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30/05/2011

Chronique CD : KONITZ-MEHLDAU-HADEN-MOTIAN

 

  KONITZ-MEHLDAU-HADEN-MOTIAN

                                                      Live at Birdland                              

 

Je l’ai déjà écrit et je le répète : Il y a, dans la vie d’un chroniqueur, tombé dans la potion magique du jazz depuis si longtemps, des disques attendus impatiemment dès l’annonce de leur sortie. Comme pour celui-ci, particulièrement en raison de la présence de musiciens dont les talents de chacun ne sont plus à démontrer, pour trois d’entre eux depuis si longtemps aussi.

 2009 : année Lee Konitz ! avec deux prestations mémorables enregistrées dans deux clubs new-yorkais prestigieux à quelques mois d’intervalle : au Village Vanguard les 31/03 et 01/04 par son New Quartet (Lee plus le trio Minshara) et celui-ci au Birdland, sujet de cette chronique, les 9 & 10 décembre en compagnie de musiciens dits de légende (par le talent et par l’âge), le contrebassiste Charlie Haden (74 ans), le batteur et percussionniste Paul Motian (80) en présence d’un des pianistes parmi les plus talentueux d’une plus jeune génération, Brad Mehldau (39), Lee venant d’avoir 82 printemps dont 66 avec son saxophone alto autour du cou.

 Si, avant toute autre considération, j’insiste sur l’âge presque canonique de deux d’entre eux, ce n’est pas pour s’extasier sur leur longévité autant physique que musicale (quoique) mais sur cette volonté de continuer à se produire en recherchant par/dans leur attitude à perfectionner une certaine idée de la musique, du jazz, et aussi, cela s’entend, de nous faire partager une joie de jouer évidente, de communiquer leurs émois et leurs émotions au travers de la complicité, de la confiance réciproque, de l’extrême liberté (ce vent de folie aussi) qui circulent naturellement en eux, entre eux, à travers eux.

Il y a également des moments où un producteur peut subodorer un évènement, avoir la prémonition qu’il va se passer quelque chose d’exceptionnel et c’est, je crois, ce qui s’est passé avec Manfred Eicher lorsqu’il a demandé à son ingénieur du son, James Farber, de planter ses micros sur la scène du Birdland… et on ne peut que l’en féliciter.

Pour cette rencontre sans aucune préparation, le choix des standards est évident, pas de liste, pas de pupitre, simplement des chansons que ces musiciens ont déjà joués tant de fois et  qui sous d’autres doigts que les leurs sont souvent rabâchés,  affadis ou incolores, se mettre alors dans la disponibilité d’une toute première fois, d’aborder un thème sans préalable ni concertation ; l’exemple en est pour ce Lover Man que Lee ne prend même pas la peine d’énoncer la mélodie. Comme pour les autres titres (Lullaby Of Birdland, Solar, I Fall In Love Too Easily, You Stepped Out of A Dream, Oleo), le jeu des quatres musiciens sera à la fois, sensoriel, sensuel, lascif, érotique, fusionnel, une musique de braise autant que de baise toujours réinventée, envahie de phrases, paraphrase, périphrases, métaphases toutes sidérantes avec leurs atours, autours, entoures et alentours avec des esquisses suivies de certitudes, d’ébauches suivies d’amorces, de faux départs et d’évidentes arrivées, d’abords et débordements aux cours desquels Lee Konitz explore, défriche, musarde, flâne, s’éloigne, s’échappe, s’égare pour mieux se retrouver tandis que Brad ne joue pas que du Mehldau, que Charlie Haden assure et vagabonde de main ferme et que le grand Paul Motian exprime au mieux ses qualités de danseur et de coloriste.

On sursaute et on s’étonne au début de Solar à l’écoute de la sonorité particulière de Lee qui, allez savoir pourquoi, introduit un morceau de tissu dans le pavillon de son saxophone, on reste béat à l’écoute du seul solo de batterie de Paul, on défaille à l’écoute de la version extrêmement lente de I Fall In Love Too Easily et l’interprétation toute en retenue de Brad avec cette coda effilochée, on exulte avec un Oleo survitaminé et sa conclusion collective.

Au-delà du plaisir, de la jouissance que procure ces moments inespérés de musique, un simple constat : faisant fi des modes et des genres, le Jazz servi par de tels musiciens est la plus jeune de toutes les musiques du monde… ni plus ni moins.                 

 

Jacques Chesnel

13:42 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

27/05/2011

MOI AUSSI…

 

… j’ai des souvenirs, comme Pérec, à distinguer les vrais des faux

 

. je me souviens de mon tricycle sur lequel je me prenais pour Toto Grassin en faisant le tour de France de la cuisine dans l’appartement du deuxième étage au 7 de la rue de Paris

. je me souviens de de l’étape du tour en 1936 où mon frère et moi on gueulait vas-y Spéchère notre favori

. je me souviens d’avoir serré la main d’Henri Chéron sur la place qui maintenant porte son nom

. je me souviens du verre brisé sur un caillou quand Papa a voulu montrer à ses copains que le verre était incassable

. je me souviens du martinet entré dans ma chambre et de ma trouille quand affolé il s’approchait de mon lit

. je me souviens avoir été déguisé en alsacienne à une fête de l’école parce que je ressemblais à une fille

. je me souviens du nom de premier instituteur que je trouvais gentil, Monsieur Rivière

. je me souviens de jouer dans l’escalier au camionneur en conduisant un Latil avec un gros copain qui prenait les virages mieux que moi

. je me souviens de mon émoi quand j’ai vu pour la première fois la culotte de la fille dont je croyais être amoureux

. je me souviens de son regard à ce moment-là quand j’ai rougi partout

. je me souviens de mon premier baiser au cinéma où passait un film avec Tino Rossi qui chantait Marinella

. je me souviens que c’était un baiser de cinéma et pas un vrai baiser

. je me souviens que je trouvais Mireille Balin très belle et Oranne Demazis très moche

. je me souviens que j’ai beaucoup ri lors d’un film avec Georges Milton qui chantait J’ai ma combine

. je me souviens avoir dit à mon frère que Fernandel avait des dents de cheval

. je me souviens d’un copain qui se disait si curieux qu’il soulevait les crottes de chien pour voir ce qu’il y avait dessous

. je me souviens ne pas avoir entendu le docteur dire à mes parents que la masturbation rendait sourd

. je me souviens avoir pensé et toujours dit que mes deux grand-mères étaient de vieilles salopes

. je me souviens d’un type qui me donnait toujours des coups de pied et qui est mort maintenant

. je me souviens du chapeau de ma mère pour ma première communion, je le trouvais très beau, il était noir et saumon, on disait un bibi

. je me souviens aussi de son chapeau pour la dernière, c’était le même

 .je me souviens du nom de notre chat siamois : Mitou, et de sa petite sœur

. je me souviens de la rue des Quatrefeuilles parce que c’était la rue du Trèfle

. je me souviens d’une fille qui s’appelait Mouton et qui avait l’air un peu vache

. je me souviens d’une vache, la Brunette, qu’était douce comme un mouton

. je me souviens d’avoir vu une aurore boréale, mauvais présage disait-on

. je me souviens d’un copain de mon père, M. Mercier, il était boucher

. je me souviens d’une copine de ma mère, Mme Boucher, elle était mercière

. je me souviens de Jean Gabbano et de sa femme Loulou, je les aimais beaucoup

. je me souviens d’un nuage en forme de bite et de la tête de ma sœur sans forme

. je me souviens de mon rire sans fin quand j’ai entendu pour la première fois Eve Ruggieri à la radio

. je me souviens d’Achille Zavatta et ça me fait du bien

. je me souviens de Jean Sablon chantant Mireille

. je me souviens d’une bonne sœur accroupie dans l’herbe

. je me souviens de la voix de Salvador Dali et du chocolat Lanvin

. je me souviens de la Rosengart bordeaux de Pépé rouge de plaisir et de la tronche de Mémé verte de peur

. je me souviens de René Vignal, de Zatopek et Joe Louis qui m’offrit un V-disc

. je me souviens de Pierre Brasseur, Edwige Feuillère, Jacques Dacqmine et Jean-Louis Barrault dans Le partage de midi de Paul Claudel au théâtre Marigny

. je me souviens du rire énorme de mon Papa quand il entendait Bach et Laverne

et de l’émotion de Maman quand elle écoutait chanter Jean Kiepura

. je me souviens de Chang le petit champion de tennis et de Dominique le gros champion de pénis

. je me souviens des Harlem Glote-trotters et du joueur qui cachait le ballon de basket sous son maillot

. je me souviens de La reine des pommes de Chester Himes et de Guillaume Tell

. je me souviens que je détestais le rutabaga et que j’aimais bien le camembert Lanquetot

. je me souviens des deux sœurs Monique et Nicole, je ne me souviens laquelle je préférais, peut-être les deux

. je me souviens de gavroche vu sur une barricade en mai 68

. je me souviens de tout ce dont je ne me rappelle pas encore

. je me souviens de rêve de demain

. je me souviens de Georges Pérec et de ses souvenirs en lui demandant pardon pour les miens…

 

à suivre

 

©  Jacques Chesnel

 

21:54 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

23/05/2011

CHRONIQUE CD : JAZZ NOTICES

 

CHRONIQUE  CD  :  JAZZ NOTICES

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. YVES BROUQUI + 3 / THE MUSIC OF HORACE SILVER

  (elabeth 2010)

Outre l’excellente idée de nous rappeler les singulières compositions de ce grand pianiste hard bop que fut Horace Silver (on se souvient tous de Qicksilver qui figure ici avec neuf autres titres), voici l’occasion d’entendre ce guitariste, musicien accompli, disciple de Wes Montgomery et Grant Green, au jeu et à la sonorité d’une grande élégance.

 

 

. MÉLANIE DAHAN /  LATINE

 (plus loin music)

Avec des partenaires remarquables (Giovanni Mirabassi, Marc-Michel Le Bévillon, Lukmil Perez et un quatuor à corde), cette vocaliste à la voix d’une rare délicatesse  associe le jazz et la chanson avec bonheur et signe là un album lumineux de nuances et de sensibilité (les Vingt ans de Léo Ferré et Que reste-t-il de nos amours de Charles Trenet et Léo Chauliac). Elle se distingue ainsi parmi l’avalanche des nouvlles voix.

 

 

. SAMUEL BLASER

  PAUL MOTIAN        / CONSORT IN MOTION

(Kind of Blue records)

Pour ce cinquième album en quartet, Samuel Blaser, jeune tromboniste suisse, s’est associé avec une légende du jazz le toujours inventif Paul Motian en réunissant deux mondes séparés par un grande distance, à savoir des pièces de Monteverdi (1567-1643), Frescobaldi (1583-1643 et Biagio Marini (1594-1663), autrement dit » introduire des éléments de jazz dans la musique dite baroque sans perdre ses couleurs d’origine ». En plus de sa virtuosité étourdissante (vraiment tout ce qu’on peut jouer avec/sur un trombone), une démonstration de créativité intense à laquelle le batteur prend une part importante mais qui pourrait interroger les plus puristes des amateurs au sujet du mélange des genres. A écouter, ne serait-ce que par curiosité (qui n’est pas un vilain défaut).

 

 

. BRADY WINTERSTEIN  /  HAPPY TOGETHER

(plus loin music)

Emergeant du lot étoffé de parutions consacrées au jazz manouche ou assimilé, ce juvénile guitariste étonne non seulement par la fougue de sa jeunesse mais surtout par une technique confondante et une très belle sonorité de guitare sèche avec un répertoire varié dans lequel on relève notamment les interprétations singulières de Suicide is painless (thème peu joué, sublimé par Bill Evans) et Softly as in a morning sunrise. A noter les présences de l’accordéoniste Marcel Loeffler et du bassiste virtuose Dominique Di Piazza sur certaines plages. Un disque débordant de swing (pulsion régulière), dans une ambiance qui affiche une joie d’être ensemble et de jouer à fond la caisse.

 

 

KAPSA-REININGER-FLEAU  /  PARHÉLIE

(mélisse)

Rien de plus significatif, de plus éloquent, de plus intriguant qu’un disque produit par un musicien, surtout, comme c’est ici le cas, quand l’un des producteurs, Edouard Ferlet, est un pianiste (et quel pianiste membre notamment d’un trio (et quel trio) celui de Jean-Philippe Viret.

Ces trois garçons dans le vent de la musique actuelle (un métissage fort bien dosé pour un premier disque) proposent un voyage riche en sons, rythmes et couleurs avec une belle énergie. Difficile de ne pas résister ; embarquement immédiat.

 

 

Jacques Chesnel

 

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L’HYMNE À LAYA

 

La première fois que je l’ai vu je ne l’ai pas reconnue, normal  je ne l’avais jamais vue avant ni rien alors ça m’a fait tout drôle parce que je ne la voyais pas si petite par la taille mais plus grande dans l’espoir que j‘avais mis en elle tout en sachant que. Lorsqu’elle me vit je n’osais lui faire un signe je ne savais pas lequel faire ni rien alors ça m’a fait tout drôle parce qu’elle ne me reconnaissait pas encore bien que. Quand elle s’approcha de moi je pensais partir mais c’est vers l’autre qu’elle allait en lui tendant les bras les miens restant ballants si bien que. Les journaux avaient dit qu’elle ne resterait pas longtemps à cause de son emploi du temps alors que moi le temps de mon emploi a dépassé le moment où. J’avais envie de lui crier Laya bien fort je restai muet et l’autre l’appela Aurélie quel andouille elle lui fit un signe de la main il ne recommença pas car. Son manteau était trop court et son écharpe trop longue pour une championne de son niveau encore que. La foule s’écartait devant elle qui se mit à courir à cause d’un type avec un micro pour que. Elle lui passa devant le nez on s’est marré il avait l’air tout éberlué et même un peu couillon parce que. Devant l’hôtel le monde était encore plus compact on aurait dit que. Laya Laya Laya s’époumonait la cohue moi j’entendais le silence avant que. Je revoyais ses photos quand elle était revenue de si haut elle paraissait changée on aurait dit que. Les sherpas eux n’avaient pas pu ou voulu venir parce qu’ils n’aiment pas la chaleur ou quelque chose comme ça à ce qu’il paraît car. En me dirigeant vers l’attroupement je guettais voir les gardes du corps pour passer quand même au cas où. J’avais pris les photos quand elle est au sommet tout blanc un exploit pour une femme si frêle surtout que. Je m’étais étonné de ne pas voir de panneau avec l’indication écrite ici le plus haut sommet du toit du monde alors que. Avec mon plus beau rictus intelligent j’ai demandé à un gorille qu’est-ce qui se passe à l’intérieur tandis que. Rien me répondit-il en me toisant et pourtant il y a du raffut là-dedans dis-je encore que. J’affiche alors mon plus laid sourire niais et il me laisse passer au compte-gouttes si bien que. Bouh ! une vraie boîte à sardines quelle chaleur tout le monde bloqué un verre à la main et Laya Laya Laya repris en chœur orchestré si bien que. Je fais des efforts qu’on dit toujours désespérés pour arriver au premier rang là où. J’entends dire qu’elle est partie un instant pour se refaire une beauté comme si. Un gros type me renverse son coquetèle sur ma manche qui part lui foutre vite fait une torgnole et pan sur le pif qu’il a. Sa poupée crie elle prend une baffe elle aussi et Laya revient toute pomponnée dans une nouvelle robe sous un tonnerre d’applaudissements tandis que. On me regarde bizarrement j’en ai l’habitude mais je n’aime pas ça parce que. Un roulement de tambour vient de l’orchestre un p’tit vieux se racle la gorge et demande une pause dans le tapage alors que. Plus un bruit sauf un mec qui rote et s’excuse on entend maintenant le silence complet tandis que. A travers les grandes glaces on voit des feux beaucoup de feux  qui clignotent et on perçoit le hurlement d’une sirène qui se rapproche je me demande si. Alors la foule s’écarte quand la police entre en trombe et dit les mains en l’air tout le monde et que personne ne bouge si bien que. Ce doit être un gradé qui prend la parole on nous a signalé qu’un individu est prêt à se faire exploser ici et les regards se dirigent vers moi et que. Le tic-tac de ma montre tictaque plus fort que d’habitude cela devient insoutenable et je pense que. Quand la flicaille arrive vers moi l’air menaçant j’ai de plus en plus mal surtout à mon bras gauche levé et les picotements s’intensifient si bien que. J’ai voulu me gratter parce que ça me dérange ça pique il faut que je me gratte et je baisse mon bras parce que. Et là je ne peux pas compter le nombre de coups de feu ça part de toutes parts des révolvers de tous ces flics j’entends seulement Laya qui hurle plus fort que les autres elle qui accourt et me prend dans ses bras tandis que la rivière de mon sang coule sous moi à terre alors que. J’ai juste le temps de lui dire dans un souffle que j’avais composé une chanson pour elle un hymne à la gloire de son exploit là-haut si haut et… que … j’aurais bien… bien aimé… lui chanter et que…

Au cours des semaines qui suivirent, Laya reçut une missive de la mère du jeune homme : je ne sais pas si cette lettre vous parviendra mais… en rangeant sa chambre, j’ai trouvé la partition d’une œuvre qu’il avait composée paroles et musique à vous destinée et titrée « Hymne à Laya »… que je vous adresse ci-jointe ; c’est très beau et je ne croyais pas mon fils capable de ça vu son état permanent de déficience mentale si bien que.

 

©  Jacques Chesnel

22:24 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

14/05/2011

CHRONIQUE CD : Laurent Fickelson / The Mind Thing

 

           Laurent Fickelson / The Mind Thing

Laurent Fickelson (p), Sylvain Romano (b), Dre Pallemaerts (dm), Stéphane Belmondo (tp sur 2 titres)

couv_au_carre.jpegPianiste au jeu ancré dans la filiation post-moderne, Laurent Fickelson propose, après une longue absence en tant que leader, son troisième disque suite à Under the sixth en sextet (1999) et Secret Mood en trio (2001). Entre temps, depuis ce temps, il aura été très actif en se produisant aux côtés de grands musiciens américains dont les saxophonistes Mark Turner et Yusef Lateef, en compagnie d’Olivier Témine, de Samy Thiébault et des frères Belmondo pour le sublime Hymne au soleil et son prolongement tout aussi grandiose Clair obscur. On pourra apprécier son discours sensible et  vraiment swinguant sur ses propres compositions au nombre de sept dont laurent1.jpegquatre en piano solo et auxquelles s’ajoutent celles de Wayne Shorter, Duke Ellington (une délicate interprétation de Prelude to A Kiss en solo), Billy Eckstine (une craquante version de  I Want to Talk About You) et Roger Waters (bassiste et leader des Pink Floyd) avec Set the Controls from the Heart of the Sun et la trompette lyrique de Stéphane Belmondo insérant une citation de A Love Supreme  bienvenue. Remarquable la complicité qui l’unit aux partenaires exceptionnels que sont Sylvain Romano à la contrebasse et le batteur Dre Pallemaerts, compositeur d’une Little Waltz gorgée de swing : rythmique impeccable ; tout cela remarquablement enregistré par Gérard de Haro en octobre 2010.

 

Gaya production LFGCD001

Jacques Chesnel

 

00:57 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

EDGAR…

Edgarage (de vivre)

Edgarance (Arletty)

Edgarantie (sans)

Edgarapon (le juge)

Edgarbit (le couscous comme là-bas)

Edgarbo (la Divine)

Edgarcia (Lorca)

Edgarçon (un demi, svp)

Edgard (le pont du)

Edgarde (de nuit)

Edgardàvous (repos)

Edgardel (Carlos l’unique)

Edgardénal (toxique)

Edgardénia (Billie Holiday)

Edgares (toutes, surtout la Montparnasse)

Edgarderie (d’enfant)

Edgardiner (Sir Eliot)

Edgardon (du sang)

Edgarenne (mon lapin)

Edgarfield (le beau James)

Edgargantua (bon appétit)

Edgargarisme (grrrrr)

Edgargote (à éviter)

Edgargouillis (hihihi)

Edgaribladi (avanti !)

Edgariguette (de Plougastel)

Edgarnement (moi)

Edgarner (Erroll)

Edgarni (le panier)

Edgarnier (le palais)

Edgarnison (à déserter)

Edgarniture (avec ou sans)

Edgaronne (cong)

Edgarou (houhou)

Edgar-Quinet (la station où je t’ai attendu en vain)

Edgarrett (Pat)

Edgarros (Roland)

Edgarrot (l’arme de Franco, le tueur)

Edgary (Cooper et Romain)…

…EDGAR MORIN (total respect)

 

© Jacques Chesnel

00:38 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

06/05/2011

CHRONIQUE CD : Stefano di Battista / Woman’s land

 

     Stefano di Battista / Woman’s land


Stefano di Battista (ss & as, comp), Jonathan Kreisberg (g), Julian Oliver Mazzariello (p), Francesco Puglisi (b),Jeff Ballard (dm)

Enregistré en Janvier 2011

Label: Pierre-Olivier Toublanc  Distribution : Discograph


 cover di battista woman's land.jpg

 

Rendre hommage aux femmes à travers certains portraits de quelques-unes réelles ou mythiques, tel est le projet concocté par le saxophoniste romain à la  sonorité voluptueuse, au phrasé sensuel, aux harmonies chaleureuses, aux mélodies ensorcelantes, au beau chant (bel canto)… Comme aucune femme ne ressemble à aucune autre, on trouve dans ces vignettes des climats différents correspondants à leurs personnalités ou à leur époque (délicieusement rétro avec Coco Chanel, be-bop avec Ella Fitzgerald bien sûr, introspectif avec Molly Bloom la Pénélope du roman Ulysse de James Joyce, envoûtant le tribut à Joséphine Baker, empreint d’un lyrisme profond à l’égard de la grande actrice inoubliable sa compatriote Anna Magnani, rythmé pour la première femme cosmonaute Valentina Tereskova, langoureux avec ce poème, Woman’s Land  au territoire des femmes, à la gent féminine en général, aux mères, sœurs, épouses ou compagnes, anonymes ou célèbres, authentiques ou fantasmées…à LA femme. Un disque qui reflète parfaitement l’univers de ce musicien qui exprime son italianité grâce à son instrument qu’il soit soprano ou alto et aussi son souffle, ses doigts son cœur.

 

Jacques Chesnel

 

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02/05/2011

ESTAFETTE

 

Il fallait quelqu’un pour porter rapidement la dépêche, le commandant avait dit c’est urgent, très urgent, je compte sur vous, ça devait vraiment être si urgent et important car au lieu de me tutoyer et de me regarder avec son mépris habituel il m’avait vouvoyé avec un certain sourire inhabituel. J’ai donc enfourché ma moto amochée mais encore vaillante et je suis parti aussitôt sur mon destrier pétaradant alors qu’au loin sifflaient les obus de plus belle si on peut dire ça comme ça.

J’avais reçu deux lettres cette semaine, une de mes parents, de Maman qui insistait une fois de plus pour que je fasse très attention car elle avait eu des nouvelles de copains à moi qui étaient morts durant le dernier assaut, fais attention mon Jérôme on attend ton retour on aura besoin de toi à la ferme, avec en plus un mot de Papa qui me rappelait que son père à lui avait été ordonnance d’un général lors de la première guerre, la dernière disait-il, qu’il fallait que je sois fier et courageux ; une de Monique, ma promise, avec des traces de rouge à lèvres partout sur la feuille devenue presque illisible mais je pouvais lire qu’elle m’aimait que c’était dur d’attendre si longtemps la prochaine permission, j’avais mis sa lettre sur mon cœur et je la relisais tous les soirs avant de trouver le sommeil. J’avais entendu dire que la fin de cette guerre, la nouvelle dernière, était proche à cause de toutes ces batailles qu’on avait gagnées et que l’ennemi, le dernier, allait bientôt capituler, enfin, et pourtant ça continuait de siffler bon dieu ça se rapprochait et moi, dans ma précipitation, qui avait oublié mon casque. Avant de partir en trombe Lucas et Émile, mes deux meilleurs copains de chambrée m’avaient dit en rigolant oh ! est-ce ta fête aujourd’hui l’estafette ?, on est le trente septembre mon vieux, j’avais souris, ce sera notre fête à tous bientôt vous verrez dis-je en enfourchant la bécane, je suis le héraut qui va porter les bonnes nouvelles à l’état-major à l’arrière de ces putains de tranchées, bordel et vrouououm.

Le lendemain, les copains apprirent par le lieutenant que Jérôme parti en trombe avait été retrouvé à quelques centaines de mètres lors du dernier bombardement, avec deux éclats d’obus dans sa tête sans casque. On le décora d’une médaille à titre posthume : «Soldat de première classe d’origine antillaise Jérôme Midon, estafette en mission, mort au champ d’honneur ce 30 septembre 1918 ».

 

© Jacques Chesnel

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