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29/03/2012

ALLER / RETOUR

 

Un quartier, un immeuble

Ce jour…

Là, sans sa sœur, seul, l’enfant se dirigea vers l’ascenseur ; il appuya sur le bouton d’appel à sa hauteur avec l’index de  sa main gauche, celui pour descendre alors qu’il voulait monter. L’engin descendit donc, mais plus bas, l’enfant attendit qu’il remonte et passa devant lui. Il réitéra son appel et l’ascenseur s’arrêta, il entra dans la boite et appuya sur le bouton 2 son doigt ne pouvant atteindre plus haut, il habitait au septième étage. Sa sœur, rentrant de l’école, appela l’ascenseur qui revint avec son frère qui n’avait pas voulu sortir de la cabine. Elle le gronda car il ne devait pas prendre l’ascenseur tout seul seulement avec sa sœur, ordre des parents et pourtant c’était tous les jours la même chose, cela s’instaurait comme un jeu, pour lui, seul. En remontant, il lui dit qu’il avait mal dans son bras, le gauche.

 

Le même immeuble

Soixante ans plus tard

Là, sans sa sœur morte il y a trois mois, le vieil homme se dirige vers l’ascenseur maintenant complètement délabré ; il appuya sur le bouton d’appel, celui pour monter. L’engin arrive à sa hauteur avec toujours le même bruit inquiétant. Il entre dans la boite et pousse sur le bouton 13 avec l’index de sa main gauche, ne pouvant à cause de son rhumatisme handicapant atteindre les autres boutons situés plus bas, il habite toujours au septième étage. Sa fille, rentrant de son travail appelle l’ascenseur qui revint avec son père qui n’avait pu sortir de la cabine. Elle le gronda car dans son état il ne devait pas prendre cet appareil tout seul, ordre des médecins et pourtant c’était tous les jours pareil, ce n’était pourtant pas un jeu. En remontant il lui dit qu’il fallait enfin faire quelque chose pour son bras une bonne fois pour toutes.

-     Papa, utilise ta main droite, s’il te plaît et arrête de pleurnicher depuis le temps.

 

  ©  Jacques Chesnel

 

11:21 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Ah, Jacques, j'ai toujours été fascinée par les jongleurs. Il y a un moment, celui que l'on attend, où toutes les balles sont en l'air, n'est-ce pas, éloignées des mains qui les lancent et les rattrapent et pourtant indissolublement reliées à elles. Eh bien, vous écrivez comme on jongle, voilà. Bien sûr, le texte ci-dessous n'est que pure jonglerie, on le lit en souriant - alors que le texte ci-dessus se rapproche bien plus du Moment que l'on attend - encore un peu, une balle de plus, monter juste un peu plus haut et ça y est, vous l'aurez, le Moment fragile où l'émotion va jaillir d'elle-même, comme parfois, du ballet du jonglage, jaillit la pure forme de la beauté. Je ne veux pas vous mentir, à mon sens - vous y êtes... presque... Il faudrait qu'on ne voie plus les balles, quoi... Mais tel quel, quel joli moment !!!

Écrit par : Clopine Trouillefou | 30/03/2012

Je découvre ! merci !

Écrit par : cactus | 30/03/2012

J'aime beaucoup ce texte "recto-verso", cruel et léger. Une innocence dans une misère, enfance contre arthrose. Émouvant...

Écrit par : christiane | 10/04/2012

Les commentaires sont fermés.