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16/06/2012

PRÉSOMPTION

 

(in memoriam F.Scott & Zelda Fitzgerald)

 

Pourquoi une héroïne de roman ou de toute autre forme littéraire vous touche-t-elle plus qu’une autre, beaucoup plus ?. C’est la question que je me suis posée à la lecture et relecture d’une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald intitulée Présomption écrite en 1925 dans laquelle le personnage principal, une jeune fille, se nomme Noelle Garneau.

Jusqu’ici j’avais été amoureux, littérairement s’entend, de l’œuvre complète d’auteurs (je ne participe pas à la féminisation des appelations) décédés, de Virginia Woolf, Carson McCullers et Flannery O’Connor ou bien, musicalement, de la cantatrice Kathleen Ferrier découverte dans les Kindertotenlieder de Gustav Mahler grâce au Concert égoïste de Julio Cortázar à la radio. Bien entendu, cela ne posait pas de problème à l’amour de ma vie quoique son si beau sourire n’était pas aussi rayonnant que d’habitude lorsque j’évoquais ces dames.

Que dire alors lorsque je revins trente ans après ma première lecture vers ce cher Scott et ses nouvelles, plus de deux cent cinquante, toutes aussi merveilleuses à mes yeux (ce qui n’est pas l’avis de tout le monde) et que je relus avec émotion, cette histoire qui ressemble à toutes les autres ou presque avec ce charme si particulier qui les caractérise : une jeune fille riche tombe amoureuse d’un jeune garçon fauché et/ou réciproquement. Banal, non ?, transcendé par la magie de la prose fitzgeraldienne oui. Je me souviens d’une courte phrase qui m’avait poursuivi longtemps et que je trouve toujours admirable de simplicité dans l’évocation : il démarra, dans un nuage de poussière parfaitement excessif. Qui d’autre que Scott pouvait et peut encore écrire cela ?.

Grand lecteur-admirateur de ces nouvelles remarquablement traduites par Jacques Tournier par ailleurs auteur d’un Zelda bouleversant, j’aurais pu tomber amoureux d’une autre des ces jeunes filles en fleur écervelées un peu pétasses ne pensant qu’aux bals et aux jeunes gens à séduire, à embrasser sans aller plus loin bien sûr… et bien non, non, Noelle, Noelle Garneau, c’est pour elle que je me pâme, et voilà que je jalouse ce petit connard de San Juan Chandler et l’autre benêt pour ne pas dire l’andouille de Brooks Fish Templeton le fiancé imposé, que mon cœur bat si fort quand je prononce son nom, que je m’écrie moi aussi quand je la vois comme ce grand couillon : tu es ce que je connais de plus ravissant, de plus ravissant dans le monde entier, mon cœur prend feu lorsque j’aperçois ton beau visage, ton si beau visage, dès que je sens ce frais et doux parfum qui t’environne… tous ces mots, cette phrase délicieusement démodée et même un peu indigente… que je n’aurais jamais voulu déclarer à l’amour de ma vie de cette façon, j’ai trouvé d’autres mots d’autres regards d’autres promesses d’autres certitudes mais quand même Noelle… et puis s’entendre dire à la fin de la nouvelle de Scott  de la bouche de sa tante, Madame Pointdexter chez qui elle s'est réfugiée et refuse toute visite : « Noelle, descend ! Noelle, descend tout de suite ! descend vite ! c’est Monsieur Chesnel qui est  ! C’est Chesnel ! ».

Chéri, arrête de rêvasser, tu viens, c’est prêt.

Voilà voilà, j’arrive.

L’amour de ma vie avait préparé un dîner en amoureux, un de plus…

p-s : la nouvelle « Présomption », publiée en 1926, se trouve dans le recueil intitulé

« LOVE BOAT et autres nouvelles » (éditions Belfond)

 

©  Jacques Chesnel 

 

18:03 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

chouette la chute....
ou chutttttt, la chouette..... ou shit! yen a sept...
allez j'arrête, ça finit par être tiré par les cheveux...

ps: faudra un jour que je lise cet auteur...

Écrit par : paniss | 18/06/2012

faudrait pas tarder.. commencez par les nouvelles "Les enfants du Jazz" ou "Un diamant gros comme le Ritz"... bàv

Écrit par : Jacques Chesnel | 18/06/2012

Je n'ai pas lu ce recueil, Jacques, ni cette nouvelle : ce que j'ai lu c'est une compilation en 10/18 qui s'intitule "Le pirate de haute mer" - je n'ai donc aucun avis sur l'amour que pourrait inspirer Noelle Garneau, sinon en tant qu'héroïne fitzgeraldienne. Ce qui n'est déjà pas si mal : elles sont toutes fraîches à ravir, fort intelligentes et sensibles, et surtout en pleine mutation. Les corsets sont tombés, dans tous les sens du terme, et qu'elles soient riches ou pauvres, les héroïnes de Scott (c'est moins long à écrire que Fitzgerald) ne réclament pas mais imposent une sorte d'égalité des sentiments qui fait plaisir à voir. Elles rejoignent en cela, mais en plus victorieuses, plus courtisées aussi, les héroïnes de Wharton, qui sont si courageuses qu'on a envie de les aider à grimper les côtes auxquelles elles sont confrontées.

Quant à tomber amoureux d'une fille de papier, je trouve cela parfaitement naturel, moi. C'est le contraire qui m'eût étonnée, venant de vous !

PS : j'ai réussi à voir une de vos toiles (sur la Toile, of course) : la tête de Coltrane toute rouge et feu. Je suis bien contente.

PPS : mes excuses officielles pour ce commentaire trop tardif ont été mises en ligne sur "clopineries", à la page du jour.

PPPS : vous devriez essayer de lire la Petite Fadette : elle vous plairait peut-être aussi, celle-là, dans le genre rustique, assise à sa barrière et agitant gaiement la main, tout en chantant : "Toute fadette a son fadet"... Au moins jusqu'à la moitié du roman, où là elle se transforme en insupportable incarnation de la vertu. (un peu comme Paul Edel, le plus charmant des hommes jusqu'à ce que vous osiez ne pas être de son avis..) Pourquoi parler de Sand ? Parce qu'en 50 ans, on est passé des héroïnes de Sand aux héroïnes de Fitzgerald, qui avaient, elles, 50 autres années d'avance : même dans leurs errements, leur liberté est irréductible. Or Sand n'a pas sur délivrer ses héroïnes des carcans de son époque (même si elle dénonçait l'esclavage marital...) Mais chut, j'arrête là, sinon Paul va arriver tel Guignol avec son bâton pour me cingler les doigts !!!

Écrit par : Clopine Trouillefou | 22/06/2012

merci de tout corazon, Clopine, votre commentaire me fait un énooorme plaisir ; j'ai lu dans Sand dans ma jeunesse lointaine mais je n'ai pas trouvé ce petit "plus" qu'il y a chez Scott... à votre prochain pique-nique, envoyez-moi une invitation, cela me ferait plaisir de connaître toute la famille, vos amis et vos animaux... je vous embrasse

Écrit par : Jacques Chesnel | 22/06/2012

pour voir mes peintures le puls récentes : www.jazz-chesnel.com (Jazz & Peinture)

Écrit par : Jacques Chesnel | 22/06/2012

Les commentaires sont fermés.