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20/12/2011

LA PROF DE PHILO

 

 Elle a vraiment de drôles d’idées Madame Boursin, notre professeur de philo. D’abord son nom, a-t-on idée de s’appeler comme ça, on va pas en faire un fromage mais bon Boursin faut le faire d’autant que du côté poitrine elle avait du répondant et puis au diable sa marotte sa fixette sur quelques vieux tocards comme Spinoza ou Platon alors qu’on voit tous les jours à la télé les nouveaux philosophes de maintenant qui ont l’ait plus marrants, comme les Luc Ferry-boat et Alain Finequellecroûte (quoi queue)

On l’aimait bien quand même, on aimait ses corsages savamment échancrés, ses mini-jupes et ses cuissardes, ses regards en coulisses sous ses lunettes branchées genre optic 3000 en mieux, son parlé clair avec un léger zézézézaiement, quel charme flou.

 Le jour où on s’est moins marré et même pas du tout c’est quand elle nous a proposé le sujet que voici :

Que comptez-vous faire après votre mort ?...

                 vous avez trois heures.

 Heu il y a eu un silence glacial qui jeta un froid, puis Rémi a ri, Julie a ricané, moi j’ai pas bronché, les autre ont cru à une plaisanterie, vous voulez que je vous répète le sujet demanda-t-elle avec son beau sourire en forme de fleur carnivore. Je me suis d’abord demandé si c’était un sujet philosophique puis je ne sais pas pourquoi mais ça m’a interpellé ohé ohé,  je n’avais pas encore songé à la mort sauf le jour de mon anniversaire quand on a appris soudain la maladie de Mémé qu’en avait plus pour très longtemps d’après le toubib ; aujourd’hui, à 17 ans, j’ai pensé que ce n’était pas si bête et que j’allais en pondre quelques lignes bien senties. Tout de même, ça a jeté un pavé dans la mare de la classe, on s’est regardé pour savoir si y avait quelqu’un de souffrant, puis ensuite en chiens de faïence parce qu’il y avait comme un malaise évident avec la question pourquoi ce sujet- là précisément et pourquoi avait-elle regardé plus particulièrement Rémi qu’avait ri bêtement comme d’habitude quand il ne comprenait pas ce qui lui arrivait plus que souvent que souvent que comptez-vous faire après

 Faut bien avouer que ma libido me tracassant ave un tracassin permanent depuis que Julie m’a tripoté les couilles avec assurance et un regard qui en disait plus que long dans les vestiaires du gymnase, depuis qu’elle m’a flanqué ses deux gros nibards sous le nez, depuis que Jérôme m’a dit qu’il voulait me sucer à mort jusqu’à plus soif dans les chiottes du dortoir, j’ai tout de suite flashé et j’ai attaqué de front le sujet, j’allais donc faire ce que je n’ai pas eu l’occasion de réaliser de mon vivant, à savoir un bordel monstre. J’ai donc écrit : d’abord, me taper Rémi vite fait, Julie puis Jérôme, tous les trois séparément à la queue leu leu puis ensemble par devant par derrière tristement comme toujours devant toute la classe, aller caguer sur le bureau du proviseur, me déculotter devant Madame Prentout la prof d’allemand yawohl mit eine grosse bitte schön vieille salope qui honore bien son nom, saccager la classe de sciences nat’ et le matériel pour ces putains d’expériences de merde, ravager les cuisines et le réfectoire, foutre le feu aux dortoirs, sodomiser le pion qui me fait toujours de l’œil en douce, forcer l’infirmière à bouffer tous les médicaments de la réserve pharma, et, mais ça vous devez vous en douter et l’attendre avec impatience, me farcir la Madame Boursin par tous les orifices qu’elle possède, la faire hurler de plaisir ou de douleur, debout, couchée, à quat’ pattes en levrette et la laisser haletante, pantelante, encore mon chéri, puis assouvie et anéantie comme une sacrée vieille pute, autant en profiter maintenant que je suis complètement mort et je ne m’en prive pas tout en me tripotant la nouille pendant que je rédige mon épreuve.

-     C’est l’heure de rendre vos copies, s’il vous plait

 Le lundi suivant, notre prof de philo bien aimée nous donna le compte-rendu de cette épreuve : Antoine, pas mal, un peu court ; Béatrice, bien quoique un peu morbide, mort bide, toute la classe s’est esclaffée  ; Julie, toujours un peu superficiel, arguments pas assez développés, la classe pouffe ;  Rémi, un certain côté poétique intéressant ; Jérôme, épargnez-nous vos digressions oiseuses ; Martial, point de vue très insolite, attention à la concentration ; Rose, un peu trop coloré ; quant à Jacques (moi), complètement hors sujet, et j’ajoute comme d’habitude ; au fait,  vous viendrez me voir dans mon bureau.

Je vous épargne la suite que vous choisirez selon vos goûts  affinités, fantasmes, désirs inassouvis (et degrés de perversité) ; par contre j’aimerais savoir : et vous, que comptez-vous encore faire de votre vivant ?... avec ou sans Madame Boursin ?.

 

©  Jacques Chesnel

 

14:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

15/12/2011

QUAND ON… (3)

 

. Quand on m’a dit va voir le film de Carné « Le jour se lève », c’était à la tombée de la nuit

. Quand on m’a dit n’avoir rien compris à « Mulholland Drive », j’étais furieux parce que moi non plus aussi

. Quand on m’a dit on va faire une échographie j’ai entendu une certaine résonance

. Quand on m’a dit c’est votre dernière ligne droite, je n’ai pas osé courir entre les lignes

. Quand on m’a dit tu as le cœur au bord des lèvres, je suis resté bouche cousue

. Quand on m’a dit on va labourer, j’ai répondu que j’étais contre les tournantes

. Quand on m’a dit cette fille te sourit j’ai voulu sortir de mon trou

. Quand on m’a annoncé la nouvelle j’ai cru que c’était la dernière

. Quand on m’a dit c’est la curée, j’ai pensé aux pauvres bonnes sœurs

. Quand on m’a dit de lire entre les lignes j’ai tout de suite compris que c’était plus simple

. Quand on m’a dit tu sais, ce type a un charme fou, j’ai aussitôt pensé aux serpents

. Quand on m’a dit attention aux serpents, je n’ai pas vu ceux qui sifflent sur nos têtes ou qui se réchauffent en nos seins

. Quand on m’a demandé si je connaissais bien  Andromaque, j’ai dit que c’était dans mes racines

. Quand on m’a dit que tout cela est vain, j’ai repris un autre verre de Bordeaux en pensant à Gilberto

 

.Quand on m’a demandé si c’est bientôt fini, j’ai répondu qu’il fallait bien terminer.

 

©  Jacques Chesnel

 

11:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (5)

07/12/2011

LE TRIPLE A (GINETTE & MAURICE)

 

-     alors comme ça, vot’ mari donne des bons points et donne des notes comme toutes ces agences de contagion qui prolifèrent et font la loi sur tout c’qui bouge

-     ça l’a pris comme ça tout d’un coup, faut pas oublier qu’avant la retraite il était comptable compatible, que les copains rigolaient hé Momo qu’est-ce qui faut pour faire un bon comptable, hein ?, ben une table et un con, mon vieux Momo

-     ah ah ah, quelle note il vous donne, ma chère Ginette, des chiffres ou des lettres comme sur Souffrance 2 ?

-     il est encore dans les habitudes de l’école primaire avec des bons points notés sur 10, mais il va se mettre à la page avec l’ordinateur que les gamins lui ont offert pour son départ de l’usine

-     ah ah ah, il se met à l’informatique maintenant, que moi j’y ai renoncé pasqu’on s’y perd avec tous ces boutons et  les manettes

-     pas du tout, Maurice s’est mis aux lettres comme Maudize et Standard et Scie ; j’ai écopé d’un triple A pour mes tripes à la mode de Caen : Agréable, Astucieux, Appétissant soit le maximum AAA, de même pour mes tenues vestimentaires que je porte : Affriolant pour les nuisettes, Accrochant pour les porte-jarretellles, Amusant pour les vondairbras transparents, encore AAA, et pour les soins que je lui prodige quand il est malade : Apaisant pour les ventouses, Avalisant pour les cachets, Ah nom de dieu pour les piquouses, tenez aussi le triple A pour Argent, Avoine et Artiche pasque je gère bien notre budget

-     ah ah ah, il a la cotation généreuse vot’ mari, le mien il rechigne sur tout, il est jamais content même quand c’est bien surtout

-     oh attention, il est sévère parfois, juste quand y faut c’qui faut, pour l’école de petits-enfants il va jusqu’au D il est sévère pour le calcul et les fautes d’ortografe comme j’en fais moi souvent alors là D moi direct quand c’est pas carrément E

-     ah ah ah, va falloir que j’en parle à Léon de toutes formules pour pimenter notre existence qu’est bien fade avec toutes ces restrictions qu’on s’demande où qu’on va droit dans l’mur

-     sans compter pour les injures qu’il en connaît un rayon aux galeries farfouille, Andouille, Apostat que je me demande où il va chercher ça, Ankylosé du bulbe que celle-là me fait rire, Maurice il a tellement de ressource à la rescousse

-     ah ah ah Ginette, je pense que vous devez bien vous amuser les soirs à la veillée avec tout ça, et pour le batifolage indispensable pour la santé ?, dites-moi

-     il a plein de plans mais pas de plan B ou autre pour l’instant, rien que du A : Aléatoire ou Ailleurs, Amène tes Abattis, Attrape-là et tiens la bien, Arpente en douceur, Arrime-toi à la barre, Alternance et Alternatives, rien que du solide, pas d’Atermoiements ni d’Amortis mais plus si Affinités, mais il en a dans la musette comme dit le p’tit gars Baroin

-     il faut vraiment qu’j’en parle à Léon

-     faut vous dépêcher pasque ils vont bientôt tout dégrader comme chez les Grecs qui sont partis se faire voir chez eux, les Portugaises qu’ont pus de poils sous les bras et les Espagnols qui chantent plus aïe aïe aïe…alors on verra avec les autres lettres, B comme Baise, C comme Cul, D comme débauche, ça va pas tarder sur l’arrière-train de la bergère et là on va s’marrer, enfin j’sais pas si

-     not’ président va encore baisser lui qu’est déjà pas très haut malgré ses rehausseurs, on va tâcher de remonter la pente à Raffarin qu’est forte… si on buvait un p’tit quèque chose, Ginette

-     on a intérêt, ça vous change la vie un moment et ça fait pas d’mal par où ça passe…un p’tit coup d’jAjAjA avant la chute ?

-       A vot’ santé !

              

©  Jacques Chesnel

 

20:04 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/12/2011

CD : MES PRÉDILECTIONS POUR 2011

 

1/ KONITZ-MEHLDAU-HADEN-MOTIAN

    LIVE AT BIRDLAND  (ECM)

 

2/ JOHN SCOFIELD

    A MOMENT’S PEACE (Emarcy)

 

3/ PING MACHINE

    DES TRUCS PAREILS  (Neu Klang)

 

4/ KURT ELLING

   THE GATE  (Concord jazz)

 

5/ DIEGO IMBERT QUARTET

    NEXT MOVE  (Such)

 

DÉCOUVERTE : TROIS CHANTEUSES

RAPHAËLLE ATLAN

MÉLANIE DAHAN

CLOTILDE RULLAUD

(à égalité, ordre alphabétique)

 

17:52 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (5)

ANNIVERSAIRE

 

On savait bien que cela devait arriver, un jour ou l’autre, mais pas aujourd’hui, pas ce jour-là.

 Il a ouvert la porte lentement puis est entré rapidement comme par effraction ; cela commençait mal et on n’avait encore rien vu. Il se dirigea vers Lilas qu’il gifla soudainement et sortit de la pièce suivi par Florent rouge de colère. On s’attendait à des cris, ce fut un court silence suivi d’un coup bref et sourd, celui de la chute d’un corps, Florent rentra et pris Lilas en larmes dans ses bras et dit ça va aller ça va aller en nous regardant. Personne ne bougea, la conversation reprit et soudain il a ouvert la porte rapidement puis est entré en vacillant, il se tenait le ventre avec ses mains couvertes de sang sur le manche d’un couteau entré dans un bide qu’il avait pansu, s’affalant aux pieds du couple Lilas-Florent et murmurant ça ne va pas très bien avant d’expirer à leurs pieds pouououffff. Lilas poussa un hurlement, Florent hagard ne savait quoi faire quoi dire… ah ! on dirait un film de François Plumeau dit quelqu’un de la bande en moins drôle répondit un autre, la soirée venait de débuter on n’avait pas eu le temps d’ouvrir toutes les bouteilles de champagne. Bon c’est pas tout ça dit Ambre la maîtresse de maison mais que fait-on ? on ouvre encore et on boit répondîmes-nous en chœur tandis que quelqu’un Jérôme je crois mettait le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel dans la version de Pierre Boulez et Philippe Entremont sa version de référence à laquelle nous applaudîmes. Lilas poussa de nouveau un grand cri en le désignant avec un doigt, il avait bougé, il se retournait maintenant le visage éclairé d’un grand sourire, se relevait lestement et dit qu’il préférerait plutôt un whisky car votre champ’ très peu pour moi et si quelqu’un pouvait me passer une serviette pour mes mains parce que le sirop de framboise ça colle vraiment trop. Lilas pleurait toujours soutenue par Florent qui dit arrête de faire le con tu ne nous fait pas rire alors qu’on était tous gondolés. Il avait l’air réjoui oui oui ré-jou-i de la blague qu’il nous avait faite, il buvait maintenant son pur malt quand Florent sortit précipitamment suivi comme son ombre par une Lilas toute chiffonnée  tandis que les roteuses circulaient dans le groupe avec moult appréciations.

Puis

 Florent a ouvert la porte lentement puis est entré rapidement comme par effraction, toujours suivie de Lilas qui s’était requinquée, il se dirigea vers le mort ressuscité qu’il gifla brutalement pendant qu’éclataient les rires alors qu’on s’attendait à des cris, des protestations, le whisky coulait sur les mains du mort qui était devenu tout rouge suite au coup porté sur son visage, Florent tendit la main vers Lilas qui lui remit le révolver qu’elle tenait dans sa main cachée derrière son dos jusque-là, Florent appuya deux fois sur la gâchette dans un atmosphère pétrifiée et tous les verres à la main, le mort s’écroula dans un ahhhh bon dieu d’merde mais c’était pour rigoler bordel quel con et s’affala mort une nouvelle fois aux pieds de Lilas et de Florent qui s’étreignaient éperdument. On dirait un film de François Plumeau dit quelqu’un de la bande en plus drôle répondit un autre tandis que la soirée s’écoulait maintenant normalement mais qu’on allait bientôt manquer de champagne, ce qui ne faisait l’affaire de personne.

 David, le maître de céans, trouvait que pour son anniversaire, on avait toujours droit à un beau spectacle, sa femme et les copains avaient à chaque fois bon goût pour le divertir mais cette fois ils avaient mis le paquet et pas qu’un peu. Il fit signe à Ambre qu’il allait retourner à la cave parce que là vraiment fallait pas ergoter sur la bibine.

 

 ©  Jacques Chesnel

 

12:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)