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23/04/2011

SON EX

 

Elle lui dit qu’elle avait revu son ex

Il considéra cela comme un exploit

Elle trouva son propos excessif

Il répondit qu’il ne fallait pas exagérer

Elle allait lui faire un exposé

Il imagina cela comme une extravagance

Elle ne l’avait pas dit expressément

Il proposa une exhortation

Elle refusa cette exhibition

Il avoua ne pas être expert

Elle poussa une exclamation

Il mit cela en exergue

Elle considéra cela comme un exutoire

Il en fit un lien externe

Elle envisagea un expédient

Il en fut tout excité

Elle crut passer un examen

Il réclama l’exclusivité

Elle suggéra de tout exhumer

Il devina l’exécrable

Elle se dit excédé

Il allait lui pourrir l’existence

Elle voulait aller à l’extrême

Il fut d’un coup exsangue

Elle contempla du visage son expression

Il retint son expiration

Elle craignait l’expulsion

Il retarda l’explosion

Elle sourit puis exulta

Il fut certain de l’exploit

Elle attendit l’explication

Il se vit exproprié

Elle mijota une expiation

Il refusa l’extrapolation

Elle trouvait cela exténuant

Il était comme dans l’extase

Elle mima l’exubérance

Il s’en trouvait exempt

Elle commit une exégèse

Il était au bord de l’explosion

Elle remarqua son expressivité

Il voulait être plus expéditif

Elle suggéra alors une expérimentation

Il refusa l’explétif

Elle ne proposait pas l’exonération

Il subodorait l’exode,  voire l’exil

Elle nimbait cela d’un halo d’expurgation

Il pensa sottement à un excrément

Elle lui réclama des excuses

Il affirma que ce n’était pas explicable

alors

Elle lui confirma illico son expulsion et son exécution

Il était maintenant certain d’être devenu ainsi le deuxième ex.

 

© Jacques Chesnel

 

 

01:27 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

13/04/2011

Chronique CD

 

         STÉPHAN OLIVA

“FILM NOIR” & “AFTER NOIR”

PIANO SOLOS                           (PIANO GONE) PORTRAITS

(Illusionsmusic 313005)                  (sans bruit sbr013)

 

Avant-propos.

 C’est au cours des années 50 que le terme « film noir » est employé pour la première fois, dans la revue Les Cahiers du Cinéma ; il s’agit de dénommer le cinéma américain de cette décennie considérée comme son « âge d’or », le nouveau roman policier noir (notamment celui de Dashiell Hammet) en étant l’origine.

A ce sujet, lire les ouvrages suivants :

. Le Film Noir Américain de François Guérif (Denoël,1999)

. Le Film Noir : l’âge d’or du cinéma criminel américain d’Alfred

  Hitchcock à Nicolas Ray de Patrick Brion(La Martinière, 2004)

. Le Film Noir, 1940/1955 de Nicolas Gotteri (Fol’fer, 2010)

 

Stéphan Oliva, pianiste à l’univers poétique singulier et cinéphile averti a trouvé en la personne de  Philippe Ghielmetti (producteur avec Stéphane Oskéritzian et Gérard de Haro), un partenaire complice (cf. le précédent opus sur le même label, Ghosts of Bernard Herrmann (2007). Pour ce nouveau projet  plutôt ambitieux sur un genre et une conception toute hollywoodienne  en se réappropriant les musiques et leurs thématiques, en explorant les rapports entre cinéma et musique, la décision fut prise en cinq minutes ; ce qui, vu le nombre de films (dont certains « cultes ») et de réalisateurs importants, allait entraîner un choix résolu et donc, in fine,  pas mal de sacrifices : pourquoi tel film plutôt que tel autre ?.

 

RECTO FILM NOIR.jpg

 Film Noir : Dix films en Noir et Blanc sont donnés à entendre plutôt qu’à voir grâce aux 88 touches en Blanc et Noir du piano de Stéphan Oliva à travers (médiation) ses arrangements et improvisations. Deux autres sont en couleur : The Long Goodbye, Le Privé, Robert Altman (1972) et Der Amerikanische Freund, L’Ami américain de Wim Wenders (1974) ; une Suite consacrée à Akira Kurosawa se compose de L’Ange Ivre (1948), Les Salauds dorment en paix (1960), Entre le Ciel et l’Enfer (1963).

Conception onirique toute personnelle en forme de rétro et intro/spection des certains classiques ou chefs d’œuvre dits incontournables (et pourtant tournés) du genre, plutôt une évocation faite de réflexions et de réflectivité sur la dramaturgie, les personnages, l’atmosphère : jazzy dans la convergence des notes façons MJQ dans Odds Against Tomorrow ( Le Coup de l’Escalier) de Robert Wise, musique de John Lewis ; lugubre avec l’insistance ces notes graves insinuantes dans The Asphalt Jungle de John Huston, musique de Miklos Rosza ; espaces de silence inquiétants entre la résonnance des notes dans Touch of Evil (La Soif du Mal) d’Orson Welles, musique de henry Mancini ; esquisses, évocations et prolégomènes de la mélodie des thèmes de John Williams (The Long Goodbye de Robert Altman) et de Miklos Rosza (Double Indemnity de Billy Wilder et déambulation/divagation, procédure erratique dans Sunset Boulevard du même réalisateur avec/sur la musique de Franz Waxman.

 

 AFTER NOIR.jpgAfter Noir : Portraits : A part The Blue Gardenia (La Femme au Gardénia, Fritz Lang, 1953) dans lequel chante Nat « King » Cole, les compositions et improvisations du pianiste sont consacrées aux acteurs et actrices, vedettes célèbres de cette époque.

Robert Ryan (1909–1973), dont le portrait grimaçant, en couleurs, illustre la pochette, est cité trois fois pour les films On Dangerous Ground (La Maison dans l’Ombre de Nicolas Ray, 1949), une autre version de Odds Against Tomorrow  et Crossfire (Feux croisés de Edward Dmytryk, 1947), portraits d’une noirceur reflétant à chaque fois le personnage inquiétant. Deux actrices, l’une objet d’un culte qui perdure, Gene Tierney (1920-1991), inoubliable dans Laura et l’autre moins célèbre mais toute aussi éblouissante, Piper Laurie (1932) sont l’objet de deux courtes plages débordantes de sensualité et de charme troublant. La « suite »(24 :04) intitulée After Dark est composée en évoquant les silhouettes  de Humphrey Bogart, Nat King Cole, Sterling Hayden, Lizabeth Scott, Gloria Grahame et Robert Mitchum dans les films qui ont marqué leurs carrières respectives et enthousiasmé les cinéphiles.

Symbiose réussie entre ces moments/monuments de l’histoire du cinéma et la musique inspirée, réinventée, revivifiée et interprétée par un artiste qui a su resté lui-même en apportant ainsi son tribut personnel à ce qu’on nomme avec raison le 7ième Art.

Film Noir : le CD se trouve dans quelques FNAC parisiennes et sur  HYPERLINK "http://www.illusionsmusic.fr" www.illusionsmusic.fr

After Noir : en téléchargement sur  HYPERLINK "http://www.sansbruit.fr" www.sansbruit.fr

 

Jacques Chesnel

 

 

       

 

10:53 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

08/04/2011

MICMAC AU SALOON



Lorsque les deux state-cowboys, Viktor Boyau et Jude Olive, pénétrèrent dans le Sorryboard saloon de Sioux City ce soir-là, un silence immédiat et total dura exactement sept secondes, comptez avec moi …………….puis le brou-ha-ha-ha reprit de plus belle ; les deux lascars avaient obtenus ce qu’ils voulaient : faire une entrée remarquée sans les habituelles bagarres qui s’ensuivent généralement en ce lieu. Irma-la-Mousse, la barmaid sino-américaine et boiteuse, leur demanda sèchement  bous bière ?, ils répondirent non nous scotch et nous bien tassés. Leur aspect volumineux, du type rembourré, ne se remarquait pas trop et pourtant les vêtements des deux gaillards craquaient de partout à cause des billets de la banque écossaise Lechmann Brothers qu’ils venaient de dévaliser il y avait deux heures dans la petite ville voisine. La nouvelle n’était pas encore parvenue jusqu’ici en ce jour de fête de la Saint-Pancrace, à cette heure tardive. Irma-la-Mousse déposa les verres sur le comptoir et dit bous payer tout de suite deux dollars, s’il bous plaît… et une pluie de billets s’échappa des poches d’Olive puis de celles de Viktor devant les yeux écarquillés de l’assistance ; on n’avait jamais vu autant d’argent d’un seul coup, le brou-ha-ha et ha-ha cessa hormis quelques déglutis slurp ou hoquets gloup difficilement réprimés.
Les plus intéressées d’un seul coup furent les dames de bonne compagnie putassières qui s’agglutinèrent autour de nos héros d’un soir en caquetant à qui mieux mieux avec effets d’œillades, de tortillements du croupion et les seins copieusement en avant… on se serait cru dans un ouest-pas-trop-terne genre John Ford avec des gars comme John Wayne et le génial Victor McLagen… sauf qu’il n’y avait pas encore de caméras de tournage ni de surveillance.
C’est le moment que choisit Les McCann (même patronyme que le pianiste de jazz soul) pour entrer discrètement dans l’établissement à sa manière de père placide, le shérif surnommé « Laisse-ma-canne-tranquille » par la population, on n’y vit que du feu sauf les deux compères qui avaient des yeux tout partout. Il venait comme tous les jours à la même heure pour l’attraction, le numéro pour lui époustouflant de Hosnia Moutaraka et son numéro de danse du ventre venu tout droit de son Egypte soit-disant natale ce qui restait à prouver, mais dont il était secrètement et fiévreusement   amoureux.  Quand ils virent la fameuse étoile dorée sur le gilet du bonhomme, la sueur commença à se propager partout sur leurs corps, accompagnée d’un léger tremblement qu’ils essayaient en vain de contrôler, de dissimuler ; le shérif passa à côté sans sourciller, regardant les dames et surtout Hosnia comme d’habitude avec une certaine avidité. Viktor et Olive ayant réglés leurs consommations, ne trouvèrent qu’une seule solution : dégager vite fait bien fait tandis que le shérif au milieu de la basse-cour en ébullition les dévisagea subitement avec curiosité, intensité puis insistance en s’approchant d’eux pas trop fiers d’un coup.
 -  Euh, dites-moi, les gars, d’où qu’c’est-y qu’vous v’nez, j’ai comme  qui dirait l’impression qu’on s’connaît, non ? qu’on s’est d’jà vu quèque part, non ?, ou alors que vos bobines me font penser à quéqun que j’ai bien connu, non ?
Les deux gars sont pétrifiés et sentent quelque chose de chaud dégouliner sur leurs mollets, leurs vessies en perte de contrôle, ils n’en mènent pas large en serrant leurs fesses sans plus de résultat. S’adressant d’abord à Viktor yeux dans les yeux, Less lui demanda si à Hinton il connaissait une certaine Marjorie, oui c’est ma Moman lui répondit l’interrogé, à Olive si à Waterburg il avait des relations avec une certaine Meryl, euh voui fit le gars, ben c’est ma mère… et Less tomba subitement à genoux en hurlant devant l’assistance médusée : mes petits, mes chers petits retrouvés, mes garçons à moi… tous pleurant à chaudes et abondantes larmes.

Voilà le conte de fées que racontait vers la fin de sa vie, Abigail, l’une des danseuses du Sorryboard saloon qui avait assisté à cette réunion inattendue, inespérée entre le shérif et les deux enfants qu’il avait eu avec leurs deux mères différentes abandonnées enceintes quand il avait été nommé shérif pendant trente ans dans un autre état lointain et qu’il n’avait jamais revues ou jamais voulu les revoir, aventures sans lendemain de soirs de bringues. Une fois revenu à Sioux City, il avait eu d’autres préoccupations qu’il jugeait bien plus graves. La morale veut qu’avec ses enfants retrouvés, ils se partagèrent le magot, disparurent rapidement de la ville et qu’on n’entendit plus jamais parler d’eux.

C’est la morale de l’histoire, si on peut dire, que contait Abigail à ses deux petits-enfants dont elle disait n’avoir jamais connu leur grand-père… Less, encore lui ?

©  Jacques Chesnel

21:06 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/04/2011

UN HOMME DES TAS

 

Ça l’avait pris tout petit et ça n’avait pas changé bien qu’il fut resté tout petit. Son premier tas fut de sable, un beau tas érigé en château-fort avec pont-levis, donjon et tours, le tout détruit par de grosses vagues ce qui provoqua son premier trépignement grave suivi de sa première grève sur le tas. Plus grand (enfin plus âgé) il participa à de nombreux jeux de guéguerre et n’était pas le dernier à tirer dans le tas ou à tabasser, ce qui ne lui rapporta pas un tas d’amis. Il eut cependant un bon copain, Torticolis, connu dans une autre histoire, mais le genre de tas que faisait ce compagnon ne lui convenait pas, de trop petits tas pour lui qui voyait déjà loin, très loin, trop loin. Ado, les filles et le sport furent ses occupations favorites : faire un tabac avec les donzelles en profitant des lumières tamisées avec tact, ne pas les laisser faire tapisseries, ne pas se montrer taciturne, au foot tacler ses adversaires, les mettre au tapis, ne pas rendre son tablier trop vite, taper dans le tas sans faire trop de tam-tam mais avec du cœur à la tâche. Aux affaires publiques : changer de tactique avec talent, ne pas faire tarabiscoté pas plus que tatillon, y aller à tâtons mais talocher fort, ne pas dévoiler trop tôt son talon d’Achille, avec cependant une obsession : boire la tasse. Plus tard, quand il arriva près de la sortie, qu’il se retourna sur son passé et qu’il vit le tableau, il se demanda s’il avait été à la hauteur de son talent et se fit la réflexion suivante : ce n’était pas la peine d’avoir mis des talonnettes, d’avoir taillé tant de costards, insulté tant de tarés sur leurs tarins, tablé sur tant de  sujets plus ou moins aboutis tacitement, d’en avoir laissé sur le tarmac et en avoir fait des tartines ou bien s’être montré si taquin tardivement à ce tarif-là, sans aucun tabou et maintenant tout ça pour tas...

Il finissait par se demander s’il avait été un vrai homme  des tas.

 

©  Jacques Chesnel

02:33 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)