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07/04/2014

LE VOISIN D'EN DESSOUS

 

 On ne le connaissait pas, seulement de vue, entr'aperçu une fois de loin si c'était bien lui pas sûr pasque la silhouette...

- ya une voiture de flics sur le parking, annonça Muriel en regardant par la fenêtre

Pour être tranquille en dessous, ça il l'était mais de jour seulement car la nuit quand ça le prenait c'était parfois intenable et plusieurs fois Jérôme avait envisagé de descendre pour lui dire que basta puis s'était ravisé pour ne pas avoir d'histoire. On ne l'avait jamais vu ni dans l'ascenseur ni dans le hall quand on allait au courrier, devant les boîtes aux lettres là où papotaient les petites vieilles avec des regards vicieux envers les djeunes de l'immeuble. Ce soir-là, vers dix heures trente-onze heures, il y avait vraiment un des ces baroufs, on aurait dit comme un déménagement ou une dispute pire une  bagarre avec coups et dégradations allez savoir et

- la voiture est toujours là avec ses feux qui clignotent, le pépé du cinquième a du les prévenir lui qui ne supporte rien ni personne hormis son clébard à la con qui aboie pour rien, affirma Jérôme

Muriel a sursauté à un choc vraiment violent dans le mur qui résonna comme dans une église, là il exagère, tu devrais aller voir.

Il y avait eu des papotages fielleux, des insinuations vachardes, des rumeurs rapportées par la femme chargée du nettoyage, li paraît qu'il ramène des putes, il fait du trafic de drogue, son appart' est une vraie bauge, il fait des crises de délirium très mince, il ceci il cela, il... Sa boite aux lettres était mystérieuse, le nom, la lettre M en majuscule suivie du patronyme comportant plus de consonnes que de voyelles, illisible, encore un de ces étrangers, oh lala, on n'est plus chez nous, toutes ces conneries.

Les flics sont encore toujours là, ça doit être grave, se lamenta Muriel qui donnait des signes évidents de fatigue quand on sonna à l'interphone : vous êtes bien les habitants du septième ?, voui...c'est la police, vous pouvez descendre dans le hall s''il vous plait... j'arrive, gémit Jérôme qui regarda Muriel déjà inquiète, pourquoi nous ? 

Dans le hall, beaucoup de monde, surtout des policiers et le gardien agité s'expliquant avec de grands gestes d'impuissance et au milieu une vieille femme comme hébétée et agrippée à son déambulateur. On demande alors à Jérôme s'il reconnaît cette dame qu'il n'a jamais vue et pourtant c'est votre voisine d'en dessous avertit un policier barbu à l'air rébarbatif est-ce que vous portez plainte ?... 

Convoqué le lendemain au commissariat, Jérôme connut le fin mot de l'histoire, si on peut dire : la vieille dame était la maman du voisin du dessous en cavale depuis plusieurs mois, recherché pour trafic de drogues et d'organes ; elle ne parlait pas un mot de français, était ravitaillée la nuit par des coreligionnaires membres d'une secte inconnue pratiquant la nuit des cérémonies à caractère sabbatique avec chants, danses et pratiques bizarres ou douteuses, rien que cela... comme quoi dit le commissaire on ne se méfie jamais assez de ses voisins en ces temps troublés.... surtout ceux d'en dessous, ajouta Jérôme.

 

© Jacques Chesnel

11:25 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (2)