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30/09/2011

QUI SE SOUVIENT…

 

              Arts & Lettres

 

. Qui se souvient de Maurice Baquet et de son violoncelle Cérébos

.  de Marguerite Moréno dans « La folle de Chaillot »… et de son auteur, Jean Giraudoux

. Qui se souvient de Pierre Renoir, de Simone Simon, de Léonce Corne, de Suzanne Dehelly, de Pierre Trabaud, d’Henri Guisol, de Marcel Génin, de René Lefèvre, du Crime de M. Lange, de la belle Florelle

. des mois d’avril, des billets doux, de François Billetdoux et de Nicole Avril

. Qui se souvient d’Alec Siniavine, de Léo Chauliac, du pianiste d’Yves Montand dont je ne me souviens plus du nom… ah ! si : Bob Castella, je crois

. de Maria Casares dans « Les enfants du Paradis », de Louis Salou et de Lucien Coëdel

. Qui se souvient des clowns Footit et Chocolat (moi, avec mon grand-père Victor devant son poste à galènes), de Jacques Pills, de Ring Lardner, de Délia Garcès dans « El » de Luis Buñuel

. de Jane Sourza et de Raymond Souplex, de Gabriello et de sa fille Suzanne, de

. Qui se souvient de Roger Vitrac et de « Hector ou les enfants au pouvoir », de Roger Blin dans « En attendant Godot », d’Emile Ajar, de François de Roubaix, de Térésa Stratas dans la « Lulu » d’Alban Berg mise en scène de Chéreau

. Qui se souvient de « La loi » de Roger Vailland

. de Pierre Blanchar, d’Harry Baur, de Jean Servais, de Palau, de Madeleine Robinson et de Madeleine Sologne, de Marcel Lévêque et de la neige qui tombe à gros flacons

. Qui se souvient de « Pattes blanches » de Jean Grémillon et du rôle de Michel Bouquet

.  du grand orchestre du trompettiste Don Ellis au festival de jazz de Juan-les-Pins

. Qui se souvient de Marie Bizet, de Rina Ketty, d’Elyane Celys et d’André Claveau

. de Garcimore et de sa souris Tac-Tac décontrastée

. Qui se souvient d’avoir pleuré à la mort de Cora dans « Le dernier des Mohicans »

.  de Jean-Roger Caussimon acteur et chanteur

. Qui se souvient avoir entendu le glin glin de Roland Magdane la première fois à la radio

. Qui se souvient de Colette Darfeuil dans « L’escalier sans fin » avec Pierre Fresnay en 1943

. du rire crispé d’Alerme, de celui frémissant de Suzanne Flon, de Robert Destain dans « Les belles bacchantes », de Louis Arbessier dans « Quoat-Quoat » pièce de Jacques Audiberti

. Qui se souvient de Pierre Mingand, de Pierre Dudan, de René-Louis Lafforgue

.  de Damia, de Fréhel, de Lys Gauty, de Catherine Sauvage la superbe…

. Qui se souvient de Pierre Brasseur dans « Le partage de Midi » et d’Alain Cuny dans « Tête d’or », pièces de Paul Claudel, de la première de « Rabelais » par la compagnie Renaud-Barrault à l’Elysée-Montmartre en 1968

. de Lucien Raimbourg (cousin de Bourvil) dans « L’irrésistible ascension d’Arturo Ui » de Bertold Brecht, mise en scène de Roger Planchon au TNP

. Qui se souvient d’avoir été ému par « Dalva », personnage principal du livre éponyme de Jim Harrison

. de Robert Lamoureux, de « Papa, Maman, la bonne et moi »

. Qui se souvient d’avoir lu « Cronopes et fameux » et de « Nous l’aimions tant, Glenda » de Julio Cortázar

 

© Jacques Chesnel

 

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29/09/2011

CHRONIQUE CD / JEAN CHAUDRON TRIO

   

         COULEUR ORANGE & LEGENDS and something blue(s)

       

Dans les arts, comme ailleurs, il y a la mode qui ainsi que le disait Jean Cocteau est ce qui se démode ; et dans le domaine de la musique, en dehors des modes musicaux également ; quelques musiciens n’ayant pas grand-chose à exprimer s’engouffrent parfois avec culot dans d’hasardeuses et infructueuses directions, certains réussissant ainsi à faire parler d’eux quelque temps. D’autres, au contraire, plus modestes dans leur démarche, avec plus ou moins de talent et de conviction, perpétuent une certaine tradition qui, certes, ne contribue pas à l’évolution du jazz mais qui n’en demeure pas moins estimable. Les trois musiciens de ce trio en apportent la preuve évoluant entre jazz classique (Couleur orange, 2008) puis teintée de néo-bop (Legends, 2011). La plupart des thèmes sont signés du leader et contrebassiste Jean Chaudron, les autres par le pianiste Bernard Désormières et le batteur/ percussionniste Alain Bouchaux. Pas de recherches intempestives et extravagantes dans ce répertoire mais une simplicité évidente qui exclut néanmoins tout simplisme, des thèmes chantants d’une certaine sérénité qui produisent un climat d’onirisme et d’apaisement, parfois de langueur dans le premier. On note une certaine tendance plus musclée  dans l’écriture et les interprétations (le solo d’Alain Bouchaux sur Pure Malt) dans le second album avec la présence du saxophoniste et flûtiste Bobby Rangell, ce qui est confirmé par leur version du thème de Monk Well You Needn’t, vigoureuse façon de conclure.

 

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Les disques du Jean Chaudron trio sont en vente sur www.musicarea.fr

 

Jacques Chesnel

16:21 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

23/09/2011

QUESTION DE NOURRITURE

 

Léonard vient d’avoir huit ans, parle beaucoup et chante continuellement « Suzanne », la chanson préférée de ses parents admirateurs de Leonard Cohen. On l’aime bien ce gamin mais à la fin il nous crispe un peu avec les questions qu’il nous pose sur tout avec une curiosité insatiable et obsédante. Dernièrement, lors de notre visite à nos amis ses parents, il s’est mis à nous interroger sur les aliments, sur ce qu’on donne à manger, par exemple facile, aux personnes âgées, aux animaux qu’il adore, bon jusque-là on peut répondre mais dis Antoine me demanda-t-il un jour, qu’est-ce mangent les arbres ?, les cailloux ?, les immeubles ?, les nuages et le soleil ?… alors on répondait n’importe quoi le plus sérieusement du monde avec le maximum d’humour pour le faire rire et il semblait s’en satisfaire, il nous fallait parfois partir dans des sortes d’élucubrations labyrinthiques dont nous sortions parfois épuisés d’aller chercher tout ça, ce qui nous étonnait ou nous énervait mais comme nous avions promis de répondre à toutes ses questions alors… Ses parents, nos chers amis, étaient admiratifs envers nous, de notre patience parce qu’ils avaient renoncé depuis longtemps à jouer à ce jeu qu’ils trouvaient marrant au début, intrigant ensuite, débile à la fin, bref ils avaient purement et simplement démissionné. Un jour, il nous demanda ce que mangeait Suzanne, nous lui répondîmes qu’on allait demander à Leonard Cohen mais il refusa indigné de notre inculture autant que notre paresse. Une autre fois, il nous demanda comment pouvait-on avaler dieu à genoux car il avait vu une communion pendant une messe à la télé et que pour lui absorber d’un seul coup devant tout le monde un type cloué sur une croix lui paraissait incompréhensible et au-delà de ses forces, il nous demanda même si c’était cela qu’on nommait anthropophagie, nous répondîmes que c’était un mystère ce qui lui provoqua un haut-le-cœur après fortes déglutitions. Notre non-réponse semblait l’avoir troublé car il avoua qu’il n’allait pas en rester là, il lui fallait savoir et vite parce que voyez-vous, dit-il.

Plus tard, ses sœurs, nous avouèrent qu’elles le trouvait devenu bizarre, prenant des postures de conspirateur, qu’il écoutait de la musique d’église à l’orgue ainsi que des chants liturgiques à fond dans sa chambre et qu’il lisait au lit des ouvrages qui leur paraissaient pieux bien qu’il n’ait reçu aucune éducation religieuse, ses parents étant farouchement athées et anticléricaux ; il ne posait plus de questions, à personne, ce qui dénotait un comportement pour le moins étrange en raison de sa naguère constante curiosité jugée maladive. Il exigea qu’on lui achète la bible, des livres sur la vie des saints, sur celles des anges, et comme on ne lui refusait rien… Il butait sur certains mots, s’acharnait sur certaines phrases mais ne parlait toujours pas, jamais plus, de ces nourritures terrestres qui semblaient l’obséder jusque-là ; ses parents, nos chers amis, commencèrent à s’inquiéter sérieusement mais n’osaient pas le contrarier, ce n’était pas dans leurs habitudes d’éducation. Il mangeait d’ailleurs de moins en moins allant jusqu’au jeûne une fois par semaine mais pas le vendredi, il perdait du poids ; alors débuta l’angoisse dans cette famille unie. Nous fûmes chargés  par ses parents, nos chers amis, d’essayer de voir et de comprendre ce qui se passait dans la tête de leur garçon. Dans sa chambre qui ressemblait maintenant à une cellule de moine, Léonard nous accueillit aimablement, nous demanda de nous déchausser, de nous assoir par terre et d’emblée nous posa cette question : « bon alors, qu’est-ce que ça mange un séraphin ? ».

On n’était pas sorti de l’auberge.

 

  ©  Jacques Chesnel

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17/09/2011

LA MÉPRISE

 

Claude et moi sommes inséparables depuis longtemps, je crois bien que cela remonte au début de notre adolescence plutôt tapageuse, au lycée on nous appelait Castor et Pollux ou Cul et Chemise selon les affinités avec les autres élèves, on en riait. Cela avait commencé par les jeux, échecs et mots croisés, le sport avec le tennis de table et le basket, disciplines où nous nous défendions bien, un peu au-dessus de la moyenne. Puis ce fut les filles, les flirts, les confidences, les secrets, plus tard les partages consentis, aucun nuage à l’horizon de notre amitié. A tel point que nous nous sommes mariés le même jour, lui avec une ancienne fiancée, idem pour moi. Nous nous fréquentions plus ou moins régulièrement, soirées et vacances. Lors d’un voyage de nos deux épouses, seuls tous les deux, il me confia qu’au bout de quatre ans de vie commune, il avait quelquefois des aventures alors que moi j’étais toujours fidèle car profondément et désespérément amoureux, ce qui l’amusait. Nous nous recevions une fois par semaine sans compter des réceptions avec d’autres couples, ce qui arrivait de plus en plus souvent au grand dam de Patricia, mon épouse devenue un peu casanière. Lors d’une confidence, Claude m’assura que les jeunes filles se jetaient littéralement à ses pieds, qu’il ne pouvait résister et avait été obligé d’organiser ses sorties avec un planning clandestin ; il avait le démon de midi moins le quart car tout juste trentenaire et toujours aussi beau garçon genre latin lover Marcello ou blond cuivré Redford type surfeur californien, cela changeant suivant les saisons, vous voyez, résultat impressionnant ; et comme, il était trrrès intelligent, beau parleur, blagueur, alors là ! le succès assuré à tous les coups pour tous les coups.

-    Chérie, nous sommes invités chez les Margerien demain soir

-    Chic, il y aura Claude

-    Heu, oui sûrement, tu sais qu’il adore ce genre de soirée pour faire des rencontres

-    Oh, tu peux parler, c’est là qu’on s’est connus

-    Et qu’il y trouve du gibier à sa guise

-    Je t’interdis de parler comme ça, Claude est un type bien, un peu coureur certes mais très gentil

-    Tu ne vas pas me dire que maintenant tu as re…

-    Non rassure-toi, mais n’empêche, il a d’ailleurs très bon goût

-    Surtout dans le cheptel des tendres ados

-    Et dire qu’Eléonore ne s’aperçoit de rien, enfin

-    Bon, tu es prête ?

-    Presque , j’enfile un collant et j’arrive

-    Ah, tu te protèges donc

-    Mais non, idiot chéri, et contre qui, dis le moi ?

-    Attention, ya ta combinaison qui dépasse

-    Qu’il est bête, mon Dieu qu’il est bête         

Il y avait toujours beaucoup de monde et du beau aux fêtes des Margerien. Claude pensait souvent à Gatsby le Magnifique avec tout ce luxe un peu tapageur et ces invités qu’on disait mondains et profiteurs, et même les deux à la fois. Ce soir-là, anniversaire de la maîtresse de maison, on avait mis les petits plats dans les grands et les bouteilles débordaient abondamment des coupes et verres , un quintette de jazz jouait des ballades langoureuses, on entendait des petits cris, de grosses exclamations, parfois des soupirs ou des bulles de conciliabules, les messieurs rentraient leurs ventres éminents et proéminents, les dames bombaient leurs avantages plus ou moins généreusement décolletés, tout était dans l’ordre naturel des choses friquées. Nous embrassons nos intimes, saluons nos connaissances regardons le spectacle des arrivées, cherchons un visage ami, notamment  celui de Claude qui…

-    Je me demande bien où il est

-    Dans un coin ou un recoin en train de draguer

-    Tu crois ?... ah ! bonjour chère amie, comment allez-vous ?

-    Penses-tu qu’il sera seul ou avec une conquête

-    Va savoir avec lui

-    Et avec sa femme alors ?

-    Il peut pousser les choses jusque-là, tu le connais bien

Derrière une grosse dame type baleine échouée dans un fauteuil, un mobile de Calder, quelques serveurs en train de papoter en attendant un convive, quelques bimbos en pleine action de pépiement, une silhouette connue en discussion avec un jeune éphèbe d’une beauté à couper le souffle de Patricia ce qui d’ailleurs arriva quand elle découvrit en même temps que moi que les deux hommes se tenaient délicatement par la taille, qu’un sourire épanoui éclairait leurs visages… et que la silhouette reconnue mais oui était bien celle de notre ami tandis que mon épouse faillit défaillir avant que je la reprenne dans mes bras oups, que t’arrive-t-il ?

-   Va   me chercher un verre, s’il te plaît, je ne me sens pas bien

-  Ne t’en fais pas, il ne va pas lui rouler une pelle en public

-  On ne sait jamais avec lui, tiens le voilà on dirait

Claude nous avait aperçu avant que l’on s’éclipse et il nous fit un signe chaleureux de la main tout en arrivant vers nous avec sa nouvelle conquête en chaloupant.

-    Je ne veux pas le voir, on s’en va

Je la retins doucement et Claude fut subitement devant nous

-    Ah !, mes amis, que je suis content de vous voir, comment allez-vous, un peu pâlotte Patricia hein ?, laissez-moi vous présenter mon ami Arnaud, Patricia, Jérôme, mes chers amis dont je viens de te parler

-    Enchantés

Il a fallu ensuite se dépatouiller pour trouver une solution et sortir de cette situation, une sorte de malaise installé… quoi ? Claude devenu gay ?, dis-moi que je rêve…nous trouvâmes donc un prétexte qu’on dit toujours futile et dont je n’ai pas souvenance pour nous débiner lâchement en laissant notre Claude abasourdi, dépité, je n’ose écrire la queue entre les jambes...

Comme il fallait s’y attendre, le lendemain soir Claude nous appela au téléphone, répondeur en fonction oblige.

-    Allo, vous êtes partis bien trop vite, amigos, je n’ai pas pu vous expliquer, je crois qu’il y a une méprise de votre part concernant Arnaud, ce n’est pas du tout ce que vous croyez, c’était juste heu une façon de pouvoir par ce biais de séduction rencontrer sa femme que je guigne depuis un certain temps et que, vous me comprenez, je ne savais pas comment faire autrement, alors oui bon, il m’a en quelque sorte servi d’appât, de go-between, c’était seulement un moyen et je crois enfin j’espère que ça va marcher, voilà, c’est tout, je voulais vous le dire parce que allo, allo, vous êtes là ? allo... et merdeu !.

 

©  Jacques Chesnel

 

 

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09/09/2011

JACQUES VIDAL / FABLES OF MINGUS CHRONIQUE CD

 

Il y a des musiciens dont on parle beaucoup dans les milieux dits autorisés et d’autres, parce que trop discrets, qu’on semble ignorer ou pour lesquels on a quelque condescendance lorsqu’ils se manifestent (la critique), des musiciens qu’on n’invite pas dans les festivals (ignorance ou frilosité des organisateurs) et qu’on entend peu dans les clubs branchés ou prétendus tels, des musiciens qui ne s’aventurent pas dans le mélange des genres, ces nouveaux métissages pas toujours convaincants, des musiciens qui sans sacrifier à la commémoration obséquieuse rendent hommage aux maîtres qui les ont inspirés avec la plus grande modestie : Jacques Vidal est de ceux-là, avec son Fables of Mingus dans la même veine que le précédent opus Mingus Spirit (2007). Hommage donc, d’un musicien français, contrebassiste de talent, a l’un de ceux qui ont contribué à l’histoire de la musique afro-américaine.

Création/re-création, choix judicieux du répertoire et de ses partenaires, originalité dans les arrangements avec l’adjonction d’une voix claire et mélodieuse, celle d’Isabelle Carpentier, chanteuse et également récitante (déjà remarquée sur le précédent disque), modestie du leader qui ne cherche pas à se mettre en avant, privilégiant la notion de groupe. Restitution de l’univers d’un rebelle enraciné dans le terreau du blues grâce à la connivence entre les musiciens, la dualité rythmique impeccable  Vidal/Desandre-Navarre, les interventions vigoureusement chaleureuses des souffleurs, notamment l’apport considérable de Daniel Zimmermann au tuba, surtout au trombone et la véhémence toute mingusienne de Pierrick Pedron.

 

Anecdote : je me souviens avec émotion du concert de Mingus à Paris en octobre 1970 avec Anita O’Day huée en première partie et de l’intervention du contrebassiste contre la bêtise d’un certain public… parce qu’elle était blanche ( !).

Dans l’assistance, je ne devais pas être très loin d’un certain Jacques Vidal.

 

© Jacques Chesnel

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Personnel : Jacques Vidal (contrebasse), Isabelle Carpentier (voix), Pierrick Pedron (saxophone alto), Daniel Zimmermann (trombone, tuba), Xavier Desandre-Navarre (percussions)

 

Répertoire : 1/ La peur du noir. 2/ Les fables de Faubus. 3/ Nostalgia in Times Square. 4/ Pithecanthropus Erectus. 5/ Duke Ellington’s sound of love. 6/ Moanin’. 7/ Orange was the colour of her dress then silk blue. 8. Fables of Mingus. 9/ Boogie stop shuffle. 10/ What Love. 11/ Jelly Roll. 12/ Portrait (sur Willow weep for me)

 

Cristal Records  cr182 / Harmonia Mundi

 Vidal:Mingus.jpg

 

 

 

 

 

 

J. Vidal.jpg

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08/09/2011

SOUVENIRS DE DEMAIN

 

En référence (et hommage)  à Julio Cortázar qui a écrit cette phrase dans « L’homme à l’affût » dite par Johnny Carter : ce solo-là je l’ai déjà joué demain »

Je me souviens :

.  de la grippe sévère de Gérard D. au mois d’avril 2022 car il faisait très froid, moins 72°

.  des premier pas sur Mars des marsonautes Chinois, c’était beau à la télé branchée directement dans mon cerveau

. des algues vertes en Bretagne, rouges dans la Mer Rouge, noires dans la mer Noire

.  du rire coquin de ma trente-quatrième arrière-arrière-arrière petite-fille le jour de ses deux cent cinquante-quatre ans avec un grand pied-de-nez et de son bras d’horreur

. du discours du Président de la République Arnaud Montebourg lors de son investiture en 2027

. de l’explosion de la centrale nucléaire sécurisée de Flamanville, mais pas du nombre de morts par milliers contestés par le ministre de la Déflagration

. du remariage en grandes pompes de Kate III, Reine d’Angleterre avec le petit-fils de Karl Lagerfeld et Lady Gaga bis

. d’un voyage à Venise en sous-marin collectif en compagnie d’un seul japonais muet et de deux indiens aveugles

. des funérailles nationales du dernier paysan français et de son entrée au Panthéon en ruines

. de la guerre de Cent Ans en Afrique pour se débarrasser de tous les néo-coloniaux et autres envahisseurs ainsi que de l’armistice rompu en 2102

. du débarquement des plutonautes Indiens sur Pluton et de l’accueil malgré tout sympathique de la population désabusée

. de l’exécution de tous ces cardinaux fusillés pour des actes de pédophilie internationale et de la liesse de la foule

. parfaitement du dernier des 246 films de Woody Allen lors de sa rétrospective au festival de Cannes, il a été porté en triomphe, il semblait content

. de l’interminable panne de deux des 108 ascenseurs de la vingt-neuvième tour du World Trade Center haute de 1709 étages et de la panique qui s’ensuivit, du nombre de meurtres et de suicides

. de Ludivine Sagnier à cent deux ans, elle paraît plus jeune de deux siècles même sans maquillage

. que maintenant on ne lit plus Jean d’Ormesson mais toujours Jean Echenoz, ce qui me paraît juste

. de Michel Bouquet jouant « Le Roi se meurt » alors qu’il est toujours vivant

. de la marque de mon dernier hélicoptère, celui tombé en panne d’hydrogène quand j’allais acheter mon pain chez le dernier boulanger bio à 852 kilomètres

. de la réouverture des camps de concentration et le retour de la guillotine applaudi

. de fraises de sept kilos chacune, d’une vieille boîte de sardines achetée au marché noir à cause la disparition totale des poissons, de l’agneau de pré-salé des environs de Nevers et des rillettes du Mans de Tombouctou

. de la statue géante de Charlie Parker éclairant le monde avec son saxophone lumineux à la place de celle de la Liberté sur l’île de Long Island

. du zoo d’un pays inconnu où il n’y a plus d’animaux depuis la peste et le choléra en 2343

. du portrait de Nicolas 3 avec une petite moustache et le bras droit levé

. des bateaux-mouches quand il y avait encore de l’eau dans la Seine

. de l’Himalya qui a tellement rapetissé qu’on dirait le Mont-Dore qui lui est maintenant à six cents pieds sous terre.

. des jeux olympiques de 2088 où aux 100 mètres le record du numéro 85 fut validé : il était arrivé avant d’être parti, d’un saut à la perche sans perche, d’un lancer de plume à 195 mètres

. d’avoir dit : ah ! la vache ! devant des enfants qui m’ont questionné pendant des heures sur les animaux préhistoriques

. d’avoir revu Laurel et Hardy en hologramme

. de la présentation au concours Lépine d’un vélo sans cadres, sans roues, sans guidon et sans selle

. de la béatification de Valéry Giscard d’Estaing et des bagarres avec les journalistes de télévision pendant la cérémonie

. de gros chiens pataugeant dans des crottes de p’tit vieux, de poulets faisant le tapin, de loups violés par des moutons, de veaux pleurant de ne plus voir passer de trains, d’une grève des abeilles qui a mal tourné

. toujours avec ravissement du beau visage de Danielle Darrieux

. d’un certain samedi de mai qui fut le plus beau jour de ma vie…

 

…Oui, je me souviens de tout cela pour ne pas avoir en m’en rappeler plus tard, mais ça m’a soulagé de l’écrire car ma mémoire c’est malgré tout du béton.

 

©  Jacques Chesnel

19:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/09/2011

Sainte-Nitouche-Pipi

 

Ce qu’elle pouvait nous agacer, avec une forte envie de la secouer, de la gifler chaque fois qu’on la voyait mais comme chez nous on a de la compassion alors on écrasait mais quand même ya des limites. D’abord, ses grands airs avec l’air de ne pas en avoir ni d’en manquer, exercice d’équilibre parfait, la moue molle mouvante et dédaigneuse juste un poil pas trop, le sourire à l’avenant et à lavement, le papillonnage permanent des paupières fardées jusqu’au bout des cils et qu’elle agite frénétiquement à tout-va, les cheveux ah ! ce jeu univoque/équivoque des/avec les cheveux, torsadés chiadés pour le sérieux, régulés ou décoiffés fourre-tout genre bimbo pour le glamour bidon, la frime en fripes les tripes à l’air, les fringues brindezingues frappadingues ou classieuses en raison des circonstances ou des situations, un peu de rose sur les pommettes l’air pompette mais pas trop, pantalon saucissonné/boudiné ou robe virevoltante, escarpins peints ou godillots godiches, échalas sur échasses ou danseuse en turlututu, de minauderie en mignardise, affectation désaffectée, guindée ou faussement relâchée, toute la panoplie des attitudes jouées ou déjouées, se parfumant au sent-bon bon marché ou au 7 de chez Bordeaux-Chanel, tortillant ce qui lui tenait ou restait de fessier plus ou moins fessu, se mouvant avec la grâce d’une sylphide ou d’un éléphant en rut selon les cas devant les bourgeois et les ploucs, démontrant et démontant la longueur de sa langueur accentuant son pseudo côté androïde, son aspect parfois aride ou tantôt jouant candide un peu cariatide, l’allure fluide, quelquefois gravide l’air impavide voire intrépide au teint livide, souvent morbide toujours perfide rarement placide rien que du solide ah mais !.

On se demandait bien ce qui pourrait se produire pour la détester encore plus que plus quand nous apprîmes que la donzelle ne crachait pas dans la soupe pour la bagatelle avec ses airs de sainte-nitouche se faisant régulièrement culbuter par tout un chacun ou chacune avec une préférence pour les attouchements ou effleurements furtifs et variés centrés sur son petit bouton de rose plutôt incarnat qu’elle appelât tendrement « mon berlingot adoré » quand un gynéco curieux lui eut révélé la forme tétraèdre inhabituelle de son petit organe érectile que des tiers des deux sexes manipulaient si souvent sans qu’elle fut pour autant rassasiée. Elle prit alors comme devise personnelle la chanson glorifiée par Colette Renard Les Nuits d’une demoiselle qu’il lui arrivait de brailler faux à tue-tête je m’fais caresser le gardon, je m’fais mamourer le bibelot, je m’fais ramoner l’abricot ohohoh… On la gratifia alors du surnom de Sainte-Nitouche-Pipi, on trouvait que cela qui lui allait très bien, certains disaient comme un gant mais on ne voyait pas le rapport, quoique…

Nous l’avons revue par le plus grand des hasards   une quarantaine d’années après nos premières rencontres ; pas beaucoup de changement elle est seulement devenue une vieille dame qui a toujours l’air si vive, alerte et si pimpante, si vraiment si…qu’on se demande encore si… parce que là vraiment ça commencerait à bien faire…

 

©  Jacques Chesnel

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