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28/02/2014

L'APRÉS DE L'AVANT OU L'INVERSE

 

. La pluie avant qu'elle tombe (Ian McEwan)

. La fumée avant le feu

. Dieu avant qu'il existe

. Le plein gré avant son insu

. La porte avant de la prendre

. La source avant qu'elle coule

. L'histoire avant qu'elle commence

. Le rire avant qu'il s'étrangle

. Le siège avant le saint

. La faute avant l'orthographe

. Les abois avant la biche

. Tuer avant le ridicule

. L'escampette avant la poudre

. Le remplissage avant le trou

. Partir avant la faim

. Rendre son pied avant de le prendre

. Déployer sa gorge avant de rire

. Mettre les roues avant le bâton

. La bulle avant le pape

. L'objet avant cet obscur désir (Luis Buñuel)

. Le jeu avant la règle

. Le pire avant le pire et le rire

. L'étalon avant le mètre

. Se gratter avant le poil et avant le nombril

. Le carosse avant la cinquième roue

. Le pipi avant le chat

. Le Niagara avant les chutes

. Le son des bois avant le cor du soir

. Rigoletto avant de rigoler tard

. Le crépuscule avant le boulevard (Billy Wilder)

. L'escadron avant les gaités (Courteline)

. La glace avant les seins

. Le papillon avant la minute

. Les sens avant le plein

. Le saut avant la carpe

. Korsakov avant Rimski

. La routourne avant Ribéry

. Le pinson avant Mimi

. Camille avant les cinq sens

. Damoclès avant les pépées

. La loi avant les tables

. L'orgasme avant le coït

. Le reflet avant la glace

. Le temps perdu avant la recherche (Marcel)

. La cicatrice avant le bistouri

. La moelle avant l'os (Pierre Dac)

. Eve avant Adam : tout est à recommencer

. La fin avant le début

 

© Jacques Chesnel

12:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

22/02/2014

L’INSTRUMENT

 

 Ça, on peut dire que je me fais tripoter par tous les doigts de toutes les couleurs des deux sexes mais surtout des hommes depuis mon dépucelage quand le premier m’a sorti de ma boîte doublée de velours rouge et que j’étais encore en plusieurs morceaux oh la belle sensation lors du premier assemblage ces mains qui tremblaient car ce fut un jeune homme qui eut l’honneur me faire sentir entière bien droite et fière ah ce premier son frisson après la pose de l’anche d’abord mal humectée maladroitement posée puis rectifiée et enfin bing bang bug pfuittt fausse note cela commençait bien hihihi…

Depuis ce moment quand même merveilleux cet épanouissement mon premier orgasme quand enfin maîtrisée mon initial amoureux s’envola… pour jouer au clair de la lune puis après quelques familiarités avec les gammes et un doigté douteux il entama un blues de sa composition plutôt décomposée faut bien commencer par là un jour certes mon acquisition était un cadeau de ses parents pour le bac avec mention quand voyant son impuissance à me faire vraiment jouir il décida avec l’accord des parents de me revendre dans une boutique d’occase de renommée tout de même…

En raison de ma date de naissance, de mon pedigree, de mon état quasi neuf je ne fus pas longtemps à faire le poireau dans le magasin où se précipitent musiciens pro ou amateurs ou chevronnés débutants s’abstenir je passais donc entre quelques bonnes pognes et lèvres agréables sur mon joli bec quelques baveurs dégoulinants aussi qui négligeaient de me ramoner à l’écouvillon j’en profitais alors pour fausser ma justesse avec mon barillet bien fait j’ai même eu l’heur de plaire mais zoui à une vedette du jazz très connue un brin prétentieuse et plutôt chafouine qui donnait parfois le change en compagnie de musiciens classiques j’ai donc eu droit aussi bien à du jazz dit free qu’au concerto de Mozart aux applaudissements de smokings et de chemisesàfleurs de dames compassées et de jeunettes libérées vous pensez bien que tout ceci ne me laissait pas indifférente et puis paf disgrâce pour une concurrente complètement surfaite une étrangère et me revoilà cette fois acoquinée avec un jeunot qui me maltraite que je ne sais plus quoi penser de bien et de mal je suis un peu perdue tourneboulée c’est quoi son truc du folk du quoi de quoi mais il s’occupe tellement bien de moi propre et prévenant démontée rangée dans ma boîte doublée de velours rouge et puis un jour l’oubli non mais vous vous rendez compte une touche avec une groupie et me voilà sur le carreau dans un coin de l’estrade laissée pour compte comme une vulgaire savate et les gars de la propreté oh les mecs c’est quoi ce truc ouvre pas j’te dis c’est quoi putain un biniou c’est une clarinette dis donc Selmer qu’elle s’appelle ça vaut combien et me voilà repartie pas loin quand le jeunot rapplique et donne la pièce et me reprend et me jure son amour éternel… avant quelques temps après de choisir de se mettre au saxo le traître quelle fin de vie sur le haut de l’armoire que je me languis j’ai pourtant plein de sons à dire encore au secours quelqu’un peut m’aider ? vous ? oui vous, là !...

 

© Jacques Chesnel  

12:03 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)

15/02/2014

PANDORES

 

 

Une voiture bleue azur sur le parking, deux claquements de portière comme deux coups de feu… début de l’apéro du midi vers 14 heures… bonjour la compagnie…quoi, les cognes… ils sont deux comme toujours, un grand maigre et un p’tit gros, style Don Quijote et Sancho Panza, le trio avec leur Rossinante à girophare… Axel se lève, vous prendrez bien un verre avec nous, c’est pas d’refus… voilà, heu, à la brigade on nous a signalé l’évasion d’un détenu dangereux de la prison centrale condamné à perpète pour plusieurs meurtres… ah !... alors vous savez par les temps qui courent, vu que vous êtes isolés on a préféré vous avertir d’autant que maintenant y en a trois, deux individus qui l’attendaient, ce sont des durs et ils doivent être armés alors… le grand parle, le petiot s’éponge, tous deux descendent leur verre d’un seul coup d’un seul… c’est pas d’refus et hop un deuxième… nos compagnes trouvent d’un seul coup qu’il fait frisquet et vont chercher une petite laine, les mecs se regardent en ricanant… il paraît même qu’ils on pris un gamin en otage avec bagnole… bordel, c’est du sérieux alors… une rincette, c’est pas d’refus ter… tu as toujours ton fusil, un 16, Axel ?... oh on va pas commencer à paniquer… bon, c’est pas tout ça mais faut qu’on aille prévenir les autres fermes… vous n’avez pas de téléphone portable, faut que vous fassiez du porte-à-porte ?… regards gênés des deux pandores… ma voisine me dit à l’oreille hé et si c’était eux les malfrats déguisés en flics, hein… tu rigoles, dis-je, mais au fait pourquoi pas… pas de panique bis… au même moment, sonnerie de téléphone tout près, le Birdland de Weather Report, la classe, le grand fouille dans sa poche et sort… un mobile, ouf… allo, oui oui, non, bien chef… et il rengaine son engin et on respire… bon faut qu’on y aille maintenant surtout ouvrez l’œil et le bon, à la revoyure m’sieur-dames… Quichotte et Panza s’en vont très dignes retrouver la Rossinante bleue, les deux coups de feu, vroum vroum… 

Ils sont déjà venus, pas eux, quelques autres, au début de notre installation il y a cinq ans, on les voyait souvent, intrigués par les allées et venues, par le nombre de visiteurs, par les bruits qui ont couru sur nos soirées proustiennes, drogue, partouze et quoi encore… après, ils sont venus pour les vols quand on était pas là, trois ou quatre fois, sans succès dans leurs recherches, il y a bien de temps en temps une voiture noire qui rode tous feux éteints et il y en a ici qui ont eu peur… ils sont sympas, un peu frustes mais pas très efficaces sauf pour le p’tit blanc sec… 

ah !la sieste sur la terrasse, tout le monde est là sauf les baiseurs qui rappliquent après et se vautrent dans l’herbe… alors pas trop fatigués les amoureux ?... quoi vous repartez déjà... oh faut assurer quelle santé… tiens ! deux coups de feu plus loin niveau parking… les portières ?, les pandores ou bien ?... on se lève, certaines se revêtent en hâte, certains se rajustent… et revoilà tranquilles comme baptistes le duo comique le Chevalier à la triste figure couperosée flanqué du fidèle Sancho au sang chaud olé… bon c’est pour vous dire qu’y faut pas vous inquiéter les trois gars ont été repris ya eu du grabuge, échanges de tirs, un brigadier-chef a été blessé, un des truands aussi… c’était des coriaces mais on les a eu avec du renfort d’après ce qu’on sait mais il doit bien y en avoir quelques autres en fuite enfin les nouvelles vous savez… vous auriez pu nous téléphoner… ben vous savez les mobiles ça ne passe pas toujours par ici alors on a préféré venir disent-ils en louchant sur la table où sont les verres et les bouteilles vides naturellement… attendez on va en chercher une nouvelle pour fêter ça dit Axel tout content…

… et c’est à ce moment là qu’en provenance du parking on a entendu les premiers coups de feu et les cris qui se rapprochent.

 

© Jacques Chesnel

06/02/2014

LA PORTE DE L'ENVERS

 

Vraiment commence cela comment jamais sait ne on ; plus non finit cela comment ni; questions mêmes les toujours ; méninges les triturer se beau on a , permanente d'inquiétude états d'autres dans mettre ou se, posé toujours demeure problème le. Comprendre à rien avait n'y qu'il comprendre à temps certain mit Jérôme dont réflexion de sujet vaste. L'évidence à rendre se bien fallut lui il, Muriel avec animées discussions une des après :

L'ENVERS  DE PORTE LA GRAND EN OUVERT AVAIT IL,

l'enfer pour Rodin édifiiée l''avait comme et Blake William à chères si perception la de portes des l'ouverture lui avant comme, porte la sous clé la mettre pas même de tout n'allait-il, maison la de genre le pas n'étant faux-à-porte le.

Remettre s'en a mal du bien aurait qu'il savait il ; débuter de venait calvaire son, fin la bientôt il-verrait en.

 

© Jacques Chesnel

01/02/2014

RUGBY, MY DEAR

 

 Nous étions tous les trois venus de régions différentes, Alan breton bretonnant, Antoine albigeois de souche et moi Ahmed pur beur de Normandie, pour suivre nos études à l’école supérieure de journalisme à Lille ; après un round d’observation partagée nous étions devenus copains comme cochon suivant l’expression consacrée. Chacun y allait de son pays critiquant ou glorifiant, le plus virulent étant le cathare qui ne chômait pas sur le sport régional, le rugby, un art de vivre se plaisait-il à dire citant Jean Giraudoux, Mac Orlan, Antoine Blondin, Samuel Beckett et évoquant sourire au coin des lèvres les valeurs de ce sport de voyous joué par des gentlemen comme on dit depuis toujours et non l’inverse hein… les hommes de l’ouest que nous sommes en apprirent tellement au cours de nos soirées que nous devînmes incollables sur les règles, les joueurs mythiques, les grandes équipes, le rugby britannique, les relations entre joueurs, les coachs et préparateurs, les troisièmes mi-temps, tout sur ce sport de combat que d’aucuns pratiquent comme une religion cong… Comme à Lille le rugby est une langue étrangère on se rabattait sur la télé on avait trouvé un bistro sympa avec le patron total fan et canal +, hors saison on passait des cassettes vidéo de matches enregistrés ; alors je peux vous dire qu’on en savait un maximum surtout sur les joueurs de ces cinquante dernières années : Serge Blanco, Jean-Pierre Rives dit Casque d’Or, Philippe Sella, Castaignède dit le petit Mozart de l’Ovalie, les Blacks avec Jonah Lomou et le fameux et terrifiant haka, les anglais nos meilleurs ennemis avec Jonny Wilkinson, les irlandais et leur fighting spirit et Ronan O’Gara, chez nous les gars de Toulouse et du Stade Français ou de Biarritz et Clermont, Vincent Clerc et Wesley Fofana et leur pointe de vitesse, les virevoltes de Cédric Heymans, les percées de Poitrenaud, les plaquages de Serge Betsen, les coups de pied à suivre et les drops de Juan Martin Hernandez et d’Elissalde, Jauzion, Skrela, Damien Traille, Emanol Harinordoqui, Dimitri Yachvili, les courses folles de Rougerie, celles de Yoann Huget et Sofiane Guitoune, la furia de Vermeulen l’Elvis du ballon ovale, on pourrait vous citer des pages et des pages, vous raconter les vestiaires et les après matches mais bon… on avait acheté en commun le Dictionnaire amoureux du rugby de Daniel Herrero le poète au bandeau rouge, lu Lacouture, je crois bien qu’on était devenu un peu fou à tel point que nous avions complètement changé les suites à donner après la fin des études, Alan ne voulait plus essayer d’entrer à Libération, ni moi au Monde diplomatique, Antoine voulait plus que jamais écrire pour Midi Olympique, bref nous voulions tous les trois devenir chroniqueurs sportifs spécialisés, c’était bien parti… De mon côté, je les avais initié au jazz, les grands musiciens, mes favoris et deux fois par semaine, je leur faisais écouter mes CD favoris et je les avais convaincu sur Coltrane, Miles Davis, Mingus et Monk que nous vénérions tous les trois.

Alan nous présenta un soir une créature de rêve rencontrée à Carhaix bénévole au festival des Vieilles Charrues et qui travaillait à Lille dans une boutique de mode ; elle s’intégra rapidement au trio ; nous étions naturellement admiratif et jaloux du succès de notre copain ; Manon, ah ! son prénom, s’était découvert une passion pour le chant et suivait des cours du soir au conservatoire, elle commença à nous parler des chanteuses qu’elle aimait, des musiciens qu’elle admirait et pendant ce temps on oubliait le rugby oh pour un temps parce que… Alan nous invita un soir dans une petite boîte de nuit où des amateurs se produisaient et nous vîmes avec stupéfaction notre Manon monter sur scène s’emparer du micro, se tourner vers le pianiste et annoncer sa chanson : du grand compositeur et pianiste Thelonious Monk je vais vous chanter RUGBY, MY DEAR … elle avait adapté de nouvelles paroles sur la géniale mélodie ; on en resta pétrifié, bien sûr, on applaudit à tout rompre avant et surtout après sa prestation plus qu’honorable et lorsqu’elle revînt elle nous confia : depuis le temps que je vous entends parler de rugby, il fallait bien que je vous fasse un petit signe à ma façon…

Bien entendu, cette fameuse composition de Monk était devenue notre hymne, il ne nous a jamais quitté et quand on y repense maintenant tous les trois dans nos métiers respectifs, Antoine au Midi Olympique, Alan éleveur de porcs dans sa Bretagne et moi cadre dans une entreprise de travaux publics (le pont de Normandie, autrement dit le viaduc de Millet, c’est moi !) cela nous émeut toujours, je le sais, ils me l’ont dit ; surtout moi et quand je réécoute Ruby, My Dear pour la millième fois, je n’oublie jamais d’embrasser très fort Manon, devenue mon épouse… pour son si beau cadeau… avec ce G, en trop. 

© Jacques Chesnel  

10:20 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)