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09/04/2010

LE PARI DE JEANNE -3


LE PARI DE JEANNE (suite)


3/ Héloïse

Allô allô maman c'est moi quoi ? je ne t'entends pas allôôôô t'es où c'est quoi ce bordel oh tu me rappelles je te laisse un texto je te...

Depuis quelque temps Héloïse, l'aînée des deux enfants de Jeanne, trouvait certains comportements de sa mère plus ou moins bizarres surtout depuis qu'elle avait quitté Franck son papa pour ce Louis que pour tout dire elle n'aimait pas oh non pas à cause de son passé Jeanne lui avait bien avoué tu sais je ne sais pas où on va ensemble je suis la première femme qu'il connaît je veux dire physiquement oui il est homo plus exactement il l'était avant moi mais Maman tu es sûre que comment expliques-tu comme ça du jour au lendemain oh il a vécu neuf ans avec un homme il a eu aussi d'autres aventures d'un soir Maman j'ai des copains homos à la fac Jérôme a été dragué souvent c'est un monde à part... Héloïse avait alors lu des livres sérieux, des études de spécialistes médeçins, philosophes, psychologues, sociologues, Freud, Lacan, Gide, Genet (elle n'avait pas pu terminer Notre Dames des fleurs), les ouvrages de l'apologiste Dominique Fernandez, des revues gay, vu à la télé des spectacles de cabaret, des films anciens ou récents (La mauvaise éducation de Pedro Almodovar), chez elle comme pour

beaucoup de filles de son âge cela posait tellement de questions quantité de problèmes oui elle avait aussi des copines lesbiennes certaines cavalières qui cherchaient à la coincer ou à l'entraîner à la circonvenir (le mot l'avait fait rougir) elle connaissait des couples bisexuels d'autres adeptes du triolisme on l'avait sollicité elle avait même été tentée comme ça pour voir pour ressentir puis non mais tout de même : MAMAN, ma maman à moi avec un pédé bon si elle était vraiment heureuse avec lui pourquoi pas... son frère Jérôme par contre était résolument hostile il avait voulu aller dire deux mots puis casser la gueule à cette tapette lui couper les couilles s'emportait-il ; certainement que cette histoire de curé qui avait tenté de le violer plusieurs fois dans la sacrisite quand il avait huit ans l'avait perturbé ça se comprend.


Rentrée dans sa chambe à la cité universitaire, Héloïse avala une aspirine, aspira deux bouffées de ventoline car elle sentait venir la crise d'asthme, pris une douche  s'étendit et attendit une réponse à son texto M chouette j'ai réussi mon exam bisaplus ; penser à avertir Papa ne rien dire sur Maman pour ne pas l'inquiéter lui qui s'angoisse pour elle depuis leur séparation et sa liaison avec ce Louis. Elle s'endormit soudainement ; la veille elle avait regardé le film Les désarrois de l'élève Törless à la télé, jusqu'à la fin en pensant fort à son frère.


A son réveil aussi rapide que son endormissement, Heloïse reprit son portable et appela sa mère aussitôt, sans réponse. De colère, elle faillit jeter l'appareil, se ravisa, allait-elle s'enquérir auprès de Louis ou en parler à son père, dont les relations n'étaient toujours pas au beau fixe mais plutôt à la tempête permanente depuis son histoire pourtant courte, un coup de déprime, une faiblesse momentanée, quelques jours de pure baise, avec cet Eric qui ressemblait tant à Vincent Lindon, l'acteur de cinoche que Franck trouvait nul et même archi nul.

Désemparée, elle pensa également à ce grand-père inaccessible, le RR toujours affairé/embourbé dans d'autres problèmes/conflits que les siens qu'il ignorait, une sorte d'étranger qu'on embrasse vite fait au cours des rares réunions d'une famille dispersée et qui vous gratifie l'air narquois d'un mais c'est que tu deviens jolie dis donc toi, tu dois avoir des tas de fiancés et alors cette envie de lui cracher à la gueule et toi toujours aussimoche papi, ne pas ajouter et encore plus con. Vers qui se tourner ?.

Maman, ce n'est pas le genre à ne pas répondre au phone surtout quand mon numéro s'affiche, elle répond dès la deuxième sonnerie allô allô, rien... si... coupé ; rappel : ça sonne

- allô allô Maman, c'est moi, t'es où ? dis-moi


.../...




11:11 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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