces rêveries à répétition...

 

 Cet autre matin-là quelques jours plus tard, Jérôme Ricard s’est levé du mauvais pied après une nuit agitée avant de ne pas s’en servir, la drague avec la blonde voisine du 11ième a été un échec cuisant avec une gifle bien sentie et des rêves de catas en tous genres pour finir par un tremblement de terre et tout l’immeuble sur la tronche. Le petit dèj avalé de travers il sort et appelle l’ascenseur qui arrive enfin vide, il se recoiffe de la main vérifie ses poils de nez qui repoussent à toute allure, appuis sur rdch et c’est parti. A l’étage de la belle, ce n’est pas elle qui entre mais Madame Omodo qu’on appelle la grosse bien qu’elle ne pèse pas plus qu’un demi-quintal toute habillée de son éternel manteau de chinchilla avec son chihuahua de clébard dans son sac en bandoulière. Elle me balance son sourire armé jusqu’aux dents qu’elle a si nombreuses avec un bonjour Jérôme quel plaisir de vous voir vous vous faites si rare ces temps-ci, sa saloperie de  chien approuvant d’un petit ouaf constipé. Comment me débarrasser de cette vieille peau dans cette cabine qui se trimballe si lentement vers l’enfer et contre tout quand plouf au niveau du 7ième arrêt complet personne ne descend LA PANNE bien réelle cette fois. Alors la drôlesse ne se retient plus et me saute littéralement dessus en laissant tomber son cabas et le médor qui s’écrase splatch, elle m’empoigne avec une force incroyable ah mon p’tit gars tu vas voir tu vas en voir de toutes les couleurs oui je sais surtout des pas mûres, je me débats je me démène, elle m’entortille, essaie de me déloquer, je résiste, je m’impatiente, je ne sais plus quoi faire devant cette attaque déloyale me faire ça à moi qui ne lui ait rien fait qui ne veut surtout rien lui faire et la voilà qui s’énerve comme une vieille sorcière lubrique, elle veut déchirer mes vêtements et dilacérer les siens que j’essaie de remettre en place, maintenant elle hurle comme la blonde du 11ième de sa voix de mégère non apprivoisée… et maintenant la machine qui d’un coup se remet en marche en cahotant, elle est maintenant surprise et tente de prendre une contenance et sa dignité perdue, de se rajuster et de récupérer le cabot anéanti dans ses déjections. Je sors en courant tandis que Madame Omodo (dit la grosse) prend un air convenable et me dit suavement au revoir Jérôme à bientôt tandis que la blonde ma blonde nous retrouve dans le hall, descendue par l’escalier de secours à cause de cette panne d’ascenseur. Elle m’offre un sourire narquois devant mon air dépité.

Il ne me reste plus qu’à me venger… au cours de mon prochain rêve. 

 

©  Jacques Chesnel

 

 

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07/06/2012

RENCONTRE AVEC UN AUTEUR

 

Quand le patron m’appela et me dit Muriel c’est toi qui va faire l’interview, mon sang n’a fait qu’un tour car si je connais bien ou crois tout savoir sur tous les auteurs connus, je n’avais jamais entendu parler de celui-là, un type qui écrit exclusivement sur un blog, sur la toile !. Détrompe-toi, renchérit mon patron chéri, ce mec est lu par des milliers de lecteurs, ses fans se comptent par plusieurs centaines, il fait un vrai malheur depuis cinq ans ce qui fout la trouille aux éditeurs dont il se moque, voilà ma belle, à toi, j’ai pris rendez-vous c’est mercredi à quinze heures chez lui allée Madame de Sévigné, tu mets ta plus belle robe, la plus courte…

Je me suis précipitée sur internet et en effet et j’en suis restée toute ébahie, une pleine page wikipédia, un nombre d’entrées considérable, plus de deux cents textes publiés, des commentaires élogieux à la pelle, c’était tout simplement incroyable que je sois passée à travers, je pris des tas de notes pour ne pas paraître plus ballotte que je le suis malgré tous mes diplômes.

15 heures pile, un petit immeuble entouré de verdure, le digicode, le nom Jacques Chesnel, je sonne, oui répond une voix grave, je m’annonce : Muriel Branlon-Lagarde de la revue « Beaux Textes », nous avons rendez-vous, c’est au deuxième porte à droite, cooinc, dans l’ascenseur j’ai le palpitant qui palpite, je rajuste un peu mon soutif pigeonnant qui me fait un décolleté plongeant, je tire une peu sur ma minijupe et sur mon string qui me triture les fesses.

La porte est ouverte entrez dit-il, je bute sur le paillasson et manque de me ramasser et c’est ainsi que je me retrouve dans ses bras !, il sent Eau Sauvage de chez Dior à plein nez, il est grand, porte beau pour ses heu quatre-vingt ans bien tassés voire plus avec ses longs cheveux blancs qui lui tombent sur le épaules qu’il a larges enfin surtout la veste, on dirait Paul Newman tenant le rôle de Buffalo Bill dans un film, droit, bronzé, amène, un sourire un peu carnassier à la Trintignant aïe. Je dois être toute rouge et avoir l’air carrément gourdasse, vous vous appelez comment déjà Muriel, veuillez- vous assoir  là Muriel, je plonge dans un fauteuil comme celui d’Emmanuelle dans le film, ça commence bien, mon string  part en vrille et soudain j’ai des ballonnements et des gaz, vite faut que je me libère, je vous écoute mademoiselle, je pète, ouf.             

Auteur.jpg

Alors bon c’est à moi mais je ne sais pas encore où j’en suis, le vieux matou a l’air de vouloir m’intimider mais j’en ai vu d’autres heu quels sont vos maîtres enfin les écrivains qui comptent pour vous, vous pouvez m’appeler Jacques, puis quoi encore, un peu pompeux il me balance tout de gogo : une sorte de symbiose entre James Joyce et Frédéric Dard, Chateaubriand et Jean Echenoz (là je frémis c’est mon écrivain favori), Albert Cohen et Virginie Despentes, pas du tout Proust et d’Ormesson que je déteste, il se fout de ma gueule c’est évident, voulez-vous boire quelque chose, un thé au jasmin ou une camomille et d’où vous vient votre curieux patronyme ma chère Mumu, il commence à me gonfler ce Chesnel-là, et vous écrivez depuis longtemps comme tout le monde ? demande-je en touillant dans mon breuvage sans saveur, oh j’avais commencé bien avant que j’eusse terminé dans le futur, tenez par exemple dans « Corrida à la Samaritaine » j’ai mis trois ans pour trois lignes, vous rendez compte ahahah une ligne par an et je devins célèbre puis-je vous inviter à dîner à la bonne franquette (à la bonne franche quéquette oui vieux sacripant) j’ai un sauté de veau au frigo et un p’tit Lambrusco de derrière les fagots à moins que vous ne préfériez un verre de bordeaux avec des rillettes hihihi, je ne réponds pas, vous avez, dis-je, un phrasé un peu déconcertant pour des novices et cette absence de ponctuations qu’on vous reproche souvent, mes lecteurs ou plutôt mes lectrices raffolent de ces partis-pris flagrants ça les émoustille surtout les intellectuels et telles les érudits et dites (et Rudy aussi, mon petit copain) les jeunes lesbiennes et les vieux pédés allez savoir pourquoi, à propos vous savez j’ai connu intimement et manuellement une Branlon au collège en terminale à Belfort en 46, une parente à vous ? je crois que je vais le gifler et défaire sa mise en plis d’autant qu’il louche de plus en plus  furieusement sur mes gambettes découvertes à la Zizi Jeanmaire donc je re-tiraille en vain sur ma jupette et je me relance : ainsi internet pour vous c’est une fin ou un moyen plus direct de communiquer ?, je ne communique point Mumu, je m’exprime et jette en pâââture mes pensées et autres divagations sans prétention et ça marche mieux que le tandem Lévy-Musso ou l’affreux Bègue BD alors hein je fonce Alphonse comme disait mon grand-père, dites, j’ai aussi connu de très près une Lagarde, non pas la Christine trouduc-machin-chose, rassurez-vous, non une vraiment belle, à Douarnenez en 52, une parente à vous ?... le téléphone sonne, un petit chien affreux fonce sur moi et aboie furieusement, allo oui elle est là… c’est pour vous, votre directeur chéri qu’il dit, ok patron j’arrive, j’éteins mon magnéto, au revoir Monsieur, c’est quoi au juste votre nom bizarrement composé ? me dit-il en me raccompagnant une main un peu trop appuyée sur mon épaule, vous savez, j’ai connu une...

 Le clébard bâtard me mordille la cheville en sortant. Chesnel lui donne une gentille tape, allez couché Marcelproust, t’es qu’un vilain toutou, faire ça à cette gentille demoiselle !.

 

©  Muriel Branlon-Lagarde / Jacques Chesnel

© Illustration : Jean  « Buz » Buzelin

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DÉTOURNEMENTS (1) (à vous de voir)

 

. l’enfance de lard avec des lardons

. les vieux de la veille, les yeux de la vieille

. la poule aux yeux d’or dort

. un pet de traverse

. la soif du mâle

. la guerre de deux, le cheval de quatre

. la guerre d’étroit a bien eu lieu

. l’épée dans les riens

. les choses de l’avis à la population

. mort de pire

. l’époux dans la tête

. les portes de l’envers

. l’inverse vaut l’endroit

. trouvé pipi à quatorze heures

. des mots pour le rire

. les feux de la lampe, les fous de la rampe

. en méconnaissance de Causses

. une âme de onze heures net

. pari pris, parti rendu

. les malheurs de fausses scies

. le goût des hôtes, le dégout de soie

. la meilleure façon de démarcher

. l’horreur, l’aigreur et l’erreur sont dans le pré

. à ride abattue

. battre l’envers quand il est show

. botter l’arrière-train du berger

. faire dans la dentelle (ah !)

. défaire à repasser

. dépendre son pied

. garnissons la garnison

. excusez du beaucoup

. pneu me chaut

. du silence dans le lanterneau

. le dément de midi, le démon chauve la nuit

. la main dans la hulotte

. détricoter des gambettes

. un remède de Chaval

. démonter sur ses poulains

. pendre le taureau par les normes ou par l’énorme

. le tort ne tue pas, la tortue si

 

à suivre

 

©  Jacques Chesnel

 

 

 

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24/05/2012

ISOLOIRS


Je n’aurais jamais dû sortir de mon premier, j’étais si bien dedans pendant neuf mois, Maman, merci.

Dans mon second, il faisait aussi tout noir à l’intérieur, c’était le cagibi sous l’escalier pour mes premières punitions, je devais avoir trois ou quatre ans, je braillais, vomissait, pissait tant et tellement alors j’y retournais une fois de plus souvent avec les balais poilus et les serpillères aqueuses ; dans mon second, il flottait une drôle d’odeur, moitié genre urine confie moitié eau de sent-bon de vieille chaisière ; à travers un p’tit carré de grillage en bois, une voix mielleuse me condamnait aux pires supplices parce que j’avais avoué avec fierté que j’aimais bien regarder la culotte des filles tout en me tripotant la zézette et que j’avais roulé une pelle à une copine dans la sacristie le jour de ma première communion, on appelait ça un confessionnal, ce qui me faisait marrer à cause de con et de fesse mais me faisait mal aux genoux à cause de la planche où des clous dépassaient pour aggraver la punition, salauds de curetons ; puis ce fut la petite chambre sous les combles au huitième étage sans ascenseur mais avec Monique, notre isoloir à deux à nous, on aimait y rester le plus longtemps possible pour enfin presque avant que son Papa vienne nous déloger et de me mettre un beigne t’as pas honte garnement à quatorze ans re-beigne, ta gueule vieux con ; je m’enfermais assez souvent dans l’isoloir à caca avec des numéros de Paris-Hollywood sur lesquels des starlettes me faisaient fantasmer avec la veuve Poignet qui me laissait anéanti et comblé voire exsangue ah ! la belle bien roulée de partout la Nadine Tallier qui allait devenir la replète Baronne de Mesdeux de Rote-Childe avec chichis et compagnie ainsi qu’une brochette d’autres starlettes  dénudées mais pas trop.

Je connus ensuite des séjours plus au moins brefs au cabanon dit le mitard aux cours de mes courts séjours dans l’armée, je n’avais pas, je n’ai jamais eu l’âme combattante alors vous pensez : allez Machin, vite fait au trou, moi c’est Jérôme, Jérôme Ricard, comme la boisson que vous buvez tout le temps jusqu’à plus soif mon adjudant, au cagnard j’ai dit, bordelàcul, avec huit jours de plus.

Depuis ces temps révolus, je suis souvent retourné dans les isoloirs pour faire, comme on dit, mon devoir de citoyen, je me suis souvent trompé de bulletin comme tout le monde mais je ne suis jamais allé dans la mauvaise direction, j’ai quelquefois foutu la pagaille au cours des élections locales en brouillant ou bidouillant les bulletins, essayé de coincer ma jolie voisine au risque de déglinguer la disposition instable patatras non mais qu’est-ce que vous faites vieux grigou où vous croyez vous donc, c’est pour vous que je vais voter, vous glisser mon gros bordereau tout chaud, vous pouvez pas attendre un peu non ? ce soir ? après le dépouillement ?… je vais vous dépouiller… on devrait voter plus souvent.

Ces temps-ci, je m’isole de moins en moins, je recherche la compagnie, je retrouve des copains perdus de vue depuis belle lurette, ‘tain Jeannot il a pris un sérieux coup de vieux, comment tu fais toi Jérôme avec tes allures de jeune blanc-bec élégant, tu marches à quoi toi Lulu, oh René tu ne fumes plus… et puis je ne veux plus les voir, ils me dépriment tellement avec leurs souvenirs, leurs regrets, leur absence d’espoir alors je m’isole de nouveau tout en sachant que, comme tout le monde, j’aurais droit au dernier isoloir, celui dont on ne sort jamais mais je peux vous dire que je vais appuyer de toutes mes forces sur ce foutu couvercle car j’ai jamais eu l’occasion de me faire enfermer définitivement et ce n’est pas cette fois qu’on va m’en empêcher, vu ? c’est pas demain la veille ni la vieille... alors je m’entraîne tous les jours, de la muscu et des haltères pour fortifier mes bras et je fais de progrès quotidiens, allez Jérôme encore un effort…

 

©  Jacques Chesnel

 

19:57 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

17/05/2012

VA-ET-VIENT EN CONJUGAISON

 

Je sors avec le candidat sortant

Tu entres avec le président entrant

Il émerge d’un pays émergent

Nous accourons à une chasse à cour

Vous vous endormez au bois dormant

Ils flippent au flipper

Je fais la grève sur la grève puis sur le tas

Tu avoues l’inavouable à l’avoué

Il bulle en faisant des bulles avec des boules

Nous adorons les dorures érodées

Vous rôdez de rodéos en ronéo

Ils errent sur l’aire de l’Eire avec un drôle d’air

Je subis un choc las pour le chocolat

Tu picoles dans la rigole, c’est rigolo

Il éternue sur mes terres nues, éther nu

Nous faisons la course avec mes courses

Vous pétez la forme en pétant tout en pétaradant à la parade

Ils sautent en marche et sursautent sur Mars

Je pratique le sur-place sur la surface

Tu esquives sur la rive dans le total qui-vive

Il dit ah ! mon cochon qui vivra verrat

Nous n’y avons vu que du feu en nous brûlant

Vous avez donné l’absolution en solution sans ration

Ils ont aimé Zorro le héros puissance zéro

Je les ai tous vaincu, j’en suis convaincu, même les cons

Tu as mangé deux pommes avec une pom pom girl

Il a fondu sous leurs regards de braise

Nous avons bu un whisky pur malt à Malte, c’est autre chose

Vous avez connu la suprématie debout et vu les Suprêmes assis

 

Ils n’osent pas appeler William mon chat qui expire

Je ris quand Ruth rote en lisant Philip Roth

Tu répugnes à nommer Corneille un auteur qui prend Racine

Il a tout retardé pour être en avance, ça marche

Nous étions démontés comme la pendule d’un pendu

Vous avez retrouvé tous vos sens grâce à un sens unique

Ils n’ont rien vu venir, encore moins retenir, ni su revenir,

sinon repartir, encore une fois comme d’habitude

mais moi

Je n’ai pas entendu le train qui n’a sifflé que deux fois

Je suis raide comme une passe lassée

Je prends le large dans la marge de la barge

J’expie dans l’extase, un exploit, c’est plus explicite.

 

© Jacques Chesnel

12:12 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

04/05/2012

JACQUERIE

 

Une fois par mois, les Jacques se réunissent pour parler de tout et de rien.

Au cours de la dernière réunion, Jacques a posé la question des racines, ce à quoi Jacques a répondu qu’il n’avait pas de racines et que cela ne voulait rien dire, ce à quoi Jacques a demandé alors d’où viens-tu, Jacques a rétorqué que ce n’est pas de venir de quelque part qu’on a pour cela des racines, Jacques a observé alors qu’on doit s’enraciner quelques part pour pouvoir en venir, Jacques répliqua qu’on n’allait pas passer la journée à se tripoter le bulbe quant aux origines, Jacques obtempéra et annonça que pour lui l’enfance était plus important pour expliquer tout ça quand Jacques avoua qu’il n’avait aucun souvenir de son enfance, arrête de faire le Jacques dit Jacques tu sais bien que c’est de là que tout vient et non d’ailleurs, d’ailleurs avança Jacques tout le monde n’est pas d’accord là-dessus, ah bon interpella Jacques et les madeleines alors hein, oh on va recommencer avec Proust mon cher s’indigna Jacques, chez nous affirma Jacques c’était les biscuits Lu, nous à la maison babafouilla Jacques on n’avait pas les moyens seulement les tartines pain-beurre, et c’est comme ça qu’on prend racines dans le terroir rigola Jacques, bon les mecs argumenta Jacques si on abordait les choses sérieuses, quoi aboya Jacques le petit déjeuner si c’est pas du sérieux zut à la fin que Jacques débita à sa manière par un zutalafin retentissant, Jacques serina mon enfance c’est demain, non Jacques vu ton âge t’es encore dedans, vous m’emmerdez avec l’enfance reprit Jacques énervé, tenez osa Jacques pour ma première communion, ah bon pasque trancha Jacques tu as fait ce cirque moi qui croyait que, faut pas se fier aux apparences releva Jacques tout fier, ma sœur Jacqueline revendiqua Jacques est bien devenue carmélite, prêt pour le dialogue ironisa Jacques, heu quel rapport avec les racines du petit déj’ souffla Jacques, bon on va se fâcher pour si peu articula Jacques le jeu n’en vaut pas la chandelle, que nenni proféra Jacques on est en plein dans le sujet, tenez maugréa Jacques moi je jouais au curé intégriste, et tu es devenu anticlérical souligna Jacques, comme quoi les racines l’enfance le p’tit dèj la chandelle et la religion c’est du pareil au même hihihi ricana Jacques, Jacques (celui qu’on appelait Jacquot) éructa oh les mecs on va se prendre la tête pour des conneries, Jacques (celui qui se faisait appeler Jacquou le croquant sans savoir pourquoi) susurra que le moment était venu d’ouvrir une autre bouteille, mes enfants gronda Jacques (dit le Gros car fils de Jacques Legras) tout ça c’est pas tout mais moi je vous le dis on se met le doigt dans l’œil jusqu’au trognon, trognon trop mignon troufignon badina Jacques qui se faisait appeler Jacky, Jacques assura qu’on savait plus de quoi on causait, on cause pas on bavarde bavarda Jacques, et alors si parlait politique mes amis insinua Jacques, on va recommencer à s’entre-déchirer lâcha Jacques ce serait un tollé, un tolléador grimaça Jacques qui aimait les corridas, moi je suis contre la peine de mort grogna Jacques, Jacques susurra qu’on ferait mieux de parler d’amour avec du poil autour, ce qui rendit Jacques furieux à cause de la grossièreté du pelage, si on ne peut plus rigoler ici s’esclaffa Jacques, rires de toute l’assistance jacquienne…

même de Robert qui se trouvait là par hasard parce qu’il s’était trompé de salle de réunion… comme quoi !.

 

© Jacques Chesnel

10:23 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

23/04/2012

N’IMPORTE QUOI QUAND TOUT S’EMMÊLE

 

Vous vous rendez contre, on aura vite fait le trou de cette histoire vignoble dans ses moindres bétails comment en haie-t-on arrivé là les mains dans les roches sans coup frémir ça vous tombe dessus comme à gavroche on n’atteint pas le temps de dire pouf que c’est déjà deux mains en deux cous de cuillers à rots sur le beau dais si seulement on aurait su me disait Eugène où ya pas de plaisir sans mais nan rien n’y font pas moyen de si bémol ou ré au mur retrouvé alors qu’on le croyait perduré mais n’allez pas accroire que les chausses peuvent s’engager sur l’incommode avec son cul dessus ce serait trop tactile on n’a pas encore les émulsions faut la tendre encore quelques émois septembre est tant ce qu’il faux dans ces cars-là vous noyez ce que je veux sexe primé les maux me manquent je n’ai pas angkor le vocable lunaire attendons la bavette spatiale pour aller dans la mule quand elle nous souris en foin de tant en temps ce qui devient de plus en plus phare à cause des règles qui mentent du climat asthmatique produit par les faits de serre- moi là pine dit rien merci c’est pas poli joli tout ça on est prés venus parfois ou on en s’en branle les mandibules et les maudites bulles et c’est la grande des brandades dans le marc aux cafards et autres torgnoles se décrocher aux branchies ou lasser pisser le mérinos à moelle regarder passe l’étain rendre son pied avec l’antre entre deux mortes un soir de grand lent si rocco est raccord bon on peut toujours mergoter quand la sœur vous brandit en longe et brandon en traverse c’est comme pour nos hommes prolifiques tous nourris leurs p’tites affaires à l’air de pas s’y doucher ni vu ni pondu t’en dérouille et nous on rote avec notre nulletin comme des cons qu’on sait qu’on est des menottes aux quenottes en rase-notes des étangs d’art levés enfants de la matrice la mer qu’on voit panser le long des grottes pas claires le temps qui se déride les rides qui se détirent les bornes au graphite les ragots mal fagotés les fagots bien rabotés les robots lobotomisés les lobes atomisés fastes ou néfastes en nez vastes is dass comme des espaces dans les spasmes la prébende qui ne bande plus et les bandes en débandade de morue dans les rues mortes des épines dans les épinettes pas très nettes et pis niet dérapages dans les parages parachevés ou inachevés se défouler à grandes foulées dans les foutoirs foutus n’importe comment comme on nous ment voir l’albatros rosse viré aux roses qui viennent d’éclore encore à l’oxymore des maures morts pour la France préférence rance en chansons charançons et charabia sous la charmille charnelle et charmante les choses ne semblent pas s’arranger des voitures qui vivra verrat comme cochon qui s’en pépie ça commence à devenir compliqué compassé passé composé concassé casser du con en verbe et contre tout en verve et compte mou on s’demande où et quand cela va s’arrêter pasque va bien falloir terminer je sens que ça vient et j’en arrive à me poser la question de savoir si c’est moi qui ou bien alors comment si ce n’est pourquoi et puisque je n’ai pas la réponse alors je vous laisse juge de savoir si oui ou non je me suis emmêler les pinceaux volontairement ou pas bien que je ne peigne plus depuis longtemps… mesdames messieurs la Cour

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19/04/2012

JESSICA

 

Le jour de ses dix-huit, elle se déclara prête à ne plus se prénommer ainsi mais plutôt  Marie, Marie comme tout le monde, Marie tout court. Elle avait un peu hésité car elle trouvait que certains prénoms semblaient tellement refléter la personnalité de celles qui le portaient comme Claire, Prudence, Constance et le plus beau Clémence que c’était la solution mais déçue par quelques-unes d’entre elles, elle se résigna pour Marie, Marie tout court.

Marie-Jessica aimait se poser des questions rien que pour être sûre d’être vraiment vivante, celle-ci revenant sans cesse : pourquoi Jessica ? était-ce l’admiration paternelle pour cette actrice qui incarnait la fille de Shylock dans Le marchand de Venise à la Comédie Française ?, son enthousiasme pour la vedette américaine dont il raffolait, Jessica Lange dans la version du Facteur sonne toujours deux fois par Bob Rafelson avec Jack Nicholson, la fameuse séance de baise sur la table de la cuisine ?… le prénom d’un amour de jeunesse, d’une ancienne ou récente maîtresse ?…

Elle alla à l’état-civil où on lui dit avec des mines interloquées que changer était impossible que gnagnagna, qu’elle pouvait se faire appeler comme bon lui chantait ce à quoi elle répondit que c’était impossible gnagnagna parce qu’elle chantait faux et que je vous emmerde, elle demanda à Julien son dernier petit copain comment souhaitait-il l’appeler, Sandra c’est chouette, lui dit-il avant tiens le coup de pied dans les couilles de ma part, de Marie, Ma Ri Heu tu m’entends.

Avec une bande de Marie tout court, la martiale brigade mariale en goguette, elle se mit à fréquenter les bars de rencontres mixtes mais à l’annonce des prénoms les Marie n’avaient plus la cote ou bien alors ma cocotte seulement debout dans les toilettes vite fait ça t’as plus on recommence salut à la prochaine quand un certain soir un mec beau comme Jean Gabin dans Gueule d’amour lui fit tourner la tête et le reste pour de bon ça valait enfin la peine de se prénommer Marie, Marie tout court. L’embellie de la liaison torride continuait dare-dare et surtout dard-dard quand un soir, Jean Gabin lui dit viens chez moi il faut que je te présente ma femme, chérie voici la Marie dont je t’ai si souvent parlé, bonsoir Marie, enchantée répondit la belle brune, comment allez-vous, moi, c’est Jessica.

 

©  Jacques Chesnel

 

23:45 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

13/04/2012

LA VILLE

 

Ça l’obnubilait : tous les matins, depuis plus d’une semaine, il se réveillait en prononçant ce mot dans un souffle : Mourmansk !

 

Il savait par ses frères, plus tard par ses copines, ses maîtresses et ses épouses, qu’il sortait toujours de son sommeil agité ou paisible avec la prononciation d’un mot, qu’il se soit couché tôt ou tard ou pas du tout, toujours un mot dès l’ouverture des yeux ; le premier « tine » lorsqu’il réclamait sa tétine, le second « key » pour réclamer son Mickey en peluche, plus tard Paulette son premier toujours premier amour toujours pour pas longtemps parfois, beaucoup de prénoms féminins furent ainsi prononcés, tiens un jour Pierre, les frères se posèrent des questions est-ce qu’il ? non, c’était celui d’un sacripant qui l’avait beaucoup bousculé dans l’escalier à l’école, vinrent les coureurs cyclistes Speicher étant le favori de l’éveil pendant un temps, les suivants rois de la grimpette Bahamontes et Copi, les actrices ah Maria combien de fois Maria, pour Montez, Casares, Schell  dans « Gervaise », Schneider celle du « Dernier tango à Paris » et aussi Jeanne Moreau la Jeanne dans tous es films, en sport les tenniswomen, le joli visage d’Ana Ivanovic et Maria (encore) Sharapova autant pour ses p’tits cris que pour ses petites jupettes dévoilant de délicieuses rondeurs, puis le automobiles la Rosengart de ses grands-parents, la Panhard prononcée soit pan-hard soit panard, sa petite Spitfire et la façon de susurrer la dernière syllabe  comme une caresse… on passe sur les monts, les rivières, les fleuves et lacs, le Titicaca petit caca à quatre ans, le monstre du Loch Ness qu’il appelait Arghh sans doute suite à la peur qu’il avait ressentie lors de la visite à huit ans, mais si Papa j’te promets je l’ai vu il est énorme et tout noir…

… beaucoup plus tard, et d’une certaine façon plus compréhensible, les noms des villes, on y arrive, les villes visitées, revisitées, fouillées, disséquées, archivées, qui contribuèrent certainement à sa formation puis à sa renommée d’architecte mondialement reconnu, que de noms prononcés après tant de voyages. Sa dernière épouse Paulette encore une nous avoua que plus tard, dans la dernière période de sa vie, les désignations/nominations de certaines villes de la péninsule ibérique revenaient avec plus d’insistance, elle ne compta pas le nombre de fois le réveil avec Salamanca, Grenada, Cordoba, Coimbra, Evora, Braga…

Dès lors qu’il ne put voyager, il dévorait tous les livres sur les villes, celle connues, les autres aussi qu’il aurait tant aimé admirer, celles du Moyen-Orient, de l’Inde, du Japon… et Brasilia pour Niemeyer, Chandigarh pour Le Corbu, le facteur Cheval et son rêve de pierre, plus récemment…

 

Au cours de la nuit, il s’était levé, sa femme ne sut dire pourquoi ; il paraissait agité, marmonnant sans cesse. Au matin, il resta au lit plus longtemps alors qu’il était  toujours debout de bonne heure ; il était mort dans son sommeil sans avoir prononcé de mot ; dans sa main droite,  il tenait une feuille de papier froissé, une publicité pour un séjour à Mourmansk.

 

©  Jacques Chesnel

01:15 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

06/04/2012

LE RAPETISSEMENT

 

Se promener dans Londres le dimanche matin de bonne heure, quel bonheur, pas un chat à part quelques matous égarés comme affolés, quelques touristes hagards ou ébahis ou les deux en même temps, des petites vieilles enchapeautées de fleurs artificielles papotant sur un banc, pas beaucoup de voitures à part celles qui tournent en rond, quelques oiseaux qui chantent et qui fientent en essayant de viser avec une précision diabolique les couvre-cafetières cités plus avant pour se venger de telles insultes, quelques joggers également soufflant comme des phoques asthmatiques et moi heureux sans savoir pourquoi ah si la douceur du ciel la clémence de la température pour un mois de mars et tout d’un coup une envie de m’assoir un peu après cette heure de marche sans savoir vraiment où aller avec détermination… ouf un banc de libre que mes pieds apprécient, seul pas pour longtemps, un quidam squatte la place vacante à côté de moi et déplie son journal sur lequel je jette distraitement un œil… qui s’attarde sur un encadré quoi ? rêve-je ? une étude  « sérieuse » nous révèle que le sexe masculin a rétréci ces dernières années passant, au repos, de 9,5 cm à 8,9 nom de dieu mon sang ne fait qu’un détour et je commence à paniquer car je ne m’étais aperçu de rien personnellement, tout d’un coup j’ai envie de rentrer à l’hôtel pour vérification mais je n’ai pas d’instrument de mesure et comment en trouver un dans ce quartier central résidentiel et je songe à tous ces hommes qui aujourd’hui vont découvrir cette horrible nouvelle concernant l’attribut dont ils sont si fiers tout un chacun à la lecture de ce papier se précipitant sur le mètre qu’ils dénichent dans la boite à outils essayant de mesurer ce petit bout de chair flasque surtout l’empêcher de grandir car ce ne serait pas valable surtout ne pas bander calmos les gars mieux vaudrait un mètre souple à rubans comme ceux des couturières un pas pliant comme ceux des charpentiers mieux vaudrait un à enroulement comme ceux des tapissiers ou des décorateurs l’affaire est trop sérieuse et si je n’étais pas dans la norme qu’il soit trop petit ou au contraire trop grand bordel et l’autre à côté de moi qui n’a pas encore lu l’article semble-t-il quelle va être sa réaction il se retourne vers moi et me balance un franc sourire hi que je lui réponds pareil hi et voilà que son regard tombe sur ce putain d’entrefilet pas si mignon que ses yeux s’agrandissent avec démesure qu’il émet une sorte de grognement inarticulé qu’il jette violemment la feuille de chou se lève et part en courant il est comme moi il a un doute le tracassin un pressentiment un signe prémonitoire la question le taraude le rétrécissement ou le rapetissement ou la diminution jugée inopportune de son british biniou de sa grande-bretonne gaule de sa royale-unie biroute doit l’obséder perdre bêtement quelques centimètres comme ça sans s’en apercevoir encore heureux que quelques connards se soient mis à calibrer leur propre zizi sans ça vous vous rendez compte où en en serait oh remarquez il parait que question taille ça va ça vient dans n’importe quelle circonstance me dis-je pour me rassurer il y a des fluctuations depuis que l’homme existe et que sa quéquette lui pose questions et problèmes et puis qui c’est ce mec qui lance cette info ou cette intox quel but poursuit-il sinon terroriser la gent masculine encore plus, déjà queue... et si c’était encore un coup des féministes aigries ou lesbiennes jalouses parce que leur machin qui donne du plaisir à elle on peut pas le mesurer ou si peu avec le doigt ou la langue ou bien alors les visées malsaines de certains politiques ou instances religieuses intégristes ou pire… et puis ces questions : comment ont été faites ces constatations ? hein, et par qui ? par des médecins avec des volontaires ? par des hommes ou des femmes ? dans quelles conditions ? quelques mains chastes d’épouvantails pour éviter tout redressement inopiné ? le matin au repos quand coquette est encore toute fripée de sommeil ? ou au contraire bien vaillante et effrontée à cause de rêves libidineux du bout du nœud ?...

bon c’est pas tout ça je ne vais pas rester sur ce banc comme un con à m’en tortiller grave les méninges le mieux c’est encore de trouver une professionnelle de la profession de bon aloi qui va me prendre sévèrement l’affaire en mains et là on verra bien ce qu’on verra… heu, en attendant j’ai quand même un peu les chocottes, quoique en y repensant… et sur la grosseur qu’est-ce qui vont encore trouver ces bouseux ignares fouteurs de merde… de ce côté-là je crains moins oui je sais vous n’êtes pas obligé de me croire… n’empêche…

 

© Jacques Chesnel

 

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