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09/04/2008

TIGRES

Belavit, c’est comme un pèlerinage, laïque, of course, amical surtout, un besoin de se ressourcer au contact d’amis très chers, de passer un moment toujours trop court mais plein ras-bord d’événements prévus ou imprévisibles, le pied quoi, bleu de surcroît… comme ce ciel d’été.

Outre l’accueil fraternel des hôtes, leurs chats jumeaux Gérald et Gérard, difficiles à identifier, pelage roux, bien tigrés une petite visible différence, une queue plus petite oh deux centimètres pas plus mais suffisant. Me reconnaissaient-ils d’une année l’autre, un peu de méfiance la première journée quelquefois moins, le temps que les méninges remettent les souvenirs en place… et alors que je te frotte sur le pantalon, que je saute sur les genoux à la moindre occasion de s’asseoir, et la turbine du ronronnement à fond vitesse supérieure volume maxi… et de violents coups de tête dans le menton, le pétrissage du pain sur la cuisse nue, doux d’abord, les yeux qui se ferment (ouverts on dirait des yeux de femme, Ava Gardner pour Gérald, Audrey Hepburn pour Gérard, de quoi craquer, non) aïe, le con mais il me griffe, une petite perle de sang, comment le chasser, faut savoir endurer… c’est tellement beau l’amuuuur !... et que j’te gâtouille hein mon coquin, qu’il est mimi et ses petites roubignolles pour les donzelles hein petits salopards de matous tigrés…

Au dîner, du monde et du beau, de la bouffe et de la bonne comme la fumette qui suit au dessert, et ces bouteilles à peine débouchées déjà vides, du château kèkechose bien gouleyant… et hop, purée lequel est-ce qui me saute dessus, ce n’est plus de l’amour c’est de la rage mais et je m’en fous ils sont vaccinés alors… dis donc tu as la cote me glisse ma voisine, ton parfum peut-être sans doute, ricane t’elle… me ferais-je draguer, il y a tant de nouvelles façons… bon, au fait 23 heures 32 (j’ai un goût prononcé pour les palindromes horaires, ainsi le matin réveil à 8 :08, déjeuner à 12 :21 et le soir…) excuses m’sieur-dames mais quand c’est l’heure, bonne nuit et bonne bourre à tertous…

Je me dirige un peu allumé vers ma chambre dans le noir, suivi par l’un des deux tigrés, dans l’obscurité lequel, Géqui ?, baaaah, je baille, je rote, je pète, je digère et je dis gère aussi… et rentre avec le greffier qui se faufile pffffffffffft avec un miaulement bizarre… je me déshabille en maugréant et sombre dans le lit et dans le sommeil du juste… ô pas longtemps car vers 1 heure 01, je me réveille en sursaut et impossible de replonger… alors en désespoir et en bonheur de cause, je pris un livre, un de ceux qui ne me quittent jamais, cette fois le Gîtes d’un de mes nombreux auteurs favoris, Julio Cortázar et allez savoir pourquoi je tombais au hasard des pages sur la nouvelle Bestiaire dans laquelle il est question d’un tigre dans une maison, tiens donc !... et un peu plus tard, sans doute vers 2 :02, je replonge avec Morphée accompagné du feulement d’un des deux G…

… maintenant je nage dans un bain de sang, le ventre labouré de coups de griffes monstrueuses, multiples… et ces hurlements provenant d’une cohorte d’innombrables tigres roux qui s’acharnent en une sorte de bacchanale sur mon abdomen que je protège à deux mains pour éviter la dispersion de mes viscères si chers non non c’est à ma poitrine que les nombreux monstres roux, des TIGRES énormes, s’attaquent ensuite, déchirent, écartèlent, furieuse sarabande non non pas mon cœur pas ma gorge et tout cette rivière de sang, ce déballage de tripes, de caillots…ah !  non non pas les yeux pas mes yeux… et pourtant si, les yeux… ahahah NON…

je suis réveillé par de doux ronronnements oh le tendre regard de Géqui, ses yeux d’Ava Hepburn ou ceux d’Audrey Gardner et ce pain caressant sur mon torse, délicieux petit tigre roux super minou et ce soleil par la fenêtre si jaune si roux aussi… une belle journée commence à Belavit… une de plus…

©  Jacques Chesnel (Jours heureux à Belavit)

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