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29/07/2012

VENEZIA (Souvenir de voyage)

 

Cela avait commencé dans les années 60 quand avec l’amour de ma vie j’avais vu le film de Vadim Sait-on jamais ? puis le Senso et Mort à Venise de Visconti. Bien sûr la musique était pour quelque chose dans nos emballements, celle de John Lewis et l’Adagio de la cinquième symphonie de Gustav Mahler. Egalement, pour moi, la présence de Françoise Arnoul dans le premier, celle d’Alida Valli dans le second, celle de Dirk Bogarde dans le troisième pour elle, sujets de petites taquineries entre nous du genre qu’est-ce que tu lui trouves ?. Bien entendu, toute la ville nous fascinait. Aussi nous étions-nous promis que dès le pécule suffisant pour une semaine dans un hôtel de luxe dans la Cité des Doges, pourquoi pas le Danieli, nous irions en amoureux comme toujours. Il nous fallait choisir une date, surtout hors les grandes invasions touristiques. On a dû en rabattre très vite en ce qui concerne la résidence, le Danieli étant complet et surtout hors de nos moyens. Ce fut un petit hôtel dit de charme derrière la place St-Marc, le San Gallo, impeccable.

 

Bon, à peine sortis de la gare après un voyage de nuit qui nous a paru long et embarqués à bord du premier vaporetto qui nous attendant à quai, ce fut comme en Normandie, de la flotte, de la flotte partout, les pieds dans l’eau sans bottes, la tête sous l’eau sans parapluie, ça commençait bien et boum, l’orage maintenant, trois coups de tonnerre un bordel monstre sur la place et hop à l’hôtel pour essayer le lit comme d’habitude. Après la pluie et le tour sous les arcades de la place légèrement inondée,  une halte au Café Florian puis dîner aux chandelles avec un Montepulciano d’Abruzzo, une promenade le long des rivas jusqu’au Museo Navale et retour et dodo ; il fallait être en forme pour le lendemain, il y avait tellement de choses à voir.

 

Pas question de prendre une gondole, on avait trop peur de l’eau, alors marche à pied et vaporetti en alternance. On a commencé à rire avec les touristes japonais si bavards cornaqués par une compatriote porteuse de parapluie ouvert et rameutant les étourdis, les fénéants, les traînards, même que j’ai ouvert notre ombrelle et que quelques-uns m’ont suivi un moment ce qui a fait rire l’amour de ma vie mais pas les nippons… puis tous les quartiers, les musées  (nous sommes restés scotchés devant les fresques de Tiepolo au Palazzo Labia, les tableaux de Véronèse, du Titien, tant de chefs-d'œuvre….sans oublier la Fondation Peggy Guggenheim l’ultima dogaressa et sa sublime collection dadaïsme et surréalisme, les innombrables palais, les jardins, les places y compris celle du Campo del Ghetto Nuovo dans l’ancien quartier juif, presque toutes les églises jusqu’à la Santa Maria della Salute où on a rencontré une jeune anglaise qui habitait dans la même rue de Londres que notre fille, nous nous sommes embrassés tellement de fois sous le pont du Rialto que je ne peux compter, nous avons fait un nombre incalculable d’aller-retour sur le Grand Canal essayant de bavarder avec des vénitiens,  avons visité l’atelier de réparations des gondoles, les quais de déchargements d’arrivages de toutes sortes… nous sommes allés sur les îles de la lagune, Burano, Murano, Torcello, le Lido qui fut un temps « la plage la plus élégante de l’Adriatique, nous avons déposé notre petit caillou sur les tombes d’Igor Stravinski et Serge Diaghilev dans le cimetière sur l’île de San Michele, le soir fourbus nous découvrîmes des petits restos où on ne parlait que l’italien ah ! les pasta e fasoi, la polenta e osei… et pour clore en beauté, un événement insolite nous combla.

 

Avant de prendre notre train de nuit, nous faisons un dernier tour de la place Saint-Marc quand arrivés au pied du Campanile, nous remarquons un attroupement et entendons tambours et sons gutturaux ; réussissant à nous infiltrer au premier rang, stupéfaction : une troupe d’Indiens d’Amérique du Nord en costumes traditionnels en train d’exécuter une série de danses rituelles accompagnées de chants, spectacle totalement incongru et magnifique auquel, après sollicitations de la part de celui qui paraissait le chef, nous nous joignons ; et voilà l’amour de ma vie exécutant une danse (du scalp ?) sous les bravos de la foule, quel souvenir ; nous eûmes quelques explications : cette troupe de Sioux terminait une série de représentations et avait demandé à ce que leur tournée mondiale se termine contractuellement à Venise et ils donnaient un avant-goût de leur dernier spectacle… ah ! voir l’Indienne de ma vie au milieu de ces guerriers emplumés avec peintures et maquillages sur visages et corps…brrrrr ! ce souvenir si présent…

 

©  Jacques Chesnel (L’amour de ma vie)

23:42 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

23/07/2012

TAPAGE NOCTURNE & BAMBOCHE

                   

-       Nom ?

-       Ricard, Ricard comme Pernod

-       Vous vous foutez de moi ?

-       Non monsieur le commissaire, je précise seulement

-       Prénom ?

-       Jérôme

-       Comme C. Jérôme le chanteur ?

-       Non, comme Lindon

-       Oh, Lindon c’est Vincent pas Jérôme

-       Ya les deux

-       On va pas chipoter… profession ?

-       Sans

-       Quoi, cent… vous vous refoutez de moi, attation

-       Sans, comme rien, c’est tout et c’est pas défendu, pour l’instant je suis au chomedû à la recherche de turbin

Le commissaire Bonenfant fouille dans ses papiers éparpillés sur son bureau, Jérôme commença à se trémousser très énervé

-       Vous savez pourquoi on vous a arrêté, j’imagine

-       Ben non à vrai dire, d’ailleurs je suis innocent comme tout le monde comme d’habitude

-       Bon, tapage nocturne, insultes à personne puis à policiers comme d’habitude pasque c’est pas la première fois

-       C’est encore ma voisine du dessous, Muriel qui m’a provoqué

-       Muriel Branlon-Lagarde est cette journaliste de renom qui se plaint depuis longtemps de votre vie nocturne passablement trop agitée à son goût

-       Elle est pas gonflée à part ça avec les allers-venues à toute heure que c’est plutôt louche avec tous ces dealers de coco qui squattent le hall de l’immeuble qu’on peut plus passer sans se faire alpaguer dans la poudre permanente

-       Que voulez-vous dire par là ?

-       Vous avez bien entendu, monsieur le commissaire, question boucan elle en connait aussi un rayon et en plus elle me reproche mes tapages nocturnes, mes soirées tapas et sangria mais nous on touche pas autre chose, ça festoie certes mais dans la légalité alors que question bamboche elle est pas en reste, bon ya la musique faut aimer le flamenco

-       Ah ! vous avouez, nous y v’là

-       Avouez quand même qu’il y a réciprocité, non ?

-       Ce n’est pas à moi d’avouer, reconnaissez-le… alors, on va pas y passer l’hiver bien qu’on soit au printemps donc je vous colle un avertissement avant enquête approfondie ce qui ne saurait tarder si…

-       Merci, monsieur le commissaire, mais…

 

Après plusieurs semaines sans incidents graves, chacun y ayant mis du sien en ce qui concerne les bacchanales et autres ramdams, Jérôme Ricard décida de rencontrer sa voisine du dessous afin de faire la paix si possible et sonna donc chez Muriel qui lui ouvrit en disant : « enfin , tu as mis le temps mon coco »  en lui sautant littéralement dessus et particulièrement sur sa braguette. Les préliminaires furent vite expédiés de sa part et lorsqu’elle retira sa petite culotte, Jérôme crut que l’affaire était dans le sac mais elle était seulement à découvert et lui avec son gros-jean comme devant en bandoulière, il en prit son parti avant de prendre son pied rien qu’en la reluquant car la Branlon-Lagarde valait son pesant de cacahuètes question minou et le reste, il lui fallut se contenter de peu en attendant la suite ou la fuite sans laisser vraiment choir sauf que. Il eut conscience de sa débandade quand il vit ses yeux exorbités, sa mine déconfite et ses propos virulents qu’elle lui balança rapido : « tu fais moins le fier que pendant tes corridas et autres tintamarres eh ducon tu vas pas te contenter de mater » et d’empoigner d’une pogne solide le flambeau qui partait en retraite avec la consistance d’un flamby… Penaud, Jérôme se précipita vers la sortie la queue entre les jambes sous le rire hystérique de Muriel qu’il trouva dépravée.

A peine remis de cette aventure qu’il jugeait fort désastreuse quant à son ego, Jérôme se demanda s’il n’allait pas revoir le commissaire Bonenfant pour cette fois déposer plainte pour tentative de viol. Il en était encore à se poser la question quand une nuit croisant par un pur hasard  Muriel dans le hall toujours en poudrée, elle le présenta à la compagnie sidérée puis goguenarde : « salut Ricard comme Pernod, valeureux chevalier à la triste figure et le reste ».

 

©  Jacques Chesnel

17:59 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

16/07/2012

MARESCA (Souvenir de l’été 84)

 

Ah la Toscane ! d’un commun accord avec l’amour de ma vie il fut décidé que ce serait notre prochaine destination de voyage au cours de cet été 84. Et on se promettait de visiter Firenze, Sienna, Pisa et San Giminiano sans compter sur d’autres découvertes, ce qui fut le cas. Mais où établir notre port d’attache afin de se reposer entre chaque ville ? Comme pour Aracena et l’exposition universelle de Séville plus tard, retour au compas, la pointe sur Florence distance moins de soixante kilomètres soit une heure de trajet et hop on tombe sur MARESCA (on dirait le joli prénom de una bella ragazza) village tranquille à huit cents mètres d’altitude sur la route d’Abetone à partir de Pistoia et lieu de résidence pour florentins l’été sa tranquilité sa douceur sa gastronomie, on allait en profiter suivant un plan bien précis, une journée une ville le lendemain repos et ainsi de suite… sitôt installés et nos marques prises à l’auberge accueillis comme les seuls français parmi une quarantaine d’estivants de tous âges seuls ou en couples sans enfant.

 

Nous partions le matin tôt et rentrions pour le dîner vers sept heures ; nous avons donc visité les villes choisies plus Lucca, Assisi, Orvieto, Gubbio, jusqu’à Viterbo… les jours de repos, l’amour de ma vie  approfondissait l’étude de l’italien, moi je lisais Le bel été de Cesare Pavese et après la sieste crapuleuse (toutes nos siestes l’étaient) j’allais regarder le Tour de France à la télé.

 

La première fois je m’assois à côté d’un vieux monsieur qui ressemble comme deux gouttes d’eau à cet acteur Charpin vu aux côtés de Raimu dans les films de Pagnol, buon giorno buon giorno mon voisin s’agitant dans son fauteuil au passage de Chiappucci le champion italien moi m’agitant de même au passage de Fignon avec son maillot jaune on se regarde sourit regard encore et tchao, on se rencontre après le dîner sur la terrasse fleurie où tout le monde déambule sous les tilleuls et se salue buona sera ou buona notte et le lendemain rebelote devant la télé et le vélo Fignon Chiappucci vous êtes français je suis sarde Stefano Lupo enchanté enchanté vous parlez bien français oui moi pas italien je vous ai vu hier soir avec votre heu femme oui c’est mon épouse vous aimez les femmes jeunes moi je suis veuf depuis longtemps je viens ici depuis ma retraite d’avocat car en Sardaigne il fait trop chaud pour moi en juillet-août Chiappucci va gagner le Tour de France non Fignon est le plus fort…

 

Le soir venu je lui présente l’amour de ma vie qui lui parle en italien et lui qui répond en français et moi qui ne dis rien, ce fut le début d’une longue et fervente amitié qui dure toujours (nous sommes allés chez lui à Cagliari, il est venu en Normandie, a été étonné de tant de verts pâturages et des vaches disait-il émerveillé encore des vaches et le Mont Saint-Michel ah !) c’est lui qui nous a fait découvrir Lucca (traduction Lucques en français ?) le Duomo San Martini, la piazza Napoleone, l’église San Michele in Foro et son fronton si décoré, la tour Guinigi et son bouquet de chênes en haut de la tour, ses fortifications et ses nombreuses portes, puis nous sommes allés à Monte Catini admirable petite ville d’eau, à Castelfiorentino manger des gnocchis si délicieux, tout ce qu’on n’aurait pas vu sans cette rencontre miraculeuse… le soir après de nouveaux conciliabules sur la tintarella (lieu où l’après-midi quelques alanguis s’exposaient au soleil) avec Stefano nous avouant sa passion pour la littérature et la poésie françaises nous récitant des fables de La Fontaine ou des tirades du Cid un poème de Baudelaire une citation de Camus, dispersion soit vers le chambres, la télé ou les salons dont celui ou se réunissaient les joueurs de cartes… invités par Stefano, nous regardons les joueurs et le jeu auquel je ne comprends rien mais absolument rien l’amour de ma vie si et elle se trouve invitée à participer à la prochaine partie… qu’elle gagne haut la main vous avez de la chance lui dit-on aimablement encore une oui qu’elle gagne de nouveau vous jouez bien lui assure-t-on avec un sourire crispé encore une si vous voulez qu’elle gagne de nouveau et encore une autre… bon dit l’assistance unanime et grimaçante il doit être l’heure d’aller se coucher non ? buona notte a tutti…

Le lendemain on se retrouvait Stefano et moi devant la télé Chiappucci et Fignon qui allait gagner la grande boucle, plus tard dans la soirée personne n’invita l’amour de ma vie à jouer à une nouvelle partie de cartes… nous partions le lendemain, nous avons beaucoup aimé notre séjour dans cette auberge à Maresca cette année-là.

 

©  Jacques Chesnel  (l’amour de ma vie)

11:03 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

07/07/2012

DÉTOURNEMENTS (2)

 

. mieux vaut manger son chapeau que la peau du chat

. arrêter sur les casquettes de roue

. retirer la queue du diable

. avaler sa façade

. l’hymen à la joie

. la poudre des crampettes

. les pets âgés des autoroutes

. avoir peur du Loir si Cher

. une camisole de faiblesse

. la force de démarrer les marées

. ça dépote chez les empotés

. les sévices du rangement sont en dérangement

. Bernard envie les ris en Libye

. Claude chat drôle

. Mimi ratisse

. Charlotte première de cordée

. Guillaume Roquet quête

. Monsieur Léo Tôt épouse Madame Léa Tard

. laisser monter Verdi et descendre Monteverdi

. Lothar rit quand l’otarie ne rit pas

. les pépées de dames aux caisses

. aux grands maux les petits intermèdes

. la trombe ose, la thrombose aussi

. l’arme mature des armateurs

. les bites niquent toujours (oh), les beatniks aussi (ah)

. Dracula : pire que le bal des vents

. sot donne et go maure

. les raison des tas

. l’état de ferraille

. l’effet railleur

. applaudir dès demain

. radieux mieux irradié

. corruption des corps rompus

. apparatchik en habit d’apparat chic

. vocable irrévocable

. j’essuie comme je suis

. les roux manient mais la Roumanie nie

. l’apologie du logis

. le siège s’est refermé sur le Saint-Piège

. la licorne d’abondance

. fruit de bond

. université de Coimbra : bac A là-haut

. une fin de loup

 

© Jacques Chesnel

 

 

11:54 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)