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13/03/2010

LE PARI DE JEANNE OU LES DÉSEMPARÉS -2

LE PARI DE JEANNE OU LES DÉSEMPARÉS (suite)

2/ Louis

Il laissa retomber son bras comme un con, avait-elle cru qu'il pourrait la frapper ?. Pas son genre ; déjà à l'école évitant les bagarres dans la cour d'école, aux leçons de karaté dans sa jeunesse, on lui reprochait de ne pas se lancer, d'attaquer, de foncer, il s'était fait réformer au service militaire par horreur de la bataille, de la guerre provoquant le courroux de son père militaire de carrière, ire plus manifeste encore quand celui-ci avait appris que son fils bien-aimé qu'il voyait un jour haut gradé dans la marine n'aimait pas les filles. Louis restait derrière la porte hésitant à la poursuivre, premier incident/incendie grave suite à des accrochages des broutilles mais de plus en plus fréquent(e)s. Il était convaincu d'aimer vraiment cette femme la première l'unique depuis sa rupture avec Lionel après neuf ans de vie commune sans tapage sauf quelquefois pour les garçons. Les images de la première rencontre avec Jeanne dans ce bar-dancing où il allait pour draguer des mecs, c'était elle qui l'avait par son regard presque invité à danser ce slow à la mode  son sourire  ses yeux son silence cette façon de se livrer se délivrer dans ses bras sans se frotter comme les minets vicieux qui se croyaient irrésistibles (quoique certains) elle s'était écartée un peu lorsque son érection était devenue trop évidente elle avait simplement murmuré chut un doigt sur ses lèvres sans rouge chuttttt prolongé, troublés tous les deux lui encore plus car une femme pour la première fois j'aimerais vous revoir entendit-il dire d'une voix qui ressemblait à la sienne elle n'avait pas dit non juste l'esquisse exquise d'une moue dubitative.

Louis s'assit et se prit la tête dans les mains ce qu'il ne faisait jamais et pensa à Eric le barman du bistrot du coin que tout le monde appelait Vincent Lindon et qu'il considérait comme un confident fiable déjà du temps de Lionel quand il se questionnait sur leur avenir. Se lever fut difficile, il n'avait plus de jambes, aucun ressort musculaire. Il se dirige vers le couloir, revient vers le fauteuil, elle était là Jeanne sur la plage à Royan dans son maillot de bain une pièce si belle à en pleurer, Jeanne là dans le funiculaire vers le Tibidabo à Barcelone hurlant dans les montagnes russes je vais vomiiiir Jeanne là à Honfleur devant les galeries de peintures toutes pareilles port et bateaux tous identiques

Jeanne au cinéma aimant tous les films de Woody Allen avec une préférence pour La rose pourpre du Caire Jeanne toujours cette fois dans le train de nuit pour Rome on va être sage Louis non ? tu as tout le temps envie Jeanne assise sur la chaise de la statue à côté de Fernando Pessoa à Lisbonne Jeanne encore écoutant religieusement Martial Solal dans un club Jeanne et les premières grimaces de douleur sur son visage qu'il connaissait par cœur... et le téléphone qui soudain sonne dans l'entrée Jeanne ?. Message publicitaire par robot, il cria merde in/utilement dans le récepteur qu'il envoya valdinguer rageusement. Il n'avait pas besoin de se demander s'il l'aimait OUI pas l'ombre de l'ombre d'un doute.

Dehors la pluie continuait de tomber. La manif' se terminait. Un type le bouscula hors du trottoir oh hé pardon. Il pensa téléphoner à Lionel mais quoi lui dire alors que  Eric oui peut-être il entra dans le rade bondé salut Vincent cela lui faisait plaisir de le voir avec son air placide son regard si rassurant dans l'atmosphère agitée et bruyante. Le barman l'accueillit par ce franc sourire spécial qu'il réservait pour les amis les habitués les connaissances les plus sympathiques. Comment va ? heu pas terrible dis-moi Jeanne, je l'ai vue tout à l'heure elle n'avait pas l'air bien il y a un problème ? oui enfin non elle a dit quelque chose ? Eric essuyait le comptoir machinalement non elle marmonnait bredouillait elle a bu un martini qu'elle a heu rendu aussitôt enfin son portable avait sonné, qui ? je ne sais pas... il lui fallait la retrouver, où allait-elle, était-elle capable de ? il croyait non il ne croyait pas que sait-on de ceux qu'on aime tout et rien à la fois depuis deux ans si près si loin.

Louis commanda une bière qu'il but à peine, regarda dehors comme s'il attendait le retour de Jeanne, chancelant, son corps se dérobant à son insu, il rejoignit une table vide et s'assit lourdement sur une chaise inhospitalière. Dans sa tête, les idées se bousculaient comme des petites auto-tamponneuses, suffoquant il ouvrit le col de sa chemise, il se leva et sortit repoussant au passage un groupe de jeunes en pleine discussion. Son cri, sorte de hululement, fit se retourner la queue de la manif en dispersion. Un jeune homme de détache et s'approche de lui, inquiet, prévenant, Jérôme, le fils de Jeanne. Il le reconnut tout de suite.


...(à suivre)...



12:31 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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