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30/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. 3

                                                    

              

                                                     3 

                                           Sarah - Molly

                              (Une amitié deux particules hier) 

 Sarah Vigotte avait connu Molly chez les sœurs qu’on dit bonnes, à tout faire même surtout des vacheries ; tout de suite elles étaient devenues copines comme l’évêque cochon que la sœur Marthe supérieure adulait (sans gin). Dis pourquoi Molly avait pensé Sarah et pas mollo car Molly n’y allait pas de main morte pour les sonneries et les conneries… ben avait-elle rétorqué je m’appelle Blum et mon pater il a du lait aussi un drôle de pas roissien, un certain  Djèms Jouasse, écrivain du blinois et balèse avec ça… alors tu penses… ben non dit Sarah pour une fois… chut intimait intimement la sœur Martha l’apôtre du martinet qui valsait sur nos derrières pour oui ou non plus facilement qu’imprévu… et l’Albertine qu’on appelait Madeleine à cause du Proust ma chère… elles nous rabattaient les oreilles que c’était pas à lire, en enfer en enfer les livres du p’tit Marcel qu’on se précipitait comme des malades sur les jeunes filles en fleur que dalle…(Sarah V. pensait ça ne casse vraiment pas les carpates à un canard) ah ces sœurs, assesseurs, toutes à mettre dans l’même panier avec en plus la main au… (Sarah pensait et vite fait)… et celle qui furetait  l’air affairé de la reine, la sœur Huguette avec ses besicles de chat-moine (Sarah pensait l’Hue guette) en chasse de petites souris apeurées que c’était nos zigues… la Béatrice encore qu’on appelait trop tinette ou (Sarah pensait) la Béa trisse., ce qu’elle a pu (pue) nous en faire voir… yavait que la petite novice (no vice) Constance qui nous bottait avec ses jolis seins en pleine poire (on apprit plus tard qu’elle décéda de mort suce-bite en compagnie d’un pompier venu éteindre son incendie)… et le père confesseur qui assumait bien son boulot, pas le dernier pour l’exécution des punitions… on pouvait pas l’appeler le Père Manganate parce que déjà pris… alors on l’appelait pas… si, des fois, le Père Igor noir désir droit dans sa soutane piteuse, pisseuse et mitée…                                                                                                 

Sarah et Molly avait sympathisé dès le premier regard, elles s’étaient reconnues, re-connues… Sarah la vraie fausse blonde pas tinée pour un sou et Molly brunette nette sur et sous elle… un vraie frangine, la franche copine, rien d’équivioque dans nos relations pensait Sarah… bon, un soir que la surveillante et vaillante sœur Clémentine ronflait comme un forge rond, elles s’étaient retrouvées dans le même petit lit oh ! un p’tit baiser, les mains effleurant l’intérieur des culottes petits bateaux… quelques secondes à peine et basta… rien de plus, pour voir, pour faire plus amples connaissances… et c’est tout…

On est des vraies potes pensait Sarah et Molly aussi… et alors que je te bacouète, pouffe, rebacouète et repouffe, des fous rires que les filles d’à côté hé oh vous arrêtez ou on va l’dire aux vieilles, les cafteuses de service, la Laure Alorapa, la Nicole Estérole… et la Lola Chatalair qui dormait cul nu (si les sœurs avaient su), se touchait sans arrêt la raie alors que nous si peu… et encore pas si souvent… que pendant nos songes (Sarah pensa je préfère les parties de rêves au raves parties)

-       dis, Sarah

 -       oui

 -       dis

 -       dis

 -       répète pas dis, dis-moi

 -       re-oui

 -       t’as déjà vu A Bout de Souffle au cinéma ?

 -       ben oui, une fois avec mon frère l’aîn

 -       et alors

 -       ben rien…

 Plus tard, bien plus tard quand elles se retrouvèrent par hasard, se souvenant de cette première nuit questionneuse comment qu’tu t’appelles, t’es d’où, i fait quoi ton père et ta mère elle travaille et Molly dit, de Neuilly, p.d.g. (Sarah avait pensé pédé quoi ?)… tu aimes le ciné oui mais pas les ouest ternes, que les histoires d’amour qui finissent mâle… et Godard, ah la vraie question qui fâche…heu…(Sarah avait pensé God-art, God-ant, God-as(se), God-iche, God-illot, God-lureau, God-miché et tous les God ah mon dieu…je préfère En attendant Godot à en attente de Godard et le cinéma louche à celui de Lelouch… allez on n’en parle plus, changement de conversation… fermez le bang…                                                                                       

Elles avaient rendez-vous à la Bastille dans un bar à confiture à la mode et fait mère ce jour-là vers les six heures… tu n’a pas changé toi non plus oh quelques kilos lourds à portée de main tu rigoles et aussi quelques rides oh si peu… tu es mariée non et toi non plus enfin plus quoi plus mariée comme moi mon mari était très beau ah le mien buvait (Sarah pensa je préfère un mec beau que j’l’ai déjà pensé … Molly, elle, ne pensait rien)…

Le patron arrivait en se tortillant vous reprenez-ty bien un p’tit quèque chose ? confiotte ou compote ? Sarah et Molly éclatèrent de rire comme chez les sœurs tu te  souviens… et celle qui boitait sœurs Pataressort clic clac clic clac…(Sarah pensa pas tard sort, sort pas tard…)

 Elles reprirent quelques louches de compote. (Sarah pensa que ce mec devrait faire fortune avec la rhubarbe autrement que dans la rue  Barbe).

-       vise le mec, dit Sarah

 -       qui ? qui ? lequel y en a tant et tante

 -       le blondinet, là ; qui traverse

 -       oui, et alors

-       c’est un pote, mais pas clair, un peu louche (elle pensa je m’en referais bien une couche de cette com-pote)

 -       on l’évite ou on lévite ?

 Il avait vu Sarah et fonçait sur elle, tout droit. 

Philippe dit Phil Armony, employé muni si pâle qui ressemblait à Rocky Sous-Fredo (celui du sexe à pile à poil porno), avait quelques problèmes depuis qu’il avait volé l’or à Torio, compositeur de rap pas trié sur le mollet à part ça. Y en a que l’homo gène (Sarah pensa avec les nouveaux gênes en provenance de Gênes, cela devait s’arranger) mais Sarah ne voyait pas de dit fait rance. En attendant son procès (les pros savent), Phil complotait dans sa mairie pour avoir de l’avancement mais ses combines dans l’héros-ine et la fauche rapeuse tournaient mal, et surtout très mal. (Sarah pensait le patron lui compotait à tour de bras et rhubarbait sans barbituriques tandis que Barbie tu ris que le fumier il en prend plus et pour cause, le Klaus).                                                                                                  

-       salut, Sarah

 -       çavaty, Phil… ma copine Molly

 -       salut, Molly… Sarah-Molly, elle est bien bonne

 -       quel mufle, pensa Molly qui pensait aussi de temps en temps

 -       et toi, l’andouille, Phil Armony, tu crois qu’c’est mieux…

 Il en resta bouche bée, Sarah lui avait claqué le beignet et fort.                                               

-       vise le mec, dit Sarah

 -       encore, dit Molly

 -       oui, mais çui-là, c’est…

.-       qui, qui… elle se démanchait la tête et finit avec un p’tit colis à tort dit torticolis…

 -       ouais, marre toi, l’andouille l’a pas vu, c’est Torio et le v’la qui fonce sur nous

 -       putain de merde, dit Molly alors qu’elle ne jurait jamais, putain de merde, Torio ? le volé de Phil ? il a l’air bizarre, ce taré… 

Sarah pensa je préfère un air drôle à un drôle d’air ; elle pensait pas juste car le Torio (fou à lier, folle alliée) qui voulait reprendre son flouze arrivait sur le Phil blémissant et bramant non-non-non… il avait tout compris

Le Torio prit une coupe pleine de rhubarbe et la balança sur le non-non-non en pleine poire (Sarah pensa tiens j’y avais pas pensé poire et rhubarbe)…) faudra le dire au patron qui se pointait et gueulait kia kia kia messieurs enfin… et splash c’est lui qui pris la confiotte car le Phil s’était baissé et le patron pas du tout, il hurlait ah le salaud ah le salaud… et les filles rigolaient pas qu’un peu et s’ensuivit une bagarre générale à la confiture dans le genre des films de Lorelei hardie ou un truc comme ça qu’elle se souvenait plus…

 … sauf que le Torio furieux, furioso  comme Orlando avait sorti sa lame, du même cas libre que celle de Brute Ouilisse, et en lardait le Phil pétrifié et abasourdi, abattu et assourdi… il tomba le pif dans la confiotte… Sarah pensa au beau mélange de couleur que cela faisait, le brun de la marmelade et le rouge de la mare de sang, wouah… elle pensait vite et avant que la flicaille radine elle et Molly avaient pris leur distance en se jurant que pour la prochaine rencontre ce  serait plutôt cinoche ou resto sans confiture ou marmelade au menu…                                                                                                    

Le lendemain au téléphone, les deux copines de cœur  s’esclaffèrent en chœur… elles avaient lu dans la presse que le Phil allait s’en tirer malgré tout le raisiné perdu, que le Torio allait récupérer son magot,  que le compotier avait pris une bonne prune, puis une sacrée pêche et avait le nez… en compote… Sarah pensa comme il avait le pif en pied de marmite, ça n’allait pas le dépareiller… et comme d’habitude Molly, cerise sur le râteau, ne pensa rien…

 

                                                                                                 (à suivre)                                  

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22/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V. (2)

 

2

 

Sarah bat sec

    Quelle sérieuse patate qu’est-ce, repensait Sarah… le manège de son ménage avec Brute ne tournait pas vraiment rond…alors elle passait son temps libre à écouter de la musique entre les multiples assauts de son zob cédé de con pagnon… Elle rêvassa (ça c’est sûr, un vrai monument de grasse) et se souvint  (sous vin ?) avec des lectations avoir entendu sur une route de Toscane Mozart-Ella (di buffala) coup sur coude (le Wolfgang  à mes deux housses et la Fitz  à Gérald étaient ses chouchous)… plus tard la Môme Piaf chanta cinq chansons et Gloria Lasso six. Sarah se rappela avoir lu dans un sacré numéro de Téléramachin certaines croc-niques de records (elle prononçait riz-cordes) : la Cavalerie classique en avait chargé trois, la Paquotille quatre, le Barboteux cinq et le Contat aussi sot six… comme tout le monde, elle avait bien riz gaulé… décidément le riz, faudrait voir avoir s’il en reste en risée… dans le même canard (cas rare, curare, cul rare) elle avait aussi entendu parler de sa pine osa, pierre bourde dieu (oh) ou bourde yeux (ah), gilles deux leuze ainsi que de michel assis au rang et michel au frais… tous ces file au zob qui se prennent pas pour kant entités non négligeables… Sarah pensa j’préfère tout de même les bananas Sartre…

Sarah, dès abusée, avait rencontré son voisin qu’était batteur ; il lui avait fait connaître les plus grands caresseurs, frappeurs et dreummeurs de la planète djazz ; depuis elle arrêtait pas de parler des enfants de la batterie, les Dchic Oueb le premier génial, un nain nincomparable, File Ojojone, Max Roche sans Bobois, Toni Ouilliams, Jack Deuxjeunettes et son préféré Elevine Djones. Ce dernier qu’était pour elle le premier, l’impressionnait, son jeu of course, les photos de sa tête qui fumait et des histoires sur la dimension de son zizi entrevu par certains (dont les amis deux Lorme) à Antibes en 65 alors qu’il sortait de la baignade nu comme un ver (il en avait pété les coutures de l’eslip d’emprunt). La vision lui faisait des chatouilles ouille car question quéquette, celle de son Brute, c’était comme qui aurait dit pas la joie malgré les efforts des espérés pour se la rallonger avec l’aide de longs gants gris (ce qui ne l’empêchait pas d’élimer à tous bouts de champ que la pauv’ Sarah n’en pouvait mais, elle avait le feu au minou, ça alors quel Siné cure)                                                                                             

-       que sais-tu faire, dis, Nan, demanda-t-elle au musico

-       d’abord, répondit Nan, je m’appelle René et pas Ferdi

… et c’est ainsi que Sarah se mit à marcher aux baguettes et aux balais sur les peaux et les cinq balles y compris la charles et stone.

Au bout de quelques leçons, Sarah ramant dur accompagnait les Jazz Messeinegeurs sur les longs jeux qu’on  appelle LP et qui font 33 p’tits tours et pis s’en vont… elle aimait beaucoup l’art du Blaqui et celui de Veine Chorteur, un saxologue de première ; au bout de plus encore, Sarah monta un groupe, le Sarabatteuse Big Band (15 caïds comacs) avec un répertoire  comme mac, des tubes de Douc et Lineguetone comme le Taxi Etrennes ou Toute ta queue traîne ( ?),  le Car A Vanne de celui qui perd Dido ou encore la solitude du Moune glauque… bref, rien que du succès comme garantie… et avec de ses solos pim pam poum… alors le René dis qu’c’est du naNan pour une nana  pareille… le Black qui n’a qu’a bien se ternir dit va yavoir de la concourse rance…

Le Brute encaisse mal ; alors lui aussi cogne… sur Sarah ; elle pense j’y filerais bien un coup de djinolait seulement pas question de revoir Lesgros Robert et sa bande ; alors elle accumule et se dit en riant et en allemand artung bitte schön (en français attention belle bite, quoique là-dessus, pour Brute faut une tête chercheuse) ; faudrait trouver un con-sein-suce mais avec cette bande de nœud allez savoir… la lune de miel aura fait long feu, les couteaux, marteaux, ciseaux et rideaux sont tirés sur le veau de lait, va falloir que j’m’tire…

-       Et maintenant enlaidies et gens du mans, voici la reine de la    batterie, la belle et talent tueuse moissonneuse-batteuse, la diva de la grosse caisse et passez la monnaie, j’ai nommé Sarah Vigotte et son Sarabatteuse Big Band très fort… aboya le spiqueur habitué aux manies de la chaude bise.

Sarah fait son entrée sous un paratonnerre d’applauglissements progressifs… et aperçoit le Brute au premier rang une main dans sa poche-révolver ; Sarah pensa ce con va me plomber sur scène, comme l’ex copine du trompettiste Limorgane, bordel de merde, y va me dézinguer en plein solo des monstres hâtifs… et le v’la qui sort la main, qui sort de la poche la main et de la main une barre choc au latté qui m’fait un signe et me balance… un sourire à se décrocher comme Waldeck (bis) la machoire qu’il a trop d’natte… Sarah pique sa suée et pensa rien sauf qu’elle avait eu une de ces frousses…. un, deux, trois, l’orchestre démarre sur les chapeaux de roues, pète, vrombite de Chaval et de Chabal….                                                                                    

caracole, déménage, Sarah ahane, reine du tempo, impératrice du beat (elle pensa : et non de la bite comme certaines salopes),   virtuose du binaire, déesse aussi du ouane-voumane-chaud, Ouilisse bat la mesure en décadanse, sans contredanse, Guile et Vance vont en prendre de la graine… stop-chorus, et j’te frotte un coup, bing deux coups, chtac chtac, chtac, vrrrrrrrr, clinc, clonc, hop, mop, bop sans flop ni flip, flap, tonk… avec un truc bien à elle : le flap-flap, entre clic et clac, clap et clip… les confrères, enfin les frères pas cons, jubilent, exultent, s’extasient sans pilule, tout le monde sur le pont, et le reste debout le cul entre deux chaises… 

Sarah s’effondre et puisée, larmes à l’œil et non l’arme aux yeux, le sourire de la sainte devant l’apparition, transpirant de bonheur  sous les vivats, hourras et hip hip hip hop, hourvari (encore !) de cris et de clameurs… un vrai triomphe, quoi… amateurs et mateurs tous debout… A France-Sphincter, Julien Déflore glapissait ouais ouais mouais… Sarah, comblée, pensa je préfère un amateur éclairé à un mateur mal voyant… à la pause, elle avait la connaissance de grandes vedettes, bonsoir je suis Keith Jarrett (elle pensa déjà quitte, j’arrête, à son âge ?), hello je suis Gary Peacock (elle pensa gare il picole ?) et v’la maintenant le Jack sans ses deux jeunettes… que la tête lui tournait…

et Brute dans tout ça… youpi youpi c’est ma gonzesse, ma meufàmoi, qu’il hurlait… il grimpe sur scène et te roule une telle pelle que Sarah s’étrangle ; elle pensa il va pas me faire le coup de la Maumone quand même… Ce soir là, ils n’eurent pas le temps d’arriver au lit, le Brute se déchaîna et Sarah pensa faudra que j’pense à lui refiler du trop mûre dans son breuvage que c’est plus possib…

La Kritik était dit-il rambique et dans les bacs ça sillonnait fort ; même que le gars Francisque Barre - Bande, le nain tégriste de la mafia frifriteuse, bandochait à mort (Sarah pensait merde si il encense il va tout foutre par terre et j’vais prendre une gaufre)  comme le Lucien qu’a l’son mais qu’on comprend rien, comme Axel Linuthile qui porte si bien … Seul l’Alain Gerber la faisait pas gerber, alors…

Trop de succès tuant le succès (le suc sait aussi)… le public maso chiite et vers sa tuile se lassa vite ainsi d’ailleurs du show chaud que Sarah… qui jeta l’éponge et les baguettes en même temps au bout de quelques mois bien que maintenant vedette. Nan dit non et Sarah si ; elle pensait : mieux vaut finir en beauté de son plein gré que lâché par les meutes ; elle mit donc un coin final à son entrée dans la carrière après quelques enregistrements sur CD et DVD de collecte si on les achète (Sarah avait toujours pensé qu’elle préférait le DVD au décédé)…

c’est que pour du nouveau y allait en avoir encore et toujours…

 

                                                                                                (à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

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15/01/2015

LES TRIBULATIONS DÉLIRANTES DE SARAH V.

 

             1

 

            Sarah - Mone 

 

  Le verre était sur la table. Sarah pensa c’est mieux que le ver dans le fruit ou le verre dans l’nez…  j’ai envie, non, j’ai besoin d’un p’tit remontant ; elle se versa un verre de gin, avec un soupçon de lait, ça radoucit. Elle pensa, il faudra que je desserre la ceinture de mon jean ; mon pote Jean va encore ricaner. Elle pensa, faut que je pense à acheter du riz caennais. Elle se reversa une goulée. Elle pensa cette liqueur a vraiment un goût laid et fit la moue, l’âme où ?, et se dirigeable en mongole fière vers le réfrigérateur. Elle pensa le rêve figé rateur, le rai frit gère à l’heure, le … zut. En ouvrant la porte, elle sentit le froid avec effroi. Elle pensa trop de lait froid, ce doit être cela, baisser le manomètre. Elle pensa baiser la manne au mètre. Elle se rassit avec un morceau de pain frais. Elle ne pensa à rien. Sarah sentit les bienfaits du breuvage. Elle pensa au veuvage aussi, dur à avaler, ça ravaler itou. Elle avait maintenant une envie de se faire remonter et de se faire mettre les pendules à l’heure. Elle pensa aux pendus râleurs et à leur bandaison finale, à leur déjà culation. Cela lui fit un p’tit quèque chose. Elle eut envie d’un gros cake chaud servi par un mec chauve… et maigre…

On aura compris que Sarah Vigotte, la quarantaine bien tassée, une tasse à la main, aux dix vagations de sous Brett aux seins clairs, pense beaucoup et souvent, sous vent et sans arrêt obligatoire, circulez ya rien à voir à part le laid cul d’une voisine sympa mais bon…

Elle hoqueta et dit ok, on va pas ressasser et passer l’hiver. Elle pensa à repasser le linge d’été et rota dans son faux treuil en rotin. Elle pensa à un vrai treuil en faux teint. Elle rit et nota riz puis rotary à cause de la prochaine raie union du club où elle allait jamais, ah les cons !. Elle repensa à Jean, agent gentil mais bon, bon, con mais bon, au rendez-vous les mains en l’air et bas les pattes de deux mains ça me dit. Elle pensa non, ventre dit ou dit manche. Elle dit manche et Sarah sourit. Elle entendit toc toc et répondit du tacautac qui c’est qui sait à cette heure, six heures                                                                 

tapantes épatantes… car, méfiance, y avait un nez tringleur dans le coince tôt. Elle jeta un œil (elle pensa faudra à le récupérer) sur le verrou. Elle pensa le verre où, elle lavait dans la main, moitié gin, moitié rien… Une petite voix fêlée (elle fait bèèèè aussi) qui répondit c’est moi, moi qui, ben moi la voisine du pas lié côté cour toujours (on avait rasé le jardin, un pro moteur, un faux mateur, un nain compétent mais quand même) qui se précis piteux sur le lino de chez ventura avec un double sot périlleux et hop la boum. Vous prendrez bien une tite gougoutte, mâme Simone, s’pas ?.

 Elle pensa je tourne poivrot, et même poivrot d’armor, ah et pis au diable, c’est pas de rufus, ça fait de mal à personne par où ça passe, hein… mâme Simone s’en envoie un p’tit gorgeau et… rousse, gousse, glousse, tousse, mousse, (nousse ? non) pousse, s’étrangle, et tombe  deux rechef paf le pif dans le potage… Sarah Vigotte pensa merde ; elle pensait bien.

Mâme Simone, née Maune dite Momone ou Mone, était passée de vie à trépas pas très proprement car elle avait tout délégué sur le tapis pas volant du salon… Sarah pensa quelle vieille salope me faire ça que je la connais même pas à peine… ou si peu… 

Le commissaire Robert Lesgros (on l’appelait Lesgros Robert à cause de ses seins volumineux) arriva sur les lieux en bottes de sept vers dix-neuf heures. Sarah pensa il est ponctuel bien qu’il n’ait pas précisé le moment de sa visite entre dix-neuf et vingt, en plein milieu quoi

-       nom ?

-       Vigotte avec deux t

-       zoui, avec ou sans sucre ?

-       Vigotte, comme vizigoth, presque mais sans vizi et sans goth

-       de la famille ?

Sarah pensa et répondit : aucune trace sauf en Thrace en 736…

Lesgros pensa aussi et demanda : avant ou après machin J.C. ?

-       lequel, Jésus-Christ, John Coltrane ou Jacques Chesnel ?

-       Jésus qui ?

-       ah ! bon encaissa-t-il… bon, c’est pas tout ça… prénom ?

-       le mien ?

-       ben zoui (bis)

-       Sarah, Sarah, Sarah

-       trois fois                                                                                           

- oui, mes parents étaient bègues et mon père avait un hoquet bandeur… Tête de Lesgros, il pensa : « solliciter humblement et avec insistance » : dictionnaire Hachette encyclopédique, édition 2000, page 1557, il l’avait appris par cœur la semaine dernière en cours préparatoire au grade de dix visionnaire tu parles…

Sarah pensa quel gros con et la vieille qui refroidit en rigolant de sa bouche et dentée avec ça, elle pourrait au moins fermer sa gueule, non

-       vous connaissiez là, des feintes ?

-       des fois à peine

-       combien ?

-       peu, j’ai à pas comptés, de toutes façons, elle n’en avait pas ou si, peu (elle pensa il commence à me gonfler, Lesgros)

-       alibi ?

-       une fois en 50 avec mon marri pendant les congés, chouette ville, s’pas ?

Lesgros, surpris, elle est dure de la feuille, j’ai pas dit Albi

-       ah ah alibi

Lesgros, et en plus elle bégaie, c’est con et génital

-       vous êtes mariée

-       non, mon marri c’était mon mec à les poques, mon marri René, René de Mèrinconu, (sa moman a couché sous ixe alors), un vrai noble avec un nom à rat longe d’une grande des deux cents familles et gentil avec ça…

Sarah pensa et dit ensuite :

-    je prendrais bien un verre de gin au lait, çavoudity ?

-       qui, dit Lesgros

-       personne, dit-elle ; Sarah pensa il est sourd, c’est un branleur, moi, je préfère une bonne branlette à une mauvaise branlée…

-       VOUS PRENDREZ BIEN UN PEU DE GIN AU LAIT, beugla-t-elle, ah la vache (olé)

Lesgros pensa (lui aussi) et maintenant la drogue, je suis bien tombé, je te vais te la fourrer au trou cette là ; il rougit d’avoir de mauvaises pensées, la fourrer oui mais pas là, tiens…

Sarah pensa il va me violer, elle vira au violet ou presque mais pas là au trou que Sarah pensa cas chaud au commissairiat, va savoir avec les cognes aux grosses pognes…

Toc toc toc, on frappe (un tic ?), un nain specteur Ferrer (Thuri pour les intimes), remplaçant sa collègue Edith Lamesse enceinte jusqu’ aux, entra et dit :

-       patron, que fais-t-on du cas d’Avre, siouplait                                                                                                   

-       heu                                                                                              

-       on attend le lait giste

-       mais on peut pas, sa gardavue se termine dans une heure

Sarah pensa ya des timbrés quand même, le lait giste, alors que j’y offre du lait au gin Mâme Simone eut un rictus de morte, elle aussi pensa non seulement il est sourd, y s’branle et y confond

En effet tous confondait car d’Avre ou plutôt son cas attendait dans le car qu’on en finisse avec l’air heure jus du cierge, on avait arrêté un innocent présumé tringleur du quartier qu’avait un alibi, lui, il se trouvait à Albi le jour du dernier crime, le crime du dernier jour…

Sarah pensa quelle patte à caisse, les flics mélangent tout avec rien, on va commencer si ça continue et on reprend tout à Zorro.

Ouf ! En effet

-       nom ?

-       Vigotte

-       avec un…

-       ânon, vous allez

-       patron, et d’Avre

Le légiste se pointe alors et à l’heure.

Pouah que le légiste est laid, pensa-t-elle, il va pas trafic ôter la mâme sous mon nez et Lesgros qui me mate toujours avec l’échec dans les yeux, sûr qu’y voudrait me sauter mais pas là bon de toutes façons c’est pas mon gendre…

-       bon on relâche d’Avre, on prend de risques à cause de son    

baveux, une baveuse en plusse

-       qui c’est, qui sait ?

-       Martine Carol

-       ah dieu de dieu, la teigne de baveuse, avec un nom pareil, elle se fait des couilles en or en plusse

Sarah pensa aux couilles de Martine et mâme Simone qu’avait eu de la religion de son vivant (de nom) grimaça, rictusa d’heureux chefs.

-       dites monsieur Lesgros Robert, c’est pas la vedette quand même, elle est morte en aux environs de, non ?

-       si, en 1967…non, pas un pseudo anonyme non plus c’est son vrai nom, enfin presque, Marie-Louise Mourer qué s’appelait, comme Vigotte Sarah, au fait le nom de jeune fille de mâme votre mère, siouplait.

 (Sarah pensa lui au moins il est pas icône au claque).                                                                                             

                        Plique, répondit-elle, jeune fille on s’moquette, pensez, Sarah

                     Plique, encore heureux que ça soye pas Bande, vous voyez d’ici

                     Sarah Bande ou Sarah Tatouille, hein ?

L’inspecteur réprima un rire, heureusement que le Vigotte s’est pointé, hihihi

-       reprener avec moi tous en cœur, dit Robert qui se prenait pour

Eddy quelque fois en regardant l’autre inspecteur désemparé

Ah ! Sarah, elle pensa qu’elle ne savait plus quoi penser, vivait-elle la raie alitée, un rêve, un cauchemar, une mauvaise blague à part, pince-me-je, tâte-me-je, dors-je ou quoi…

L’aboiement de Lesgros la fit sur sauter, elle entendit le mot suspect, elle pensa bêtement mieux vaut un lèche-cul qu’un suce pet mais c’est pas le moment de rigoler pasque le suce machin s’appelle Sarah, moi la Vigotte, en plein quartier du tringleur du 18ième, alors qu’il court toujours et que mézigue… au fait suspect de quoi, hein Robert, dis

-       on va analyser votre gin au lait

-       mais j’en ai bu devant vous et j’ai rien

La petite vieille pensa et moi alors de quoi j’suis morte, hein, j’ai toujours préféré tomber raide plutôt que crever allongée… et Sarah pensa aussi hein de quoi qu’elle est clamsée et se dit j’aurais préféré les premiers secours au dernier recours, ahahah

Le laid giste : on va l’emmener pour une auto psy, je verrais bien un empoisonnement à l’œil nu. Elle pensa je savais pas qu’on pouvait empoisonner avec son œil et nu encore, on arrête pas le progrès, elle eut encore un frit son et pensa j’vais encore faire de la température, dans ce cas-là je préfère une fièvre de cheval à un froid de canard. Elle pensa je me ferai bien un tit remontant, Lesgros la regarda, elle pensa il lit dans mes pensées, ce con

-       ce verre est une pièce à conviction

-       et la bouteille alors, dit-elle

-       pas question ou on va se fâcher

Sarah pensa faut mieux pas insister, je préfère un tour de vis à un vice de procès dur…

Les branques-cardiers arrivèrent à cinq avec la civière, il était vingt heures, ces cons allaient me faire louper Questions pour des millons et Qui veut gagner des champions.

Lesgros se mit à ressembler à une vedette de la télé, le genre Foucaud, en mieux, l’injuste prix en plus mal. Elle pensa je préfère un mec beau comme une bite à un mac laid comme un sous-dard… Lesgros Robert, c’est lui, l’éléphante manne dans le gendarme de seins trop pèsent, elle bonne celle-là…                                                                                              

Toc, toc, toc, quand c’est fini n i n i, ça recommen ence.

-       qui c’est bis

-       ben moi tiens

L’apollon entra, merde, Brute Ouilisse en personne, heu, en moins match chaud... Sarah pensa il a tout pour pas déplaire. Elle se sentait comme l’Isabelle à Djani, dans un état proche de l’eau-ail-eau (slurp).

-       kicétykatuémamémé, hurla le type en sortant une double larme et une double lame (il en voyait deux, forcément)

-       attendez, attendez, dit Lesgros, vamos a ver (de gin)

A ce moment très actif de l’histoire, Sarah eut repeur. Le gus vient pour me dézinguer. Elle pensa, je préfère mourir à temps en bonne santé plutôt que pourrir malade à contretemps.

-       c’est ben vrai ça, pensa la vieille qu’on emmenait à l’auto- psy ;

elle pensa aussi, j’aurais préféré qu’on m’emmène en auto

chez un psy de mon vivant, elle pensait juste bien que tête anisée et jaunie à l’idée d’un séjour à la morve et pas très fière d’être putréfiée ou pute très fière comme tu veux tu choises…

On voyait bien que le type commençait à s’énerver quand tout à coup, il fonça sur la bouteille de gin et avala gloup le reste environ la moitié pleine de la boutanche.

Et alors et alors et alors… RIEN… bon et le lait maintenant, regloup… et alors et alors… toujours rien. Elle pensa faut que ça passe et que ça fasse de les faits…

Lesgros, Ferrer et Sarah restent pets trifiés quoique l’anusse tu pourrais pas y entrer un doigt même le gros

Drinnnnggg, drinnnnggg, Sarah pensa pour une fois que c’est pas toc toc, drinnnnggg encore, le télé pas aphone cette fois

Elle voulut décrocher comme Waldeck, mais Lesgros pas touche, pas touche à Lesgros et le con prit le combiné et ructa :

-       Lesgros à l’appareil, quoi, non, ben ça alors

Il en restait comme deux ronds de flan qu’aurait perdu père et mère et même les deux en même temps

-       c’est grave, docteur ?

-       elle a rien

-       QUOI ?

Sarah pensa à une nouvelle vedette de la malle chance aux saucissons du type passe cale sevrée…

-       enfin si quand mêmeu, j’veux dire elle est pas morte, enfin si,

mais pas empoisonnée, enfin si mais à l’étouffée…

Lesgros transpirait à grosses gougouttes flac flac sur la moquette en solde et en lit crade… flac flac… tout plein…                                                                                                  

-       alors, alors, pressa Ouilisse et Sarah d’heureux chefs bis

-       ben voilà, tortilla Robert réprimandant un rot toto, la mémé avait mal au cœur, enfin si, elle avait des pertes au profit du cœur, enfin si, le corasonne gros comme une passe tchèque, enfin non, reprit-il, comme une pastèque

-       alors, alors, représsèrent Sarah et Brute en chœur sans perte

au profit

-       elle s’est étouffée avec la bourre , voilà, voui

-       quoi ? qu’est-ce ? répliquèrent les autres y compris le Ferrer

-       la bourre, quoi, le tampon déshumidificateur qui ya avant les cachets dans un tube de comprimés, enfin si, qui ya avant les comprimés dans un tube de cachets et puis merde, elle l’a avalé vite fait, çacé coinceté, et paf enfin j’veux dire, enfin bon

Le Ferrer toujours Thuri ne comprenait rien aryen, pour lui bourre c’était masculin et voulait dire flic ; il pensa (cela lui arrivait) : la vieille a avalé un collègue en lui faisant une petite gâterie, toutes des salopes… pendant que Sarah et Brute échangeait des regards de plus en plus, enfin si, de plus en plus. Sarah pensait ce type me semble de première bourre et Brute se dit qu’il lui en mettrait bien une bonne bourrée bourre et ratatam, ah une histoire d’amour avec plein de voiles autour était-elle en train de naître ?… 

Trois mois plus tard, lorsque Sarah et Brute s’unirent (le jour où l’étrangleur de boxon fut pris au piège et la main dans le sax de passe quoi), le commissaire Lesgros fit la danse du ventre avec les seins, Ferrer imita José du même nom en Toulouse-Lautrec dans Moulin Rouge de Djoniou Stone et Maumone qu’avait choisi l’enfer plutôt que le pas radis pasqu’il y fait plus chaud et que tout le monde il est nu, se reversa un p’tit verre de diablotin en souhaitant plein de bonnes doses aux énamoureux tandis que l’orchestre jouait le tango du désir partagé jusqu’au p’tit boute de la nuit et toilée.

Sarah maintenant Ouilisse (jusqu’à quand) mais toujours Vigotte vivait enfin le grand tamour… pour combien de temps… avant de nouvelles zaventures que voilà bientôt…

 

                                                                                         (à suivre)     

   

20:55 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

09/01/2015

AU RESTAU

  

Au cours de ces réunions entre copains qui se retrouvent une fois par mois pour rigoler, Jérôme entendit Alain son meilleur pote raconter cette conversation entendue dans un restaurant 

       :bonjour monsieur, vous avez réservé ?

        oui, au nom de Chesnel

        heu… pardon… Chanel ?, comme le parfum ?

        non, Chesnel, comme Bordeaux

        bien sûr, les rillettes, monsieur !, par ici monsieur Bordeaux, si vous voulez bien me suivre, voilà

- ah !, mes amis sont déjà arrivés, salut Maurice, ça biche ?, et vous Ginette, ça rouspète toujours ? excusez-moi pour le retard

- vous êtes tout excusé, on a pris l’apéro, enfin deux en plus, en vous attendant mais on est content que vous êtes là maintenant pour traduire le menu car on comprend rien ou alors yen a qui s’la pète avec les phrases que c’est trop aride pour nous, on a tout lu en long en large et en travers et on voit pas de pot-au-feu que c’est plutôt ça qu’on aime en général

 - je ne vous ai pas invité dans ce restaurant gastronomique réputé pour manger un pot-au-feu aussi succulent serait-il, mes amis, mais pour vous faire découvrir la nouvelle cuisine que recommande tous les guides y compris le Gault et Millau

 - alors là si le Millau c’est le gars du viaduc ça change tout, j’ai connu un gars au régiment en 40 qu’était un copain à lui et qui disait qu’il avait un sacré coup de fourchette et qu’il connaissait des chefs avec des trucs inventés originaux qu’il en restait tout baba, ils mettaient des noms pour épater la galerie que ça marchait bien alors pourquoi ne s’en priver, nous on fait plus simple

- je vous comprends mes amis, mais il faut sortir du quotidien, de l’ordinaire, du courant, du tout-venant, de l’habituel, du commun au lieu de rester chez soi à mitonner ses petits plats préférés, pourquoi ne pas découvrir de nouvelles saveurs, des mets inconnus, des recettes originales, dites-moi

- ben nous, on est habitué aux nôtres, on est pas des aventureux à nos âges, on croyait que dans une maison comme celle-là avec des étoiles partout on aurait droit à c’qu’on aime chez nous mais encore en mieux si c’est possible parce que là la Ginette, c’est un vrai maître-queux, une fine cordon bleu de gâte-sauces de toutes les couleurs et nos gars en ont la bave aux lèvres rien que d’penser à son pot-au-feu tout ça pasqu’elle y met une pincée d’herbes aromatiques pour les zygomatiques afin que ça relève et question relève j’peux vous dire qu’après ça y va faut les retenir les garçons ils sautent sur tout c’qui bouge et même sur c’qui bouge pas alors si vous voyez c’que j’veux dire… et pis avec tout ce charabia dont on a pas les codes on connait pas les combines en un mot tous ces chefaillons ils nous noient le poisson même quand yen a pas, vous avez vu une quelconque fricassée vous ?, une soupe à la graisse avec des lardons vous ?, une simple omelette aux champignons vous ?, un sauté de veau hop vous ?, ce qu’on veut c’est qu’ça nous chatouille les papouilles qu’on a délicates à not’ façon sans chichis, du lourd, du substantif

- vous voulez dire les papilles ? et du substantiel ?

- papilles et papouilles égalité pareil identique équivalent, on se dépatouille même avec les papillotes, on est des gens simples comme un job, et pis des papouilles sur nos papilles c’est le mieux qu’on ait trouvé, spas Ginette ?

- j’suis toujours partante par tous les temps pour ces trucs là… bon, on va vous faire confiance pour la commande, hein Maurice ?, mais en attendant je r’prendrais bien un p’tit apéro pasque souvent c’est long avec tout leur tintouin à la con… et vous, Roger ?

- garçon !... s’il vous plaît !.

 

Jacques Chesnel

11:23 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

04/01/2015

RENÉ

 

 - Allô, oui, Jérôme à l'appareil, bonjour… ah ! Elvire, comment allez-vous… un temps… je vais demander à Muriel… il appelle Muriel… c'est Elvire, elle nous invite demain à déjeuner c'est possible ?… allô, c'est d'accord pour demain, midi, pas de problème, on vous embrasse, oui, oui, à demain. Elle avait l'air mystérieusement excitée, dit Jérôme en raccrochant pensivement. 

- Aujourd'hui, je vous raconte toute ma vie, avec plein de photos, nous dit Elvire en servant l'apéritif, et je vous parle de René, surtout de lui, de lui avec moi.Nous nous sommes connus au début des années 60 au cours d'une réception chez des amis communs. J'avais remarquée ce beau jeune homme très entouré de femmes de tous âges alors que lui semblait plutôt intéressé par les garçons. Les commentaires allaient bon train mais je fus vite rassurée quand il m'invita à danser en me serrant et même se collant à moi d'une façon évidente, la tête me tournait, j'étais heureuse pour la première fois mais pas encore amoureuse. Amélie, ma meilleure amie-ennemie de l'époque, certainement jalouse, me dit un soir : tu sais, ton René, c'est un pédé. Ce qui restait de ciel me tombait sur la tête et prit plutôt le parti d'en rire : eh bien, ma vieille, on va voir ce qu'il en est manu militari… et il fallut me rendre à l'évidence, s'il me déclarait verbalement une flamme incandescente, s'il manifestait des transports intimes plutôt vigoureux, ce fut un désastre lors de notre première étreinte charnelle, comme il me le dit tendrement : mon corps ne suit pas totalement, bref, comme on dit maintenant : il ne pouvait pas bander, pas assez pour… était-ce cela qu'on appelle pédé ? 

Elvire se lève et revient s'asseoir avec un album de photo. C'est vrai qu'il était beau le René en pleine jeunesse, Muriel me dit plus tard, tu te souviens de l'acteur français Louis Jourdan dans Premier rendez-vous avec Danielle Darrieux, il était aussi beau.

Notre hôtesse reprend : - Nous eûmes de nombreux entretiens et d'explications avant notre mariage car malgré cet aveu d'impuissance sexuelle, j'avais accepté sa demande tellement j'étais folle de lui, il m'avoua qu'effectivement qu'il se sentait homosexuel mais m'assura qu'il n'avait jamais couché avec un homme, cela le rebutait, mon corps ne suit pas répétait-il. Il avait beaucoup consulté dans diverses spécialités, sans succès, mais il ne désespérait pas, je t'aime tellement, m'assurait-il.

Attendez, il faut que je déplace René qui s'énerve sur son perchoir, il sait qu'on parle de René, je l'entends à son bruissement de plumes.

- Elllvirrrre, jeute aiaiaiaiaimeueueu

Revenue, elle continue : - Nous nous sommes mariés une fois nos études terminées à Polytechnique, nous allâmes au Sénégal pour notre voyage de noces, René fut nommé à un poste important aux Ministère de la Culture en ce qui concerne les Musées de France, il était le plus jeune, et moi, je devins tout simplement aide-bibliothécaire par amour des livres. René était un bon mari et un mauvais amant qui n'arrivait pas à me combler sexuellement autrement que par des caresses dont il devint expert mais sans pénétration, je connus tout de même parfois des jouissances extrêmes et inédites pour moi. Je ne voulais pas prendre d'amant bien que très courtisée, j'avais pris la décision de rester vierge comme le fut Élisabeth Première d'Angleterre, celle qu'on appelait la Reine Vierge. Nous voyageâmes beaucoup à l'étranger, il me rendait heureuse aussi par les autres découvertes qu'il me procurait dans tous les domaines et nous commençâmes à acheter des œuvres d'art, à aller au concert fréquemment, à l'opéra et nous aimions principalement le jazz , quant à la lecture, nous devînmes spécialistes de James Joyce… quant à 51 ans, on lui découvrit un cancer des testicules, cette annonce nous parut pour le moins anachronique... cela fut très rapide, il mourut dans mes bras le jour de la saint René, autre parachronisme...mais comme disait Alice Coltrane après la mort de son époux, le grand John : « il est toujours là »… vous reprendrez bien une tasse de café et assez parlé de moi… 

Une fois rentrés, avant de s'endormir après cette merveilleuse journée , Muriel dit à Jérôme en le câlinant : et si on emmenait Elvire écouter René Urtreger après l'expo René Magritte ? Bon, elle doit avoir les disques de René Thomas et connaître Barjavel, Fallet et de Obaldia, la littérature c'est bien dans ses cordes...

 

Jacques Chesnel

 

14:03 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)