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03/04/2015

VOUS AVEZ UN NOUVEAU MESSAGE

 

Après avoir enlevé ses chaussures et posé les clefs de l'appart' sur la commode, Muriel appuya sur la touche du répondeur : «  vous avez un nouveau message : je pense rentrer un peu tard, problème au bureau, ne m'attends pas, je t'expliquerai, bises ». Elle savait que depuis quelque temps déjà, cela se passait mal à l'agence, Jérôme lui en avait dit quelques mots évasifs mais bon ça devrait s'arranger, apparemment cela ne s'arrangeait pas. Il rentra très tard, Muriel dormait, il ne la réveilla pas. Le lendemain, au saut du lit, il lui raconta tout.

Les trois patrons étaient en complet désaccord sur tout, c'était engueulade sur engueulades et tout le personnel encaissait les conséquences de leurs mauvaises humeurs. Il y eut une assemblée générale à la demande du syndicat peu représenté, tous dans la grande salle de réunion à 16 heures. L'agence était au grand complet., une cinquantaine. Le plus ancien architecte, le créateur de la boite prit la parole le premier en pleurnichant comme d'habitude ; le second, le plus sympa, le plus respectable et respecté prononça un discours bref mais précis sur les buts à atteindre et les résultats à attendre ; le troisième, cauteleux et onctueux d'abord commença à bafouiller à s'énerver à perdre le fil et les pédales et c'est là que l'incident redouté/espéré arriva. Un de nos collègues, un cadre bâti comme un pilier d'une équipe de rugby et qu'on appelait Bernard en référence à Bernard Laporte, manager du Rugby Club Toulonnais, leva la main pour demander la parole, qu'est-ce que tu veux ? lui demanda le troisième patron d'un air furieux, ben on pourrait peut-être s'interroger sur votre façon de faire fonctionner l'agence, non ? On a notre mot à dire et je... t'est pas content ?... non... eh bien si t'es pas content, Bernard, tu peux prendre la porte et fissa, TU ENTENDS BORDEL TU PRENDS LA PORTE... et c'est là que l'affaire se corse comme on dit sur l'île.

Bernard dévisagea les patrons avec son air arrogant qu'on lui reprochait souvent, nous regarda aussi avec son sourire provoquant dont on se moquait parfois, alla vers la porte de celle salle de réunions, la souleva d'un coup d'effort stupéfiant et la fit retomber avec fracas, reluqua l'assistance médusée, reprit la lourde à bout de bras et sortit avec elle et un grand éclat de rire sardonique qu'on apprécia à sa juste valeur. C'est alors le plus âgé d'entre nous que les patrons soupçonnaient d'avoir créé le syndicat qu'ils jugeaient contre nature éructa subitement : « allez les mecs on y va  tous».

Et nous sommes partis décrocher les portes de nos bureaux respectifs que nous avons balancées dans la cour par les fenêtres pendant que les patrons fulminaient et couraient dans tous les sens ; puis Bernard a pris de l'essence en mettant un chiffon trempé dans le réservoir de sa voiture et a foutu le feu au gros tas tandis qu'on commençait à entendre les sirènes des flics... tu parles d'un joyeux bordel, c'est pour ça que je suis rentré en retard...

- Chéri, tu as bien fermé la porte de l'appart' en rentrant hier soir ?

Le téléphone sonne. Le répondeur : vous n'avez pas de nouveau message.

 

Jacques Chesnel

15:11 Publié dans Mes textes | Lien permanent | Commentaires (1)