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09/01/2015

AU RESTAU

  

Au cours de ces réunions entre copains qui se retrouvent une fois par mois pour rigoler, Jérôme entendit Alain son meilleur pote raconter cette conversation entendue dans un restaurant 

       :bonjour monsieur, vous avez réservé ?

        oui, au nom de Chesnel

        heu… pardon… Chanel ?, comme le parfum ?

        non, Chesnel, comme Bordeaux

        bien sûr, les rillettes, monsieur !, par ici monsieur Bordeaux, si vous voulez bien me suivre, voilà

- ah !, mes amis sont déjà arrivés, salut Maurice, ça biche ?, et vous Ginette, ça rouspète toujours ? excusez-moi pour le retard

- vous êtes tout excusé, on a pris l’apéro, enfin deux en plus, en vous attendant mais on est content que vous êtes là maintenant pour traduire le menu car on comprend rien ou alors yen a qui s’la pète avec les phrases que c’est trop aride pour nous, on a tout lu en long en large et en travers et on voit pas de pot-au-feu que c’est plutôt ça qu’on aime en général

 - je ne vous ai pas invité dans ce restaurant gastronomique réputé pour manger un pot-au-feu aussi succulent serait-il, mes amis, mais pour vous faire découvrir la nouvelle cuisine que recommande tous les guides y compris le Gault et Millau

 - alors là si le Millau c’est le gars du viaduc ça change tout, j’ai connu un gars au régiment en 40 qu’était un copain à lui et qui disait qu’il avait un sacré coup de fourchette et qu’il connaissait des chefs avec des trucs inventés originaux qu’il en restait tout baba, ils mettaient des noms pour épater la galerie que ça marchait bien alors pourquoi ne s’en priver, nous on fait plus simple

- je vous comprends mes amis, mais il faut sortir du quotidien, de l’ordinaire, du courant, du tout-venant, de l’habituel, du commun au lieu de rester chez soi à mitonner ses petits plats préférés, pourquoi ne pas découvrir de nouvelles saveurs, des mets inconnus, des recettes originales, dites-moi

- ben nous, on est habitué aux nôtres, on est pas des aventureux à nos âges, on croyait que dans une maison comme celle-là avec des étoiles partout on aurait droit à c’qu’on aime chez nous mais encore en mieux si c’est possible parce que là la Ginette, c’est un vrai maître-queux, une fine cordon bleu de gâte-sauces de toutes les couleurs et nos gars en ont la bave aux lèvres rien que d’penser à son pot-au-feu tout ça pasqu’elle y met une pincée d’herbes aromatiques pour les zygomatiques afin que ça relève et question relève j’peux vous dire qu’après ça y va faut les retenir les garçons ils sautent sur tout c’qui bouge et même sur c’qui bouge pas alors si vous voyez c’que j’veux dire… et pis avec tout ce charabia dont on a pas les codes on connait pas les combines en un mot tous ces chefaillons ils nous noient le poisson même quand yen a pas, vous avez vu une quelconque fricassée vous ?, une soupe à la graisse avec des lardons vous ?, une simple omelette aux champignons vous ?, un sauté de veau hop vous ?, ce qu’on veut c’est qu’ça nous chatouille les papouilles qu’on a délicates à not’ façon sans chichis, du lourd, du substantif

- vous voulez dire les papilles ? et du substantiel ?

- papilles et papouilles égalité pareil identique équivalent, on se dépatouille même avec les papillotes, on est des gens simples comme un job, et pis des papouilles sur nos papilles c’est le mieux qu’on ait trouvé, spas Ginette ?

- j’suis toujours partante par tous les temps pour ces trucs là… bon, on va vous faire confiance pour la commande, hein Maurice ?, mais en attendant je r’prendrais bien un p’tit apéro pasque souvent c’est long avec tout leur tintouin à la con… et vous, Roger ?

- garçon !... s’il vous plaît !.

 

Jacques Chesnel

11:23 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)