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20/05/2013

MARIE LÀ-HAUT

 

Cela fait déjà un moment qu’elle est là, que je l’aperçois dès le lever du store de ma chambre, jusqu’au dernier coup d’œil avant de le rabaisser au moment du coucher. Je la vois aussi subséquemment au cours de la journée quand je mate dehors pour voir le mauvais temps qu’il fait. Tiens, le temps justement ne lui fait pas peur qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, seule sa position change un peu, on dirait qu’elle tourne un peu sur elle-même avant de reprendre une position qu’on dirait normale. Au début, j’étais intrigué par toute cette ferraille, cet emprisonnement dans ces tubes de fer de treillis et de longerons dans cette longue flèche en porte-à-faux reliée par un câble à la tour où son nom apparaissait, resplendissant : MARIE  dans un petit panneau avec les lettres majuscules peintes d’un beau bleu à quelques mètres de hauteur, l’équivalent de 12 étages d’immeuble à vue de nez à une distance d’environ 30 mètres au pif face à l’immeuble érigé devant le mien. Elle avait dû arriver quand je n’étais pas là, elle avait dû apparaitre en quelques jours sans prévenir mais combien de temps allait-elle rester perchée là-haut… Réponse : le temps des travaux de construction de ces nouveaux logements car vous avez compris que MARIE est une grue de chantier. Grande fut ma déconfiture lorsque j’appris par les ouvriers que la grue n’avait pas de prénom pas CE prénom, c’était seulement le nom de l’entrepreneur pour se faire de la pub, marquer son territoire, Monsieur Marie, patron de la « Société de Construction Roméo Marie et Fils », que j’ai rencontré sur le tas tard, je lui pose alors la question sur le quiproquo, ç’aurait pu être le prénom de votre femme, non ?, non, ricana-t-il, elle se prénomme Juliette.

-  Vous aussi, hein, vous avez fantasmé sur Marie, comme tout le monde dans l’coin, me dit, goguenard, le gros rubicond très con qui en réalité se prénomme Edmond, si vous saviez, même mes ouvriers, alors je les laisse dire

Ce matin, on est en train de démonter Marie ; je commençais à m’y habituer… malgré Juliette… comme les autres dans le quartier, sans doute.


© Jacques Chesnel, déçu

11:06 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Il a fait faire, par personne interposée, le pied de grue à sa femme !

Écrit par : Dominique Hasselmann | 20/05/2013

Quelle belle histoire, surprenante ...

Écrit par : christiane | 21/05/2013

J'aime beaucoup cette petite histoire pleine de poésie...

Écrit par : helenablue | 23/05/2013

merci à tous les 3

Écrit par : Jacques Chesnel | 23/05/2013

Les commentaires sont fermés.