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20/10/2013

EMPOIGNADE (Hommage à Dubout)

 

Je n'aimais pas du tout la tournure que prenait la conversation, pas du tout, il me semblait qu'il y avait des limites à ne pas franchir et certains avaient l'air de ne pas vouloir en tenir compte. Il y avait un tel barouf, un si réactif boucan, une immense cacacophonie, un brouhaha ah ah immense, un furieux tintamarre, on n'arrivait plus à s'entendre, ni à s'écouter parler, un comble ! De temps en en temps, quelqu'un hurlait plus fort STOP et après un millième de seconde cela repartait de plus belle. Un petit chétif se leva et se fit rasseoir illico bouge pas mon gars, un grand balèze se mit debout et se replia sur lui-même bouge pas mon gars, un troisième du genre fluet éternua et se fit moucher ta gueule mon gars, un autre péta plus haut que son cul ferme-la mon gars, la grosse Simone dit zut, le gringalet grogna crotte et patati et patata et pataquès vociféra le reste de l'assemblée. Comment cela avait-il commencé, personne n'aurait pu le dire : peut-être par Quentin en tant que tel, par Guillaume qui ramène sa pomme sans arrêt, par Clément le maraudeur des mots, par Léon le roi de la frite verbale, par Cyril et son alphabet bizarre, Maurice et ses rimes riches, Jérôme le vrai môme, Charles qui parle pour ne rien dire, tous prêts pour un vrai ramdam avant pendant ou après le ramadan, apôtres du chambardement, hurluberlus du chahut cru et du tohu-bohu velu, houspilleurs de hourvari, tous d'accord-raccord pour dégainer plus vite que la parole, à sortir le couteau des mots et des maux, à lever l'étendard de la parlote et du verbe haut... Et cette fois, quel avait été le sujet de ce débordement à la Guy Debord à bâbord et tribord, on aurait mis chacun dans l'embarras car tous les sujets possibles avaient été abordés par-dessus bord et personne pour mettre le holà ou faire la ola de rigueur. Il y a eu une brève seconde de silence quand, à la télé restée allumée, le spiqueur annonça la victoire de l'équipe locale de foot par 4 à 0 OUAIS, c'était pour repartir de plus belle, de plus en plus fort de plus en plus plus en plus, jusqu'au bruit inhabituel dans ces circonstances : une gifle, signal du démarrage avec rage d'une giflitude collective prenant de l'ampleur dans l'amplitude et l'ampliatif... C'est alors que l'accorte et forte Simone qui s'était discrètement repliée avec la forte détermination qui la caractérise en roulant les épaules qu'elle avait débordantes, revint de la cuisine avec un plateau chargé de chopes de bière à la munikoise et beugla d'une voix de stentor et avec emphase :

QU'ON SE LE DISE, BORDEL, MAIS YEN AURA PAS POUR TOUT L'MONDE...

Excusez-moi, je vous laisse deviner la suite.... agitée.


© Jacques Chesnel

14:35 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Bon, ça va cinq minutes...

Écrit par : collignon | 20/10/2013

Où l'on voit à la fin que Simone trône en bourg !

Écrit par : Dominique Hasselmann | 22/10/2013

Les commentaires sont fermés.