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27/11/2010

DE LA COULEUR ROSE

 

- euh chère Ginette, dites-moi pas que j’ai les mirettes en compote, la berlue aggravée ou un navécé pervers qui rend le cervau lent, mais vous auriez pas fait une couleur par hasard ?

- encore heureux que vous êtes tout à fait plus que normale et en bonne santé, ma chère, sauf que c’est pas ce qui était prévu par nasard aussi

- comment ça ?

- à force de voir toutes ces pubs à la con à la télé à la con sur les shampoings colorants à la encore plus con, Maurice m’a dit pourquoi pas toi ça changerait un peu et j’aime la novation… j’ai été interloquetée pasque question changement Maurice par exemple pour le pyjama c’est tout les deux mois au moins et j’vous parle pas des slips et des caneçons, alors il m’avait dit faut pas laver trop souvent les vêtements pour pas perdre les couleurs même quand elles sont blanches, il a de ses théories que parfois j’vois pas où il va chercher tout ça mais n’empêche, et maintenant il veut que j’me colorise les tifs que j’y entrave plus que couic, bon alors j’vais chez Mado la coiffeuse à la mode, vous avez entendu parler de la naine qui travaille montée sur un nescabeau, bon au moment de la coloration elle doit se gourrer de tube et paf me v’là toute rose comme ma première chemise de nuit en nylon de chez Jacques Tati pour not’ première nuit d’noces, j’vous raconte pas la tronche à Momo au retour, (elle hurle) : c’est pas c’que j’avais prévuuu on avait dit châtain claireu quelle conne cette freluquette en plus elle est bigleuse que c’est pas vrai…

- eh ben dites donc, il était remonté vot’ bonhomme

- faut pas grand-chose pour qu’il monte sur ses grands chevaux depuis son service dans l’armée de la cacavalerie ça lui est resté mais là on peut dire que pour mes p’tits cheveux y avait justification, j’veux pas que ma femme elle a l’air d’une binebo comme ces perruches qui tortillent du croupion plus pour un oui que pour un non sur nos nécrans de télé, allez hop on y va on retourne chez la Mado qu’était descendue de son néchelle qu’on la voyait même pas derrière la caisse train de ranger les biffetons d’euros de toutes les couleurs, le salon est fermé qu’elle clame et Maurice braille lui aussi, il sait faire : « eh ben yaka le rouvrir pasque je vais pas passer la nuit avec une bonne femme comme la mienne qui ressemble tellement à une telle créature » et pan !

- is’démonte pas facilement, remarquez le mien, Roger, c’est le contraire, un taiseux qui roumionne dans son coin en grinçant des molaires que sa tête fume comme une cocotte-minute allumée qui chuinte à la vapeur

- le mien il a le taux de la nadrénaline qui grimpe style varappeur en folie alors vous pensez… Mado refait surface en roulant de ses yeux de merlan frite et dit, dites à vot’ mari de se calmer sans ça ça va… et Maurice lui répond du talc au talc bon bon vous fâchez pas elle va revenir demain mais faudra arranger ça hein sans ça vous m’entendez euh… et nous voilà dehors avec un mari penaud tout chamboulé, tu vas bien que j’lui demande, cette bonne femme enfin ce p’tit bout de femme j’peux bien te l’avouer elle me fait comme pitié dans son métier pasque elle est pas à la bonne hauteur pour trouver les bons tubes de coloration elle doit se gourrer facilement en mêlangeant toutes les canules et les pipettes même avec un nescabeau et c’est sans doute pour ça que t’es toute rose et on devrait lui conseiller d’aller voir un nopticien, quand j’pense naine et naveugle enfin peut-être presque, j’vois pas c’qu’on peut faire autrement que compatir sauf que pour les prix c’est pas donné…

- manquerait plus qu’a soye paralytique en plus

- c’est marrant, Maurice m’a dit la même chose en rigolant sauf que c’est pas drôle

- vous voyez, quand les grands esprits se rencontrent

- et qu’on voit la vie en rose, enfin moi… avec mes cheveux

- vous y retournez quand ?

- demain à la première heure, en principe, si Maurice change pas d’avis d’ici là

- ah bon !

 - ben oui, il dit qu’il commence à s’y habituer, alors… tenez, hier dans l’journal, j’ai vu qu’y en avait une dans le midi qui coiffait à demi à poil, on s’demande jusqu’à où on va à c’train-là 

- vous savez, on finit par s’habituer à tout, tenez, moi par exemple, avec Roger, pas plus tard qu’hier hier soir…

 

 

©  Jacques Chesnel

00:52 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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