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26/01/2012

IL Y A DES MOMENTS

 

Où on se demande si, d’autres où on se demande quand ou pourquoi, d’autres où on ne demande rien sans se demander à soi, des moments d’euphorie, de doute, d’angoisse, de poisse, qu’un mot, un regard, une attitude, un geste balaient d’un revers qu’on dit de main, il y a des moments où on a envie d’envoyer tout promener et qu’une promenade balaie d’un revers de tennis, des moments où tout est bleu avant de tourner au vert de rage, au rouge de colère au rire jaune, d’envoyer un coup de pied dans la fourmilière d’où aucune fourmi ne sort, de jeter un pavé dans la mare sans prendre de flotte dans la figure, de rigoler sans savoir pourquoi ou de pleurer en sachant pourquoi sans qu’on en ait envie (en vie), sans se poser de questions sur un regard, celui de l’être aimé qui vous manque intolérablement, une attitude, celle d’un ami qui vous trahit, un geste maladroit ridicule, celui de quelqu’un qui loupe une marche et tombe ce qui vous fait rire aux larmes comme un con, il y a des moments où on pense sans raison ou on raisonne sans penser, on lâche la proie pour l’ombre sans avoir peur des deux, de vouloir prendre le large sans en avoir les idées, se sentir mâle aux entournures plutôt que bien dans sa peau de chagrin, ne rien sentir hors des sentiers battus, en vouloir à la terre entière sans sortir de chez soi, partir sans espoir de retour avec son billet AR recommandé, de péter de travers plus haut que son cul sur une toile de fond non cirée, de fonder son espoir sur un malentendu avec un sourd, de regarder en aveugle les choses invisibles, de perdre son temps avec l’espoir de le gagner, de se savoir averti bien qu’étant tout seul, de tailler un short à quelqu’un sans lui enlever son pantalon long, de tailler une bavette à un boucher sans lui causer, de repartir du bon pied comme un cul-de-jatte à bras ouverts, se mirer dans une glace sans tain sans la sucer, s’engueuler avec personne sans prise de bec avec les ongles, décrocher la lune avec le doigt qui la montre sans regarder l’heure, s’apercevoir que ça ne tient pas debout (deux bouts) sans en voir les deux fins pas trop aigres ( escroc est-ce trop ?) qui justifient les moyens…

… c’est pourquoi il y a des moments où il vaut (faut aussi) mieux rester sa faim qui est mauvaise conseillère, en attendant la fin (provisoire) que voici.

 

©  Jacques Chesnel

 

22:31 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

19/01/2012

VUE À LA TÉLÉ


 Depuis qu’elle était partie faire les courses et n’était pas revenue, Jim la voyait partout sauf chez lui où elle lui manquait ;

dans la rue commerçante, devant lui avec sa chevelure noire aux reflets aile de corbeau, derrière lui quand il se retournait rapidement croyant avoir reconnu son pas légèrement claudicant, dans le métro justement dans ce wagon qui démarrait sur l’autre ligne, au rayon bio du magasin où elle avait ses habitudes alimentaires qui confinaient à l’obsession on voit plus vot’ petite dame si gentille elle est pas malade au moins, au cinéma au quatrième rang devant lui en train bouffer du pop-corn, dans le reflet de la vitre d’un magasin de sous- vêtements, au travers de la porte-fenêtre du playboy de l’immeuble d’en face quand elle se relève d’entre les jambes de ce crétin repu et satisfait… mais depuis quelque temps il sort moins et regarde de plus en plus souvent la télé, il la voit partout dans le monde alors qu’il sait qu’elle est nulle part et partout, il en est sûr, enfin presque. Le début, avec le sport et la retransmission de matchs de foot, toujours au troisième rang des tribunes VIP, le top 14 de rugby avec ce grand con de Chabal qui lui tient la main dans les vestiaires du Racing, à l’arrivée des étapes du Tour de France devant la cabine à pipi pour le dopage à croire que c’est elle qui tient la bite de tous ces pédaleurs chargés à mort, au tennis derrière la chaise de l’arbitre sur sa tour de contrôle et s’extasiant sur Gaël Monfils qu’elle prenait pour le nôtre, aux Jeux Olympiques faisant des grands signes à Usain Bolt qui lui  brandit un doigt d’honneur en souriant, sur un ring de boxe étreignant sauvagement le vainqueur du combat huilé de sueur, sur un tatamis se faisant faire une clé de sol puis de ré, de mi, toute la gamme, pendant une compète de hand-ball la main dans le filet à défaut de panier, sur les hippodromes en train de se faire monter dans toutes les courses par un crack-jockey, sur le circuit du Grand prix de Monte-Carlo où à l’arrivée au milieu de bimbos surexcitées elle débite des obscénités à l’oreille de Fernando Alonso qui effaré lui répondait no puedo no puedo en roulant ses gros yeux, courant comme une folle après Wayne Rooney sur la pelouse de Wembley en plein match du Manchester United contre Arsenal, dans les arènes de Séville aux côtés du torero El Juli avec la queue du toro dans la main… puis plus tard au théâtre dans les loges, à l’orchestre ou à la poulaille, dans les coulisses roucoulant avec la vedette d’une pièce de boulevard nulle à chier grave avec Bernard Menez, Henri Guibet ou Thierry Lhermitte (avec son air bite), rien que de pointures mâââles, au music-hall pour les récitals de Frédérique François ou de Serge Lama, de Gérard Lenorman ou Didier Barbelivien, rien que de pauvres merdes sur le retour d’un jour, les émissions dites de variétés de plus en plus nulles avec les agités du bocal Nagui-danse-de-saint-guy et Dechavanne la vanne ou Sabatier-Colgate, certains films ou séries plus que débiles… et puis pendant un certain temps qu’il ne calcule pas, la voilà disparue, totalement, bien qu’il changeât compulsivement de chaînes françaises et étrangères à en faire péter la zapette.

 

 Jim n’en pouvait plus, il ne pouvait se satisfaire des images, il lui fallait agir ; il demanda et obtint de sa boîte un mois de congés ; décida de partir enfin à sa recherche autrement que devant le poste de télé. Il commença par l’Espagne puis l’Italie, remonta vers l’Allemagne, les Pays-Bas puis le Royaume-Uni, il enquêtait, questionnait, sortait des photos récentes comme un vrai détective de cinéma en quête de l’héroïne du film. Au bout de tous ses jours de pérégrinations, il rentra fourbu et fauché, le soir il alluma la télé, elle était toujours là bien présente et souriante, nulle part et partout à la fois et même un peu plus. Le lendemain matin il alla faire ses courses au magasin bio ah vous revoilà c’est pas trop tôt  ya vot’ dame qui vous cherche partout elle se demande bien où vous êtes passé, elle est si inquiète que ça fait pitié, elle se d’mande même si vous étiez pas mort depuis tout ce temps où vous étiez à courir comme un lapin qu’a des ratés, elle en a fait de ces pays pour vous r’trouver… quand on a une jolie dame comme la vôtre faut pas cavaler tout l’temps comme ça pendant qui yen a tant qui restent chez eux plantés comme des cons à regarder la télé pas comme vous. Il se dépêcha de rentrer chez lui en courant ; elle n’était toujours pas là. Jim se mit à démolir son écran plat avec un marteau, lentement, en hurlant très fort, si fort...

…qu’il ne l’entendit pas lorsqu’elle entra dans la maison en tenant amoureusement par la main Jules, son meilleur copain.

 

©  Jacques Chesnel

18:01 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

10/01/2012

Chronique CD : AUTOUR DE BRUNO TOCANNE, batteur de Jazz

 

Parmi la vaillante troupe des batteurs –percussionnistes qui (se) comptent dans le petit monde du jazz français, Bruno Tocanne y figure en bonne place depuis la fin des années 70 ;

il suffit pour s’en convaincre d’aller sur sa page wikipédia et/ou sur son site officiel ; son parcours édifiant est le reflet d’une personnalité avide de rencontres et d’expériences diverses. Du Big Band Lumière de son ami Laurent Cugny aux aventureuses recherches récentes entremêlant jazz et musique baroque avec notamment le tromboniste suisse Samuel Blaser en passant par sa collaboration avec de multiples projets en compagnie de quelques musiciens emblématiques du renouveau du jazz français, il débute une nouvelle carrière au début de 1998 en quittant la région parisienne pour s’installer dans un village de Rhône-Alpes. Il aura l’occasion de multiplier les rencontres et réalisations de haut niveau comme certaines activités trans-disciplinaires (vidéo, textes, danse, musique et cinéma, la création du réseau imuzzic)… sans oublier les nombreuses tournées en France et internationales ainsi que l’accompagnement de certaines pointures et pas de moindres.

De plein pied dans la cinquantaine épanouie, il donne à sa carrière une nouvelle dimension en se lançant dans une série intitulée New Dreams en 2007, dont les disques qui s’y rattachent expriment la tonalité fortement onirique augmentée d’un grand élan de liberté du projet ; pour cela, le batteur aime s’entourer de partenaires accomplis s’intégrant parfaitement à son univers tels les trompettistes et buglistes Rémi Gaudillat et Fred Roulet, les contrebassistes Michael Bates et Benoît Keller ainsi que l’étonnant et détonnant tromboniste Samuel Blaser, la plupart de ces musiciens que l’on retrouvera également dans les disques Madkluster vol.1 et le Libre(s)ensemble, formation de neuf musiciens.

Arrêtons-nous instant sur deux disques enregistrés en 2010 pour le compte de IMR (Instant Music Records) 

 . 4 News Dreams ! , enregistré en  intervient après New Dreams One (2007) et Five New Dreams (2008) ; il y a dans les 12 morceaux (énumérés comme une suite) de ce quartet une ambiance  emphatique parfois proche de la grandiloquence (Waiting for…) et de l’emportement, voire de la fureur contenue ou le tumulte (Shape), que contredit souvent une atmosphère jubilatoire animée particulièrement par Samuel Blaster et les ponctuations toujours justes et sensibles de Bruno (qui n’est pas sans évoquer par ses couleurs le monde sensuel et dansant de feu Paul Motian).

 

 . Libre(s)ensemble. Cette formation au langage très contemporain fort éclectique revendique, assume et assure une totale liberté exprimée avec caractère aussi bien le chant révolutionnaire (La révolte des Canuts) que l’expression du jazz le plus free (Free for Ornette) au cours des 10 compositions dont une Suite for Libre Ensemble, musiques très élaborée dans les structures et débridées dans les interventions solistes. Sans concessions ni opportunisme.


Puisqu’on reparle d’Albert Camus à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, me revient cette phrase de lui : L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire ; il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes… ce qui caractérise la musique incarnée de/par Bruno Tocanne, batteur (et compositeur) de Jazz.

 

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4 New Dreams.jpg 4 New Dreams :

Bruno Tocanne (dm), Michael Bates (b), Rémi Gaudillat (tp), Samuel Blaser (tb)         

 

                                

    






Libre(s) Ensemble.jpgLibre(s)ensemble :

Rémi Gaudillat (tp, bu), Philippe Gordiani (g), Benoît keller (b), Arnaud laprêt (perc), Elodie Pasquier (cl sur 1 & 2), Fred Meyer (g), Fred Roulet (tp, bu), Damien Sabatier (sopranino, as, bs), Bruno Tocanne (dm). IMR 004

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19:19 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1)

07/01/2012

DES PIEDS ET DES MAINS

 

 Il pensait avoir bon pied bon œil mais il avait souvent besoin de sérieux coup de mains. Cette fois, je pris donc l’affaire en mains de ma blanche main et le mit au pied du mur : ou bien faire un pied de nez ou bien reprendre la main, surtout ne pas y aller de main morte ; il applaudit des deux mains à la deuxième solution qu’il prit vraiment au pied de la lettre. Ouf, me dit-il, c’est quasiment le pied, j’ai l’affaire en bonnes mains et propres en plus maintenant, il n’y aura donc pas de main courante, j’y vais de pied ferme. Pour faire pause, nous sommes allés à pied au cinéma voir Goupil-Mains-Rouges de Jacques Becker, il m’a dit préférer quand même les Pieds-Nickelés ; en sortant, nous sommes allés au restaurant manger des pieds-paquets cuisinés de main de maître. Comme il n’a pas les mains crochues, il paya l’addition au pied levé. Sans nous forcer la main, nous avions les doigts de pied en éventail le temps des liqueurs, par contre, il s’est fait rabrouer par la serveuse à cause de sa main baladeuse mais comme j’avais un pied dans la place, nous eûmes la main heureuse et l’incident  fut clos. Au retour, moi le pied au plancher, lui les mains dans les poches, on va marcher main dans la main lui dis-je car je n’ai pas envie de faire le pied de grue ni de me salir les pognes. Arrivés chez lui, on a travaillé d’arrache-pied pour éviter de se les prendre dans le tapis car j’ai le cœur sur la main et ainsi ne pas le fouler au pied ce qui doit faire mal.

 Et puis d’un seul coup d’un seul, j’ai lâché pied, je n’avais plus envie de tendre la main, j’ai eu l’envie soudaine de mettre le pied dehors, je me retrouvais les mains aussi vides que mon esprit qui n’avait plus rien sous le pied qui allait traînant, je ne désirais plus du tout lui manger dans sa main que je savais de fer…Je considérais n’avoir  plus pieds et mains liés alors j’ai mis les pieds dans le plat et en un tour de main je suis parti cette fois du bon pied, enfin presque. Il va, paraît-il, m’envoyer un homme de main que j’attends de pied ferme. Ah mais !.

 

©  Jacques Chesnel

 

16:14 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

03/01/2012

QUELQUES PRÉFÉRENCES

 

 Je préfère :

. Michel Simon à Michel Ciment

. Danièle Darrieux mouillée à Marie Darrieussecq  

. Pierre Noyon à Pierre Laval, Eve à Bob et Ava à Otto

. mon concierge à un cierge con

.  mon chien couché dans sa niche à un chien-assis sur mon toit

. Rigoletto à un rigolo au rire tardif

. Nino Rota à un rototo de Nina

. la Vénus de Milo à Abraracourcix

. Christian Estroso zozo à Christian Estrosi zizi

. George Clooney à un Georges cloné

. Michel Lonsdale à Michael Lonsdale et Michael Lonsdale à Michel Lonsdale, ça dépend des films

. le vrai Astérix à l’autre :  Astérix et périls

. Pierre le Grand à Nicolas le Petit

. Le boléro de Ravel à son vélo que je trouve moche

. Laurel à qui s’enhardit

. (la nuit, je n’aime pas le mort-vivant ; ni le mort-mort, le jour) je préfère le murmure entre les deux

. à corps perdu à corps défendant et le corps à corps au diable au corps (quoique)

. la casaque au cosaque

. le signe à la croix et Christian Lacroix à la bannière

. le serment d’Hippocrate aux sermons d’hypocrites

. le pas à pas au pas de l’oie à pas comptés

. un bon filon à un mauvais Fillon

. un nain compétent à un nain compris

. franchir les portes du paradis parce que l’enfer me ment

. un consensus à un considéré

. Villiers-le-Bel à Philippe de Villiers-le-Moche

. le téton à la tétine

. niquer à paniquer

. un lapin mâle à un mal à lapine

. l’Ardèche à la dèche de l’Art

. le javelot plutôt que l’eau de javel

. la route de Memphis à la déroute de mon fils

. un chaud de la pince à un coup de froid

. la mimolette à un vieux camarade

. monter le ton et le son plutôt que baisser la garde

. Bouvard et Pécuchet à Philippe Bouvard tout seul

. le pompon sur le bâchi des marins aux gars de la Marine

. le bibi de ma chérie à Chéri-Bibi

. une Sarde qui dîne à l’huile plutôt qu’un Sarde qui déjeune au beurre

. Sarah seule à toute sa sarabande

. un gourmand qui se met à table plutôt qu’un gourmet qui nous ment dans la cuisine

. le chat de la voisine à la chatte du voisin, le jour ; la nuit, la chatte de la voisine, c’est mieux

. une existence de cabot à une vie de chien

. le son du cor le soir au fond des bois à la douleur du cor qui me taraude le pied le matin

. ma panne d’essence à la panne de mes sens

. le cinéma d’Almodovar aux films d’Aldo Movar

 

à suivre

 

© Jacques Chesnel

 

18:45 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)