Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/04/2014

LE CUL CUL CLAN

 

 On se faisait toujours un grand plaisir d'aller le voir, ce cher vieil oncle dans sa maison de retraite de luxe au milieu des bois. La joie des retrouvailles d'un côté comme de l'autre. Nous, pour son humeur, son humour, sa joie de vivre, ses bons mots, ses réflexions sur tout et sur rien, ses énormes éclats de rire, le tout à vous redonner la pêche à la fin de la visite. Lui, pour notre déférence discrète, notre attitude respectueuse mais parfois légèrement insolente, disait-il, avec son grand sourire sous sa belle moustache à la David Niven. On n'osait plus lui demander son âge dont il ne disait rien par coquetterie, lui si distingué, bien vêtu avec une élégance discrète, on lui donnait entre 75 et 80, parfois moins. Nous abordions tous le sujets, ceux du jour, de l'époque comme des temps anciens pour lesquels il n'affichait aucune nostalgie, sauf le chagrin à cause du décès prématuré de sa chère épouse, notre tante Marthe adorable et adorée.

Alors, Jean-Pierre, raconte-nous ta quinzaine depuis notre dernière visite. Et là, ses yeux bleus pétillèrent de satisfaction, c'était la question qu'il attendait.- Elles on recommencé, nous dit-il en se tortillant dans son fauteuil. Nous nous regardâmes, on allait avoir du nouveau car sur le sujet il était intarissable. Le sujet : le cul cul clan, c'est-à-dire la douzaine de donzelles qui gravitaient autour de sa personne et qui, coïncidence, portaient toutes des prénoms se terminant en « ette » et qui rivalisaient pour essayer de le séduire ou de s'attirer ses bonnes grâces, comme il disait. 

L'accorte Antoinette, la brunette Bernadette, la coquine Colette, la gamine Georgette, la hardie Huguette, la jolie Juliette, la louvoyante Lucette, la mutine Marinette, l'obsessionnelle Odette, la piquante Paulette, la séduisante Suzette, la volontaire Violette et la yéménite Yvette étaient ses admiratrices et lui vouaient un véritable culte, à lui le seul homme digne de leur intérêt. Possédées par ce qu'on appelle pudiquement le démon de midi, plus exactement en ce qui les concerne, le démon de l'après-midi en raison de leur âge entre 60 et 70 ans, la plupart de ces dames étant encore agréables à regarder, coquettes, gracieuses, distinguées certes, mais bavardes, cancanières, persifleuses, portées sur les commérages, potins et autres ragots, persiflage et papotage… qui faisaient le bonheur de notre cher tonton, surtout lorsque cela tournait autour de son sujet de prédilection : le sexe, la gaudriole, le grivois, la bagatelle et la polissonnerie, en un seul mot qui résume tous les autres : le cul. Et c'est ainsi qu'il appela cet aréopage féminin : son cul cul clan ahahahah, mais attention pas le porno, mes enfants, non non, pas des histoires de baise, dit-il en se passant la langue sur ses lèvres purpurines, du cul de classe avec des mots choisis, pénis plutôt que bite ou quéquette, l'abricot plutôt que la chatte, l'anus plutôt que le trou du cul, les seins plutôt que les nibards ou les nichons, les gaillards d'avant, les boulettes de Vénus, les fruits de la passion, se faire chevaucher la chosette plutôt que se faire enculer, se faire reluire le berlingot et gâter le matou, se faire sucer la moule ou croquer la frite, s'astiquer le minaret, se taper un silencieux plutôt que de se (faire) branler, toutes ces choses agréables, vous voyez les enfants, toutes ces gentes dames sont intarissables sur la chose, le sexe féminin dit aussi le lippu, l'ombrageux, le berceau du pape ou le chemin du paradis, le masculin comme l'étendard, le laboureur, le petit voltigeur, le onzième doigt, le turlututu, le fusil à deux coups ou la tige des merveilles… L'une de ces dames, la gaillarde Suzette à l'air lubrique si évident pour ces 69 printemps, organisait parfois dans sa chambre des séances de vidéo un peu olé olé disait-elle avec des films tels que L'enfileur des anneaux, Ma queue Donald, Autant en emporte le gland, Full métal quéquette, Total rectal, Blanche fesse et les sept mains, Ingrid bite en cours, Il faut sauter la sœur de Ryan, Quai des burnes ou Laisse tes mains sur mon manche... et tout ce petit monde riait mais alors riait…

Ah ! Voilà une de ces donzelles qui rapplique en tortillonnant du popotin et regardant amoureusement le fringant parent, bonsoir mon cher JP, ah sont-ce vous petits-neveu-nièce qui sont si mignons ça me rappelle… Et maintenant, elles arrivent en devisant, pimpantes et souriantes et entourent notre tonton qu'on sent de plus en plus frétillant, nous nous éclipsons discrètement, un petit signe de la main, il est déjà ailleurs, entre les mains de ces dames du clan cul cul, toujours prêtes à deviser gaiement sur leur sujet favori, vous venez ce soir nous avons concocté un nouveau programme alléchant qui devrait vous plaire... 

En sortant de la propriété, nous nous retournons et regardons la plaque de cuivre sur la droite à côté du porche : 

L'ESCAPADE ENCHANTÉE

 (Pour votre Retraite Heureuse) 

Tu parles ! … Et comment, hein, le tonton ? 

© Jacques Chesnel 

11:29 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

ah! que c'est rafraichissant de lire de telles lignes un 1er mai, mi figue, mi raisin!!!

Écrit par : paniss | 01/05/2014

Les commentaires sont fermés.