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16/10/2013

DEUX FENÊTRES

 

Il y a des fenêtres qu’on regarde sans les voir. Il y en a tant, pourquoi celles-là ?, ces deux là ?

JOUR

Chaque fois que mes yeux se posent sur cette fenêtre, volontairement ou par mégarde en regardant ailleurs, je perçois comme un frémissement derrière le rideau qui bouge insensiblement, comme un déplacement furtif de quelqu'un qui, derrière, subrepticement, ne veut pas se faire voir me regardant, moi... ou bien est-ce une illusion, un mirage. Carrée d'un 60 x 60 standard avec châssis en aluminium, cette ouverture est située au dernier niveau de cet immeuble typique de l'architecture des années 70 ou l'architecte dessinait d'abord les façades quitte à négliger une distribution des pièces intérieures abracadabrantes. Derrière le verre, un voile léger, discrètement opaque, quelquefois une légère aura de lumière même en plein jour. Ce léger tremblement de rideau était-il le fait d'une personne ne voulant pas se montrer ou bien quelque mouvement volontaire ou non, d'un enfant pour un jeu, d'un animal, chat malicieux ou queue agitée d'un grand chien ou...  Je ne cessais de me poser ces questions, ma curiosité étant à son comble parce que cette légère vibration, ce minuscule remous semblait se manifester à chaque fois que mon regard se dirigeait vers ce carreau singulier... ou bien était-ce, une illusion, un mirage. Je connaissais de vue la plupart des occupants de cet immeuble, croisés sur le parking ou rencontrés lors de la fête des voisins. Personne ne me semblait être celui ou celle qui jouait à cache-cache avec mon indiscrétion secrète. Mais...

 

NUIT

Il y a longtemps que j'avais découvert cette petite rue, plutôt ruelle, dans le vieux quartier de ma ville, celui épargné par les bombardements de la guerre. J'aimais m'y promener de temps en temps pour retrouver sans nostalgie mais avec un petit pincement au cœur les moments de mon adolescence au cours de laquelle j'avais connu mes premiers émois amoureux avec de chastes ou parfois fièvreux baisers des fiancées d'un jour ou d'une semaine. J'avais repéré cette vieille maison de grosses pierres mal jointes avec seulement une porte et une petite fenêtre carrée, son châssis en bois avec ses persiennes peintes d'un bleu délavé. Chaque fois que mes pas se dirigeaient instinctivement vers la bâtisse, le rideau de dentelles ou de macramé marquait comme une oscillation, un frissonnement faisant se mouvoir les motifs décoratifs de la tenture à l'ancienne. J'étais resté quelque fois en observation mais personne ne s'était manifesté... était-ce une illusion, un mirage ou une chimère?. Je suis revenu récemment  dans ce quartier, la masure avait disparue avec d'autres, faisant place à cet immeuble typique de l'architecture d'aujourd'hui où l'on se préoccupe autant du confort de l'habitant que de l'esthétique extérieure. Je revins dépité, sans véritable amertume mais avec le regret des baisers volés aux fiancées oubliées ou encore présentes dans ma mémoire. Rentré chez moi, je me dirigeai vers ma fenêtre pour voir celle d'en face où je constatai pendant de longues minutes que rien ne bougeait en ce moment, pendant de longs moments.

Et si derrière le voile se tenait cachée une mes anciennes petites amoureuses de cette petite rue, ruelle plutôt, elle, discrète, me sachant revenu de ce voyage évoquant une jeunesse lointaine. Et si...


© Jacques Chesnel

18:10 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Fantastique dans tous les sens du terme avec un côté Hitchcok ... j'adore !

Écrit par : Patrick Lecordier | 17/10/2013

Savoureux en diable !

Écrit par : Blue | 19/10/2013

Fenêtre sur cour... mais en noir et blanc !

Écrit par : Dominique Hasselmann | 22/10/2013

Les commentaires sont fermés.