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03/12/2014

CASA BLANCA

 On s'est longtemps demandé pour quelles raisons les proprios de cette belle  bâtisse (si intensément blanche) l'avait baptisée « Casa Blanca » plutôt que « Maison Blanche » tant la copie sur la vraie  et célèbre était parfaite à part, distinction et élégance suprêmes, la porte d'entrée principale peinte d'un joli bleu nuit. Elle se trouvait à l'entrée du village (ou à sa sortie vue dans l'autre sens), un bel emplacement. Curieux Muriel et Jérôme s'étaient renseignés sur ces proprios et quelle ne fut pas leur surprise en apprenant que c'était à la famille Clinton, pas celle des fameux Bill et Hilary qui se prononce Clinetonne alors qu'ici il s'agissait ici des Clinton comme ça s'écrit, un français de souche ayant travaillé en Espagne et au Maroc d'où, peut-être, le choix naturel de Casa Blanca.

Dans ce petit village endormi que nous avions découvert en allant rendre visite à notre ami Alain le solitaire, les quelques langues vivantes se déliaient quand on évoquait la « clinnetonnerie » et la superbe demeure qui allait avec, quelques doigts sur la tempe s'ajoutait au mot fada pour ne pas dire cinglé, d'autres voyaient un dangereux mégalo espion du genre soviétique, certains un trafiquant de choses pas très correctes armes ou drogues ou médocs ou putes ou tout cela, bref, comme on dit dans les chemins de fer, les commentaires allaient bon train. 

Une fois ce village traversé après un dernier regard sur cette maison si blanche, Muriel et Jérôme retrouvent leur pote Alain qui les attendait devant la porte de son gîte superbe puisque conçu par lui, architecte-conseil de renom ayant participé à de grandes et renommées réalisations dans le monde entier. Il avait décidé après avoir quitté Paris de poser ses pénates dans ce coin merveilleux si paisible. Il nous reçut en regardant ostensiblement sa montre et nous fit la gueule comme d'habitude mais c'est ce qui fait son charme disait toujours Muriel qui savait que c'était une attitude provisoire du meilleur effet, Alain était un homme absolument charmant, un véritable ami. Cette fois, il avait prévu le champagne sans attendre, ce qui signifiait qu'il avait une grande nouvelle à nous annoncer, on ne s'attendait pas du tout à ce qu'il allait nous déclarer, lui le célibataire qu'on disait toujours endurci : « je me marie », bing !. Jérôme reçut Muriel dans ses bras au début de son évanouissement  non feint.

Alain était toujours d'une beauté stupéfiante, une sort de Rock Hudson hétéro, il avait fait fondre un nombre incalculable de cœurs à partir de 16 ans jusqu'à l'infini mais avait toujours refusé de conclure par le mariage qu'il trouvait d'un autre temps révolu. Une fois la bouteille de champ' vidée, nos deux tourtereaux s'enhardirent à demander qui était l'heureuse élue : - qui ?… Léonora Clinton... la fille de ?… du proprio de la Casa Blanca ?… oui, répondit Alain avec son sourire narquois mais toujours charmeur : Elle !. En le torturant un peu, Muriel remise de son malaise, réussit à connaître le fin mot de l'idylle.

 L'histoire d'amour : Alain fit connaissance de Léonora lors d'une réception à l'ambassade de France à Casablanca, ville où il était venu pour superviser/coordonner les finitions des travaux de construction d'une salle de spectacle créée par lui et où fut projeté, lors de l'inauguration, le film chef-d'œuvre de Michael Curtiz, « Casablanca ». D'après lui, d'après elle, ce fut le coup de foudre réciproque, un des ces moments dont Alphonse Allais avait dit : « c'est comme un coup qu'on reçoit là, pan ! dans le creux de l'estomac ». Ce qui aussi fut un déclic  étonnant: la ressemblance étrange de Léonora avec Ingrid Bergman, l'héroïne du film. Alain, cependant peu féru de cinéma, se prit immédiatement pour Bogart et bien qu'il fut loin de lui ressembler physiquement usa de son charme  personnel autant que naturel, si bien que Léonora-Ingrid tomba dans le piège et dans ses bras en même temps. Ils décidèrent de se marier sur le champ ou presque, c'est-à-dire dès leur retour en France.

 

Épisode : A la fin de la visite à leur ami après un dîner au cours duquel Alain invita ses amis à la noce prochaine, Muriel un peu éméchée  lui demanda sur un ton goguenard : « tu ne vas nous dire que c'est toi aussi qui a fait les plans de cette horreur de  baraque baptisée Casa Blanca, non ? ».

 

Jacques Chesnel

21:49 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)