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04/01/2014

LA CHAMBRE, LA LOGE

  

Quand Martial ouvrit la porte de la chambre après avoir frappé si doucement que je n’avais rien entendu, je tenais la main de Melinda, je la retirai doucement elle la reprit la serra fort en murmurant non. Martial s’avançait gauchement avec son bouquet de fleurs, des arômes dont l’odeur se mélangea rapidement avec celle écoeurante de tout hôpital. Il s’approcha du lit et se pencha vers Melinda disant non dans un souffle, nos regards gênés se croisant, drôle d’ambiance.

Je, dit-il

Non, reprit Melinda, rien ne dis rien et pars vite

Je, dis-je

Non, toi tu restes

Mais

Tu restes, dit-elle, m’étreignant la main qui me fit mal, craquement des doigts, surpris de sa force.

L’odeur devenait vraiment insupportable, je ne veux pas de tes fleurs et sors, vite

Mais

La porte s’ouvre alors, une blouse blanche entre affairée, bonsoir il est l’heure on va prendre sa petite température maintenant, si ces messieurs veulent bien sortir un minute, elle lâcha ma main, Martial haussa les épaules, l’infirmière secoua le thermomètre, un peu de musique maintenant non ?, elle mit la radio sur FIP c’était Paul Desmond…


Quand Paul Desmond ouvrit la porte de la loge, son premier regard fut pour la table, bon c’était la bonne marque de whisky ouf. Le verre était en carton il aurait préféré qu’il soit en verre mais bon.

Derrière lui, une blonde enturbannée façon Beauvoir s’approcha et lui mit la main sur les yeux qui c’est hein Marina nan perdu Melinda petit voyou qui attendais-tu petit voyou mais toi bien sûr. Derrière elle, un balèze gominé du genre gangster années 30 hé Paul j’ai un nouveau contrat pour toi au Vanguard tu piges okay mec bonjour Marina nan moi c’est Melinda spèce de connard Desmond lui pris la main non pas toi, dégage mec dit-elle au gommeux. Il me gonfle, et en plus je peux pas saquer son odeur on dirait celle de l’hôpital ou des arômes

Tu restes, bouge pas

Holà vous deux, dit le gangster, vous jouez à quoi, hein ?

Aïe mes doigts heu tu serres trop fort

La porte s’ouvre c’est à vous Paul dans deux minutes, les gars du MJQ sont prêts


L’infirmière sortie, je suis rentré seul dans la chambre, Martial m’avait dit dans le couloir je n’en peux plus de la voir comme cela tu te rends compte, Melinda me souriait elle avait l’air heureuse elle avait éteint la radio, elle aimait bien Paul Desmond, alors après c'était pas la peine de continuer...

 

© Jacques Chesnel

15:44 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Du DBQ au MJQ il y aurait toujours la lettre de ces deux quartets d'exception qui resterait.

"Take Five", dois-je le rappeler ? a fait carrière non seulement chez les disquaires et sur les ondes, mais dans les juke-boxes, les laveries automatiques, les bals de campagne, les foires, les cirques, les revues, les défilés, les ascenseurs d'hôtels, les bases du Vietnam, les salles d'attente des dentistes un peu olé-olé, les bars homosexuels, les cantines de sous-marins, les banquets d'anciennes pom-pom girls, les mariages de la haute société et les réveillons du petit commerce, les orgies militaires et les kermesses paroissiales."

Alain Gerber, "Paul Desmond et le côté féminin du monde" (Fayard 2006, Livre de poche N° 31597, page 198).

Écrit par : Dominique Hasselmann | 06/01/2014

la carrière de Paul Desmond en dehors du DBQ m'intéresse beaucoup plus...

Écrit par : Chesnel Jacques | 06/01/2014

Elle n'est pourtant pas "inintéressante" (son "Take Ten" est extra, comme un prolongement ironique du succès de l'original).

Et Paul Desmond ne peut être séparé de son quartet premier qui lui a donné les ailes du plaisir - Alain Gerber s'est bien mis à l'intérieur du personnage et parle aussi de ses escapades hors du DBQ.

Écrit par : Dominique Hasselmann | 07/01/2014

Ça c'est de l'écriture ! Bravo, Jacques. Bouleversant.

Écrit par : christiane | 07/01/2014

Les commentaires sont fermés.