29/04/2016
QUAND ON…
. Quand on a commencé, j’ai pensé à la fin
. Quand on m’a accusé, j’ai accusé le coup
. Quand on m’a tapé, j’ai dit je m’en tape et me suis tout de suite retapé
. Quand on m’a aperçu, je n’avais rien vu venir
. Quand on m’a regardé, j’y ai regardé de plus près
. Quand on m’a énervé, j’ai perdu mon calme
. Quand on m’a enlacé, je me suis délacé
. Quand on m’a embrassé, je me suis embrasé
. Quand je me suis embrasé, j’ai mis le feu tout partout
. Quand on m’a fait tomber, j’ai tombé la veste
. Quand j’ai tombé la veste, j’ai tout laissé tomber avec
. Quand on m’a relevé, j’ai relevé mes empreintes, on ne sait jamais
. Quand on m’a senti, j’ai demandé qu’on m’hume
. Quand on m’a dit je t’hume, j’ai commencé à aimer un peu plus
. Quand on m’a ligoté, je me suis emberlificoté
. Quand on m’a déligoté, j’ai dégotté un Bourgogne aligoté de première
. Quand on m’a montré une loupe, j’ai tout loupé
. Quand on m’a vendu un timbre, je suis devenu timbré
. Quand on m’a dit oui, c’est par ouï-dire
. Quand on m’a dit non, ce fut un non-sens
. Quand on m’a traité de râleur, je suis resté sans voix
. Quand on m’a indiqué la mauvaise route, j’ai su de suite que c’était la bonne
. Quand on m’a dit on part pour Canton (Guangzhou), j’étais tout content mais ce n’était pas le canton d’à côté
QUAND ON… (2)
. Quand on m’a mis à l’ombre, j’en ai pris ombrage
. Quand on m’a mis sur le gril, j’étais déjà sur des charbons ardents
. Quand on m’a dit que Mathilde était revenue, alors j’ai crié Aline pour qu’elle revienne
. Quand on m’a dit Pierre est petit, j’ai pensé à Pierre le Grand
. Quand on m’a mis des œufs dans le même panier, j’ai oublié ensuite d’y mettre la main
. Quand on m’a traité d’âne, je n’ai pas osé braire
. Quand on m’a traité d’incompétent, j’ai tout de suite lâché un gaz puant puis j’ai pété les plombs
. Quand on m’a parlé d’une perle rare, j’en ai desserré une vite fait
. Quand on m’a accordé une bourse sans coup férir, j’ai fait rire tout le monde sur le coût sans rien délier
. Quand on m’a répondu du tac au tac, j’ai cru à un tic, alors j’ai rétorqué c’est du toc
. Quand on m’a vu franchir le Rubicon, j’ai fait des efforts pour ne pas rougir
. Quand on m’a dit tu ressembles à Fernandel, j’ai henni sans être honni
. Quand on m’a dit de ne plus penser à Fernande, ce fut aussitôt la débandade
. Quand on m’a dit regarde la baie, j’en suis resté bouche bée
. Quand on m’a dit karcher, j’ai pensé aussitôt à Thatcher et j’ai eu un malaise
. Quand on m’a suggéré de fumer du hasch, j’ai dit chiche
. Quand on m’a ri au nez, j’étais content de ne pas avoir de barbe
QUAND ON… (3)
. Quand on m’a dit va voir le film de Carné « Le jour se lève », c’était à la tombée de la nuit
. Quand on m’a dit n’avoir rien compris à « Mulholland Drive », j’étais furieux parce que moi non plus aussi
. Quand on m’a dit on va faire une échographie j’ai entendu une certaine résonance
. Quand on m’a dit c’est votre dernière ligne droite, je n’ai pas osé courir entre les lignes
. Quand on m’a dit tu as le cœur au bord des lèvres, je suis resté bouche cousue
. Quand on m’a dit on va labourer, j’ai répondu que j’étais contre les tournantes
. Quand on m’a dit cette fille te sourit j’ai voulu sortir de mon trou
. Quand on m’a annoncé la nouvelle j’ai cru que c’était la dernière
. Quand on m’a dit c’est la curée, j’ai pensé aux pauvres bonnes sœurs
. Quand on m’a dit de lire entre les lignes j’ai tout de suite compris que c’était plus simple
. Quand on m’a dit tu sais, ce type a un charme fou, j’ai aussitôt pensé aux serpents
. Quand on m’a dit attention aux serpents, je n’ai pas vu ceux qui sifflent sur nos têtes ou qui se réchauffent en nos seins
. Quand on m’a demandé si je connaissais bien Andromaque, j’ai dit que c’était dans mes racines
. Quand on m’a dit que tout cela est vain, j’ai repris un autre verre de Bordeaux en pensant à Gilberto
.Quand on m’a demandé si c’est bientôt fini, j’ai répondu qu’il fallait bien terminer.
© Jacques Chesnel
14:05 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)
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