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09/02/2009

LE SECRET DE BELAVIT MOUNTAIN

Il n’y avait jamais eu de problèmes à Belavit au cours de mes fréquents séjours, quelques saines colères, pas de brouille si ce n’est se faire la gueule un moment, quelques chicanes, pas de grosses tempêtes, certains flirts poussés ou pas, pas d’adultère déclaré… du moins à ma connaissance. Tout se passait dans l’allégresse et la petite ripaille bien proustienne, jamais les choses ou autres n’allaient trop loin, nous étions entre gens de bonne compagnie n’est-ce pas… mais n’anticipons pas, trop.

 Je faisais quelques balades seul avec (mon MP3) ou en bande (magnétique) pour l’entretien de la forme ou la forme de l’entretien jamais de jogging… la forêt était attenante avec chemins et sentiers qui avaient été balisés par nos hôtes pour leurs hôtes… je m’égarais parfois volontairement et découvris un jour ce que les gens du coin appelaient la montagne, oh juste une colline paraissant énorme dans ce pays plat comme la main enfin presque… c’est par là que la jolie bergère passait avec le troupeau et je la saluais parfois de loin ohé… cette montagne était parsemée de clairières apaisantes pour mes muscles citadins à l’épreuve de la marche et je goûtais avec avidité la sieste sur herbe ou tas de feuilles une pâquerette entre les dents la bouteille d’eau à proximité… j’avais repéré un petit coin très ombragé genre chapelle à ciel ouvert où je me sentais tellement si bien que je voulais vivre ce moment intensément avec un sourire permanent large d’un kilomètre… mon plaisir était parfois gâché par un bruit de voiture proche et insolite en cet endroit mais je ne me posai pas trop de questions bien que ce bruit tiens !… je poursuivais ces balades de découverte en découvertes dans un périmètre relativement restreint et je découvris un jour une espèce de cabane faite de bric et de broc qui se voulait dissimulée sans trop y parvenir… curieux je m’approchais pour ne rien voir d’autre que poutres mal taillées, rondins, quelques tôles mal ondulées et une bâche ce qui aiguisa ma curiosité… et ce bruit de voiture en forêt qui se rapprochait…

Je n’insistai pas sauf que le lendemain curieux j’y revins dégageant quelques morceaux de bois pour apercevoir ce qui me sembla être des caisses… des caisses qu’est-ce ? me dis-je… en approchant mes yeux de plus près j’entrevis des inscriptions en quoi en cyrillique putain de merde des armes ? et une flamme dessinée sur les caisses… des explosifs !... il y avait bien quelques cinglés dans le coin qui arboraient des uniformes genre camouflage, qui pavanaient en jeep et jouaient comme des cons à la guéguerre mais des caisses d’armes de provenance d’où… des Balkans ?... et cette voiture noire une 403 qui rôdait... on l’avait vu une fois dans le chemin d’accès privé à la maison… tiens tiens !...

 au retour j’en parlai à la gent masculine aussi surprise et indignée que moi… des caisses d’armes, des explosifs… c’est pas vrai… tu es sûr ?... on va pas rester comme ça les bras croisés, non ? que peut-on faire ???

 

lu dans le journal daté du 15 juillet dans le rubrique faits divers :

 

On nous a signalé un feu d’artifice dans la forêt non loin du lieu-dit Belavit le soir du 14 juillet… les habitants des fermes environnantes furent surpris par des explosions en chaîne qu’ils mirent sur le compte de fêtards éméchés bien connus dans la région…  les pompiers durent intervenir mais aucun grand feu, aucun dommage ne furent signalés… une enquête est en cours par la brigade de gendarmerie ainsi que certains services de  l’armée car on a retrouvé des débris d’armes plus ou moins lourdes…

 

Au cours de ces enquêtes on ne sut et ne put rien dire à Belavit mais on pensait quand même qu’on n’avait pas été pas loin de la destruction d’armes massives hein ?… ah ! si dit-on à la maréchaussée enquêtrice, seulement la présence occasionnelle de la voiture noire la fameuse 403… qu’on retrouva quelques jours plus tard entièrement calcinée sur le bord d’une petite route non loin de là… ouf !.

 

©  Jacques Chesnel  (Jours heureux à Belavit)

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