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23/12/2010

LE BOUT

LE BOUT

Ou

De la soupe et des soupapes

 

Pour aller jusqu’au bout, je ne sais pas encore par quel bout le prendre mais je crois quand même tenir le bon bout. Me revient en écrivant cela un souvenir de zan : quand je demandais un bout de ce délicieux réglisse à ma Maman je lui réclamais toujours (après m’avoir donné cette extrémité en me disant tiens voilà mon p’tit bout d’chou) le bout qui restait et me narguait dans sa main, car il reste toujours un bout de quelque chose quelque part ce qui ne simplifie pas la vie à courir après souvent à bout de souffle. Au bout du compte (ou du conte), on peut alors partir dans toutes les directions à tout bout de champ, tenir un bout de chandelle par les deux bouts (voir plus) afin d’éclairer le bout de ses peines avant d’aborder le bout du chemin et d’être ainsi arrivé au bout du rouleau.

Ainsi, cette question, autant qu’une autre, peut se poser : comment aller, par/pour l’exemple, de soupe à soupape ? pourquoi la soupe et quid de la soupape ? :

Une de mes grand-mères abhorées faisait de la soupe avec du pain, ce que mon frère et moi appelions la soupaupain, quand il y en avait moins ou pas du tout la soupapapain ou soupapupain que nous préférions ; l’autre mégère était plutôt soupaulait, ne supportait pas la soupopopulaire ni même la soupalapoulopot du bon roi Henri 4 mais avait élaboré une soupaupotiron que l’adorable grand-père réclamait souvent lorqu’il sortait de sa soupente en tendant une soupière de sa fabrication car il étaut devenu bricoleur à sa retraite après cinquante ans devant sa forge où il s’était fait une réputation dans la première fabrication artisanale de soupape, sorte de valve ou obturateur mobile, pour disait-il sur un ton autant badin que moqueur, fermer le clapet de sa bourgeoise très/trop babillarde. Comme il était anti-clérical forcené et prosélyte de surcroît, il ne se gênait pas pour dire que de cette façon il battait les sous-papes, ce qu’il avait fait quotidiennement avec jubilation, ce qui nous intriguait et nous posait des énigmes restées sans réponses : les sous-papes de la soupapapauté mangent-ils de la soupaucuré, si oui préfèrent-ils la soupalhostie la plus suave ou celle dite souapalencens la plus parfumée ou bien la soupalagrenouille de bénitier, celle qui risque de faire la soupalagrimace, déguster la soupapopaul servie à genoux par les enfants de chœur… et que penser de la soupapamobile aux soupapes vaticanes fonctionnant à la soupaupainbéni oui oui ?... ah ! et puis inventer de nouvelles recettes comme la soupasoupir (sans en trop pousser), la soupasoupçons (sans les éveiller), la soupadormir (sans cauchemarder), la soupalatout (avec le maximum d’ingrédients), la soupaucinoche (pour se faire une bonne toile ou avec la soupauchoux), la soupausiné (pour bien se marrer), la soupaladevos (pour jouer avec les mots), la soupalabedos (afin de ricaner grave), la soupalacoluche (pour les restos du cœur), la soupamaguise (avec Jean Rochefort), la soupalabeaufitude (avec le Depardieu d’aujourd’hui parce que l’autre c’était mieux avant !), la soupindigeste des fachos, la soupalaturlute ou le soupalinflation (avec une ancienne ministre), en évitant surtout la soupalaconnerie qu’on nous sert tous les jours et qu’on avale sans broncher avec parfois des rejets si brutaux qu’ils nous amènent à la soupalindigestion, la soupalindignation celle-ci précédent la soupalarévolution que nous mangerons peut-être bientôt, qui sait ?... car maintenant la soupe est à la mode, on trouve même des bars à soupe un peu partout, c’est vous dire, si bien que…

 Vous devez être comme moi, non ?... en avoir un peu ou vraiment beaucoup soupé… et bien, nous voici enfin arrivés au bout… de l’an 2010.

 

©  Jacques Chesnel

10:50 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

19/12/2010

MOUETTE ET TROMPETTE

 

Il commence lentement à faire nuit.

Une mouette vient de se cogner sur la baie vitrée du salon, pan ! elle avait dû apercevoir les feuilles de mon vieux et vigoureux ficus benjamina et vouloir se poser reposer sur les branches, qui sait ? elle est repartie en boitant de l’aile. Après le choc qui m’a fait sursauter, j’ai pensé au dernier concert où je suis allé écouter un trompettiste de jazz islandais au nom imprononçable pour un improvisateur. Et si cette mouette venait elle aussi d’Islande, que fatiguée elle avait décidé de prendre du repos sur ma plante, qu’elle idée d’avoir fermer cette baie vitrée. Au concert, le trompettiste s’envolait très haut dans les aigus, la mouette était à faible altitude à la hauteur de mes carreaux, elle ne semblait pas pouvoir se balader dans les mêmes sphères, encore heureux que ce musicien ne soit pas venu se cogner à ma baie, il jouait trop haut, pas de danger. Il fait complètement nuit, totalement noire maintenant, les mouettes dorment, le trompettiste islandais aussi je suppose, quoique là-bas les musiciens de jazz jouent la nuit, souvent plus que noire et infinie. Tiens, je vais aller dormir aussi car je ne sais pas jouer de la trompette et j’ai un p’tit coup d’mou subitement.

Je dors et je rêve, je rêve que notre ariste joue devant un parterre de mouettes dont la mienne reconnaissable avec son aile claudicante, il commence par un morceau de sa composition Ballad for a gull, très touchée par l’intention, elle essuie une larme avec son aile valide, elle est navrée de ne pouvoir applaudir alors elle crie, vous avez entendu un cri de mouette, toutes les mouettes présentes se mettent à crier, c’est insupportable mais le trompettiste est ravi  et lui envoie un baiser A kiss for a gull nouvelle composition/improvisation qu’il entame et qu’il lui dédit, c’est le délire dans le parterre, c’est chouette un groupe de mouettes toutes groupies d’un trompettiste islandais au nom imprononçable avec toutes ces consonnes… surtout quand on se réveille et que dehors les mouettes crient de plus en plus fort dans le jour naissant, une belle aube mouettée, elles ont repris leur envol en tourbillon, puis se posent sur les terrasses des immeubles en face, ma mouette me fait de loin un signe de l’aile et je lui réponds d’un signe de la main alors elles semblent entonner un chœur de mouettes, de ce cri reconnaissable mais pour lequel on ne trouve pas de mot, comme pour le goéland avec son pleur ou son raillement, pour la mouette rien, une sorte de krououck rauque ou de tiir-ir aigu, acéré, perçant, pointu, les voisins se mettent à leurs fenêtres, inquiets du tintamarre inhabituel, une mouette ça va c’est quand il y en a plusieurs que… air ministériel connu, ils sont plus qu’étonnés quand je sors sur mon balcon et que la mouette, ma mouette à moi arrive clopin-clopant et non à tire-d’aile et avec une élégance maladroite à cause de son handicap vient se poser doucement sur la balustrade applaudie par les forts battements d’ailes de ses consœurs, quel concert mes amis, il y a de la mouette dans l’air pépère avec son aile de travers et aux balcons/terrasses d’en face et d’ailleurs, le trompettiste islandais à côté c’est de la roupie de mouette, autre chose que celle du pauvre sansonnet, cela fait bien longtemps qu’on n’a pas entendu un tel concert dans le quartier, les journalistes rappliquent, les photographes mitraillent, une moto pétarade, oh ! un mouettard dit une petite fille, la foule exulte, la télé régionale toujours en retard d’une mouette se pointe enfin, je lève les bras bien haut, ma mouette laisse alors tomber une crotte qui tombe sur la tête d’œuf d’un type qui ressemble à Juppé le crâneur ou à Copé le prétentieux, plaafff bien fait, cela devient bordélique et j’ai envie d’embrasser toutes ces gentilles bestioles, d’autant que maintenant, attirées par ce barouf et ce baroud d’honneur, toutes les mouettes des environs rappliquent dare-dare et que ces krououck et tii-iir se transforment en immense et collectif éclat de rire oui de RIRE... car ce sont, pour la plupart, des mouettes rieuses autrement dit pour les irréductibles mouetteux des chroicocephalus ribibundus de la famille des laridés, ordre des charadriiformes ; je suis au septième ciel entouré de tout cet aréopage multimouetteux un peu braillard qui me fait oublier mon trompettiste islandais au nom imprononçable, je suis heureux comme jamais depuis si longtemps, je me détends totalement, me destresse entièrement  par tous le bouts de mon corps, je me soulage, je me libère enfin, je… pour finir par lâcher une gigantesque mouette** si joyeusement éclatante et pétaradante qu’elle retentit dans cet univers de mouettes en folie sous les vivats de la foule et le rires énormes de ces adorable volatiles. La mienne, je la baptise La  Reine des Mouettes, elle le mérite bien, avec l’approbation et le regard bienveillant autant qu’ admiratif de ma petite estropiée favorite.

 

Je n’arrive toujours pas à prononcer le nom de ce trompettiste islandais avec tant de consonnes que je m’y perds, mais maintenant je m’en fous, mais alors là, complètement.

 

Voilà une belle journée qui commence.

 

** lâcher une mouette : expression argotique employée par les lycéens dans les années 40/50 signifiant : se libérer d’un gros pet sonore..

 

©  Jacques Chesnel

10:26 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

10/12/2010

DE LA LINGERIE AVEC LA NEIGE

 

- alors et ce salon de la lingerie, chère amie

- d’abord, on s’est engueulé avec Maurice qui voulait y aller seul et puis ensuite n’aller qu’aux estands féminins, moi je voulais tout voir y compris chez le hommes pasque ya pas de raison que ce soit toujours les mêmes

- ah ça, ils sont bien tous pareil, le mien quand je reçois le catalogue de la redoute, il se précipite tout de suite pour regarder les modèles avec leurs gaines, et pourtant j’en porte plus quoique avec mon ventre je devrais, et aussi celles avec des porte-jarretelles, il sait même pas que maintenant les bas tiennent tout seuls avec le scotch, je m’demande parfois

- c’est comme pour la rumba ya du féchitisse dans l’air, not’aîné il mate les sites pornos sur l’inter pas toujours très net, on l’entend beugler à chaque nouveau arrivage olé waouh youpi ouais, c’est du relou, bref on l’tient plus

- est-ce qu’on en fait autant nous avec leurs sous-vêtements de chez l’éminence à eux

- là faut avouer qu’on est pas gâtées

- Liliane, vous savez la fille à Raymond le gars de la charcuterie qui fait aussi ambulance, elle ne jure que par Chantal Thomass qu’elle dit que c’est super classe mais qu’ça coûte bonbon

- quoi ? elle met ça pour aller en classe ? non mais, c’est pas étonnant que notre instite a toujours la trique, enfin d’après c’qu’on dit

- maintenant tout est sexuel, la mode, la bouffe, les voyages, le cinoche, le théâtre où ya même maintenant des travestisseurs, des tranformisses, tous transsessuels en transe pasque ça tortille du popotin et hop hop hop (elle se contorsionne en riant)

N.B. - (elle fait sans doute référence au spectacle « Gardénia » donné au Théâtre National de Chaillot)

- ya pas que maintenant, tenez à la comédie française de Paris, vous vous rappelez de Jacques Charon, lui il s’en cachait pas, qu’est-ce qu’il était marrant dans Occupe-toi d’Ophélie, et Michel Serrault avec sa biscotte dans Les cageots de folles, par contre lui pas touche, de la composition spontanée avec improvisation immédiate

- voui dame bien sûr mais y avait aussi des vraies actrices pour compenser, ah moi c’était Mireille Balin dans Pépé le Moko, Françoise Arnoul dans La chatte, Elisabeth Taylor même chose mais sur un toit brûlant qu’était chaud tandis que le gars Newman picolait au lieu la sauter ce con, enfin et Claudia Cardinale dans Sandra et Monica Vitti avec Léa Massari dans l’Aventura, toutes ces nitaliennes c’était quelque chose

Maurice entre dans la pièce couvert de neige en tapant des pieds sur le paillasson

- hé ben d’où qu’tu sors dis donc

- tu vois bien que je sors pas, je rentre, bonjour mâme Ginette, ça biche ?... il en tombe une de ces couches de neige que ça commence trop tôt, j’prendrais bien un p’tit vin chaud moi… alors c’est de quoi que vous bacouétiez mesdames, de chiffonnerie, hein ? comme d’habitude

- mais dis-moi, qu’est-ce qui t’es arrivé à ton patalon avec un trou à la jambe gauche du genou

- ah, je suis tombé tout à l’heure j’ai glissé sur des feuilles mortes sur le trottoir et je me suis ramassé comme les feuilles qui se sont rappelées à la masse que je suis avec mes cents kilos tout nu, il fait pas bon frimer pendant les frimas dit le poète pouette pouette avec tout ce verglas vert ou pas vert et puis ce manque de couleurs plus blanc que blanc, moi ça me donne le vertige alors plouf

- on parlait de toi justement avec tes toquades de lingerie fine de la redoute

- vaut mieux être toqué d’ça plutôt qu’aut’ chose, au moins ça fait du bien par où ça passe et c’est toi qui en profites, tu vas pas m’dire le contraire

- (rougissante) tu vas pas commencer à dévoiler nos p’tits secrets de plumard devant Ginette quand même

- tu trahis bien les miens que je me cache pas, je feuillette c’est tout, oui je mate, je suis un amateur qui mate, voilà, un zyeuteur qui zyeute, puis après un toucheur qui touche, ensuite un bais…

- (elle l’interrompt en roulant des yeux) MAURICE !

- à propos de blanc comme neige, c’est bientôt la quinzaine, faudra penser à renouveler ce qui ya sous ta robe pasque là ça m’intéresse, je vais m’en occuper illico, tiens passe-moi le catalogue… voyons voir (il compulse), page 169/170… aaaah !, ya d’la nouveauté !

 

 

                 ©  Jacques Chesnel              

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04/12/2010

LIEUX COMMUNS

 

Dès qu’elle eut fermé la porte, il comprit qu’il y avait un problème, un gros problème. Depuis quelque temps déjà, mais impossible de préciser, il y avait de l’eau dans le gaz, comme anguille sous roche, cela ne sentait pas bon et même pour tout dire le roussi. Il n’avait pas encore envie de rechercher la, les, cause(s), faute(s), reproches et aigreurs exprimées ou non, rentrées, enfouies, allait-il falloir déterrer tout cela, magma ou conglomérat, turpitudes et mesquineries, il devait bien avoir tout cela, ensemble. Il alluma une cigarette qu’il jeta aussitôt, se passa la main gauche dans les cheveux alors que d’ordinaire c’était la droite, tiens ?. Il lui fallait garder son sang-froid, lui qui avait plutôt le sang chaud disait-elle, en opposition à son sang de navet à elle disait-il. Et puis s’il fallait commencer à chercher tous les poux dans la tête, détailler toutes les disputes, les sous-entendus blessants, les rancœurs, piques et vacheries, blessures et peaux de bananes… on allait pas en sortir de sitöt. Il essaya d’ouvrir la porte doucement puis fermement, fermée à clé de l’intérieur, mettant l’oreille sur le bois il entendit de la musique en sourdine, la radio, accompagnée de rires secs et de hoquets prolongés, puis un long cri, presque un hurlement. Il redouble ses coups sur la porte, Murielle, ouvre, ouvre-moi, je t’en prie. Après un long silence, quelques secondes, une voix, sa voix maintenant méconnaissable, tu me lâches, Jérôme, tu me lâches ; il n’avait jamais entendu cette expression dans sa bouche, tu me lâches. Il avait pourtant l’ouïe fine, elle ne devait pas être dans son assiette, quelque chose de grave clochait quelque part, car il avait le nez creux pour comprendre toutes ces petites histoires banales ou merdiques ou… mais là il se sentait pour une fois dépassé, tu me lâches. Il se posait des tas de questions sans trouver aucune réponse. A quoi se fier ? ; à elle se confier ? ; devoir la défier ?. Il se sentit là complètement paumé et même pour tout dire plutôt un peu concon, tu me lâche

C’est à ce moment précis que le téléphone sonne, le téléphone ou la sonnette d’entrée ? avec ces idées absurdes de jingles ? c’est la sonnette. Il va ouvrir. Le facteur, un jeune homme souriant. Bonjour, un colis pour vot’ dame, heu elle est dans la salle de bain, tenez, pas de problème, au revoir Monsieur, bonne journée, dit le facteur en faisant un clin d’œil qu’il trouva irrévérencieux en lui déposant l’objet. Il retourne à la porte de la chambre, il frappe de nouveau, chérie, un colis pour toi… Elle sort rapidement, lui prend le colis des mains sans un regard et rentre dans la chambre sans un mot, referme la porte à clé. Quelques secondes plus tard, de nouveau un grand cri, inhumain, puis silence, Jérôme force la porte avec de nombreux coups, entre, personne, la fenêtre, ouverte. Il se penche, ne voit personne sur le trottoir cinq étages en dessous ; il se retourne, Murielle, d’abord cachée derrière la porte, est déjà devant lui l’air hagard, elle le pousse avec une violence inouïe, il se débat, il bascule, il tombe, elle regarde par la fenêtre, Jérome est bien sur le trottoir cinq étages en dessous, recroquevillé dans une mare de sang qui s’agrandit. On sonne à la porte, toujours ce jingle jungle à la con. Elle ouvre et tombe dans les bras du facteur qui, pendant qu’elle l’étreint, regarde le colis pas ouvert sur le lit.

- Tout a bien fonctionné, fit-il en ôtant sa casquette

- Oui, chéri, impeccable, comme prévu

- Par contre, ce n’est pas encore ce soir qu’on ira au cinéma voir Le facteur sonne toujours deux fois, dit-il en s’esclaffant

- Ahahah, toi et tes références cinématographiques, tu ne changeras pas

- C’est plus logique que toi, mon amour, avec les tiennes théâtrales, au fait, j’ai retenu des places pour Beaucoup de bruit pour rien à l’Odéon la semaine prochaine ; devine quel âge avait Shakespeare quand il a écrit cette pièce ?

- Nous c’est plutôt du genre Au Théâtre ce soir, décors de Roger Hart avec une chouette mise en scène de… non ?

Ils rient, elle referme la fenêtre tandis qu’on entend les sirènes qui approchent.

 

 

© Jacques Chesnel

 

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