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27/11/2015

TOUT BI OR NOTE

                           

.Tout bi

Quand on nous a dit qu’Hervé dit le verbeux était bi, on en a été vert de surprise aussi a-t-on pris notre air effarouché certains y allant même de leurs grands airs ce qui était facile pour d’autres vu qu’ils n’en manquent pas.  Hervé nous étonnait toujours avec ses chemises en bichromie et ses chaussures bicolores, par sa façon de tenir sa fourchette pour attaquer son bifteck aussi bien de la main gauche que de la droite comme pour prendre son verre et boire sa bibine il était donc ambidextre ce qui faisait dire à Simon en bis « il a des bis partout sur lui » alors qu’on ne savait encore rien sur sa bisexualité, si ce n’est qu’il avait parfois des regards binoculaires sur l’une ou l‘un qui en disait long, une manière de nous toiser de biais quand on était tous réunis dans sa bicoque biscornue du bord de mer pour nos réunions bimensuelles les soirs de grande bise au cours de cette année bissextile. Qu’il soit bigame ne nous aurait pas choqués mais ce bidouillage sexuel nous créait bisbilles d’autant qu’il était bigot, bigre, ça alors !, sa bibliothèque étant remplie de bibles anciennes et de livres récents sur les bienfaits de la religion. Les plaisanteries fusaient quand il prenait sa bicyclette de femme avec un guidon de course pour homme et un bidon pour biberonner son bicarbonate « ne perd pas les pédales mon gars Hervé » alors il haussait les épaules sans bisquer et repartait sur le bitume lisse comme un billard en roulant des biceps rejoindre le parcours de bicross sans couler de bielle puis se taper une bière à l’arrivée. Le soir quand on dansait la biguine ou sur d’autres rythmes de big-bands binaires il faisait une drôle de binette devenue bicéphale et ballotait sa bidoche de bidasse tantôt biquet tantôt bidet en faisant tinter ses bijoux de famille comme on lui disait en le chambrant lors de nos bitures au bitter. Bizarre dans sa bivalence il aimait bivouaquer nu du côté de Biscarosse se nourrissant de biscottes et biscuits devenant bistre sous le soleil préservant sa biroute « ma bistouquéquette chérie » par un pagne en forme de bigorneau ou de bigoudène biodégradables.

 

. Or note

Sa vie bifurqua lorsqu’il rencontra dans notre bistro favori Le Bidule la championne canadienne de bitoniau Couriraperdre Alaine et comme lui bi ; ce fut pour lui l’équivalent d’un coup de bistouri en biseau. On ne compta pas les bisous racontés par son biographe sur leur biorythme assuré, leur bioénergie et leur biotique conjuguées. Il n’était plus question pour lui et pour elle de bipolarité dans leur propre biosphère. Du bi ancien il ne restait que la consommation effrénée de bifidus, il ne biglait plus que sur sa belle en bigoudis sous son bibi ou en bikini, il ne se faisait plus de bile et jugeait maintenant positif son bilan ainsi qu’elle.

Il était devenu Hervé le vertueux tout comme son Alaine (à couper le souffle) et nous tous si contents de leur union si bien bipartie (mon kiki). Tous les deux se demandent si leurs enfants à venir seront bimômes. On s’en fout, nous leur souhaitons simplement tout le bonheur du monde, bigrement.
                                                                    

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19/11/2015

APRÈS LE FILM



FIN

Le mot apparut sur l’écran pendant quelques secondes jusqu’au moment où Jérôme appuya sur le stop de la télécommande du téléviseur. Alors qu’en penses-tu ?, demanda-t-il à Muriel encore sous le choc, ben attends que je reprenne mes esprits pasque là… d’où l’étonnement de Jérôme qui connaissait sa promptitude à réagir vite habituellement. Elle se rétrécit dans son fauteuil, alluma une cigarette qu’elle éteignit aussitôt, éternua (ce qui était mauvais signe) et dit je crois que je vais aller me coucher, bonsoir. Un peu hébété, Jérôme la rejoignit après quelques minutes d’hésitation.
Le lendemain matin
. Muriel : Je n’ai pas dormi de la nuit ou si peu tellement j’étais et suis toujours tourneboulée, cela ne m’arrive pas souvent surtout pour un film mais alors celui-là, comment en suis-je arrivée là, il n’y a rien pourtant, pas ou peu d’histoire, les acteurs sont heu énervants surtout lui toujours le même, ce n’est pas du Godard dieu merci, ni du Bergman qui lui m’emballe toujours, ni du Resnais qui parfois oui parfois non sauf « L’année dernière » mais bon ici je n’ai rien compris/ressenti au montage, ses ralentis, ses accélérés, ses pauses, ses trucs, ses chichis, ses…
. Jérôme : Oui, mais je pense que…
. Muriel : Attends, pour l’instant c’est moi qui pense et je voulais dire, te dire que je ne me reconnais plus, que je ne me sens plus la même, on n’a pas fait l’amour cette nuit alors que j’en avais envie pressante, cela m’a manqué, est-ce pour cela que je suis si différente ce matin, que je ne vois pas ou plus ce film comme je l’ai vu hier soir, le film n’a pas changé mais moi si en ce moment, qu’en sera-t-il ce soir ou demain, pourrais-je le revoir en me posant les mêmes questions que je ne sais comment m’exprimer pour l’instant, Jérôme, et ne me regarde pas de cette façon, s’il te plaît, je suis assez choquée comme ça et (Jérôme hoquette puis rit nerveusement) j’aimerais qu’on se calme un peu…
. Jérôme se lève péniblement du canapé, s’étire, prend un cigarette qu’il allume et repose avec un geste nerveux dans un cendrier, regarde Muriel qui semble ne pas le voir et dit : A-t-on vu le même film, il me semble que c’est la première fois que cela nous arrive ; ce qui m’a le plus étonné est le jeu des acteurs hormis les cabotinages bien connus de certains, cela me rappelle les films muets où les expressions devaient compenser l’absence de son de voix, de dialogue ; je pense que c’est voulu par ce metteur en scène que nous suivons toujours avec la même plaisir parce qu’il aime faire des expériences, Muriel, mais là est-il allé trop loin ?, quant au cabotinage, j’y reviens, on trouve toujours cabotin un acteur qu’on n’aime pas ou qu’on adule, prenons le cas de Fernandel, Raimu, Pierre Brasseur ou Pierre Arditi, Marguerite Moreno, Edwige Feuillère ou Fanny Ardant
. Muriel s’égosille : Ah non, pas Fanny Ardant, pas elle, please
. Jérôme : Bon, d’accord, pas Ardant mais n’empêche… et ceux qui en font trop et d’autres pas assez, souviens-toi de Saturnin Fabre (trop) et d’Alain Cuny (pas assez) et puis on aime le cabotinage des acteurs qu’on aime et pas celui de ceux qu’on n’apprécie pas, c’est cela ?... euh et les dialogues, hein, les dialogues de Prévert, d’Henri Jeanson, de Michel Audiard ou Woody Allen ?... très écrits ou faussement improvisés et pourquoi suit-on l’œuvre d’un cinéaste plutôt qu’un autre racontant toujours la même histoire mais de façon différente, la touche personnelle, se rencontrer sur la même longueur d’ondes, transmission d’émotions similaires, tout cela c’est le pied, non ?… et les critiques, Muriel, ceux qu’on écoute religieusement, ceux dont on se moque, tiens je pense à Pierre Murat de Télérama dans Le Masque et la plume, à Sophie Avon avec qui nous sommes toujours d’accord…
. Muriel : Presque souvent en ce qui me concerne, presque
. Jérôme : Bon, c’est pas tout ça, chérie, mais si on se faisait une toile ce soir, au Majestic à côté, on joue le dernier Kore-Eda Hirokazu « Notre petite sœur », hein ?, l’ami Gilberto a beaucoup aimé.
. Muriel : Bon alors, là on peut y aller.

FIN

 

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13/11/2015

BLANC

                                                                               

Parfois ça me prend tout d’un coup sans crier gare ça me chatouille d’abord et après faut que je fonce illico et sans préavis ; par contre quand ça veut pas rien n’y fait, j’ai beau rester deux heures devant l’écran de l’ordi à contempler les touches du clavier qui ont l’air de me narguer, rien nada nothing at all bernique oualou des nèfles peau de balle et balai de crin le vide je vous dis dans la tête dans les doigts tout partout. Quand je pense qu’il y en a quelques-uns qui se mettent au boulot pour écrire tous les jours tous les matins à l’aurore moi c’est l’horreur, il y en a même qui le font encore à la main certains au crayon peut-être pour mieux effacer et recommencer mais avec l’ordi les mecs c’est pareil tu tapes sur la flèche de retour et hop c’est tout blanc faut attendre que ça revienne bon moi ça me prend d’un coup sans crier gare et alors là rien ne peut m’arrêter ni le téléphone ni le facteur ou Maria avec l’aspirateur qui fait un des ces boucans faudrait changer le sac à poussière ou quoi ou qu’est-ce...

Aujourd’hui après ce que je viens d’écrire je vais... euh...

Vous voyez toujours rien tiens je vais mettre Ahmad Jamal live at The Alhambra de Chicago en juin 1961 pourquoi Jamal et pourquoi la plage 6 Broadway ce vieux machin de Woode-McRae-Bird que le trio va magnifier putain ce que c’est bien avec Vernell Fournier ça devrait venir vite fait hein je le remets encore une fois je chante avec je braille avec je le connais par cœur j’anticipe je suis le quatrième homme du trio les applaudissement sont aussi pour moi je salue thank you thank you et Ahmad me fait un clin d’œil all right man et quand le disque s’arrête j’ai l’air d’un con devant la blancheur de l’écran toujours rien nada nichts que dalle c’est pas mon jour je suis comme ce cher Scott Fitzgerald j’ai ma fêlure à moi aussi moins la bibine je suis vide à plat rincé néant plouf attendez je sens que non et si j’essaie avec le Pershing ou le Spotlite avec It Could Happen To You et justement ça n’arrive pas ou plutôt si merde alors avec What’s New et rien non plus Gone With The Wind tu parles en rade le Jacquot en panne sèche du calme faut pas s’énerver et Maria où sont les sacs à poussière y manquait plus que ça mais je m’en fous Maria et arrêtez ce barouf avec l’aspiro je me lève je me sens des fourmis dans les mains dans les jambes dans la tête faut que j’aille faire un tour non et je me rassois et

vous voyez du blanc encore du blanc toujours du blanc la semaine est pourtant terminée et alors je pense oui ça m’arrive et si je changeais de pianiste hein et même si je changeais d’instrument tiens le saxo par exemple un petit Brecker son dernier disque ou bien revenir au grand Faucon pourquoi pas et si je changeais l’aspirateur   

- j’ai retrouvé les sacs y z’étaient pas à leur place

- merci Maria merci me-rci MERCIIII

- faut pas vous énerver comme ça pour ça.

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06/11/2015

CARTE DE VISITE

 

Il faisait le signe d'avancer avec la main stop reculez braquez un peu non de l'autre côté stop maintenant avancez vers moi stop là c'est bon. La voiture une Mercedes classe A flambant neuve mais un peu  cabossée était maintenant bien rangée le long du trottoir et elle sortit souriante merci c'est sympa j'ai toujours un peu de mal à me garer correctement. Elle devait avoir une cinquantaine bien sonnée elle en paraissait dix de moins au moins. Julien la trouva très belle. 

Monique était partie, elle l'avait quitté du jour au lendemain sans crier gare ou autre chose, partie acheter de la laine pour tricoter un pull destiné à la petite-fille d'une amie ; Julien l'aimait toujours l'attendait encore depuis maintenant plus de deux ans et se demandait quelquefois si. La solitude était devenue supportable grâce au travail à l'agence de voyages qui lui convenait bien, deux ou trois visites par mois chez une personne compréhensive étaient bonnes pour la libido pour le reste bof fallait faire avec.

 Ils se retrouvèrent à l'horodateur, il l'aida parce qu'elle n'y comprenait rien elle lui serra la main chaleureusement en lui disant je suis en retard je vais à un concert au conservatoire où une nièce est prof merci encore au revoir monsieur. Julien allait lui dire heu elle partit en courant. Après son rendez-vous qui lui parut horriblement long Julien revint en courant, la Mercé était toujours là. Il prit une carte de visite et y écrivit je suis seul si vous aussi… soulignant son numéro de phone et la coinça sous l'un des essuie-glaces sur le pare-brise et trouva qu'il était culotté mais bon.

Trois jours après il reçut un coup de fil il ne reconnut pas la voix qui lui donnait rendez-vous pour le samedi suivant à un banc public situé sous un frêne juste après le pont du chemin de fer à seize heures trois jours où le cœur de Julien recommençait vraiment à battre un peu plus fort. Comme il détestait être en retard il fut sur le banc une heure avant l'heure en se rongeant les ongles chose qu'il n'avait jamais faite auparavant. Une jeune femme élégante se dirigea vivement vers lui mais enfin pour qui vous prenez-vous monsieur à asticoter ma mère de cette façon à votre âge c'est répugnant je vous conseille de vous tenir tranquille sans cela elle avait dit cela non pas ça et repartait aussi sec alors qu'il commençait à pleuvoir attendez mademoiselle attendez je Julien resta coi dépité penaud mouillé et but toute la nuit en hurlant merde toutes les dix minutes en se demandant pourquoi il avait quel godiche.

Trois jours après tiens trois jours décidément nouveau coup de téléphone nouvelle voix à la même heure et rendez-vous pareil hésitation j'y vais - j'y vais pas j'y vais rebelote et là se pointe la mère que Julien trouve encore plus belle que la fois précédente alors voilà bon c'est pour ma fille faut l'excuser mais elle veut absolument vous revoir j'ai eu beau évoquer invoquer la différence d'âge rien n'y fait mon mari est furieux elle dit ne penser qu'à vous sans arrêt depuis qu'elle vous a vu voilà bref elle est amoureuse on a beau la raisonner, elle en a parlé à sa meilleure amie qui lui a dit pour moi c'est pareil ma vieille maintenant l'âge tu sais on s'en tape j'ai vécu avec un connard plus jeune tu vois alors vous comprenez monsieur vous laissez ma fille tranquille sans ça elle n'avait pas dit cela et elle repart laissant Julien piteux pitoyable pis encore attendez je vous et voulut boire toute la nuit mais cette fois les bouteilles étaient vides.

Les deux jours suivants Julien attendit fébrilement le troisième et la sonnerie du téléphone même heure voix différente une sœur peut-être nouveau rendez-vous fixé pareil Julien se dit cette fois basta je n'y vais pas dans quel merdier me suis-je fourré et puis tant pis on verra bien j'y vais. 

De loin, il reconnut la silhouette, la démarche.

Celle de "l'amie".

Monique.

Depuis ce jour, Julien n'aide plus les dames à se garer et ne distribue plus de cartes de visite.

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