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30/08/2011

TNT & ADSL (Ginette & Maurice)

 

-    Eh ben voilà, on s’y est mis maintenant

-    A quoi encore, ma chère amie, parce que vous…

-    Ils nous ont mis la TMT pour la télé dans l’immeuble qu’on a rien compris comment ça marche et là-dessus Maurice dit on va se mettre à la déesse ELLE que je comprenais encore moins

-    C’est comme chez nous, ne nous parlez pas des nouvelles technicités que les gamins pigent tout de suite, tenez le nôtre il a appuyé sur un bouton et hop c’est parti, j’vous jure… tandis que nous on en était encore à se gratter la cafetière en regardant les cartons

-    Maurice a voulu faire tout tout seul comme à son habitude, moralité il a passé deux heures à lire la notice en japonais ou en chinetoque mal traduite en français et je l’ai retenu de foutre un coup de pied dans la fourmilière de la machine qu’ils appellent une boxe, boxe par-ci boxe par-là, ya d’quoi avoir envie de boxer, et quel boxon avec toutes ces chaînes qu’on ne sait plus lesquelles regarder avec les étrangères en langues étrangères en plus alors qu’on y entrave que couic en plus alors il s’est mis sur les sportives avec leurs commentateurs bavards prétentieux qui savent tout sur tout et surtout qui causent pour eux et quelques potes avec leur air de tout piger qu’on regrette les anciens à la retraite dorée, heureusement quand ya plus rien il me laisse les chaînes des recettes de cuisine là au moins on comprend ou bien celles sur la décoration ou les animaux de la compagnie qu’on sait plus quoi choisir tellement yen a et que j’te jacasse en tortillant du croupion

-    Moi avec les masterchefs et autres cuistots costauds qui se la pètent un max à la coule, j’ai pris René par son péché mignon et alors hop aux fourneaux et une nouvelle recette tous les soirs, du neuf du tout nouveau tout beau à s’en lui faire péter sa sous-ventrière qu’il a abondante mais tant pire comme ça je le tiens, plus question de soupe à la grimace ni de tournées avec les potes chez Bébert à côté, on bave devant les cuisines grandes comme des halls de gare qu’on s’demande comment font les gens pour s’y retrouver sans plan, et les pubs pour les désodorants des évacuations, les canalisations qui schlinguent, les bonnes femmes outrées qui s’bouchent le pif avec des grands airs étonnés oh ya ça chez moi ? à croire que tout le monde est dégueulasse et font jamais le ménage à fond à la serpillère ou à l’homo qui lave plus blanc que l’eau rend blanc ou Laurent Blanc, vous vous rappelez ?

-    Nous on est accros à Virvolta de Gildas, d’abord le son est plus fort et puis on comprend tout de suite même quand ya rien à comprendre, c’est plus facile que ces intellos qui radotent quand ils sont encore jeunes alors vous pensez plus vieux bonjour les dégâts de la marine sauf Michel la pommade  qui dit toujours merci le vivement dimanche quand on est mercredi à ce qui paraît

-    Maurice se lamente de la disparition de Jacques Martin et des Carpentier pasque lui Michèle Torr et moi Frédéric François on était si content de les entendre avec Yvette Horner et les deux  Georgette, Lemaire ou Plana, on en fait plus des comme ça et je l’dis sans nostalgie ni fleurs ni couronnes bien qu’elles soient pas mortes ou alors si peu

-    Des fois ils ressortent de ces anciennes vedettes qu’ont malgré toutes prises de la bouteille et bien grasses du bide sauf un qu’on adore et qu’on adule, je vous le donne en mille, Michel Delpech, on s’demande comment il fait ou ce qu’il prend, René dit : c’est pas étonnant : il a la pêche, lui

-    Hi hi hi, vot’ René il a toujours le mot pour rire…

-    Oui, facile, mais tellement vrai !.

 

© Jacques Chesnel

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23/08/2011

L’IMPOSTURE D’UN POSTIER

 

Ma chère cousine Julie,

Cela fait déjà quelques semaines que je devais t’écrire en réponse à ta dernière lettre, aussi je m’y mets aujourd’hui car j’ai un peu de temps devant moi. J’espère que tu vas mieux après tes problèmes qui me semblent être autant de corps que de cœur à te lire entre les lignes. Nous avons toutes nos petits problèmes et c’est à nous de s’en dépatouiller. Alors pour te remonter le moral si faire se peut, je vais te narrer ma dernière aventure qui diffère vraiment de toutes les précédentes qui me valurent tant et tant de déconvenues à cause des cons venus.  Oh, si cela pouvait te faire un peu sourire j’en serais ravie car je sais que tu aimes les bonnes histoires qui me tombent sur le paletot trop souvent. Alors voilà, au bal annuel des pompiers j’ai rencontré je te le donne en mille : un postier, un employé de la poste chez les pimpons pimpons, faut quand même le faire et bien oui. Je le trouvais assez mignon, tu connais mon genre d’homme, il dansait à la perfection surtout le cha-cha-cha et le slow qui sont mes danses préférées, au tango il m’a serré un peu et dès que j’ai senti ses intentions, enfin tu me comprends, je me suis laissée aller et vogue la galère et la galéjade. Attends, je vais boire une tasse de thé et je reviens, oups, voilà.

 Après je te dis pas la suite que tu devines aisément en raison de mon tempérament et de mon appétit et c’est alors que vint le temps des confidences habituelles, sur le passé, le présent et l’avenir. Tu sais que la poste ce n’est plus les PTT de dans le temps, c’est devenu que pour les lettres, les colis et la banque avec en plus les RTT qu’il ne faut pas confondre avec les PTT ; tu sais aussi qu’avec l’internet, les courriels et les entreprises de livraison privées genre BHL ou DHL on s’écrit sur papier de moins en moins, on s’envoie des mails et on commande sur les sites directement ; donc il y a une crise du courrier et moins de facteurs, si bien que beaucoup de gens principalement les p’tits vieux ils attendent désespérément devant leur boîtes à lettres vides, à part la pub à la con, le passage du préposé. Jérôme, oui il s’appelle Jérôme, a commencé par facteur comme tout le monde puis après les départs à la retraite non remplacés a été muté aux guichets où il a commencé à s’emmerder puis à déprimer car il regrettait ses tournées, les contacts avec les gens et les mêmes petits vieux qui lui parlaient ou lui offraient un p’tit café. Il ruminait dans son coin et cherchait une solution pour sortir de cette impasse quand lui vint subitement cette idée : il allait écrire et envoyer des lettres à tous ces gens pour leur apporter un peu de plaisir et de réconfort. Rentré chez lui après avoir acheté des dizaines de rames de papier et des enveloppes en nombre, il commença la rédaction de centaines de lettres par semaine si bien que la direction s’affola car cela posait un problème pour la distribution, il fallait un facteur supplémentaire, et donc il se proposa pour distribuer ses propres missives. Il écrivait entre les poses, aussitôt rentré chez lui, tous les jours y compris le dimanche, parfois tard dans la nuit, il était devenu comme fou ; racontant toutes les pensées, cogitations, réflexions, opinions, lettres de secours, de recours, de consolation, de consolidation, jusqu’à des lettres d’amour quand il voyait une jeune fille chagrinée ou un cas désespéré, il s’adressa même une carte postale « souvenir de La Baule ensoleillé avec grosses bises » pour avoir le plaisir de se la distribuer, il devenait prisonnier de son idée farfelue, il pensait devenir dingue quand je l’ai rencontré et qu’on s’est connus plus qu’intimement mais ce qu’il était heureux, ma chère cousine, du bien qu’il savait faire, tiens cette lettre à une dame Rageout, maman d’un type travaillant dans les champs pétrolifères en Afrique et qui la laissait tomber sans nouvelles, tiens lis :

 « chère Madame Rageout, je vous écris pour vous dire que votre fils Adrien va bien qu’il pense souvent à vous malgré son labeur qui lui prend trop de temps, alors il me charge de vous rassurer sur sa santé, il vous remercie pour les paquets de spéculos qu’il adore, il vous embrasse très fort avec une caresse à Pupuce votre petite chienne, signé votre Jérôme  »

c’est pour te donner un exemple parmi d’autres tout aussi chaleureux, quand il lui a remis la lettre en mains propres la vieille dame a pleuré en lui donnant un billet de vingt euros qu’il a refusé poliment… et les lettres d’amour, sages ou enfiévrées, pudiques ou olé olé, que je me demandais où il allait chercher tout ça tandis que pour moi il était plutôt réservé alors que tu me connais faut pas m’en promettre. Quand j’ai vu et lu le retour des lettres de certaines filles car il avait mis son adresse je me suis foutue en boule et j’ai craqué adieu le Jérôme cinglé. Il paraît que cela a duré un certain temps comme disait Fernand Raynaud avec son canon qui refroidit car à la direction de son agence on avait constaté une importante disparition inhabituelle de timbres ou d’envois en nombre inconsidérés. Quand il a reçu sa lettre de licenciement, il a cru à une blague, il a porté plainte avec le soutien de centaines de personnes, on attend le jugement et tout le monde dit qu’il va gagner que c’est un héros, un imposteur peut-être mais un héros sûrement, un petit zéro de rien du tout pour moi.

A part ça, j’ai trouvé un nouvel amoureux et j’espère que tu as gardé le tien qui est si mignon que si tu n’en veux plus tu pourras toujours me faire signe, hein ?

En attendant de tes toujours bonnes nouvelles, chère cousine, je t’embrasse bien affectueusement,

Mireille Bizet

 

©  Jacques Chesnel

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14/08/2011

FAUTES

 

Je ne suis pas une mordue/tordue du tennis alors que pour le pénis je ne rechigne jamais mais quand Jean-Mi me proposa de le retrouver à Roland-Garros j’ai dit pourquoi pas vamos a ver comme disent les espagnols à propos de Nadal et de nada. Bon on peut dire que ça m’a plus sans plus avec la tête qui fait comme la balle gauche droite gauche droite à s’en farcir un tortillement du cou ; un match ça va ensuite je suis parti en plein deuxième sans Jean-Mi qui question raquette en connaît un rayon au filet mignon et qui m’a dit que tout ça ne valait pas le temps des Mousquetaires d’Henri Cochet (ça m’a fait rire bêtement en ricochet) ou celui plus tard de Borg et de Sampras et j’ai répondu bien entendu avec conviction bien que moi tous ces prénoms…

Autant vous le dire tout de suite, ce qui m’a étonné puis sérieusement agacé c’est le nombre de fautes faites par les joueurs faute par-ci faute par-là ça n’arrêtait pas je me suis sentie couillonne et coupable pour eux à la fin si bien qu’en rentrant chez moi je me suis mise à compter mes propres fautes celle que j’avais commises depuis ce matin : j’avais omis de mettre le réveil à sonner faute je me suis réveillée en retard faute, au lieu de bondir hors du lit j’en ai remis une couche sous la couette faute, au lieu de me lever de mon pied préféré le gauche j’ai commencé par le droit faute, j’ai oublié de faire pipi avant d’aller à la salle de bain faute et de mettre une culotte faute (c’est Jean-Mi qui va être content), il n’y avait plus de dentifrice faute, quand je suis partie je n’ai pas mis en marche le lave-linge pour la semaine faute et j’ai pas éteint cette radio de merde faute, je me suis gourée de bus avec le 93 au lieu du 39 faute, j’avais pas de monnaie pour le ticket faute, je suis arrivée très en retard à l’atelier faute, le boss m’a dit que ça faisait beaucoup de fautes et que, comme je n’avais plus le cœur à l’ouvrage faute, j’ai fait le plein d’autres fautes, j’ai été virée proprement faute, alors au café du coin j’ai pris deux whiskyes faute et comme j’étais devenue particulièrement éméchée hic faute j’ai suivi un mec qui me draguait à fond faute, on a mal baisé (moi) pendant deux heures faute et j’ai dégueulé triple, noyaux et tout sur la carpette immaculée faute, quand j’ai voulu rentrer chez moi j’avais perdu mes clés faute, la concierge m’a dit c’est la dernière fois alors que c’était la première faute, j’ai pas écouté tout de suite le répondeur faute, je me suis jetée sur mon lit en pleurant comme une gourde faute, j’ai repensé au tennis ce jeu à la con où on s’envoie de balles dans la poire pour des cons qui applaudissent ou qui mouftent pas quand ya faute et dieu sait si y en a alors Jean-Mi tu peux toujours courir la prochaine fois Roland-MachinTruc c’est niet pasque les fautes j’en ai plein l’dos et par-dessus la tête de ces mêmes fautes.

 On frappe à la porte, trois coups, c’est Jean-Mi, ouvre Monica (ah ! Monique) je suis pas là que je réponds faute, va te faire foutre faute, il s’en va stupidement faute et moi je re-pleure encore un bon coup faute tout en me promettant ferme que je ne suis pas prête à recommencer toutes ces fautes mais alors jusqu’à quand…

J’ai compris une chose par contre : je hais le tennis, c’est évident et  j’aime bien le pénis ça saute aux yeux et ça fait pas de mal au contraire : voilà, c’est une faute ?, à vous de juger.

 

©  Jacques Chesnel

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03/08/2011

MOI AUSSI… (2)

A Lulu (in memoriam)

 Je me souviens d’un cabaret pas très loin du bord de la mer qui était le rendez-vous d’homos tristes venant trouver un peu de bonheur ; on me dit que maintenant se rencontrent des gays gais dans ce genre d’établissement, comme quoi les temps changent. Ce lieu se nommait le Tourne-bride

 Je me souviens que le patron Lulu chantait tous les week-ends s’accompagnant au piano de ses mains manucurées aux ongles vernis, on considérait cela comme étant très chic ; à son répertoire cette chanson : « ah ! tu m’en as écrit des lettres » qu’il interprétait avec sa fausse voix de fausset ; quelquefois, un violoniste classique  très connu dans la région pour sa piété venait s’encanailler et jouer quelques morceaux de Fauré, des airs d’opéra ou des chansonnettes du genre cucul; Lulu était aux anges et nous aussi

 Je me souviens que le bar était tenu par un jeune homme extrêmement beau que les habitués appelaient Orangina, car de son métier il était représentant de cette marque de boisson ; nos femmes étaient toutes émoustillées et chagrinées quand on leur disait que… La copine d’un ami avait essayé de le draguer sans résultat couru d’avance, « je ne suis  pas pour toi, mon chou, au fait, dis, il s’appelle comment ton mec qui me plaît beaucoup ? »

 Je me souviens que pour aller à la salle principale on devait passer par la pièce où se tenait le bar et qui était très étroite, ce qui favorisait les frôlements plus ou moins involontaires, certains jeunes et vieux messieurs légèrement ou outrageusement fardés appréciaient, nous beaucoup moins mais on ne mouftait pas, on jouait le jeu sauf quand c’était parfois trop insistant, alors on disait « oh !, ça va pas la tête » et Lulu riait, nous aussi mais on en pensait pas moins

 Je me souviens des photos sur les murs, de beaux éphèbes dans des poses suggestives, on ne disait pas encore « sexy » avec des retouches visibles sur leurs virilités épanouies, des couilles énormes  qui faisaient rêver les filles « ils sont tous comme ça ? », des boxeurs noirs, des danseurs blancs en tutu et ballerines, des types en robes du soir avec des femmes en smoking, des photos de personnalités célèbres aussi, Jean Marais, Jean Cocteau, James Dean, Rock Hudson, Cliff Montgomery ,Marlon Brando, de travestis du show-biz, quelques femmes comme Liz Taylor, Marlene Dietrich, Judy Garland, Dalida, des icônes d’un cinéma porno qu’on disait underground ainsi qu’une photo de Jacques Anquetil avec cette légende « il en a encore sous la pédale », ce qui nous laissait perplexe…

 Je me souviens qu’on y entendait surtout les disques de Charles Trenet, André Claveau, Réda Caire, les trois Jean, Tranchant, Lumière et Sablon ainsi que Suzy Solidor, surtout le duo Charpini et Brancato, on était morts de rire quand ils interprétaient « j’aime bien mes dindons » et Lulu les imitait ; il nous disait qu’avant-guerre c’était des grosses vedettes des cabarets parisiens spécialisés à Pigalle où lui aussi avait été une vedette avec plumes, strass et tout le tralala

 Je me souviens de la fermeture provisoire de ce lieu suite à la maladie de Lulu ; on nous rapporta qu’il était très courageux et faisait rire les bonnes sœurs de la Miséricorde  venues lui faire des piqures pour soulager ses douleurs. On était tous très tristes quand on apprit son décès, on n’avait plus envie de rire ou de se moquer comme on faisait parfois en l’imitant se dandiner et faire la folle, je crois qu’on était un peu con comme tous les jeunes à cette époque avec leurs préjugés sur les pédés, les tantes,  les travelos et les gouines. Nous ne sommes jamais retournés au Tourne-bride, on n’a jamais voulu savoir si la boîte avait rouvert après la mort de notre Lulu à nous qu’on aimait bien.

© Jacques Chesnel

11:32 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)