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22/04/2016

SI VOUS VOULEZ

                              

Il avait vraiment l’air d’un con et nous l’a tout de suite prouvé, si vous voulez. Il avait une mine de papier ordinaire, de papier mâché, si vous voulez. Parfois il produisait une sorte de hoquet de loqueteux, du genre blleeerc-broukccc, si vous voulez. Impossible pour lui de dire plus de trois mots sans ajouter si vous voulez, si vous voulez. Alors on a joué nous aussi et on a rétorqué si vous voulez à tout bout de chant de paroles, si vous voulez. Il a enchainé que c’était la raison pour laquelle, si vous voulez, ce à quoi nous avons répondu qu’il avait raison, si vous voulez quel que soit le sujet, si vous voulez. Il n’a rien voulu savoir d’autre, si vous voulez et on a continué à alimenter un peu la conversation, si vous voulez. Cela commençait à tourner en rond, si vous voulez quand on lui a demandé s’il était d’accord, si vous voulez. Décontenancé, il a encore trébuché sur les mots, si vous voulez, il a perdu pied, si vous voulez, on a vu une lueur d’inquiétude dans ses yeux, si vous voulez, on était sur le point de gagner, si vous voulez.

Paul a commencé à rire un peu jaune, si vous voulez, ce qui déclencha l’hilarité générale, si vous voulez, et c’est la raison pour laquelle on s’est senti plus forts, si vous voulez. Il a vu le piège, si vous voulez, il a compris qu’il n’allait pas s’en sortir comme ça, si vous voulez. On lui a proposé de s’assoir et de prendre un café, si vous voulez, je veux bien dit-il, si vous voulez. Et on a repris tout à zéro, si vous voulez, d’accord mais pas trop longtemps, si vous voulez, parce qu’il avait encore plein de choses à faire, si vous voulez, et que le temps lui était compté, si vous voulez. On ne va pas s’éterniser dans cette voie-là, si vous voulez, c’est la raison pour laquelle on va changer de conversation, si vous voulez. Il a recommencé à paniquer quand Paul lui rappela que le sujet n’était pas là, si vous voulez, mais plutôt dans la façon de s’exprimer, si vous voulez.

Jean-Michel n’avait encore rien dit, si vous voulez, mais on se doutait bien qu’il y avait des trépignements dans ses méninges qu’on savait susceptibles, si vous voulez. On attendait que ça pète, si vous voulez, on craignait l’esclandre ou la turpitude, si vous voulez, bref, on subodorait le pire, si vous voulez, allez savoir quand et comment, si vous voulez. Serait-il enfin sauvé par le gong avant de sortir de ses gonds, si vous voulez

Et puis Lucie entra dans la pièce, si vous voulez, on a senti comme un trouble général, si vous voulez et c’est la raison pour laquelle on n’aborda pas tout de suite la suite, si vous voulez, on était désarçonnés et lui encore plus, vraiment tétanisé, si vous voulez, comme si cela n’avait été pas prévu au programme, si vous voulez. Salut, les garçons, dit-elle, ça va-t’y comme vous voulez, hein ?. Elle avait toujours eu le chic pour détendre l’atmosphère, si vous voulez, notre hôte poussa une sorte de hennissement/braiement curieux (encore, je vous fais grâce), si vous voulez, puis ensuite en resta coi comme deux ronds de flan si vous voulez et c’est la raison pour laquelle on termina aussitôt notre si sérieuse et intéressante conversation que vous avez suivie avec l’attention qu’elle mérite, si vous voulez…car il commençait à nous emmerder sérieusement avec tous ces si vous voulez qu’on ne savait plus très bien comment s’en sortir… si vous voulez… parce que vous, vous le voulez bien et que vous le valez bien aussi. Alors, soit !                

 

 

10:51 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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