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02/10/2013

LES CHÉQUES & MAT

 

 

Nous informons notre aimable clientèle que n’acceptons plus les chèques

NOUS N’ACCEPTONS PLUS LES CHÉQUES !

C’est en faisant le plein de carburant à la station-service près de chez lui que Jérôme lut avec surprise cette information et qu’il pensa aussitôt que lui par contre n’acceptait pas l’échec suite au licenciement qui venait de ruiner ses espoirs de s’en sortir après tant d’années de galère dans cette banque de merde et qu’il n’allait pas l’afficher partout à la vue de tout le monde. Il se remémorait plusieurs affaires identiques, ce qui était insuffisant  pour le consoler. Il n’était pas allé mettre une note du même genre sur la porte du bureau de son chef de service avec un nous n’acceptons plus les mises à la porte pauv’con, non, il avait seulement pensé à balancer une magistrale paire de baffe dans sa gueule de raie pas nette (la raipanette), il avait mimé le geste peu aimable, vous auriez vu la bobine du gus avec son bras levé pour se protéger malgré tout ne me fra fra frappez  hein ? tiens paf paf deux fois dugland alors tu gueules pas nous n’acceptons plus les paires de gifles… et puis tant qu’on y est est-ce qu’on ne va pas aller placarder nous n’acceptons plus vos augmentations du prix des carburants injustifiés sur les murs de la société GLOBAL avec son pdg tête-à-claques et sa moustache en balai-brosse à la con (encore un paf paf). Au moment où un peu partout souffle dans le monde un vent de rébellion souhaitable et souhaité, Jérôme pensait que ce serait bien de se trimballer avec des pancartes NOUS N’ACCEPTONS PLUS L’ÉCHEC, il s’imaginait la tronche de politiques, la bouille des p’tits vieux, la trogne des syndicalistes que Jérôme aimait bien pourtant mais qu’il trouvait vraiment tous couilles momolles raplapla planplan. Imagine, disait-il à une Muriel médusée comme un radeau, des centaines, des milliers de panneaux, pancartes, écriteaux, banderoles et bannières, prospectus, tracts, réclames de tous formats les plus grands de toutes les couleurs, les enfants avec des T-shirts et des p’tits shorts, les ados avec blousons ou minijupes, les bourges en loden vert et jupe plissée, les bonnes sœurs extasiées, les curés emballés, les footballeurs déniaisés, les commerçants souriants (denrée rare), tout un monde en liesse et en verve brandissant, arborant, agitant, exhibant, déployant, hissant haut les pavillons de la révolte NOUS N’ACCEPTONS PLUS L’ÉCHEC… putain, c’est le grand soir, enfin, la délivrance, la fin de l’esclavage, le monde nouveau est devant nous, allons zenfants, il est revenu le temps du muguet, le soleil se lève au beau fixe… et Jérôme se réveille avec un grand sourire, celui qui fait craquer sa Mumu qui alors prend délicatement son cher et beau zizi encore assoupi dans sa menotte droite si délicate et experte et qui lui murmure à l’oreille d’un ton néanmoins impératif:

JÉRÔME CHÉRIIIII, NOUS N’ACCEPTONS PLUS L’ÉCHEC !


©  Jacques Chesnel

18:48 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Les pancartes pouvaient d'ailleurs être réversibles et on lisait alors la formule :

// "Nous n'acceptons plus les chefs !" //

Écrit par : Dominique Hasselmann | 06/10/2013

:-)

Écrit par : helenablue | 06/10/2013

L'échec en maths, aussi.

Écrit par : Clopine Trouillefou | 14/10/2013

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