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20/10/2010

VOLETS DE BOIS VERTS

 

Cela avait de quoi intriguer dans cet ensemble de maisons d’aujourd’hui si banales dans leur architecture passe-partout, cette décoration de bon aloi bon chic bon gendre avec la monotonie que cela induit, bref l’ennui plus l’ennui plus encore plus. Uniformité, volets roulants ou volets battants d’un gris tristounet imposé… et paf en plein milieu comme un pied-de-nez, ces volets… verts qui rendaient verts de rage ceux qui s’auto-autorisent ce qu’ils appellent finalement le bon goût, un recours ayant été déposé pour se mettre en conformité avec le règlement du lotissement, sans résultat jusqu’ici. Cela grognait d’autant plus que les habitants de ce nid aux persiennes verdoyantes étaient jeunes et beaux, paraissant si heureux de vivre au milieu d’un milieu compassé et pour tout dire de plus ou moins vieux cons vers le passé tournés. Le facteur qui avait eu l’occasion de pénétrer dans cette maison avait raconté au bistro du village qu’à l’intérieur tout était peint en vert du sol au plafond en passant par les meubles, certains en étaient restés bouche bée, du vert partout, pensez donc !. Eh oui, jusqu’à l’habillement, robes et costumes, manteaux et imperméables, coiffes et chapeaux… jusqu’au chien appelé Green, le chat Gazon et ils élèvent même un pic-vert !. Jusqu’ici, avouez que tout cela est un peu banal…

Mais si on parlait alors des alentours immédiats de leur maison. Devant, un petit parterre de généreuses et fécondes plantes toutes vertes exotiques ou banales, derrière un jardin d’environ 150 mètres carrés bien exposé au soleil, comportant nombre de légumes verts et dans un petit coin des plantes aux longues feuilles qui, remarqua-t-on, prirent de plus en plus de place pour finalement envahir tout l’espace du lopin. Certains avaient remarqué avec attention et admiration le système d’arrosage par asperseurs et l’installation de petits panneaux solaires photovoltaïques et thermiques.  Le plus fûté des curieux, un jeune homme de bonne famille d’un autre pavillon, découvrit bientôt qu’il s’agissait en réalité de cannabis, oui, vous avez bien lu, cannabis. Gardant cette nouvelle pour lui au lieu de dénoncer ou pratiquer la délation, méthode de sinistre mémoire fort répandue au cours de l’occupation pendant la seconde guerre mondiale, le jeune alla un jour sonner à la porte de la maison aux volets de bois verts et, après s’être présenté fut accueilli chaleureusement par les occupants, demanda s’il pouvait fumer un joint avec eux, ce qu’ils accomplirent volontiers ensemble avec une certaine félicité. Ils firent alors plus amplement connaissance, lui étudiant en troisième année de médecine et le couple aimable et cultivé pratiquant le télé-travail dans la recherche fondamentale sur les nouveaux médicaments et traitements des maladies invalidantes, notamment sur les vertus thérapeutiques et leurs applications concernant la plante cultivée ce qui et maintenant reconnu dans les milieux autorisés. Ce fut le début de la sympathie puis de l’amitié entre eux jusqu’à ce que le cercle allât s’élargissant naturellement à d’autres connaissances décoincées dans la proximité (il y en avait) et bientôt tous les habitants du lotissement d’abord choqués ou réticents puis vite emballés se retrouvèrent pour fumer pétards, chichon, stick ou jaja chez l’un ou chez l’autre ou lors de grandes fêtes et se mirent ensuite à cultiver la plante dans leurs jardins privés ou communs pour leur consommation personnelle suivant bien entendu les règlements en vigueur dans ce pays-là, pardi !.

Plutôt que de lancer une volée de bois vert aux habitants de la maison aux volets de bois verts, tous les résidants décidèrent unanimement en reconnaissance aux initiateurs de peindre eux aussi leurs volets en bois de cette couleur et l’assemblée décida  à l’unnanimité de nommer le groupe d’habitations AU VERT PARADIS, appellation d’origine  contrôlée (lieu secret et protégé, introuvable sur les cartes et atlas du monde entier ainsi que sur google earth).

Aux dernières nouvelles, le lotissement s’est considérablement agrandi et maintenant affiche complet ; nouveauté : le cahier des charges avait préconisé le chanvre parmi les matériaux de construction. On n’arrête pas le progrès et tout est bien qui finit bien dans ce petit monde vert, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans notre environnement actuel si gris, si triste, sinistre.

 

©  Jacques Chesnel

20:16 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

18/10/2010

LE PARI DE JEANNE - 9


LE PARI DE JEANNE  (suite)

 

9/ Jeanne et Héloïse

 

Dans la deudeuche cahotante d'Héloïse avec plein d'aucollants partout, Jeanne alluma une cigarette sous le nez de l'affichette interdit de fumer, fumer tue et sous le regard courroucé de sa fille ; pendant de long moments - deux, trois minutes - on n'entendait que la respiration de Jeanne aspirant convulsivement la fumée et la rejetant comme une locomotive à l'ancienne avec quelques hoquets inquiétants, elle porta la main à sa nuque fit une petite grimace qu'Héloïse ne vit pas à cause d'un piéton distrait qui traversait subitement la chaussée, Jeanne se cogna dans le pare-brise, merde quel connard fulmina sa fille, Maman, la cigarette était tombée sur le plancher, Jeanne cherhait à l'éteindre avec son pied, il n'y avait pas encore eu un seul mot d'échanger, elles s'évitaient depuis quelques semaines se contentant brièvement du téléphone ou du texto pour des banalités. Héloïse ayant repris le contrôle du véhicule jeta un œil sur sa gauche et vit des taches de sang sur le tableau de bord. Elle fut plus inquiète lorsqu'elle vit Jeanne sortir un mouchoir déjà maculé et décida de stopper, cognant dans le trottoir, provoquant un autre choc plus léger sans conséquences.

- Maman, il faut qu'on parle… que se passe-t-il, qu'est-ce que c'est que ce mouchoir ?, MAMAN

Jeanne, paniquée, ne pouvait/savait quoi dire, occupée à essayer d'arrêter le saignement de son nez, de lutter contre la douleur diffuse qui envahissait son corps.

- Je… aaaargh je non c'est que… je… Louis

- Quoi Louis… et ce sang Maman

- ce, ce n'est rien, juste que peut-être, on devrait savoir

- qu'est-ce que c'est encore

- j'ai passé un scanner, Héloïse

- un quoi ? un scanner, mais pour…

- les docteurs ont un doute, une tumeur peut-être maligne des fosses nasales, sur le nerf olfactif mais il faut encore des exam

- une tumeur, tu veux dire un cancer

- je ne sais pas ma chérie, il faut attendre

- et Louis que dit-il as-tu prévenu aussi Papa et Jérôme et

- Louis a levé la main sur moi

- il a

- non il a eu seulement ce geste inhabituel qui m'a effrayée, une dispute, une

- pour te gifler toi ?

- et j'ai commencé à saigner sans un coup, d'ailleurs il a aussitôt paniqué

- mais pourquoi ? pourquoi ?

- il est devenu jaloux, il ne supporte pas qu'un homme me regarde

- oh, et lui il ne regardait pas les hommes peut-être

- c'était avant

- c'est toujours avant, n'empêche

- je vais le quitter tu sais, il y a comme un fil qui s'est rompu, je ne sais pas où aller et puis l'examen

- partir, Maman, mais où… tu ne voulais plus voir personne, tu as laissé tomber tous tes amis, ceux qui pourraient faire quelque chose pour toi

- je sais (elle tousse, se mouche) je suis complètment désemparée, je ne sais plus où j'en suis ni même qui je suis

- mais on est là Maman, Jérôme, moi, il faut que

le téléphone d'Héloïse sonne

- allô… oui (elle met la main sur le récepteur)… c’est Papa.

- Je ne veux pas lui répondre, je ne veux plus lui parler.

 

 

à suivre

 

 

 

 

00:55 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

14/10/2010

AUTOMNALE

 

- dès que les premières feuilles se mettent à tomber, Maurice me dit comme ça pour moi aussi ça va pas tarder ah putain !

- le mien c’est pareil, ça lui fout un des ces cafards avec ses cheveux qui lui restent encore sur le caillou au cas où

- faut pas grand’chose pour les mettre raplapla rapidement nos bonshommes

- remarquez ma sœur elle est pareil avec ses hormones    pasque tout ça c’est à cause de ces bestioles-là, elle ressemble tellement à un mec maint’nant qu’on dirait éléfantemanne comme dans le film

- heureusement qu’ya des gars et des femmes qui passent leur temps à népier dans les néprouvettes que s’en nest néprouvant pour eux

- oui mais au moins ils sont en blouse blanche, alors ça change tout

- ça dépend , yen a en civil, tenez Pasteur et la mère Curie

- vous voulez pas dire le chanteur Mercury ?, le Freddy à Fredo ?

- nan, la tête chercheuse qu’a été irradiée, Curie, Marie Curie

- ah oui ! et les nouveaux alors, celui qui vient de mourir, heureusement qu’on l’avait naturalisé à tant, sans ça le prix Nobel, eh ben pfuiuittt comme d’hab’ chez les autres

- comme pour Madame Curie née Sklodowska polonaise

- oui, c’est Georges Charpak, qu’était lui aussi polonais, on est bien content d’avoir eu des gens comme eux, des bons français à la sauce Besson que çui-la j’peux vraiment pas le blairer, il m’inspire pas, il m’expire plutôt

- comme les Antillais dans l’équipe de France de foute

- ahahah ! Florent Malouda, bondieu qu’il est beau, il a pas de problème avec les cheveux lui, et le judoka Teddy Riner quel gars costaud, moi je suis fière bien que toute blanche et rose et toute grosse comme la Bachelot mais en mieux quand même que dit Raymond heureusement pasque quand même ya des limites à l’un des sens

- ah !, celle-là, Maurice en est fou enfin je veux dire il devient fou quand on en parle, elle va encore faire fondre les feuilles de remboursement de la sécu, et les nanesthésistes maint’nant que les flics leur tape dessus en les nanesthésiant pour les nendormir

- déjà qu’on est malade et qu’en plus on trinque, je le comprends

- à propos de feuilles ya pas que les mortes ya aussi celles des impôts qui augmentent sans augmenter tout en augmentant comme la tasque sur l’habitation et la téloche, ah ! y sont fortiches les Baroin, Lagarde et compagnie pour nous en mettre plein la vue quand à la fin ya pus rien dans le porte-monnaie vide en plus

- Maurice dit la Lagarde elle meurt pas, elle se rend pas mais elle nous en fait voir des vertes et des très dures

- et surtout nous prendre toujours pour des cons avec le baratin pour camoufler

- vous croyez qu’ils vont rester ?

- rester où qui ?

- ben dans la nouvelle équipe de France du gouvernement avec un nouveau chef au gouvernail de Sarko qui gouverne quand même tout seul

- à la tête, on devrait mettre un Antillais comme pour le foot et le judo, un polonais comme pour les sciences, un instite pour l’école, un routier pour les transports, un

- ce serait bien, mais on va avoir droit au gros Doudouillet qu’aime pas les pédés et qui cause pas bien le français, alors on est mal barrés

- là je crois que Maurice va éclater, déjà qu’il veut foutre le bordel avec les grèves, qu’ya qu’avec la générale généralisée qu’on va arriver à quèque chose dans le blocu

- tous les automnes c’est pareil jusqu’au jour où ça va péter

- on va faire des provisions pasque si tout est bloqué et qu’y aura plus rien à becqueter on aura l’air malin

- on aura l’temps de compter les feuilles, les mortes, les autres et d’aller prendre l’air marin

- ou bien de bouffer les pissenlits par la bassine

- oh !...je vous sens fatalitaire d’un seul coup

- si vous trouvez qu’ya pas d’quoi !

- voui, par moment, je m’demande bien si

- l’automne c’est pas ma saison préférée en tout cas

- ben à moi non plus.

(elles chantent :  les feuilles mortes se ramassent à la pelleueu,, tu vois je n’ai rien oubliééé, les feuilles mortes se ramassent…)

 

©  Jacques Chesnel

19:42 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

04/10/2010

ROULEZ JEUNESSE

 

- vous savez pas ce qui arrive à not' gamin

- lequel ? pasque vous avez pas chômé de c'côté là

- François, le premier… tenez, il croise une donzelle dans la rue, il l'aborde et lui dit comme ça tout de gogo : bonjour, j'aimerais bien vous lutiner

- ben dites donc, il y va pas par quatre chemins

- avec lui, c'est du direct, c'est pas comme Henri

- Henri ? vot' troisième, je croyais que…

- m'en parlez pas, lui il est moins rapide sauf avec les garçons

- c'est bien ce que j'ai entendu dire dans l'pat'lin sauf que

- alors la fille répond à François, alors comme ça vous vous prenez pour un lutin qu'il en reste tout interloqué debout alors qu'il s'attendait à prendre une bonne beigne bigne bien que c'est pas un gros mot

- non, encore s'il avait dit butiner mais lutiner, au fait qu'est-ce que c'est qu'un lutin

- ben, un gars qui butine, un champion du dard comme les abeilles ou comme Frédéric du même nom, une sorte de planteur actif si vous voyez c'que j'veux dire

- ah oui, l'inceste hyménoptère aculéate qui vit en société

- comme François Ier… alors que vot' si mignon Henri 3

- vous extrapolez dans la noblesse maint'nant

- nan, je compare seulement, alors j'y retourne le François lui répond vous savez j'ai pas voulu vous blesser, oh ! ça n'a jamais blessé personne, tout dépend de comment qu'on s'y prend qu'elle répond illico avec l'aplomb

- ce qui prouve qu'elle avait de la répartite et pas froid aux yeux comme les filles de maint'nant parce que de mon temps

- de mon temps, de notre temps, on y allait aussi sec mais de manière différente

- différente… différente, ah nous y voilà de l'art et de la bannière, tenez moi, quand j'ai connu Maurice j'en avais fréquenté avant lui mais on avait pas été présentés par les parents, donc ça comptait pas, on appelait ça de l'amourette, de la bluette, on s'entichait au bal, on contait florette, puis on le laissait se  frotter un peu jusqu'à ce que le gars rougisse qu'on comprenait pas pourquoi, alors ou bien on le laissait tomber ou bien on passait au bécot discret sans la langue hein mais on allait jamais beaucoup plus loin sauf les mains baladeuses et encore pas partout sans que ça se voye, alors que maintenant, on se regarde, on se cligne de l'œil avec les portables, on fait j'aimerais bien vous lutiner et c'est parti mon kiki

- p'tête bien, y en avait quand même des filles souvent en cloque qui fallait les marier vite fait, lutiner ou butiner d'accord, jusqu'aux limites de l'indécence, n'empêche tenez Raymond et moi, on n'a rien fait jusqu'au soir de nos  noces qu'y savait pas comment butiner ni même lutiner, on avait pas l'air fin j'vous jure, il a fallu qu'on se débrouille tout seuls

- et alors ?

- rien, c'est venu peu à peu, on n'avait pas l'éducation sexuelle à la communale malgré les questions qu'on ne devait pas poser

- moi j'avais pas compris grand'chose sauf que pendant la retraite de la première communion y avait des gars qu'avaient déjà tout compris à cause des lectures de les vigiles selon le p’tit Jésus

- oui j'entends bien, mais ça expliquait pas comment s'y prendre sauf la comparaison avec les abeilles que c'était dur à avaler

- nous y revoilà, alors la fille file un rencard au François dans une boîte de nuit un peu loucheuse sur les stupéfiantes

- et…

-… et ben, voilà, il y est pas allé du tout… non, pasque comme tout malin qu'il est, il m'a dit manman après lutiner et butiner j'ai peur que ça se termine par se mutiner grave devant les autres et que j'en serais resté comme deux ronds de flan que les drogues j'aime pas ça

- moi, j'approuve, y a encore des jeunes gars qui en ont dans le patalon pasque main'tenant avec les lavettes quand c’est pas les tapettes que remarquez j’ai rien contre

- et donc… ça s'arrose… avec deux doigts du sherry à bibi ?

- si c'est du cousu main, alors… tchine !.

 

©  Jacques Chesnel

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