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18/09/2013

LES CLENCHEURS

 

On en apprend tous les jours, air connu. Ainsi, il y aurait une nouvelle forme de cambriolage avec une nouvelle race de malfaiteurs appelés les « clencheurs ». Ces cambrioleurs d’un genre différent opèrent ainsi : en zone rurale à chaque pavillon individuel ou en zone urbaine après s’être introduit dans un immeuble, ils vont à toutes les portes, frappent doucement d’abord, appuient sur la poignée de la porte d’un logement et si celle-ci n’est pas verrouillée commettent leurs larcins, vols opportunistes donc sans effraction, souvent quand les occupants sont en train de regarder la télé ou bien tondre la pelouse ou autre joyeuseté. C’est ce que racontait Jérôme à Muriel avant d’aller se coucher et de vérifier si tout était dans l’ordre comme d’habitude. T’as bien fé-mé le vé-ou, brailla Muriel tout en se colgatisant furieusement les dents ; voui répondit Jérôme en se grattant le derrière d’un air rassuré. On en avait parlé dans tous les journaux et un grand vent d’inquiétude s’était abattu sur les esprits, notamment les personnes âgées comme les parents de Muriel complètement paniqués. Cela avait déclenché des réactions diverses allant jusqu’à envisager de ressortit les fusils ou de constituer des milices ou brigades de surveillance.

Le lendemain matin au réveil, Jérôme lança un je vais acheter le journal pour voir et s’aperçut que contrairement à ce qu’il croyait le verrou n’était pas mis, bordel de merde on avait dormi dans l’insécurité totale et aucun clencheur, ah les cons, n’en avait profité. Il ne dit rien à Muriel car cela aurait déclenché une belle dispute de trop car en ce moment… Au bureau, c’était la conversation principale autour de la machine à cacafé, on allait voir ce qu’on allait voir on a n’allait se faire marcher sur les arpions impunément, c’était la révolte, pire une rébellion, une mutinerie, non sire une révolution, aux armes citoyens. Dans les propos entendus, Jérôme fut plus que choqué lorsque le mot tzigane revint le plus souvent, tous ces roms, ces étrangers voleurs de poules dont les hordes envahissent par milliers notre belle France. Il pensa aussitôt à Django Reinhardt dont il venait de se payer l’intégrale en CD suite à l’histoire de sa vie racontée par Charles Delaunay ; il se demandait si ces excités n’auraient pas foutu le feu à sa roulotte une deuxième fois ?. Révulsé, il enclencha la surmultipliée, leur fit un doigt d’honneur et d’horreur gros comme la statue de la Liberté ce qui lui valut des réponses avec force majeurs frappés sur leurs têtes de nœud toc toc toc. En rentrant, Jérôme dut sonner plusieurs fois car la Mumu avait bien enclenché au triple tour d’écrou le gros verrou, il se remit pour la cent millième fois la séance de Django à la guitare électrique en compagnie de Martial Solal en 1952 et décida sur le champ que dorénavant, pour narguer tous ces trous du cul, il ne mettrait par ce putain de verrou, on verra bien. Aux dernières nouvelles, les clencheurs ne sont toujours pas venus rendre une petite visite à nos amis.

Jérôme est sûr que quelque part Django veille sur eux. « T’es sûr » lui demande souvent Muriel.

©  Jacques Chesnel

20:52 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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