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30/09/2010

RÉFLEXIONS / QUESTIONNEMENTS

 

Papa n’a plus de boulot, Maman est boulotte et moi je mange trop à la cantine du bureau. Que vais-je devenir quand Papa va retravailler, que Maman aura maigri et moi que je n’aurais plus de boulot ?.

 

Papa est parti bosser, Maman est bossue et moi je suis fan d’Hugo Boss. Que vais-je devenir quand Papa sera fan d’Hugo, Maman partie bosser et moi bossue ? Faut-y que j’en parle à Bossuet ?... ah !, il est mort ?.

 

Papa trie pendant que Maman prie et que je crie parce qu’il n’y a plus de brie… j’ai jamais vu Papa prier et Maman trier et je ne crie plus depuis bien longtemps ; un mystère à Meaux ?

 

Papa trouve qu’il y a beaucoup de lèche-cul pour lécher celui du président, Maman dit qu’elle aimerait bien se faire lécher le sien plus souvent ou bien alors que Papa y soye président.

 

Papa a dit qu’à sa manif’ à Marseille ils étaient 200.000, Maman en a vu 20.000, moi j’en ai compté 20… je ne dois plus avoir de pile dans ma calculette.

 

Papa veut arrêter de fumer la cigarette pendant que Maman nous enfume avec son cigare et pendant ce temps je rêve toujours de faire des pipes.

 

Papa coud le soir à la veillée tandis que Maman tricote sauf que Papa ne s’appelle pas Pétain.

 

Papa se prénomme Nicolas et Maman Berthe, ils veulent tous les deux changer de prénom alors que mon nom de baptème c’est Cécilia ; je ne vois pas où est le problème.

 

Papa triche souvent à la belote, Maman s’emmêle parfois avec sa pelote à épingles et j’ai toujours envie de me faire peloter…

 

Papa n’aime personne, Maman aime tout le monde, moi j’hésite encore… excusez-moi, on me demande au téléphone… hein ?... quoi ?... quel con celui-là !.

 

Papa adore le foot, Maman est dingue de rugby et moi je me sens toujours ballonnée.

 

Papa a vu une extra-terrestre, Maman a vu un infra-lunatique, moi je ne vois plus personne dans la limite des places disponibles.

 

Papa dit tout haut ce que Maman pense tout bas mais comme Maman ne pense jamais je ne sais pas ce que Papa dit. Si un jour c’est le contraire, je vous préviens.

 

Papa a tout le temps chaud, Maman tout le temps froid, moi je me sens un peu tièdasse en ce moment.

 

Papa est à la chasse, Maman a perdu sa place, je ne sais plus très bien où j’en suis.

 

Papa a des lunettes, Maman des verres de contact, mon petit frère est myope, c’est normal d’être presse-bite pour un fille, non ?.

 

Papa s’est laissé pousser les cheveux, Maman a beaucoup coupé les siens, j’ai peur de devenir chauve.

 

Papa dit que si il aime pas Devedjian c’est parce que y en a deux ; en cuisine, il dit préfèrer celle des Troisgros parce qu’y en a trois, Maman dit allez savoir.

 

Papa a glissé sur une merde de chien, Maman a dérapé sur une crotte d’oiseau ; je me demande pourquoi les animaux leur en veulent à ce point.

 

Papa vote à gauche, Maman à droite, je vais finir par devenir ambidextre.

 

Papa m’appelle Nicole, Maman m’appelle Cravate, je pense bien sûr à Pierre Dac quand ils m’appellent ; j’aimerais tant qu’ils m’appellent Cécilia.

 

Papa lit Le chasseur français, Maman Paris-Match, Pépère Valeurs anciennes, Mémère Modes et Travelos, mon frère Oncle Picsou et moi Dingo à l’Elysée ; rien que du sérieux !.

 

Papa a mis son beau costume neuf et Maman sa plus belle robe en organdi quand ils on reçu le président à la maison, moi je me suis planquée, vous pensez avec mon prénom !.

 

Papa n’a plus de points sur son permis de conduire, alors Maman tiens le volant, lui passe les vitesses, mon frère accélère tout le temps et moi je freine quand je peux.

 

Papa et Maman sont allés voir « des hommes et des dieux » ; avec mon frère on est retourné voir « bienvenue chez les ch’tis », il a dit que c’était pareil mais en moins drôle.

 

Papa dit que maintenant on voit la culotte des chanteuses, Maman dit maintenant que les chanteurs n’ont rien dans le patalon, moi je dis que ça fait une bonne moyenne.

 

Papa dit que le langue de Rachida Dati a fourché en parlant  de fellation, Maman a demandé qu’est-ce que c’est qu’une fellation, Papa a répondu c’est quand on a la langue qui fourche, Maman a dit que Papa n’a  pas la langue dans sa poche et qu’elle est plutôt bien pendue ; mon frère dit qu’on peut appeler ça aussi un lape-suce ; moi je donne ma langue au chat.

 

Papa demande souvent comme ça : l’as-tu vu ?... qui ?... mon cul… Maman reste toujours dubitative dans sa hâte à ne pas répondre.

 

Papa a dit yen a marre qu’on parle toujours de roms, Maman a dit que maintenant Pépère cherche constamment la bouteille et dit que c’est Mémère qui la cache.

 

Cécilia, à taaaaable !... je mange trop… sûr que je vais encore trinquer !.

 

©  Jacques Chesnel

 

18:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

24/09/2010

L’IROQUOIS ET L’INCONNUE DE RIBIERS

 

(à Bellebuzette de la part de Belzébuth)

 

On ne sait jamais où quand comment cela arrive à moins que ce ne soit comment quand où… ou…


Avec l’Iroquois, c’est une vieille histoire ; d’abord, était-il Iroquois ou bien appartenait-il à la tribu des Mohawks ou des Hurons ; nous ne le sûmes jamais, nous ne lui avions jamais demandé, c’était notre Indien à nous pas besoin de savoir ; par contre sa coiffure en « crête »  ou « coupe mohawk » cheveux rasés sur le côté nous intriguait ainsi que les quelques amulettes acrochées au ceinturon de son uniforme mais on n’a pas voulu questionner non plus.

Notre Iroquois avait débarqué en Normandie en 1944, incorporé dans une unité de l’armée canadienne qui libéra Caen le 9 juillet ; nous l’acceuillîmes en héros dans notre famille avec quelques autres soldats, canadiens français, cousins très bavards, alors que lui parlait rarement et seulement quelques mots d’anglais avec le capitaine. Ma mère, fille de militaire, avait l’occasion de jouer la cantinière du régiment, elle qui regrettait tant de n’avoir pu le faire en 14/18 car trop jeune. Nous ripaillîons avec les boites de singe et autres rations du régiment, les légumes du jardin qui disparurent à une vitesse phénoménale, avec les camemberts que nous allions chercher parfois sous la mitraille chez des fermiers voisins, avec les tartes que la cantinière fabriquait en chantant avec un plaisir visible. Les tablées étaient joyeuses, animées, les soirées amicales et festives, on peut dire agapes joyeuses avec parfois un côté nostalgique quand les soldats nous montraient les photos de leur famille, des épouses, des fiancées, des enfants…

Nous aurions été complètement heureux… si un groupe  de soldats allemands replié à quelques kilomètres dans une carrière n’avait installé une ou plusieurs roquette(s) qui nous distribuait généreusement et régulièrement quelques salves qui passaient en sifflant au-dessus de nos têtes avec une régularité inquiétante et en espérant pouvoir échapper à l’une d’elles. Le capitaine Grégoire estima qu’il fallait en finir et demanda un volontaire en désignant notre Iroquois qui était déjà partant et déjà prêt. Il dit quelques mots au capitaine qui demanda à mon père s’il pouvait avoir un verre d’eau-de-feu, il but une bonne moitié de la bouteille d’un trait. Il partit de suite, il était aux environs de 17 heures. Pendant trois jours ces fumiers de boches continuaient à nous asperger et on avait l’impression que la prochaine bordée ce serait pour nous…  dans la nuit du troisième jour, le silence nous inquiéta d’abord et si c’était pour mieux repartir et cette fois en plus fort… au matin du quatrième jour, le silence inhabituel interrogea mes parents, le capitaine eut un sourire qui en disait long ; au moment de se mettre à table, il y eut comme raffut parmi les soldats et notre Iroquois, toujours aussi digne mais paraissant plus décharné que jamais dans son uniforme poussiéreux et déchiré arriva, regarda mon père qui comprit immédiatement et ressortit la bouteille qu’il vida. Des yeux le capitaine Grégoire le sollicita et notre Iroquois fit le chiffre 3 avec sa main droite avec laquelle il fit semblant de se trancher la gorge. Il disparut au milieu des cris, des hourras et des larmes. Plus tard, nous apprenions par ses camarades qu’il avait reperé la roquette grâce au tracé des obus, localisé l’endroit dans la carrière de pierre, rampé pour y arriver en attendant la nuit, aperçu les trois soldats allemands qu’il avait égorgé un à un après avoir pratiqué des feintes autrement dit des ruses de Sioux bien qu’il fut Iroquois.

Quelques jours après, le bataillon devait partir suivre l’évolution du front. Après des adieux que l’on dit à juste titre déchirants tant d’amitiés s’étant affirmées, la troupe nous quitta avec force embrassades et promesses de s’écrire après la guerre ou de se revoir… A l’heure du dîner, ma mère appela mon frère plusieurs fois, je partis à sa recherche dans nos aires de jeux habituelles, pas de frère, personne ne l’avait vu depuis le départ de la troupe ; à la tombée de la nuit, une chenillette nous rapporta mon frère qui s’était introduit et caché dans un camion et voulait continuer la guerre avec eux ; je revois encore le visage énigmatique de notre Iroquois et enfin son sourire lorsqu’il embrassa notre maman en lui remettant son petit guerrier frétillant.

 C’est cette histoire que je racontais un soir à mes chers amis de Ribiers où j’aime tant me retouver tous les ans depuis maintenant une vingtaine d’années. Ribiers, petit village dans la vallée du Buech au sud-ouest du département des Hautes-Alpes à quelque kilomètres de Sisteron, sa belle fontaine au milieu de la place, les terrasses des cafés sous les arbres, son église paroissiale ancien prieuré de l’ordre de Cluny, son marché du mardi, le banc avec la causette des petites vieilles de plus en plus vieilles que je revoie avec plaisir et appréhension…

Le dimanche, un peu d’animation avec la sortie de la messe, beaucoup de personnes dites âgées, que des dames, cheveux gris blancs ou bleus, groupement, parlottes, échanges, un salut de ma part, des regards étonnés c’est qui ? vous le connaissez ? oui il vient souvent chez les ah oui… le rituel de la patisserie, aller au magasin, marcher du côté ombré de la route, des pas derrière moi, sur le trottoir opposé et ensoleillé, une silhouette qui me dépasse, fine, élancée, qui me sourit et me dit bonjour la première quand je me retourne, je la suis car elle marche plus vite que moi, j’apprécie son allure, son port, sa silhouette de jeune fille, sa coiffure et sa robe longue qui se balance, nous arrivons presque ensemble car j’ai accéléré mon pas, vous marchez plus vite que moi, elle semble amusée, après vous, nous entrons, elle passe sa commande et la boulangère lui demande des nouvelles de sa main gauche qui porte un gros pansement, c’est un panaris je demande bêtement non un problème de ligament ses yeux sembles pétiller malicieusement ou bien je crois qu’ils semblent pétiller ou peut-être même qu’ils pétillent plus qu’ils ne semblent, elle paie, ramasse ses achats, je commande les miens tandis qu’elle quitte la boulangerie, je paie rapidement, vite je sors, elle est là elle m’attend ou bien je crois qu’elle m’attend ou bien bon euh au revoir vous partez par ah bon moi par ici nous partons nous sommes partis chacun de notre côté et je reste comme un idiot, j’ai envie de me retourner, elle a peut-être aussi l’intention de se retourner peut-être même qu’elle se retourne et me voit partir et se dit quel imbécile ou je pense qu’elle me prend pour un imbécile ou peut-être qu’elle ne s’est pas retournée et ne pense à rien surtout pas à moi l’imbécile qui… j’aurais dû lui dire ah vous savez justement je suis chirurgien grand spécialiste des ligaments si vous venez me voir à Paris je pourrais vous soigner je vais vous donner mon numéro de téléphone au cas , ce sera vraiment avec plaisir… et je n’ai rien dit… je me trouve vraiment débile sous le soleil avec mes tropéziennes dans la main et quand enfin je me retourne je ne vois plus personne…

Je n’ai jamais revu notre fier et courageux Iroquois, je ne le reverrai jamais, qu’est-il devenu ?, depuis tout ce temps… mais l’année prochaine quand je vais revenir à Ribiers chez mes si chers amis, j’irai le dimanche chercher les gâteaux comme d’habitude à la sortie de la messe et peut-être reverrai-je alors mon inconnue, l’inconnue de Ribiers… en espérant qu’enfin cette fois m’enhardissant,  elle ne le soit plus.

 

©  Jacques Chesnel

 

 

 

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10/09/2010

CONVERSATION 27 (Ah ! tous à la manif’)

 

- ya un de ces mondes, on est serrés comme dans un bocal de sardines

- un bocal qui prend l’eau avec ce qu’il flotte en plusse

- ceusse qui nous traitent de feignants voient pas tout le courage qu’on a à manifester sous les trombes

- pardi, sauf que les députés braillent au chaud et que les sénateurs somnolent et que nous une deux une deux

- yen a un qui me souffle dans les oreilles avec sa vuvucellelà, oh ! pas si fort, je peux pas crier moi, non mais oooh ! heureusement qu’on a nos nos pancartes, Maurice a passé toute sa nuit à cause des fautes d’ortografe, il arrivait pas à écrire Weurte comme ça s’prononce écclésiastique qu’il disait en ricanant

- le mien il a trouvé une espression sur sa pancarte que j’aime bien les jeunes au turbin, les vieux au jardin, sauf que notre gars il est jardinier et que son père travaille justement dans les turbines, alors

- écoutez le type en pantalon moul-burnes là, il gueule libérez nos camarades alors qu’y encore personne d’arrêter à c’qu’on dit mais ça va pas tarder vu la flicaille

-y paraît que Sarko est devant son poste et qu’y compte les manifestants un à un à cause des sondages du lendemain qui sont contradictoiriens

- ben oui, à TF1, 100.000, dans Le Figaro 200.000, à la police 500.000 donc total on est au moins 2.000.000

- vous croyez qu’elle est là ?

- qui ?

- ben, Ségo quoi

- y paraît qu’elle est avec Villepain en tête-à-tête devant

- noon ? il sont ensemble ? je voyais bien qu’yavait anguille sous cloche, keskil est beau et elle avec ses tullenippes toujours classe chic

- c’est vrai qu’ça pourrait faire un beau couple de président, il est plus maigre que l’ancien, celui qu’elle a largué qu’a un nom de frometon qui depuis s’est fait maigrir décidément… la retraite a soixante ans, la retraite- a- soixante- ans- quand- on- a- encore – toutes – nos - dents il a un côté aristocritique pour un président tandis que l’autre petit qui piaffe toujours et elle avec ses yeux qui patillent de concupuissance

- ça al’air de bloquer maint’nant, je commence à avoir les arpions en compote, j’irais bien m’asseoir un peu… allons bon, v’la que ça redémarre… libérez nos… qu’est-ce que j’raconte moi…

- avec Maurice, on compte plus nos manifs depuis le temps, les plus belles c’est en 68 pasqu’on était jeune pour la première fois et en 95 surtout, la tronche au crâneur chauve euh comment qu’y s’appelle déjà, lui avec ses jupettes, allez hop !, éjecté, qu’est-ce qu’on attend, on va finir comme des couilles molles à la fin

- et vot’ copine la Jeanine des PTT, que Robert écrit pets tétés en se marrant, où qu’alle est ?

- au premier rang, esmet toujours avec les cadres, les huiles, BHL monsiegneur Gagaillot et tout le gratin pasque elle est déléguée de la cégété

- ça fait une belle tambouille tout ça mais heureusement qu’on les a, c’est pas par les gugusses du mouvement populaire à deux balles qu’on serait défendutes

 - mouvement populaire mon cul, faut être gonflé comme le gros Bertrand pour appeler ça comme ça pour faire plaisir à Sarko et au Médaife de la petite Parigote

 - oh !, celle-là je peux pas la blairer, tiens : Parigote – au - poteau, Parigote- au – poteau -  les – ouvriers – auront - ta peau

 -comme vous y allez, moi je regrette le temps d’Arlette, ça c’était de la contestation, du vrai, maintenant on dirait de la révolution-camomille

 - à propos de camomille, si on stoppait devant ce bistro pour se reposer un peu et se taper une p’tite verveine

 - d’accord, c’est qu’on a encore du chemin à faire jusqu’à la fin du cortège la retraite pour tous à soixante ans quand on a encore nos dents, la retraite…

 

 

©  Jacques Chesnel  (7 septembre 2010)              

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09/09/2010

LE PARI DE JEANNE OU LES DÉSEMPARÉS -8

 

8 / Lionel

 

Il avait toujours préféré les répétitions au spectacle proprement dit, la préparation au fini, bouclé, ficelé, bien que certains soirs il se passait parfois quelque chose d'inattendu comme à la dernière du Othello dans la mise en scène de Louis quand Yves s'était planté et qu'il avait fallu tout rattraper on avait été mal mais on avait bien ri, après, sauf lui… et Louis qu'on n'avait jamais vu dans une telle colère, rentrée puis explosive.

- on reprend, les enfants… bon,  Lionel, tu m'entends ?, tu m'écoutes ?, Lionel… on reprend ton entrée dans l'acte 2

C'est peu de temps après cet incident que leur amitié s'était emballée vite transformée en un amour traversé de disputes, broutilles suivies bientôt d'orages violents à cause de leurs jalousies réciproques, de leurs penchants pour la drague malgré leur pacte de fidélité. Metteur en scène exigeant, tyrannique disaient certains, surtout certaines, Louis avait vite reperé le jeune homme, sa beauté, sa démarche et son caractère altiers, son regard énigmatique, bref il l'avait trouvé splendide oui voilà le mot juste. C'est dans les filages de la pièce d'Oscar Wilde L'importance d'être Constant qu'il avait débuté sous la directon de Louis qui lui avait confié le rôle de Jack alors qu'il se voyait plutôt dans celui d'Algernon ; il avait alors lu tout Wilde et s'était interrogé sur la traduction de Constant, le titre anglais étant The Importance to being Earnest, ce dernier vocable siginfiant "homosexuel" dans l'argot de la haute société londonienne de l'époque et quand on connaissait les mœurs de l'auteur… il y a même certains traducteurs entre guillemets qui avaient même osé proposer "l'important d'être Ernest" ou "Fidèle"…

- non mais Lionel, je rêve ou quoi… houhou, tu es sur scène et on répète bordel, mais c'est pas vrai tu

La vie avec Louis avait été à la fois le paradis et l'enfer, parfois l'un parfois l'autre souvent les deux à la fois, il s'était soumis à tous les caprices de cet homme plus âgé, érudit, spirituel mais dont l'autorité, la prépotence lui faisaient peur bien des fois mais combien attachant néanmoins, il lui avait révélé tant et tant de belles choses, de turpitudes et de dépravation aussi ; Lionel avait accepté par amour d'accepter toutes ses propositions dégradantes, celle qui consistait à se prostituer non pour de l'argent mais pour qu'il puisse le mater se faire enculer par de vieux libidineux étant vécue comme la pire.

Aussi quand Louis lui annonça qu'il allait le quitter non pour un autre homme mais pour une femme oui pour une femme, il avait d'abord cru à une blague, un mauvais canular, à une de ses plaisanteries dont il abusait pour le mettre en colère par pure perversité. Quand il dût quitter l'appartement, Lionel se réfugia dans la demeure de ses grands-parents, abattu d'abord, furieux puis décidé à se venger. Au cours de ses déambulations dans le vaste grenier, il avait trouvé un vieux révolver 9mm, un Colt, qui fonctionnait encore ainsi que trois balles ; sa résolution était prise maintenant, il lui fallait tuer oui supprimer effacer Louis et le plus vite serait le mieux. Il savait que cela allait démolir sa carrière qu'on disait si prometteuse mais la blessure était trop insupportable, il n'y avait donc qu'une solution, une seule, il suffisait de trois balles. Avant de partir, il alla se rafraîchir dans la salle de bains, il mit quelques minutes avant de se reconnaître dans la glace, de se voir lui fit peur. Lorsqu'il prit le train du retour, il s'effondra dans le wagon surchauffé. Le contrôleur le réveilla à Paris ça va Monsieur… il tenait toujours les balles porteuses de mort dans sa main gauche endolorie tant il les avait serrées si fermement.

- oh! Lionel tu m'entends

 

(à suivre)

23:55 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

03/09/2010

ENTRETIEN VOILÀ DU BOUT D’UN

 

Un grand nombre de lecteurs de ce blog ont manifesté le désir d’en savoir un peu plus sur l’auteur de ces textes et chroniques. Celui-ci se prête donc volontiers à ce qui peut ressembler à une sorte de questionnaire de Proust sur ses goûts, affinités et couleurs.

Bonjour Jacques Chesnel

Bonjour Jacques Chesnel


Merci de répondre à mes questions

Je vais essayer d’y répondre bien que j’appréhende un peu ce genre d’exercice sans filet


Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire ?

D’abord, je ne suis pas raisonnable et je me demande si j’écris vraiment

 

Un signe de modestie ?

Je suis tout sauf modeste mais j’ai une cousine modiste

 

Quelles sont vos sources d’inspiration

La connerie généralisée, la mienne plus particulièrement, Le Figaro, les émissions de télé-réalité, que je ne regarde pas, les crottes de chien, les tronches à Estrosi et Dominique Pailler

 

Quelle est, d’après vous, votre qualité principale

La somme de tous mes défauts et ils sont nombreux

 

Pouvez-vous en citer quelques-uns

Volontiers, j’aime la nourriture biologique aux pesticides, je dors tout habillé par crainte de me réveiller, je fais du vélo sans les pédales, la liste est trop longue et je n’ai pas la langue bien pendule à l’heure

 

Quel est votre plat préféré

Le petit salé dessalé aux verres de contact

 

Votre pays préféré

Le Bouthan parce que je n’y suis jamais allé

 

Votre sport préféré

Réponse banale : la sieste avec ou sans crapule

 

Votre position favorite pendant l’amour

Cul par dessus tête les mains dans les poches en sifflotant Tata Yoyo ou le Requiem de Mozart ça dépend des jours

Ce que vous aimez chez un ami de trente ans

Il y a plus de trente que j’ai trop d’amis sans rechercher leurs qualités ou leurs défauts mais si vous y tenez absolument : la loyauté mais sans les noyaux, la fidélité sans la corde

 

Votre écrivain et cinéaste favoris

Celui dont je n’ai lu aucun livre, celui dont je n’ai vu aucun film, par contre si cela devait se produire un jour, pour les écrivains je crois qu’il y en aurait trois ex æquo, les deux William, Shakespeare et Faulkner avec Julio Cortázar, pour le cinéma un seul, Orson Welles… ah !, j’allais oublier Woody Allen, sans Carlita

 

Votre musicien préféré

On a combien de temps ? …La liste est trop longue ou trop courte, soyons sérieux, Puccini, Ravel, Stravinski, Richard Strauss, Bill Evans, John Coltrane, Thelonious Monk et Charlie Parker parmi les disparus, actuellement Henri Dutilleux et Wayne Shorter.

 

Votre film préféré

Sans aucune hésitation, celui que j’ai vu plus de cinquante fois avec les mêmes battements de cœur emballés et de paupières ébaubies : Citizen Kane, le chef-d’œuvre absolu

 

Votre actrice et votre acteur préférés

Danielle Darrieux et Catherine Mouchet (et là je ne plaisante pas), George Clooney parce que je suis plus beau que lui

 

Quels sont vos autre loisirs préférés

En dehors des lectures, films et musiques ?...  aller au bord de la mer car j’ai très peu connu mon père… la pêche sous Marine le Pen avec mon copain Michel… reluquer les petites vieilles quand elles font retirer du fric à la poste… retoucher les photos d’Hortefeux en brun avec une petite moustache… jouer au whist avec Pascale et Gilberto parce que c’est mieux à quatre quand on est trois… mettre un casque d’aviateur et me prendre pour Blériot… pisser dans un violon pour améliorer son son… me tirer la langue devant la glace sans que la glace me renvoie la langue… traquer le cachalot avec Roselyne… m’imaginer madame de Fontenay en bikini rose avec son chapeau de travers, merde je bande, excusez-moi

 

Avez-vous un hobby et des phobies

La phobie des hobbies

 

Votre couleur favorite

L’arc-en-ciel de nuit

 

Votre héros, votre héroïne

??? / ???  allo, allo, ya quelqu’un ? peut-être hum ! Richard Virenque, la miss Météo de Canal + Pauline Lefèvre, waouououhhh

 

Ce, celui ou celle que vous détestez le plus

La religion, Le Pen, George W Bush, Marthe Richard, Sarah Palin

 

Revenons à votre travail, comment écrivez-vous

Êtes-vous certain de poser une bonne question, parce que je n’ai qu’une mauvaise réponse : n’importe comment et peu importe étroite, il n’y a qu’aux chiottes que j’ai hésité par manque des papier

 

Vous trouvez-vous intelligent

Ceux qui pensent que je suis con ont raison, ce qui pensent le contraire aussi, j’ai une nette préférence pour les seconds

 

Y a-t-il une question que vous auriez aimé que je vous pose

Oui, où sont les toilettes parce que ya un moment que…

 

Comment aimeriez-vous mourir

Avant le : coucou !, tiens ?, déjà ?... j’aimerais avoir le choix, la mort m’importe peu, ce qui m’embête ce sera de ne plus vivre, bordel de merde

 

Jacques Chesnel, merci de nous avoir consacré un peu de votre temps

D’autant que je n’ai plus la notion du temps depuis longtemps tout à l’heure

 

©  Jacques Chesnel

 

19:50 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/09/2010

CONVERSATION 26

 

- eh bin, keski vous arrive ? ya kèke chose qui vous zob nubile ?

- ça s’voit tant qu’ça ? j’en suis toute chiffonnée mais pas au point de m’obnubiler bien que ça me turlupine un peu

- on dirait bien pourtant à voir vot’ mine

- c’est que Caro nous joue encore des tours, on la croyait à bout d’habits et voilà que mad’moiselle se remet à penser à dev’nir couturière de luxe

- et alors ?

- le problème c’est qu’elle veut prendre des cours avec Ignèsse de la Fessedange à Paris et que ça coûte bonbon

- vous avez pas ou plus les moyens ?

- pas depuis que Maurice est en retraite à 83 ans et moi à mon âge avec mon salaire… ah ! quand j’pense qu’il me faut encore me coltiner, c’est pas comme avant, tenez en 2009 on pouvait encore partir à soixante ans et bien moi à c’t’heure j’en ai 68 et j’bosse toujours pour des prunes ou presque que je fatigue vraiment

- ah pour ça c’est vrai qu’on l’a eu vraiment dans l’baba, dire que mon Raymond en a 72 et qu’y faut qui s’lève à cinq heures tous les matins avec son artriste si c’est pas malheureux

- ma copine Jeanine qu’est gestionnaire de surface stochastique elle trime encore et elle sait pas encore jusqu’à quand… ça lui fait quel âge maintenant à votre Caroline ? plus de 50 non ? elle est encore apprentite ? et la Ignesse toujours vaillante ?

- pour Caro 52 balais, Ignesse elle fait pas d’âge mais ça lui en fait quand même pas mal elle a commencé gamine vers les 20 ans, non ?... quand on pense que le nouveau président avait dit qu’il voulait changer toute cette merde installée par l’ancien, vous vous rappelez, le petit comment qu’y s’appelait déjà ? avec son copain Chichi celui qu’a fait pitche, remarquez qu’avec le nouveau, le grand chauve prétentieux c’est kif-kif bourricot comme on disait dans l’temps sous pomme pomme pidouze, vous vous rappelez hein ?

- on en a bavé et c’est pas fini, va falloir redescendre dans la rue pour les manifs comme l’année dernière… quand on pense qu’on avait cru qu’en 2025 y aurait plus des ces problèmes, on a encore été mené en bateau, le plus terrible maintenant c’est pour les poubelles depuis qu’on a viré les sans-papiers comme des malpropres qu’y a pus personne pour les enlever que c’est nous devenus les malpropres

- berniqués qu’on a été, ils peuvent mettre des robots sur les motocrottes on est quand même dans la merdouille jusqu’au cou

- c’est comme pour les usines, les ouvriers, les paysans et les commerçants, nos gamins savent même plus que ça a vraiment existé, on leur montre des photos et ils disent que ça peut pas être vrai, que c’est de la propagande réactionnaire

- mais le luxe marche encore ? ya d’la clientèle à part les chinoises et les indiennes milliardaires ? vous croyez que c’est tout bonnard pour vot’ Caro chez l’Ignesse avec les nouveaux non-tissus depuis qu’y a pus de laine ni de coton ni soie ni rien de naturel même pas de sintétique et le sinfrusquin?

- regardez les restaurants, ya pourtant plus de viande, plus de légumes, plus d’œufs, de vin, de bière, ni de ouiski, plus rien de vrai rien, que du faux reconstitué, d’accord, et bin c’est plein tout les soirs à des prix hors de prix et on se chamaille pour les places… donc ya encore du fric alors qu’on en fabrique plus en papier que tout est virtuel ou quèque chose d’approchant de loin et donc ya de l’espoir pour Caro avec la mode d’après-demain avec son Ignesse, j’y crois

- n’empêche faut avoir le moral chevillé aux jambes et les mollets solides pour encore s’échiner à notre éopque et à REN, la Radio-Elysée Nationale ils disent que c’est pas fini… vous êtes sur quoi vous maintenant ?

- toujours pareil sur les hypernanotechnologies au service de l’économie de subsistance rationnelle et aléatoire de survie des planètes, le fameux organisse dirigé par les frères Gloupdanoff

- peut-être que Caro aura du boulot pour les nouveaux uniformes comme y ont fait pour les androïdes Neptuniens que c’était drôlement difficile de les vêtir ceux-là

- devrait y avoir des appels d’offres interplanétaires mais on est mieux placé, plus concurrentiel que les Vénusiens qui…

- bon c’est pas l’tout mais Maurice m’attend dans notre nouvel hélicoptère à air surcomprimé-recyclé pour faire nos courses pendant ce dernier dimanche avant la fermeture des fuseaux horaires, j’vous ramène quoi si j’en trouve au marché noir ?

- oh oui ! de l’andouille de Vire, mais pas de l’ersatz, hein …

 

 

                   ©  Jacques Chesnel  (28 septembre 2028)

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