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12/06/2015

NOUS AVANT

 

C'est en rentrant de chez Elvire après le dîner pour fêter l'anniversaire de Django que nous avons eu cette discussion sur un sujet que nous repoussions chaque jour : qui étions-nous avant de nous connaître et de vivre ensemble depuis toutes ces années, combien au fait, Muriel pensait 9, Jérôme affirmait 12… alors ?… peu importait ; notre couple fonctionnait bien, mais oui qui étions-nous avant notre rencontre, on n'en avait jamais parlé ou si peu, les parents, la famille, nos enfances, les études, les boulots tout ça oui, mais le reste, quelles avaient été nos vie amoureuses ? Était-il nécessaire d'en parler ? De remuer un couteau dans les plaies, d'ailleurs, y avait-il des plaies, des blessures, des drames enfouis ? Autant de questions jamais posées donc sans réponse… Les exemples de couples amis ou ennemis ne pouvaient les rassurer, la plupart des histoires s'étaient souvent mal terminées, par des ruptures définitives, des vaudevilles ou des tragédies. Qui allait commencer, se lancer dans le récit de souvenirs joyeux ou amers, volontairement ou non oubliés ou au contraire encore présents. On en avait des exemples quotidiennement avec les films ou les lectures que ce soient des chefs-d'œuvre ou des navets, des histoires vécues ou romancées, avec aussi l'étalage des aventures de gens célèbres qui inondaient la presse people ou les chaînes d'infos merdiques… alors à quoi bon !.

Sans compter sur la jalousie feinte ou avouée, les dérapages ou ce qu'on appelle les coups de canif dans le contrat, l'épisode du footballeur avec Muriel, les flirts en plans rapprochés/serrés/ferrés ou terminés en coucherie de Jérôme avec Aurore la nympho au cœur infidèle… sans parler des soupçons, bon dieu, les soupçons, quelle saloperie, un regard jugé trop insistant, un sourire trouvé peu résistant, une parole mal placée, un geste déplacé, une allusion, un sous-entendu entendu, un mot de trop ou pas assez, la plaisanterie à sens unique ou à contresens, une contrepèterie douteuse, des jeux de mots et de maux contrariant, des chemins dits de traverses hors des clous de la bien-séance, de la bien-pensance, des conventions convenues ou connes tout court, des présomptions, des doutes qui s'installent, s'implantent de façon pernicieuse et si et si et si…

Donc, c'est au moment de s'endormir ce soir-là au retour de chez Elvire que Muriel demanda à Jérôme si c'était vrai cette aventure avec Damien au collège et jusqu'où ?, hein, et toi la gougnotte avec Monica à la surprise-partie du nouvel an chez les Dubois, et l'autre pédé tu sais qu'il aime encore sucer les bites des copains de préférence les plus grosses, et ton footeux arrière de l'équipe avec sa coupe de cheveux à la con il t'a sodomisée, hein ?, ah on les connaît tes frasques, oh tu peux parler toi l'aguicheuse toujours prête à sauter sur tout ce qui bouge, mais moi j'ai pas de tendance pédophile à mater les petits garçons… et patati et patata et patate et toi et…. Ils s'endormirent au petit matin à bout d'arguments...

 

Le lendemain au petit déjeuner chacun dans leur coin en évitant de trop se regarder, Jérôme au moment de partir dit à Muriel :

- N'oublie pas que c'est ce soir qu'on dîne chez Elvire pour l'anniversaire de Django, tu penses au cadeau.

 

Jacques Chesnel

11:23 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Ah oui, tous ces déraillements et puis heureusement la vue du butoir...

Écrit par : Dominique Hasselmann | 17/06/2015

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