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26/10/2012

CHRONIQUE CD

 

MAXIME FOUGÈRES TRIO / GUITAR REFLECTIONS (Gaya Music Production / Abeille)

Jeune guitariste ayant de sérieuses références musicales (Conservatoires, diverses participations significatives), Maxime Fougères, pour son premier disque, aborde sans complexe une partie de l’œuvre de Duke Ellington, à savoir les thèmes joués au piano par le maître sous le titre « Piano Reflections » et ce, en trio. On pourrait saluer la hardiesse (pour ne pas écrire le culot) mais le résultat dépasse la simple curiosité. Il a su imprimer une sorte de grâce touchante, respectant l’esprit autant que la lettre par la sensibilité et l’intelligence, apportant une touche personnelle à ces compositions que nous avons plaisir à redécouvrir de la sorte. Le talent de ses sidemen (Yoni Zelnik, contrebasse et le batteur Antoine Paganotti) n’est pas étranger au résultat.

Une très belle aventure qui présage d’une suite qu’on espère prochaine dans la même veine




FLORIAN WEBER / BIOSPHÈRE (Enja / Harmonia Mundi)

Récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux, Florian Weber, claviériste allemand, vivant une partie de l’année à New York doit la célébrité grâce à sa participation au disque Deep Lee en 200è (avec le trio Minsarah) et à la prestation de Lee Konitz au Village Vanguard en 2009.

Avec de nouveaux partenaires, autres directions : jouer autant du piano acoustique que du Fender Rhodes (sonorités nouvelles), ajout d’un guitariste d’exception en la personne de Lionel Loueke se distinguant particulièrement sur sa composition Mivakpola, diversité harmonique et rythmique des 10 thèmes, une composition originale Piecemeal, dédié à la physique quantique, un standard All the things you are transfiguré en Evolution, des chansons venues de la pop music (Coldplay, Eric Clapton), bref un bel assemblage de couleurs, en compagnie d’une rythmique irréprochable additionnée de tablas… avec pour clore une très délicate œuvre de son cru : Tears in heaven en piano seul, sublime.

Florian Weber signe là un album étonnant dont la réécoute procure encore plus d’émotion(s).


Jacques Chesnel

16:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

25/10/2012

UN JOUR SANS

 

Moi qui n’aime pas particulièrement la littérature d’apitoiement, celle où l’auteur se répand avec souvent quelque délectation, s’épuisant dans des souvenirs récurrents, voilà qu’aujourd’hui j’ai le besoin d’écrire que je ne trouve rien à écrire, j’essaie par tous les moyens connus ou inconnus, tous les trucs qui pourraient provoquer le déclic, et pourtant maintenant il fait un temps à passer sa vie dehors alors que je reste comme un con devant le clavier de l’ordi qui joue sunday closed, les enfants me font des signes depuis la cour de l’école vue de ma fenêtre et j’ai envie de leur répondre merde, ma petite-fille me susurre un tendre bonjour Papou lointain dans le téléphone, la colombe que j’ai baptisée Iris vient de toquer sur la vitre et m’invite à m’échapper avec elle, quoi ? que je saute dans le vide ? même pas peur et pourtant j’ai la trouille, noire, Bill Evans me répète sur la platine Never let me go et cela ne me touche pas comme d’habitude, bon voilà que j’ai un renvoi acide ça ne va pas arranger les choses, se retourner vers la bouteille de bourbon, je sais trop ce que cela donne, le téléphone peut sonner pour entendre une voix mielleuse me parvenir de Casablanca ou d’ailleurs pour me proposer ce dont je n’ai pas besoin ou envie en me retenant de lui dire aimablement d’aller se faire foutre je ne décroche pas, je regarde les rayons pleins de livres aimés, les autres je les ai balancés sans regret, aucun signe ne vient ni de William, de Scott, de Carson ni même de Julio, gone with the wind, sans aucun souffle d’air, les feuilles dorées des arbres ne tombent pas encore j’ai l’impression qu’elles remontent sur leurs branches, revoilà Iris qui cette fois se fâche, je ne veux plus la voir, rideau, quand une idée se précise c’est pour me rappeler que je l’ai déjà eu avec ou sans résultat, faudrait que je me coup les ongles des mains trop durs mais c’est une corvée alors tant pis, les photos des êtres adorés semblent me faire la grimace à laquelle je réponds en leur tirant la langue, foutez-moi la paix, aujourd’hui c’est un jour sans comme hier et comme demain, j’éclate de rire en me souvenant d’un tour de chenille dans une fête foraine avec l’amour de ma vie, j’appréhende déjà de lire les éventuels commentaires apitoyés qui ne manqueront pas de venir, moi aussi Jacques j’ai connu cela, tenez bon, sortez, allez au cinéma, respirez un bon coup, attendez le déclic pas des claques, souriez aux filles, tenez pensez à Fernande la boulangère à qui vous mourrez d’envie de lui chanter la chanson de Brassens, je me souviens maintenant du dernier film que j’ai vu et qui m’a ému aux larmes, Like someone in love de l’Iranien Abbas Kiarosmati et qui se passe au Japon, j’étais le seul à être resté jusqu’à la fin avec la chanson murmurée pas Ella Fitzgerald, j’ai des fourmillements dans la jambe gauche, il va falloir que je me lève de cette putain de chaise qui me fait mal au cul, c’est peut-être pour cela que rien ne vient, pas encore, voilà je suis debout, tiens ! je crois que je vais aller me mettre deux gouttes d’eau de toilette Eau sauvage de chez Dior, ça devrait me faire de l’effet, oui mais lequel ?, il faut que j’arrose mon figus benjamina qui me semble avoir soif, il ne va pas se mettre à m’engueuler, tout de même ; manquerait plus que ça.

© Jacques Chesnel (24/10/2012, 16 :04)

19/10/2012

UNE CONFÉRENCE

                              

Le conférencier arrive sous les applaudissements nourris de toute l’assistance et tapote vigoureusement le micro toc toc

Merci merci Mesdames et aussi les Monsieurs mes si chers amis

D’abord j’voulais vous esprimer toute ma r’connaissance d’ête venus si nombreux pour m’écouter tout d’même vous parler sur un sujet aussi délicat dans la délicatesse et j’vais essayer d’ête le plus circoncis dans les thermes abordés ce soir. J’remercie à l’avance tous les traducteurs qui vont vous traduire les mots que j’peux pas prononcer en anglais vu mon déficit provisoire mais j’vais m’efforcer d’ête le plus clairement possib car je potasse la langue du chakespire. La situation internationale étant ce caleçon, vous comprendez que j’vais m’obliger à m’en tenir à des considérations considérantes et considérables qui sont le fruit de mes réflexions les plus pointues et profondes et même les deux pour le prix d’une.

 Ceci dit, belle abbesse, là scusez-moi, j’fais un clin d’yeux et un private joker à une amie algérienne très chère qu’est dans la salle, bref, entrons dans le vif-argent de la monnaie du sujet que j’vous cause ce soir : les radications de la prostitution après avoir étudié toutes les sources et ressources de documentation haddock, témoignages et expertises en tous genres sur tout et surtout le milieu si vous voyez c’que j’veux dire pasque là ya vraiment à dire (quelques ricanements et gloussements dans la salle que le conférencier ignore). J’vous fais grasse mâtinée de l’historique de la chose, c’est dans tous les esprits depuis qu’le monde est monde ça a toujours existé et c’est pas d’main la veille que ça va s’arrêter d’un seul coup d’un seul comme ça (quelques rires réprimés), non, faut r’garder les contingences économicoco-sociales de la chose et la lutte contre le procénétisme qui en découle de source (le conférencier boit une gorgée d’eau et reprend son souffle). Il faut ête ferme sur nos positions et je sais quien a beaucoup d’après le cas Masoutra alors faut é-ra-di-quer carrément et passez-moi l’espression faut foncer dans l’tas à la hache quitte à faire des vagues à lames où qu’ça fait mâle en plein dans les souteneurs, c’est par là qu’faut commencer au début. Donc attaquons, comme la diligence mais avec vigilance hein ?, tous ces réseaux de zéros qui s’prennent pour des héros, comme nous avons supprimés les paradis fiscaux pas radins et tous les avantages dans les niches pour les riches où elles s’étaient fourrées et (le conférencier regarde sa montre) luttons contre tous ces privilèges légers que nous avons-nous-mêmes créés et mis en place pour satisfaire notre électorat si généreux par ses dons dont nous sommes reconnaissants mais comme dit l’aut’ faut pas pousser les mémés dans les tortensias vu qu’à la fin ça vous pète au nez avant qu’on y mette la hola les bras levés.

Pour terminer et clore ce discours auquel vous avez prêté votre  attention attentionnée contre menue monnaie pasque faut bien vivre vu les augmentations de la vie chère, je compte, ça j’sais faire, hihihi (rires aussi dans la salle, ahaha) j’compte donc sur vous et votre générosité sans gêne, les chèques contre l’échec sont acceptés à condition qu’ils soaillent solvables et je vous donne rendez-vous dans un an pour faire le constat d’not’ action qu’aura porté ses fruits mûrs sur le sujet j’en suis sûr.

J’vous r’mercie bien sincèrement et comme on dit dans les milieux financiers bien motorisés à la r’voyure et à un d’ces quat’.

(tonnerre d’applaudissements malgré un « remboursez » vite étouffé)

©  Jacques Chesnel (en direct d’un grand hôtel parisien)

 

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09/10/2012

L’INVASION DES HUNS

                              

Cela a commencé dans la nuit des temps avec le camarade Attila qui se tailla une sacrée réputation et subit une belle répudiation.  Mais les choses étant susceptibles d’un éternel recommencement, certains faux prophètes aux soit-disantes bonnes paroles le plus souvent porteuses de haine, voient des Huns venus de partout, surtout de l’étranger ( ! ), par avions, bateaux, à pied, à cheval et même en voiture, envahir nos territoires par milliers, voire par millions, on le constate tous les jours avec leurs sanctuaires installés dans toutes le villes, dans le moindre petit village, bourg ou hameau, dans votre jardin ou votre salon, mais oui.

La preuve : les Hunsdiens (trop rouges), Hunspatiants (fébriles), Hunsatisfaits (râleurs), Hunscompris (avec persuasion), Hunscontrôlés (malgré la police), Hunvisibles (les plus nuisibles), Hunsdissolubles (même noyés), Hunsdulgents (les moins nuisibles), Hunsfusions (filtrés), Hunsdécrottables (puants), Hunstrépides (audacieux), Hunstrinsèques (pas mouillés), Hunsformes (parfois Hunsvisibles, leurs cousins), Hunsfidèles (ça pullule contre la pilule), Hunsvertébrés (mollassons), Hunspécunieux (radins), Hunspolis (grossiers), Hunstables (voyageurs), Hunsconditionnels (les plus dangereux), Hunsparfaits (peuvent mieux faire), Hunsfluençables (on ne demande pas leur avis), Hunsventeurs (disciples de Lépine, gagnent tous les concours), Hunsdestructibles (le couteau entre les dents), Hunspétrants (copains d’Arnaud Montebourg), Hunspavides (danseurs), Hunspirés (poètes), Huns-Huns (bègues), Huns-deux-trois (starters), Hunsfiltrés (partout), Hunstentionnés (mâles), Hunsflexibles (têtus) , Hunsconnus (au bataillon), Hunsalubres (dégoûtants), Hunsonores (les plus bruyants)… tous venus manger les p’tits pains au chocolat de nos chère têtes blondes…

« Hun pour tous, tous pour Huns ».

Comme quoi l’invasion de tous ces Huns ne fait pas toujours le bonheur ou le malheur des autres, alimente aussi les conversations, conventions, conversions et conneries… en espérant que cela ne sera pas l’occasion de  faire monter les Huns sur les autres, risque majeur.

Toute personne connaissant de nouvelles tribus de Huns ou autres hordes si barbares est (Hunstamment) priée de prendre contact avec l’auteur de ce remembrement ; provisoire ?

©  Jacques Chesnel

09:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

06/10/2012

L’EMPLOI DE PAULE A PÔLE EMPLOI

 

Cette fois, je mets la gomme, ça c’est sûr se disait Paule en se pomponnant car sa maman lui avait dit que l’apparence était primordiale dans ce cas-là ; elle vérifia tout sur son visage, le rouge à lèvres, les faux-cils, le mascara, puis la coiffure et la petite boucle sur le front, et maintenant tirer un peu sur la jupe, remettre en place le string et le nouveau soutif qui valorise la pointe des seins ce qui rendait fou Julien avant qu’il mette les mains dans les moches selon son expression, heureusement que plus personne ne porte de combinaison pour pas que ça dépasse elle connaissait la vieille blague pour draguer hep mademoiselle vous avez vot’ combinaison qui… tu veux une tarte andouille, maman lui racontait ces aventures en rigolant c’était le bon temps pas comme maintenant où les mecs vous mette les mains directement tout partout et paf !. Bon c’est pas tout ça mais faut que j’me dépêche pasque y aura encore la queue dehors compris, ça n’arrête pas. Elle avala vite fait son café froid, prit son grand sac qui ne la quittait jamais, vérifia que tout était à sa place, courut vers l’arrêt de bus où y avait personne car merde le dernier tacot venait juste de passer et le prochain c’était dans une demi-heure, elle héla un taxi tout en courant, enfin un qui stoppa vous allez où ? oui  quelle chance il se rendait dans la même direction qu’elle.

La queue lui sembla plus longue que d’habitude, il n’était pourtant que dix heures un peu plus, elle reconnut Josette qui lui fit un signe, elle gagna une dizaine de places malgré les protestations et voilà maintenant qu’il pleut. En entrant dans le hall, elle entendit quelqu’un dire que le taux de chômage avait encore augmenté surtout pour les jeunes et les seniors, elle prit son ticket d’attente en espérant voir bientôt son numéro affiché sur les écrans, souhaitant que cette fois elle ne sera pas reçue par le gros qui pue la sueur et la mate effrontément. Une sonnerie et le 77 apparait sur l’écran, c’est à moi dit Paule en se dirigeant vers le coin d’accueil avec une belle blonde qui lui sourit derrière son bureau et lui fait signe de s’assoir, comment allez-vous depuis la dernière fois.

-       Désolée de vous dire que nous n’avons rien de nouveau à vous proposer, c’est toujours vos qualifs qui coincent, des bacs plus 5 on en a à la pelle et personne ne peut ni ne veut s’engager et vous engager

-       Mais vous savez que je suis prête à accepter n’importe quel job, je veux bosser, j’en ai besoin, c’est une ques…

Le téléphone sonne, oui Monsieur le Directeur, oui, elle est là, je, il vous attend dans son bureau, c’est au premier étage, je vous y conduis.

Le Directeur ressemble comme deux gouttes de whisky à Jean Lefèbvre dans Les tontons flingueurs en moins drôle, ça promet pensa-t-elle, il prend une profonde inspiration puis son air le plus mielleux et lui dit :

-       Ne soyez pas trop étonnée, Mademoiselle, par ma proposition qui vaut ce qu’elle vaut, nous avons examiné toutes les possibilités en raison de vos références et n’avons rien trouvé, mais en raison de votre physique, de votre sourire, de votre côté avenant, je vous prie de me dire euh si vous aimez la musique ?

Paule, interloquée, se demande et lui demande où veut-il en venir et alors le dirlo du pôle emploi lui déclare tout de go :

-       Dame pipi ou plutôt responsable du vestiaire dans un club de jazz, oh pas n’importe lequel, le plus coté sur la place de Paris et avec un bon salaire sans compter pourliches et autres avantages éventuels si vous voyez ce que je veux dire, hein ?... les plus grands musiciens se bousculent pour y jouer, la semaine prochaine on annonce Walter Scottville en personne et en trio… alors ?

-       Walter Scottville, celui qui joua au Carnegie Hall avec Wynton Marsalis en juin dernier ?, c’était dans tous les journaux

-       Euh, moi vous savez j’y connais queue dalle mais faut vous décider rapido pasque va y a avoir de la concurrence pour la place, moi j’vous l’dis

L’affaire fut conclue et Paule quitta le pôle emploi avec une recommandation du directeur, soulagée de ne pas avoir sorti le révolver qu’elle avait dans son sac, bien décidée cette fois à tout faire péter si on ne lui proposait rien.

Elle fut engagée sur le champ bien qu’elle ne connut pas grand-chose  au jazz, aux musiciens et leurs coutumes. Walter Scottville fit le plein tous les soirs, beaucoup de musiciens se pressèrent pour faire le bœuf, le patron de la boite ne fut  pas avare de compliments sur la nouvelle du vestiaire qui fit autant de sensations sur les musiciens eux-mêmes qu’auprès des mateurs et amateurs de jazz. Et Paule n’en resta pas là. Scottville lui demanda un soir si elle voulait bien chanter car il avait remarqué sa voix de brune et de brume alors qu’elle chantonnait dans son coin. Il l’accompagna dans I’m a fool to want you, toute l’assistance fut subjuguée, sa carrière de chanteuse fut ainsi lancée et elle fait évènement tous les soirs depuis.

 Irez-vous l’écouter ? Si oui, n’oubliez pas de me dire ce que vous en pensez et si vous avez été épatés et émus, autant que moi.

 Ah ! retenez bien son nom de scène, de vedette du jazz :

PAULA EMPLOY !

 

©  Jacques Chesnel

 

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01/10/2012

CHRONIQUE CD / MES EMBALLEMENTS DE RENTRÉE / 3


       DEUX SAXOPHONISTES

 

 SYLVAIN BEUF / Electric Excentric (such prod –harmonia mundi)

Sylvain Beuf (ss,ts), Manu Codjia (g), Philippe Bussonnet (b), Julien Charlet (dm) plus sur certains titres Nicolas Folmer (tp), Alex tassel (bu), Thomas Guei (perc), Thomas Beuf (acc)  2012

 

Au risque de me répéter, de vous battre, rebattre et rabattre vos yeux puis vos oreilles, je trouve qu’il y a des musiciens dont on parle beaucoup, parfois de trop, et d’autres pas du tout ou pas assez, qu’on entend peu dans les clubs, festivals ou sur les radios, qui ne font pas souvent la une des magazines spécialisés, bref, des musiciens tels que Sylvain Beuf et ce, malgré ses talents de musicien et de compositeur/arrangeur qui ont forgé sa notoriété depuis plus de 25 ans, prix Django Reinhardt en 1995, nouveau talent Jazz aux Victoires de la Musique en 2000.

Pour son neuvième opus, il a fait appel à des musiciens susceptibles d’élargir son univers, de le faire fructifier, notamment avec la présence de Manu Codjia, l’un des guitaristes les plus inventifs de la nouvelle génération (son solo dans Something Sweet), du bassiste Philippe Buissonnet, transfuge de Magma (son intervention dans Bamor), de Julien Charlet, formidable pourvoyeur/propulseur de rythmes. La présence additive des souffles cuivrés (Nicolas Folmer et Alex Tassel) apportent une résonnance proche d’un hard-bop revisité au groove continu.

Compositeur/arrangeur des 11 nouveaux titres de l’album, le saxophoniste, tantôt au ténor ou au soprano (Etoiles), donne la preuve d’un sens esthétique affirmé et raffiné (son Night Walk reste longtemps dans nos oreilles et on se surprend à la chantonner encore longtemps, le développement « free » du titre éponyme nous tétanise) aux multiples couleurs, aux ambiances infiniment contrastées. Une belle réussite, totale.

Penser à Sylvain Beuf plus souvent, le Jazz nous le rendra, au centuple.

 

 

 SÉBASTIEN JARROUSSE Quartet / Wait & see (autoprod –coadex france)

Sébastien Jarrousse (ss, ts), Pierre Alain Goualch (p), Mauro Gargano (b), Matthieu Charazenc (dm)  2010

 

Né en 1974, le saxophoniste Sébastien Jarrousse a déjà fait parler de lui, multi-primé pour son sextet au Fetival de la défense en 2004, puis, soliste, lors de la pièce de théâtre musical A Love Supreme, tirée d’une nouvelle de Edouard Dougala contenue dans son livre Jazz et vin de palme, créée en 2006, maintes fois jouées depuis.

Pour ce disque dont il signe les 9 compositions fortement charpentées (Cartoons), délicatement fluides (Ballade à Hauteville) judicieusement/humblement référencée (For Wayne), il s’est adjoint la collaboration de musiciens confirmés, aux talents reconnus et qui cimentent son discours fortement marqué par les univers de grand anciens (notamment John Coltrane, Wayne Shorter, Dave Liebman) sans pour autant leur être assujetti. C’est sa sonorité au soprano qu’on distingue et admire d’abord, d’une grande ampleur, extrêmement diaphane, éthérée, opalescente, ainsi que sa façon de déambuler avec grâce dans les méandres harmoniques de son phrasé.

Un talent déjà affirmé et affiné, un musicien dont on suivra l’évolution avec sympathie et intérêt.

 

A suivre : Anne Pacéo « Yôkaï », Maxime Fougères « Guitar Reflections »

 

Jacques Chesnel

23:34 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)