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06/11/2015

CARTE DE VISITE

 

Il faisait le signe d'avancer avec la main stop reculez braquez un peu non de l'autre côté stop maintenant avancez vers moi stop là c'est bon. La voiture une Mercedes classe A flambant neuve mais un peu  cabossée était maintenant bien rangée le long du trottoir et elle sortit souriante merci c'est sympa j'ai toujours un peu de mal à me garer correctement. Elle devait avoir une cinquantaine bien sonnée elle en paraissait dix de moins au moins. Julien la trouva très belle. 

Monique était partie, elle l'avait quitté du jour au lendemain sans crier gare ou autre chose, partie acheter de la laine pour tricoter un pull destiné à la petite-fille d'une amie ; Julien l'aimait toujours l'attendait encore depuis maintenant plus de deux ans et se demandait quelquefois si. La solitude était devenue supportable grâce au travail à l'agence de voyages qui lui convenait bien, deux ou trois visites par mois chez une personne compréhensive étaient bonnes pour la libido pour le reste bof fallait faire avec.

 Ils se retrouvèrent à l'horodateur, il l'aida parce qu'elle n'y comprenait rien elle lui serra la main chaleureusement en lui disant je suis en retard je vais à un concert au conservatoire où une nièce est prof merci encore au revoir monsieur. Julien allait lui dire heu elle partit en courant. Après son rendez-vous qui lui parut horriblement long Julien revint en courant, la Mercé était toujours là. Il prit une carte de visite et y écrivit je suis seul si vous aussi… soulignant son numéro de phone et la coinça sous l'un des essuie-glaces sur le pare-brise et trouva qu'il était culotté mais bon.

Trois jours après il reçut un coup de fil il ne reconnut pas la voix qui lui donnait rendez-vous pour le samedi suivant à un banc public situé sous un frêne juste après le pont du chemin de fer à seize heures trois jours où le cœur de Julien recommençait vraiment à battre un peu plus fort. Comme il détestait être en retard il fut sur le banc une heure avant l'heure en se rongeant les ongles chose qu'il n'avait jamais faite auparavant. Une jeune femme élégante se dirigea vivement vers lui mais enfin pour qui vous prenez-vous monsieur à asticoter ma mère de cette façon à votre âge c'est répugnant je vous conseille de vous tenir tranquille sans cela elle avait dit cela non pas ça et repartait aussi sec alors qu'il commençait à pleuvoir attendez mademoiselle attendez je Julien resta coi dépité penaud mouillé et but toute la nuit en hurlant merde toutes les dix minutes en se demandant pourquoi il avait quel godiche.

Trois jours après tiens trois jours décidément nouveau coup de téléphone nouvelle voix à la même heure et rendez-vous pareil hésitation j'y vais - j'y vais pas j'y vais rebelote et là se pointe la mère que Julien trouve encore plus belle que la fois précédente alors voilà bon c'est pour ma fille faut l'excuser mais elle veut absolument vous revoir j'ai eu beau évoquer invoquer la différence d'âge rien n'y fait mon mari est furieux elle dit ne penser qu'à vous sans arrêt depuis qu'elle vous a vu voilà bref elle est amoureuse on a beau la raisonner, elle en a parlé à sa meilleure amie qui lui a dit pour moi c'est pareil ma vieille maintenant l'âge tu sais on s'en tape j'ai vécu avec un connard plus jeune tu vois alors vous comprenez monsieur vous laissez ma fille tranquille sans ça elle n'avait pas dit cela et elle repart laissant Julien piteux pitoyable pis encore attendez je vous et voulut boire toute la nuit mais cette fois les bouteilles étaient vides.

Les deux jours suivants Julien attendit fébrilement le troisième et la sonnerie du téléphone même heure voix différente une sœur peut-être nouveau rendez-vous fixé pareil Julien se dit cette fois basta je n'y vais pas dans quel merdier me suis-je fourré et puis tant pis on verra bien j'y vais. 

De loin, il reconnut la silhouette, la démarche.

Celle de "l'amie".

Monique.

Depuis ce jour, Julien n'aide plus les dames à se garer et ne distribue plus de cartes de visite.

12:39 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (0)