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03/01/2011

DRIIIIING !


DRIIIIING !

 

- allô allô… ne coupez pas, mademoiselle, allô

- allô, oui, j’entends rien… c’est qui ?... allô, quoi, quiiii ?

 - keskissepasse bordel, allô, mer…

 - c’est toi, Maurice ?

 - oui, tu m’entends ?... putain, c’était mieux quand c’était l’inter, non ?... et puis on pouvait engueuler la standardisse, j’me rappelle qu’yen avait une que j’avais courtisé dans l’temps, Yvonne, je crois, elle était toute émoustillée à l’aut’bout de ce que je lui débitais pour l’allumer dans le combiné avec toutes ses manettes, son tableau d’bord et les fiches à enfoncer ne quittez pas je vous passe le…

 - alors, Gisèle m’a dit qu’ça allait pas fort

 - oh, elle exagère un peu comme d’habitude, elle en a fait d’abord tout un plat puis tout d’un monde, mais là pour moi c’est juste que le cominoute du gamin me reste en travers de la gorge, voilà mon vieux, on était pas préparé moi surtout, c’est quand on a reçu la carte postale d’Ibiza que ça m’a drôlement sonné

 - comment ça ? je croyais qu’il était parti avec Micheline

 -oui, mais là-bas il a rencontré un copain de régiment qui l’a emmené dans un boîte de nuit branchée et la plouf il a plongé

 -dans la piscine de la boîte ?

 - nan, pendant que la Micheline dansait avec un aut’ gars, il s’est mis à danser lui aussi mais avec une fille qu’était un gars en réalité, elle, enfin lui, lui a proposé d’aller faire un tour aux toilettes et l’a embarqué… dans les pissottières des mecs et alors là

 - noooon ! c’est pas vrai

 - eh ben si, le mec te le déculotte devant tout le monde en un tour de main et hop ça lui a cloué l’bec pasque la Micheline avait rappliqué et le voit avec le type à genoux qu’avait envelé sa perruque de fille et qui le…(il tousse) devant des mecs qui applaudissaient (il s’étrangle) aarrrgh… et lui, béat, comme content…

 - et alors ?

 - tu connais Micheline puisque c’est ta nièce, elle se dégonfle pas, aaaah, pisque c’est comme ça, dit-elle, et elle attrape le premier venu et re-hop elle te baisse le patalon et se met à le téter aussi sec elle aussi alors que ça devient carrément une orgie pasque toute l’assemblée s’y mettent tous ensemble et Pierre aussi tellement ça gueule dans la boîte plus fort que la musique, un vrai bordel et que la Micheline est pas en rade ni not’ gamin qu’on peut plus les décrocher et qui s’le font tous un par un par devant par derrière, par en haut par en bas partout, alors quand elle nous a raconté tout ça l’air de rien on avait l’air malin avec Ginette qu’on comprenait pas

 - c’est des nouvelles pratiques sessuelles, mon vieux, on n’est plus dans l’coup, de not’ temps on avait chacun la nôtre de bonne femme, bon y avait des coups de canif dans les contrats mais de là à sauter le paf… sauf quand on allait à Paris dans les boîtes à partouzes pour faire la fête au Chabanais et Ouane Toutou rappelle-toi

 - ce que les jeunes ne savent plus faire, pour eux c’est la tefeu ferden permanente au lieu de la bamboula provisoire que c’est pas pareil, mais avoue que parfois ça nous en bouche un sacré coin et…alors Pierre est resté là-bas, il revient pas, nous on en revient pas non plus, il nous a écrit pour son cominoute, il s’excuse mais il a dit que maint’nant il est gay et gai de l’être, qu’il nous aime mais que… alors, on fait avec pourvu qu’il soit heureux, c’est l’époque, on peut rien changer dans c’domaine là, voilà not’ gay Pierre, c’est quand même le nôtre à nous et… allô

 - allô, allô, merde c’est coupé… allô, mademoiselle…

 

 Ginette intervient :

- mais ya pus l’inter, j’te dis, t’es têtu ou quoi ?

 - bon, faut refaire le numéro alors…passe-moi l’annulaire… à propos de numéro c’en est quand même un drôle que nous ont fait les gamins, on sait plus comment les tenir… allô… bon, v’la que c’est occupé maintenant, ce Maurice quel bagout, y doit causer tout seul dans le combiné.

 - oui, il soliloque, des fois même il ventriloque, c’est dire !.

 

©  Jacques Chesnel

 

 

 

18:15 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)

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